Pratique politique et Exercice démocratique
en République démocratique du Congo
La Souveraineté populaire à l’épreuve de la confiscation du pouvoir politique
Le combat pour la conquête pacifique des droits humains fondamentaux et des libertés publiques
Passation de pouvoirs entre Joseph Kabila Kabange (à gauche) et Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (à droite) au Palais de la Nation à Kinshasa le jeudi 24 janvier 2019
‘‘Le tyran pleure, quand le peuple rit[1]’’ proverbe français
Dédicace
Je dédie cet ouvrage à mes tendres nièces et neveux Grâce, Bennie, Exaucée, Christopher, Jonathan, Harold, Jules, Théophile
Mes chaleureux remerciements à
Tonton Hubert pour ses sincères encouragements
Emmanuel Herly Petit pour sa disponibilité permanente
José Tshisungu wa Tshisungu pour son inspiration et son encadrement
Marwan Faddoul pour ses précieux services
Préface
La praxis politique au Congo-Kinshasa qu’expose Joël Asher Lévy-Cohen, journaliste et mordu de politique, dans ce livre, est le résultat d’une longue enquête bien fouillée.
Dans le premier chapitre, qui tient de la diachronie, il explore les méandres de l’histoire politique du Congo à partir des événements qui se sont succédé depuis 1885, date de la création de l’État indépendant du Congo à la conférence de Berlin présidée par Otto Edouard Leopold von Bismarck, chancelier de l’empire allemand. Et à partir de 1960, année de l’indépendance du pays, l’exercice du pouvoir par les Congolais à différents niveaux de la structure étatique a donné lieu à une culture politique singulière.
L’auteur y décèle des pratiques abusives qui désarticulent l’État : les attitudes liberticides, la corruption généralisée, le pluralisme partisan dévoyé, les violations constitutionnelles, le népotisme avéré, le culte de la personnalité, le despotisme et la tyrannie. Ces pratiques ont conduit à la contestation du système de gestion, de la gouvernance et de la morale publique en vigueur. Le processus de changement lancé par treize parlementaires courageux en 1980 trouve sa source dans la critique radicale de la culture politique.
Dans le deuxième chapitre, l’auteur décrit avec emphase l’émergence de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), comme un parti d’opposition interdit. Il en énumère les spécificités et met en exergue le mandat que le parti s’est donné depuis sa création en 1982 où il a recruté des milliers d’adhérents.
Dans le dernier chapitre du livre, l’auteur relate l’avènement de l’État de droit au Congo sous la houlette du nouveau président issu de l’UDPS, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Il énumère les fleurs de la liberté d’expression, le jeu démocratique et l’idéologie du pouvoir qui ont créé un contexte d’épanouissement collectif fiévreusement attendu depuis 1960.
Il convient de souligner l’originalité du livre en mettant en lumière les qualités intrinsèques que le lecteur devrait garder à l’esprit.
D’abord, l’extraordinaire synthèse élaborée à partir de l’information disponible : l’auteur a fait un usage équilibré de ce qui s’écrit et se raconte sur le Congo dans le domaine politique; ensuite, l’enchaînement quasi pédagogique des récits et la volonté explicite d’insister sur certains faits majeurs qui rendent compréhensible le dysfonctionnement de l’État-nation; et enfin, la démarche et le style adoptés révèlent l’intention de l’auteur : témoigner du passé et du présent sans revendiquer une quelconque exhaustivité. Il glose sur divers sujets sans recourir à un cadre théorique. Il est simplement guidé par les faits, leurs sous-entendus et leurs contextes.
Le lecteur attentif s’en rendra compte : certains sous- chapitres ressemblent à des chroniques écrites selon l’humeur du moment. Dans cette posture, le défi relevé est à l’honneur de l’auteur : coupler récits et chroniques représente un choix rhétorique réussi. Il en découle qu’au-delà du livre, une autre lecture du passé congolais est possible.
Il s’agit de ce passé qui intéresse non seulement ceux qui se munissent de méthodes scientifiques pour le reconstruire et le raconter, mais aussi ceux qui, par militantisme politique, prennent la parole pour que leurs témoignages deviennent un jour une des sources du récit national. Appartient à cette seconde catégorie, l’auteur de ce livre.
Il nous apprend que l’indépendance octroyée par les Belges aux Congolais le jeudi 30 juin 1960 fut, à ses yeux, un cadeau empoisonné, un don piégé. Il semble convaincu que la position géostratégique du Congo et ses ressources minières et naturelles en ont fait un champ de batailles idéologiques entre les grandes puissances d’hier et d’aujourd’hui.
Il mentionne deux victimes de ce piège, dont toute histoire raisonnée du Congo ne peut faire l’économie. La première victime fut la sécession de la province cuprifère du Katanga entrée en rébellion commanditée quelques jours après le 30 juin 1960. La seconde victime tombée six mois plus tard, fut Patrice Emery Lumumba, Premier ministre de la jeune République, assassiné à cause de sa pensée nationaliste jugée contraire aux intérêts du monde occidental.
On ne le dit pas assez, le Congo-Kinshasa, dans ses frontières actuelles, appartient à ses géniteurs qui l’ont créé à la fin du XIXe siècle. De nos jours, quatre d’entre eux font partie des cinq membres du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies. Il s’agit des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie. Ces derniers veillent aux clauses de l’Acte de Berlin de février 1885 appelant à ouvrir l’immense bassin du Congo au commerce international, sans tenir compte du point de vue des Congolais, considérés à l’époque comme n’ayant aucune existence juridique. Malgré le passage du temps, cette clause n’a jamais été remise en question.
Lors de l’octroi de l’indépendance en juin 1960, les anciens colonisateurs s’organisèrent de telle manière que sans être physiquement présents au Congo, ils puissent continuer à diriger la République par le biais d’un serviteur choisi par eux pour veiller à leurs intérêts.
Pour le serviteur par eux choisi du reste, l’exercice du pouvoir ou la mise en œuvre de toute politique tiendraient strictement au bon vouloir des anciens colonisateurs patentés. Tirant les conséquences du quiproquo qui avait abouti à la sécession du Katanga, les géniteurs se mirent d’accord dès 1962 pour mettre en place une stratégie maquillée de l’exercice et de la conservation du pouvoir que j’appelle la stratégie des patins.
Celle-ci consiste à placer à la tête du pays une girouette, de manière à offrir la meilleure garantie de pérennité à la domination politique, économique et culturelle. Sur ce dernier aspect, l’assimilation d’une langue étrangère, la formation de l’élite à l’Occidental et, surtout, la pratique des religions importées contribuent à déraciner les Congolais. Ils contribuent, en réalité, à déstabiliser à jamais leurs structures mentales et à les maintenir depuis près d’un siècle et demi dans un état de dépendance honteuse où ils pensent inconsciemment contre leurs propres intérêts.
L’auteur, d’ailleurs mû par une farouche volonté de témoigner, raconte tout cela sur un ton sans nuances. Il ne s’encombre pas de quête d’objectivité. Il prend davantage le visage et les convictions d’un militant plutôt que ceux d’un chercheur en sciences humaines soucieux de rigueur et de cohérence. Adopter le profil du chercheur professionnel passerait, aux yeux de l’auteur, pour une distraction au moment où les élites doivent se distancier d’un passé colonial et d’un présent néocolonial mouillé de honte.
Insistant et répétitif, il montre que c’est l’arrivée du maréchal Mobutu Sese Seko au pouvoir en novembre 1965 qui signe le démarrage effectif de la stratégique des pantins. L’homme s’est imposé comme dictateur pendant 32 ans. Puis sont arrivés d’autres patins à l’aube du XXIe siècle. Des patins compatibles avec la fin de la guerre froide et l’idéologie de la mondialisation économique.
La stratégie des patins laisse pratiquement à l’homme choisi par les géniteurs comme président de la République le loisir d’éliminer ses compatriotes dont les opinions, les attitudes et les revendications sont de nature à remettre en cause les fondements, précisément les solides liens de dépendance à l’Occident.
Le maréchal Mobutu ne s’est pas gêné pour permettre les pendaisons publiques, créer un parti unique, museler les médias, assassiner des opposants politiques, réprimer dans le sang des manifestants pacifiques, entretenir la corruption et montrer à ceux qui l’avaient fait roi l’efficacité de son système.
Après sa chute voulue par les maîtres du monde, le nouveau pantin Mzee Laurent Désiré Kabila fit à son tour la volonté de ses géniteurs, mais paya très cher l’erreur de s’être brouillé avec certains de ses collaborateurs désignés par les mêmes géniteurs. Par ailleurs, celui qui succéda au pauvre président assassiné entraîna la République dans la gabegie financière, la mégestion, la violation des droits de l’homme et la confusion politique faite de tentative de maintien au pouvoir au-delà du délai constitutionnel.
La République démocratique du Congo est ainsi peinte par l’auteur comme un pays sans doute problématique. Sorte d’État failli que le parti dénommé l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ambitionne de redresser depuis 1982. Au cours de son histoire de 40 ans de lutte politique, ce parti n’a eu de cesse de dénoncer l’absence d’État de droit et de prêcher – contre vents et marées – une conception messianique du pouvoir. Son discours nationaliste incarné par Étienne Tshisekedi wa Mulumba a égratigné les maîtres du monde qui, par diverses manœuvres, l’ont empêché d’accéder au pouvoir d’État. En effet, l’Occident, malgré le clivage gauche-droite, s’accommode mal de politiciens fort enracinés et légitimés par leurs peuples.
L’UDPS avec son nationalisme social ne remet pas en cause la domination du grand capital ni ne prône une lutte violente contre les dictatures. Elle veut réhabiliter le citoyen congolais humilié par la misère, promouvoir la mentalité du martyr politique pour la nation et souder une démocratie qui soit une véritable expression de la souveraineté populaire.
Pour mieux contrôler les Congolais, les colonisateurs avaient inventé le tribalisme en 1957. En effet, l’idée d’organiser le pluralisme partisan sur une base ethnique plutôt qu’idéologique émergea de la tête des colonisateurs belges à l’occasion des élections communales à Likasi, Lubumbashi et Kinshasa. Ces scrutins électoraux ouvraient pour la première fois la porte de la compétition politique et électorale aux colonisés. À cet égard, les colonisateurs pensaient que les Noirs étaient trop attachés à leurs communautés naturelles pour les en distancier et pour s’associer aux étrangers dans l’optique de former une communauté d’idées. Ceux qui remportèrent ces élections devenaient redevables à leurs ethnies.
De nos jours, le tribalisme, qui se voile derrière plusieurs synonymes : clanisme, ethnopolitique, régionalisme, territoriale des originaires, fief naturel, etc. est devenu le prisme à travers lequel on analyse les organigrammes des institutions étatiques et le comportement des individus dans la vie sociale.
L’auteur conclut que le cheminement du pays, des origines à ce jour, est une lutte constante pour la prise de parole et la jouissance de tous les droits. À ses yeux, le régime de l’Union pour la démocratie et le progrès social implante peu à peu l’État de droit.
Ma gratitude va spécialement à Joël Asher Lévy-Cohen pour cet ouvrage atypique. Celui-ci trace à sa manière une nouvelle voie d’investigation journalistique Il répond aux attentes des curieux, aux fébrilités des élites et aux utopies des masses combattantes. Par ce geste scriptural, il installe un territoire de la réflexion sur notre devenir comme peuple au cœur de l’Afrique.
José Tshisungu wa Tshisungu
Kananga, le 20 juillet 2021
Dédicace
Je dédie cet ouvrage à mes tendres nièces et neveux Grâce, Bennie, Exaucée, Christopher, Jonathan, Harold, Jules, Théophile
Remerciements
Mes chaleureux remerciements à
Tonton Hubert pour ses sincères encouragements
Emmanuel Herly Petit pour sa disponibilité permanente
José Tshisungu wa Tshisungu pour son inspiration et son encadrement
Marwan Faddoul pour ses précieux services
William LaNasa pour ses précieux conseils
Citation introductive de l’ouvrage
‘‘Le tyran pleure, quand le peuple rit[2]’’ proverbe français
Table des matières
Préface
Introduction
Chapitre I Le Congo-Belge : Un désert politico-partisan
Chapitre II RDC : Un État postindépendant ‘‘liberticide’’ et ‘‘démocraticide’’ ?
Chapitre III Le paysage médiatique au sein de l’État postcolonial
Chapitre IV Le pluralisme politique au sein de l’État postcolonial
Chapitre V Entreprises politiques nées de la subversion constitutionnelle
Section I Despotisme mobutien et mercenariat local
Section II Culture flibustière et morale arriviste
Section III ‘‘Kleptocratie’’ et ‘‘Voyoucratie’’ au cœur de l’État
Chapitre VI Logique et fonctionnement des opérateurs politiques dans l’État postindépendant de 1960 à nos jours
Chapitre VII Discours politique et idéologique sous la tyrannie postcoloniale
Chapitre VIII Discours politique et idéologique sous le régime de l’État de droit ‘‘démocratique’’
Chapitre IX La Contestation de la légitimité despotique
Section I La justification du processus révolutionnaire
Section II L’avènement des ‘‘treize’’ parlementaires frondeurs du MPR
Chapitre X L’irruption politique de l’UDPS en RDC
Section I Spécificités géopolitiques et géostratégiques de la lutte politique et démocratique de l’UDPS
Section II La revalorisation politique de la Représentation nationale
Section III La réhabilitation politique du Citoyen
Section IV L’affirmation du Citoyen dans le jeu politique
Section V L’irruption de la Société civile sur le champ national
Section VI La votation ou Expression de la Souveraineté populaire
Section VII Le processus de conscientisation politique et nationale
Section VIII La méthodologie de lutte politique
Section IX La psychologie du militant de l’UDPS ou la mentalité du martyr politique
Section X Philosophie ‘‘politique’’ et doctrine ‘‘spirituelle’’ de l’UDPS
Chapitre XI ‘‘Discours politique’’ et ‘‘participation démocratique’’ au sein de l’UDPS
Chapitre XII État de droit : ‘‘Expression politique’’ et ‘‘jeu démocratique’’ sous la présidence de FATSHI
Chapitre XIII Perception médiatique et populaire de l’autorité politique et gouvernementale, publique et administrative
Chapitre XIV Mythologie politique et idéologique du pouvoir
Chapitre XV ‘‘Expression médiatique’’ et ‘‘jeu politique et démocratique’’ sous le régime de FATSHI
Conclusion
Postface
Introduction
Le jeudi 30 juin 1960, la République démocratique du Congo accède dans un optimisme béat à la souveraineté internationale. Sis au cœur du Continent africain, – et au grand carrefour de l’Afrique australe et de l’Afrique orientale –, cet État que reluquent réellement les grandes puissances planétaires, arrive au bout de ce processus moins laborieux et moins pointilleux non sans avoir préalablement négocié avec l’ancienne puissance coloniale, la Belgique, les modalités de son émancipation ou les termes de son indépendance politique. En corollaire, cette négociation qualifiée de ‘‘Table ronde’’, se déroulant à Bruxelles, en fait un jeune pays dont l’indépendance a été, en réalité, plus octroyée qu’arrachée au terme d’une lutte épique de libération nationale.
À la proclamation de sa souveraineté internationale par le Roi des Belges Baudouin 1er, cette république accueillie au concert des Nations dispose d’un gouvernement national. Celui-ci est, concrètement, le résultat d’un processus politique interne, d’ailleurs, initié par l’ancienne puissance coloniale et sanctionné par la tenue de scrutins électoraux très largement dominés par le courant nationaliste. Ce dernier est visiblement incarné par le panafricaniste Patrice Emery Lumumba considéré comme la figure de proue de la lutte en faveur de l’indépendance nationale.
Force est de constater que ce héros nationaliste et panafricain dont le gouvernement connaît, sans aucun doute la très brève durée de passage d’une comète ou d’une étoile filante dans le ciel ténébreux, est résolument anti-impérialiste et anticolonialiste. Donc, cette personnalité politique de premier plan est, à ce moment précis de l’histoire nationale autant ‘‘balbutiante’’ que ‘‘fumante’’, forcément et logiquement antioccidentale et antibelge. Elle n’est pas du tout prête à pactiser – [n’est véritablement pas ouverte à l’idée de faire des concessions majeures] – avec de puissants intérêts occidentaux dans le cadre de l’exploitation capitaliste, d’ailleurs, éhontée de son pays archi-convoité.
Il sied de souligner que l’intransigeance politique de Patrice Emery Lumumba vis-à-vis de l’Occident et, surtout, son obsession boulimique à l’égard de l’ancienne puissance coloniale lui valent, d’ailleurs, une rapide et brutale défenestration du jeu politique et institutionnel. À cet effet, cette éjection préprogrammée par nombre d’intérêts du grand capital international agissant sous le strict couvert de la Belgique contribue à paralyser la première législature. Par conséquent, elle contribue à mettre abruptement un terme définitif à la toute première expérience démocratique du pays. Force est de relever que celle-ci est, tout à fait, calquée sur le modèle belge. Et ce à tous points de vue.
En effet, la République démocratique du Congo est régie, à cette période, par une constitution dénommée ‘‘Loi fondamentale du 19 mai 1960’’. Ce texte qui détermine, bien entendu, les rapports entre les institutions du pays, ainsi que les relations entre le pouvoir politique et l’ensemble de ses sujets, est entièrement écrit par des experts belges. Aussi met-il en place une architecture institutionnelle au sein de laquelle le président de la République, qui plus est ‘‘chef de l’État’’, est, naturellement, un monarque qui ‘‘règne’’ mais [qui] ‘‘ne gouverne point’’.
Dans cet édifice constitutionnel, le premier ministre, a fortiori ‘‘chef du gouvernement[3]’’, s’appuie substantiellement sur une majorité parlementaire. Il y a lieu de noter que celle-ci est directement issue de scrutins législatifs. Elle est évidemment composée de députés et de sénateurs qui déclarent urbi et orbi soutenir sans faille, – [d’aucuns diraient sans condition] –, l’action gouvernementale.
À cette époque marquée par autant l’effervescence libératrice que la désillusion nationale, il importe de mentionner que l’espace politique national est, à vrai dire, couvert par des partis politiques qui sont, pour la plupart, des organisations à connotation ethnique et tribale. Très peu – [pour ne pas dire aucune formation politique] – disposent, véritablement, d’une assise nationale[4]. Par conséquent, cette vue du panorama ou paysage entraîne, évidemment, sur le terrain politique la nomination d’un gouvernement matériellement modelé sous forme de coalition des tendances existantes, d’ailleurs, observées au sein de l’organe parlementaire.
Après une première expérience, à vrai dire, chaotique et soldée par le pronunciamiento du colonel-major Joseph-Désiré Mobutu[5], la République démocratique du Congo, très soucieuse de pacifier l’ensemble de son territoire et, surtout, de sécuriser ses ressortissants consumés par de violents brasiers et déchirés, faut-il rappeler, par des conflits fratricides, connaît une deuxième expérience démocratique[6]. Vu l’urgence nationale et aussi la reconfiguration de la cartographie politique, celle-ci suscite, bien entendu, dans la foulée d’immenses espoirs. En effet, cette deuxième expérience démocratique a le profond avantage d’éloigner les spectres du séparatisme. Sur le plan politique, elle évacue les prétentions séditieuses des fédéralistes par le recours au leadership national du Katangais Moïse Kapenda Tschombe, d’une part. En d’autres termes, ce coup de Jarnac facilite autant qu’il confirme le retour psychologique du Katanga, fort connu pour son obsession sécessionniste, dans le giron national.
Et, d’autre part, cette deuxième expérience démocratique jugule, asphyxie, au plan militaire, des rébellions armées de tendance lumumbiste et nationaliste, plus particulièrement et plus singulièrement, dans les portions centrale et orientale du pays. D’un point de vue purement stratégique, ces deux régions sont, d’ailleurs, considérées, et à juste titre, comme les maillons faibles de l’État au plan sécuritaire. Cela est d’autant plus vrai que la persistance des conflits violents dans ces zones géographiques empêche finalement la réunification du territoire. Et, partant de là, cette obstination de la violence armée compromet ipso facto l’unité politique de la Nation. Mettant, plutôt, l’emphase sur le développement économique de la Collectivité publique et étatique, y compris le progrès social du Citoyen, cette deuxième expérience est manifestement de très courte durée[7]. Bien entendu, à l’image relative de la précédente[8].
Cette seconde expérience démocratique est complètement étouffée dans l’œuf par la prise de pouvoir par une hiérarchie militaire inculte et abrutie. Il convient de relever que, issue de la défunte force publique coloniale, celle-ci est manifestement sans vision cohérente. Elle est, surtout, sans projet national viable et sans dessein étatique fiable. Téléguidée par des mains totalement puissantes, cette junte nourrit l’obsession d’arrimer la République démocratique du Congo aux forces titanesques du capital monopolistique international dont la Belgique est, certes, le fondé de pouvoir attitré.
Cependant, cette expérience démocratique, quoi que visiblement écourtée dans le temps, se développe fort aisément dans un univers politique qui phagocyte de petites formations sans assise nationale, sans base militante et sans fondement doctrinal. Elle s’affermit, donc, dans un environnement tendant à favoriser de grands regroupements politiques soudés par une idéologie commune ou une vision identique de la réalité nationale. Cette dynamique interne détermine, en même temps qu’elle confirme, sur le plan purement politique, l’existence de deux courants idéologiques majeurs. Ces deux modes de pensée traversent complètement le pays tout entier. À savoir : le fédéralisme majoritaire dans l’Ouest et le Sud[9], d’un côté. Et, de l’autre, le centralisme politique et administratif dans le Nord et l’Est[10].
À la fin des années soixante-dix et à l’orée des années quatre-vingts, le ‘‘Mobutisme’’ n’est pratiquement plus dans l’air du temps. Il n’est visiblement plus en odeur de sainteté avec ses parrains et tuteurs internationaux. Il se fissure davantage. Il se lézarde en raison de la crise multiforme qui frappe sévèrement le pays tout entier. Il craquèle en raison de l’immobilisme des dirigeants politiques et gouvernementaux qui naviguent incessamment à vue. En réalité, il connaît ses toutes premières désaffections politiques.
Lors de la liquidation de la guerre froide issue de l’ordre bipolaire de Yalta en 1989, lequel justifie, d’ailleurs, sa mise en orbite par l’Occident capitaliste sur le continent négro-africain, le Mobutisme se désagrège sous l’énorme pression de la population. Souvent négligée voire ignorée, celle-ci exige manifestement des changements notables. Ce paravent despotique est rongé à sa gauche par l’irruption d’une opposition musclée, idéologiquement cohérente et politiquement structurée. Celle-ci a la saine réputation de ne nullement lâcher du lest. Aussi est-il rongé à son extrême gauche par une Église catholique plus militante et plus activiste sur le terrain. En d’autres termes une Église catholique plus ‘‘politisée’’ et plus ‘‘déterminée’’ que jamais.
À sa droite, le Mobutisme despotique idéologiquement axé sur l’unitarisme politique et le centralisme administratif est plus que jamais rongé par une élite ‘‘compradore’’ et atrophiée mentalement. En effet, cette classe dirigeante est, tout à fait, incapable de se réinventer. Elle est incapable de proposer une alternative fort crédible à la crise multiforme qui frappe tous azimuts l’ensemble du pays. Par conséquent, le Mobutisme s’écroule comme un château de cartes. Cette posture politico-doctrinale provoque, ainsi, son propre effondrement dont les tristement célèbres pillages du début des années quatre-vingt-dix constituent, en réalité, les prémices annonciatrices.
Toutefois, de nombreuses secousses sismiques politiquement enregistrées dans les années quatre-vingts poussent Mobutu Sese Seko du Zaïre définitivement lâché par ses parrains et tuteurs internationaux à entrevoir finalement l’éventualité de démocratiser les institutions politiques. Par conséquent, celles-ci incitent le despote à libéraliser les mœurs politiques sur l’ensemble du territoire national. Cette initiative des plus attrayante et des plus attendue par la population, d’ailleurs, attirée par les sirènes libératrices de l’opposition a politiquement et idéologiquement pour effet immédiat ‘‘l’abandon du fameux rôle dirigeant du Mouvement populaire de la révolution (MPR)’’ en qualité de ‘‘parti unique’’ voire ‘‘Parti-État’’. Ainsi, le 24 avril 1990, le tyran zaïrois, littéralement débordé de tous côtés, annonce, [larmes aux yeux et cœur totalement serré, meurtri], l’ouverture politique à la Nation tout entière.
Face à ce geste, certes, louable et magnanime, qui n’est véritablement pas en soi un cadeau politique, s’ouvrent tout de même de nouvelles perspectives démocratiques. Mais, celles-ci sont vite ombragées par les durs du régime évanescent[11]. Ces jusqu’au-boutistes refusent, en réalité, toute logique de capitulation face à une population paupérisée toutefois déterminée à projeter coûte que coûte le pays dans l’ère de la démocratisation politique comme partout ailleurs en Afrique[12].
Ce qui est sûr et certain, depuis sa naissance en tant qu’État indépendant, la vie politique et démocratique en République démocratique du Congo a littéralement évolué en dents de scie. Elle a, manifestement, connu des moments d’ouverture comme de fermeture. Elle a vécu de très fortes perturbations relativement à l’instabilité nationale et à la crise institutionnelle.
À des époques bien différentes, cette dynamique politique et démocratique a été ralentie par une élite dirigeante sérieusement véreuse. Celle-ci a été délibérément sabotée par une classe politique évidemment soucieuse de conserver ses privilèges indus. Elle a, surtout, été freinée par la volonté tyrannique d’étouffer dans l’œuf toute ‘‘concurrence politique’’, de noyauter toute ‘‘compétition idéologique’’ dans l’espace national. Ce qui a, naturellement, eu pour effet de transformer littéralement en un pénitencier à ciel ouvert ce vaste pays dont la résistance politique s’inscrit, d’ailleurs, éminemment dans le pacifisme militant et, surtout, l’affirmation des droits humains fondamentaux.
Chapitre I Le Congo-Belge : Un désert politico-partisan
Dès le départ, le Congo-Belge qui est plus tard baptisé ‘‘République démocratique du Congo’’, est un terrain politiquement en friches. C’est une terre idéologiquement en jachères. Dans cet espace plutôt territorial strictement soumis à la volonté coloniale belge, il n’existe point de parti politique dont l’objectif primordial est d’organiser politiquement les Congolaises et Congolais par le truchement d’une idéologie[13]. Dans le cas d’espèce, il s’agit d’une idéologie, d’ailleurs, sensée proposer concrètement des voies et moyens en vue d’administrer la Cité, de déterminer l’avenir de l’ensemble de la société et d’assurer sans exception le futur de tous ses membres.
Cartographie politico-administrative de la République démocratique du Congo. Cette carte géographique comprend, en fait, les vingt-six provinces issues de la réforme prévue par la constitution du 18 février 2006.
Ceci revient à dire que le Congo-Belge est, par essence, un environnement social totalement privé de ‘‘Conscience politique’’. Il est, à vrai dire, un territoire délibérément amputé d’âme idéologique par le colonisateur. Si l’on se réfère, d’ailleurs, aux autres colonies d’Afrique[14] qui ont, vraiment, su intégrer toutes leurs populations dans la vie politique des métropoles coloniales, cette situation incongrue propre au Congo-Belge s’explique sûrement par le fait que le colon visiblement mû par l’obsession d’exploitation capitaliste, est animé par la seule et unique volonté de laisser le Congolais dans la nébulosité. Celui-ci est animé par la seule et unique volonté de voir les indigènes d’Afrique résolument incapables de revendiquer tous leurs droits fondamentaux. C’est-à-dire : réclamer la dignité humaine au nom de la justice et de la liberté reconnue aux êtres qui disposent de la capacité de s’organiser politiquement, de défendre par des idées et des projets leur espace vital.
Dans le cas spécifique du Congo-Belge, il faut, plutôt, attendre pratiquement la fin des années cinquante pour voir finalement surgir dans le décor territorial les premières organisations partisanes. En effet, celles-ci ont, véritablement, vocation à exercer des activités de nature politique dans cet immense espace. À cette époque, ce territoire majestueux et richissime est évidemment confronté aux fortes rafales de vent de libération nationale. À l’image des autres contrées africaines, il est déjà très fortement dopé par la dynamique de la décolonisation. Il est manifestement insufflé par le mouvement favorable à l’indépendance nationale.
Le drapeau de la République démocratique du Congo symbolise un territoire habité et partagé par des populations aux coutumes et traditions africaines diverses. Cette terre léguée par des aïeux regorge, en fait, d’immenses ressources naturelles et minérales autant que précieuses et stratégiques. La protection de ce territoire dépend énormément du sacrifice enduré par ses habitants que sont les Congolaises et Congolais. Ceux-ci ont, ont à vrai dire, la lourde tâche de participer à la mise en valeur de leur terre chérie et à l’épanouissement de leurs pairs. Ils ont la lourde tâche d’être des acteurs du développement de la Collectivité publique et du progrès social du Citoyen.
Sur le terrain, cette dynamique indépendantiste se traduit, d’abord, par la publication du ‘‘Manifeste de conscience africaine[15]’’. Ce document qui se veut, en principe, la charpente ou le guide de la conscience nationale congolaise est, avant tout, l’œuvre de jeunes leaders et futurs cadres locaux au profil moins politicien qu’estudiantin. Il sied de souligner que ceux-ci s’inscrivent dans la catégorie d’évolués ou immatriculés de la colonie belge. Ils ont, de ce fait, le privilège de vivre comme des ressortissants occidentaux, de côtoyer l’homme blanc, de flirter avec la civilisation européenne. Il s’agit, dans ce contexte, d’un vrai passe-droit pour accéder au statut envié et privilégié de civilisé[16].
Au sortir de la colonisation belge en 1960, le Mouvement national congolais (MNC) dirigé par le héros de l’indépendance nationale Patrice Emery Lumumba est l’un des rares partis politiques à vocation nationale.
Dans ce texte, cette race d’évolués réclame rien de moins que la liberté et la dignité humaine auxquelles aspirent fort jalousement les Congolais du Congo-Belge. Elle propose, en réalité, une émancipation lente et progressive. Celle-ci doit, néanmoins, se manifester sans rupture aucune avec la métropole coloniale[17]. Cette classe d’évolués dont la stratégie d’indépendance nationale est bel et bien calquée sur le fameux plan Van Bilsen[18], déconseille la précipitation en raison de l’impréparation mentale des cadres congolais et de l’absence d’une élite capable de porter à bout de bras ce projet édifiant pour la Nation.
Ce mouvement favorable à l’indépendance nationale se traduit, ensuite, par la diffusion d’un contre-Manifeste. Ce document radicalement plus percutant s’avère l’œuvre de l’Alliance des Bakongo (ABAKO). Dans ce texte qui, visiblement, prend le contre-pied du fameux Manifeste de conscience africaine, cette association à saveur ethnico-tribale réclame une indépendance immédiate. En réalité, ce contre-Manifeste est littéralement, pour l’organisation abakiste, une occasion d’exiger le retrait rapide ou l’annulation pure et simple du plan van Bilsen[19].
Joseph Kasa-Vubu, le tout premier président de la République démocratique du Congo, fait partie intégrante des personnalités politiques de premier plan qui ont ardemment milité en faveur de l’indépendance de ce pays au cœur du Continent. À ce seul titre, il est considéré comme un des pères historiques du mouvement en faveur de l’émancipation congolaise de la Belgique. Ce dernier est directement issu de l’Alliance des Bakongo, une association tribalo-ethnique transmuée en parti politique pour la défense de la langue et de la culture ne-Kongo.
Si le Congo-Belge est un désert à la fois politique et partisan, il n’en demeure pas moins vrai que cette radioscopie pour le moins inhabituelle à cette époque en Afrique subsaharienne a pour effet l’absence manifeste des libertés politiques. Elle a pour effet l’absence des droits civiques ou civils dont la finalité majeure est, en principe, la participation effective du citoyen dans la vie sociale et politique de son environnement. Ce handicap inestimable entraîne sur le plan politique et social le manque criant de conscience politique et nationale.
Dans le cours de son existence politique en tant qu’État postindépendant né des cendres de la colonisation belge, la République démocratique du Congo revendique sans l’ombre d’un doute la radiographie coloniale ci-dessus mentionnée.
Chapitre II RDC : Un État postindépendant ‘‘liberticide’’ et ‘‘démocraticide’’ ?
La République démocratique du Congo a acquis son indépendance de la Belgique en 1960. Cette revendication a été pilotée sur le terrain national par une classe politique dont l’objectif primordial consistait à remplacer une fois pour toutes l’autorité administrative coloniale par un pouvoir politique autochtone. Ce système colonial devait être remplacé par un nouveau régime dominé par des cadres indigènes. Tel était, en fait, le rêve fort abondamment nourri par le héros nationaliste et panafricaniste Patrice Emery Lumumba.
Joseph-Désiré Mobutu était un agent patenté de la sûreté belge. Il était chargé d’infiltrer les milieux nationalistes congolais qui promouvaient les idées indépendantistes, donc anticolonialistes et antibelges. Il fut transféré à la CIA en 1958. Selon des sources actives et autorisées, crédibles et dignes de bonne foi, c’est bel et bien Justin-Marie Bomboko Lokumba Is’Elenge qui l’a présenté à Patrice Emery Lumumba. Pour convaincre ce personnage nationaliste d’adopter aisément cet informateur de la sûreté belge, il lui a fait accroire que Mobutu était de l’ethnie mongo, donc un cousin très proche de l’ethnie tetela dont est originaire le héros de l’indépendance nationale, un membre du groupe linguistique anamongo-akutsu. Une fois devenu Premier ministre du Congo-Léopoldville, Lumumba fit de Mobutu secrétaire général du gouvernement. Il le catapulta également lieutenant-colonel de l’armée nationale congolaise (ANC) pour avoir effectivement accompli son service militaire sous forme de volontariat de sept ans. Service qu’il a, d’ailleurs, quitté avec le grade subalterne de sergent-comptable.
Cette personnalité politique de premier plan avait catégoriquement rejeté, bien entendu, au niveau de l’architecture institutionnelle de l’État indépendant, la présence effective et réelle d’un gouverneur général exclusivement nommé par la Belgique. Ce personnage était, plutôt, censé représenter directement les intérêts primordiaux de l’ancienne puissance coloniale.
En effet, lors de négociations pour la décolonisation, la Belgique avait réellement proposé à la partie congolaise la nomination d’un gouverneur général. Cette pratique devait s’inspirer de la tradition gouvernementale largement observée au sein des dominions britanniques éparpillés dans les Antilles et dans le Pacifique-Sud. Cette perspective de gouvernance a été carrément refusée dans la mesure où cette institution symbolisait logiquement du point de vue de l’interprétation nationaliste et lumumbiste la sujétion ou le colonialisme soft.
À partir de ce refus catégorique de Patrice Emery Lumumba qui, lutte pour l’émancipation oblige, poussait à fond ou un peu loin le bouchon de revendications nationales, la Belgique prit nettement la décision irréversible de saboter l’indépendance congolaise. Ce sabordage de l’émancipation congolaise était manifestement parti de l’appui technique et logistique aux diverses forces ‘‘séparatistes’’ qui, du reste, contrôlaient réellement la portion utile du pays. Cette stratégie permettait, visiblement, à l’ancienne puissance coloniale de reprendre très rapidement le contrôle économique du pays et d’asphyxier littéralement le gouvernement central, d’ailleurs, largement dominé par le courant nationaliste. L’objectif concrètement poursuivi par la Belgique ‘‘paternaliste’’ était de paralyser tous azimuts le fonctionnement ‘‘politique’’ et ‘‘économique’’ de l’État. En fait, il s’agissait de freiner brutalement le progrès social et culturel de la Nation.
Le 14 septembre 1960, le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu, fraîchement promu chef d’état-major général de l’ANC, subvertit l’ordre constitutionnel. Il neutralise toutes les institutions politiques du pays en commençant par le Parlement national qu’il fait encercler par des militaires, suivi de deux gouvernements (Iléo et Lumumba) qui se disputent, à n’en plus finir, la légitimité politique et constitutionnelle et enfin du président de la République (Joseph Kasa-Vubu). À cet égard, il nomme le collège des commissaires généraux pour assurer le fonctionnement technique et administratif de l’État. À ce moment précis, cet organe est dirigé par Justin-Marie Bomboko Lokumba Is’Elenge.
Dans un deuxième temps, il était question de neutraliser toutes les institutions politiques par le truchement d’un putsch militaire. Ce qui arriva, normalement, avec le pronunciamiento du lieutenant-colonel Joseph-Désiré Mobutu. Ce mercenaire local neutralisa, sans résistance, le gouvernement nationaliste de Patrice Emery Lumumba et la présidence de Joseph Kasa-Vubu. Dans la foulée de sa rébellion militaire contre l’autorité politique établie, il ferma les portes du parlement qui représentait politiquement le pouvoir du peuple, la souveraineté de la Nation. Il mit en place une structure politique totalement acquise à la cause de la Belgique. Qualifiée de ‘‘collège des commissaires généraux’’, celle-ci fut composée de jeunes étudiants et des politiciens aguerris du reste.
Totalement amputé de son parlement qui, à vrai dire, symbolise conjointement le Peuple et la Nation, cet État postindépendant, gouverné par voie décrétale, se voit effectivement doter de toutes les lois autoritaires. Celles-ci nient pratiquement les libertés publiques et les droits humains fondamentaux. Elles gomment de ce fait tous les aspects démocratiques du pays.
Contrairement au Premier ministre Joseph Iléo Songo Amba dont les sympathies probelges étaient un secret de polichinelle, Cyrille Adoula était, plutôt, un syndicaliste pro-américain. Cette personnalité politique proche du mouvement national congolais (MNC aile Kalonji) est arrivée à la tête de la primature à la suite du conclave de Lovanium de 1961 qui l’a désigné à cet effet. C’est sous sa gouverne par voie décrétale (de 1961 à 1964) que la République démocratique du Congo a adopté la très grande majorité des lois autoritaires dont s’est servi à outrance la tyrannie mobutiste pour opprimer le peuple congolais pendant trente-deux ans.
En vérité, le gouvernement de Cyrille Adoula, un syndicaliste pro-américain, est l’auteur de toutes ces lois arbitraires, de toutes ces dispositions liberticides et démocraticides dans la mesure où tous ses décrets avaient valeur législative. Par son action nocive, celui-ci prépare, déjà, le lit d’une tyrannie féroce, d’une dictature macabre. D’ailleurs, lorsque le lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu confisque définitivement le pouvoir politique le 24 novembre 1965 en renversant militairement la présidence de Joseph Kasa-Vubu et le gouvernement d’Évariste Kimba, ce putschiste trouve déjà pratiquement tout le décor dictatorial planté par le Premier ministre Adoula pour asseoir un régime musclé, booster un système despotique[20].
Ceci revient à dire que la République démocratique du Congo a toujours fonctionné comme le régime colonial de l’État indépendant du Congo ou du Congo-Belge. Celui-ci est par essence privatif de liberté. Dans ce système inique, le Peuple s’est toujours battu contre l’autorité en place dans le dessein de recouvrer toute sa dignité humaine. Il s’est toujours battu pour faire respecter les droits humains fondamentaux. Cette exigence fondamentale de respect passait naturellement par la revendication du processus d’indépendance nationale en tant que gage de liberté et de dignité, de justice et de sécurité, d’épanouissement et de bonheur.
Sous la présidence monocratique du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre, le Mouvement populaire de la révolution (MPR) devient parti unique en 1971. Cette organisation des masses populaires qui détient le monopole dirigeant, se transforme en parti-État en 1974. À compter du 24 avril 1990, ce fer de lance idéologique mobutien perd ce statut monopolistique et devient, ainsi, un simple parti politique concurrentiel.
Ce qui est clair, sous la présidence doublement monarchique et ubuesque de Mobutu Sese Seko du Zaïre, les formations politiques sont carrément interdites. Ce qui contrarie l’article 4 de la constitution du 24 juin 1967. Ce texte prévoit, en réalité, la possibilité d’un deuxième parti concurrentiel au parti présidentiel qu’est le MPR. Mais, dans les faits, il n’y a qu’un seul parti qui existe et domine très largement la vie politique. Cette extorsion de la démocratie a pour effet immédiat la complète mise à mort des libertés démocratiques que sont la parole, la pensée, l’opinion, la réunion et la manifestation. Y compris l’enrôlement dans un parti politique de son choix.
Ce qui est incontestable, le Mobutisme, le Kabilisme et le Joséphisme ont déployé durant leur activité tyrannique un régime de violence inouïe fort semblable au système colonial en vue de mettre définitivement au pas le Peuple congolais. Ils ont déployé un système d’oppression sans commune mesure en vue de brimer tous ses droits les plus élémentaires. Ce qui est sûr et certain, ces trois systèmes tyranniques ont toujours refusé l’émancipation de la population tout entière par le biais d’un ‘‘multipartisme’’ garant de la conscientisation à la fois politique et idéologique des masses. En vue de récupérer toute sa dignité humaine, d’ailleurs, foulée aux pieds par un pouvoir arbitraire, celui-ci a toujours répondu au moyen d’une résistance pacifique[21].
Chapitre III Le paysage médiatique au sein de l’État postcolonial[22]
Lorsque la République démocratique du Congo acquiert son indépendance nationale le jeudi 30 juin 1960, l’état de la presse n’est pas du tout moribond[23]. Il est, plutôt, robuste[24]. Donc en parfaite santé. En réalité, celle-ci regorge de très nombreux journaux à caractère général ou spécialisé[25]. Sur le terrain national, leur rythme de parution varie, surtout, en fonction de la clientèle et des intérêts économiques ou doctrinaux qui les sponsorisent réellement.
Force est de constater que le vent sifflant de l’indépendance nationale apporte un nouveau souffle sur le plan médiatique. En effet, celui-ci s’accompagne très rapidement de la création de la Radio nationale en 1960. Six ans après, il est suivi de son pendant télévisuel pour former la grande société de la Radio et de la Télévision nationale du Congo (RTNC). Cet instrument de communication enrichit, par sa mise en ondes, la gamme des outils d’information mis à la disposition du grand public. Toutefois, le statut de cette entreprise stratégique est public[26]. Elle échappe, donc, aux mains influentes des intérêts substantiellement privés.
Ce qui est sûr et certain, la presse congolaise de cette époque postindépendance se distingue par sa pluralité. Cette diversité au niveau de l’opinion politique et sociale résulte, à n’en point douter, de son affiliation directe avec la Métropole coloniale. Celle-ci se veut, en fait, le miroir des intérêts politiques qui dominent largement l’espace national. Dans ce paysage, on trouve l’empreinte aussi bien du courant conservateur que de l’expression progressiste.
La page frontispice du Courrier d’Afrique, un journal phare de la colonie belge et de la première république au Congo-Léopoldville.
Si, à la naissance de la République démocratique du Congo en 1960, l’univers journalistique et médiatique[27] est foisonnant, il n’en demeure pas moins vrai que les cinq premières années de l’indépendance entament la chute numérique de la presse. Elles amorcent rapidement la disparition des journaux. En effet, la rareté suivie de l’interruption de leur parution souffre inexorablement du ralentissement des activités politiques liées au contexte exceptionnel que traverse résolument le pays. Cet État est manifestement privé de sa classe parlementaire et, par conséquent, de sa vitalité politique concrètement traduite par la décroissance des partis politiques.
Ce mouvement de chute libre de la presse s’accélère, à une allure vertigineuse, avec l’arrivée du Mobutisme tyrannique le 24 novembre 1965. En réalité, fort connu pour son arbitraire, ce régime qui s’appuie sur les armes, suspend sine die la vie politique et nationale. Dans la foulée, il rétrécit l’espace journalistique et médiatique. Il le réduit, donc, systématiquement et automatiquement, à deux ou trois journaux privés[28]. Ce qui témoigne sans nul conteste de la brutalité de la chute. Officiellement, la mission de ces médias de masse ne consiste pas à informer le Citoyen congolais dans le dessein de l’édifier moralement et politiquement. Elle consiste, plutôt, à orienter toutes ses vues, à conditionner toutes ses analyses, à encadrer son opinion politique pour la survivance inéluctable du despotisme.
Avec l’avènement politique du régime militaire du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre, l’espace journalistique et médiatique se rétrécit drastiquement. Cet univers de liberté est réduit à la portion congrue. Cette ère d’amaigrissement politique et démocratique se caratérise par la fonctionnarisation du métier journalistique. Le journaliste perd naturellement sa noblesse et son prestige. Il est totalement mué en griot du pouvoir. Il est transformé en pie de la tyrannie. Dans l’univers de la presse écrite réduite à deux ou trois journaux au service exclusif du pouvoir dictatorial, les quotidiens ne sont pratiquement plus des organes d’information mais de divertissement du public. Ils se contentent de relayer strictement des faits divers, de rapporter uniquement des événements sportifs et musicaux dans le dessein d’éloigner l’opinion nationale des faits politiques.
Cela est d’autant plus vrai que le Mobutisme avait décrété en 1972 la fin des publications missionnaires catholiques. Cette décision manifestement liberticide était tombée à la suite d’une brouille avec le Cardinal Joseph Malula. En réalité, ce prince de l’Église catholique avait fait paraître au Journal ‘‘Afrique Chrétienne’’ un éditorial intitulé ‘‘Justice distributive, Justice sociale’’. Ce texte au vitriol a été jugé totalement inadmissible et offensant par le régime aux abois.
Par ailleurs, il faut véritablement attendre les années quatre-vingt-dix qui correspondent étroitement à la période de libéralisation des mœurs politiques pour finalement entrevoir l’ouverture de l’espace journalistique et médiatique. Cependant, l’explosion en flèche des médias électroniques diffusant via l’Internet est enregistrée sous la présidence autoritaire de Joseph Kabila Kabange. Elle s’est imposée à son régime arbitraire en raison du partage de pouvoir politique avec de puissantes rébellions armées.
En effet, au terme du processus intercongolais de Sun City et de Pretoria de 2002 – 2003 qui pousse les élites politiques à travailler ensemble dans le respect mutuel en vue de préserver la paix, bien de ces mouvements militaires qui se sabordent en partis politiques, disposent pratiquement tous d’un outil de communication et d’information. D’ailleurs, cet instrument est, en fait, destiné à leurs clientèles respectives[29]. Il importe de reconnaître qu’à ce moment précis, la plupart de ces factions politiques et militaires n’ont toujours pas voix au chapitre des médias officiels d’État par manque de règlementation appropriée. À cette époque, celles-ci n’ont surtout pas voix au chapitre des médias officiels d’État, bien entendu faute d’autorité de tutelle normalement sanctionnée par la loi en vigueur et la constitution [à adopter].
Cette réalité de priver l’Opposition politique des moyens d’information et de communication de l’État est en principe un réflexe propre au pouvoir en République démocratique du Congo. À vrai dire, elle remonte sensiblement aux années sombres du Mobutisme tyrannique qui a toujours confisqué l’espace médiatique en vue de promouvoir son régime arbitraire. Toutes les dictatures qui se sont succédé dans ce pays, ont adopté ce comportement suicidaire pour la démocratie. Qu’il s’agisse, bien sûr, de Mobutu Sese Seko du Zaïre, de Mzee Laurent-Désiré Kabila tout comme de son beau-fils Joseph Kabila Kabange, ils ont toujours adopté cette posture privative pour n’avoir jamais intégré la politique comme un espace de confrontation idéologique. Tous ces dirigeants despotiques ont toujours adopté cette attitude liberticide et démocraticide pour n’avoir jamais perçu la politique comme un univers de débat permanent et de contradiction politique pour préserver la paix et la sécurité, l’harmonie et la concorde au sein de la Nation.
L’ouverture politique décrétée le 24 avril 1990 s’accompagne sur le plan national non seulement de la libéralisation démocratique eu égard au fonctionnement des organisations politiques et associatives mais également du foisonnement de la presse libre. Ce qui entraîne que la liberté de presse est une réalité vivante qui a survécu aux différents régimes verrouillés incarnés par Mobutu Sese Seko su Zaïre, Mzee Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila Kabange.
Décrétée par la tyrannie qui craint visiblement la compétition politique et idéologique, cette absence d’ouverture des médias publics d’État au profit de l’Opposition a desservi dans bien des cas la lutte pacifique de l’UDPS. Afin de contourner ce handicap et faire entendre sa voix dans cet espace étroit qu’est la République démocratique du Congo, cette formation chère à Étienne Tshisekedi wa Mulumba, s’appuie littéralement sur la presse libre ou les journaux privés parfois qualifiés de presse ‘‘rouge’’ en raison de leur discours progressiste[30] appuyant sans hésitation le changement démocratique. Toutefois, depuis les rondes de négociations politiques intercongolaises tenues en Afrique du Sud en 2002[31] et 2003[32], l’UDPS dispose, en réalité, de son propre outil de communication et d’information. Cet instrument lui permet, fort heureusement, de peser lourdement sur l’opinion publique nationale et internationale.
Il sied de relever que cet instrument diffuse abondamment sur la toile Internet. Il n’est pas directement géré par le Bureau du Parti. Selon la théorie de la division du travail, il est plutôt géré par des militants et sympathisants aguerris en vue de faire passer le message du parti. Ceux-ci se distinguent par la maîtrise des arcanes de la vie politique nationale et l’idéologie du parti. La principale caractéristique de cet outil de communication et d’information est en fait la décentralisation des centres de diffusion[33]. Ce concept médiatique résulte, réellement, des années de plomb au cours desquelles l’UDPS pour finalement survivre à la décapitation de son leadership politique par le tyran se devait de s’appuyer à tout prix sur toute personne humaine de bonne volonté capable de réarmer moralement le parti afin de transmettre son message aux fidèles partisans.
Cependant, depuis les réformes politiques et administratives amorcées par le pouvoir dans le cadre de la Transition politique entre 2003 et 2006, la République démocratique du Congo assiste à l’explosion des blogueurs indépendants et leaders d’opinion[34]. Ils utilisent à foison, à volonté et à souhait les réseaux sociaux via la toile Internet. Il sied de souligner que ceux-ci diffusent majoritairement depuis les diverses communautés de la diaspora établie à Paris, Bruxelles, Londres, Washington, Toronto, Montréal, Tokyo, etc.
Sous la présidence de Joseph Kabila Kabange, la démocratisation de l’outil Internet est à la base de la prolifération des émissions indépendantes diffusées sur la toile. ‘‘Tokomi Wapi’’ dont la traduction française « Où en sommes-nous ? » du journaliste Éliezer Ntambwe est l’une des émissions d’affaires publiques les plus suivies par l’opinion nationale en raison de la qualité des sujets proposés voire débattus.
Toutefois, la nouvelle tendance est, sans aucun doute, l’ascension fulgurante des blogueurs et influenceurs indépendants. À vrai dire, cette génération newlook a la particularité et la singularité de diffuser depuis le territoire national afin d’informer aussi bien la population intérieure que la diaspora établie à l’étranger sur les divers enjeux fondamentaux de la vie politique congolaise. Cette fenêtre démocratique a, en effet, permis aux partis d’opposition démocratique, telle l’UDPS, de mieux armer leurs adhérents respectifs et, surtout, de mieux informer le public sur leurs positions respectives[35].
Chapitre IV Le pluralisme politique au sein de l’État postcolonial
Le jeudi 30 juin 1960, la République démocratique du Congo accède au concert des Nations souveraines et indépendantes. Elle est également dotée d’un système démocratique et social calqué sur le modèle de l’ancienne puissance coloniale. Concrètement sur le terrain national, ce pluralisme à la congolaise qui singe très parfaitement la Belgique, s’appuie politiquement et socialement sur des organisations ayant une connotation moins idéologique que tribalo-ethnique ou régionale. Hormis le Mouvement national congolais (MNC)[36] qui véhicule, à vrai dire, un discours politique et professe, certes, une idéologie à saveur pratiquement nationale, la plupart des partis politiques ayant réellement pignon sur rue défendent plutôt des intérêts indéniablement spécifiques et non point globaux.
Afin de conquérir des postes au double niveau étatique et gouvernemental, toutes ces entités politiques idéologiquement handicapées participent néanmoins à des joutes électorales. Ces scrutins qui doivent déterminer le destin national, sont organisés par l’autorité coloniale. Vu leur faible représentativité au plan national, elles doivent se coaliser pour gouverner à tout prix un pays qui est déjà en proie à des déchirements à n’en point douter fratricides[37]. Toutes ces conflagrations sont nettement favorisées par le fait que la majorité des familles politiques qui occupent l’espace national, défendent des intérêts particuliers. Ces entreprises politiques n’ont pratiquement pas de discours politique qui intègre ou met en avant des préoccupations sensiblement globales ou largement nationales.
Ce qui est clair, sous la colonisation belge, le leitmotiv des organisations partisanes repose exclusivement sur l’opportunité d’arracher l’indépendance nationale. Toutefois, au niveau du discours politique, s’inspirant largement des autres contrées sœurs africaines, l’accent est principalement mis sur l’affirmation de la dignité de l’homme noir. Cette conquête de liberté plutôt négociée qu’arrachée par la violence révolutionnaire donne pratiquement lieu à des luttes fratricides. Elle donne visiblement lieu à la poursuite du combat pour l’indépendance nationale.
Comme les acteurs ont littéralement changé sur le terrain politique, cette lutte en faveur de l’indépendance nationale n’est plus directement dirigée contre le colonisateur belge en tant que cible principale. Elle se déroule, plutôt, entre Congolais interposés. Ceux-ci sont répartis en deux camps aux discours contradictoires et aux prétentions diamétralement opposées.
Promoteur des idées indépendantistes, le tribun Patrice Emery Lumumba incarne sur le terrain purement idéologique le courant unitariste. Il est partisan de la centralisation de l’État.
Il y a, d’un côté, les nationalistes et lumumbistes qui se réclament ouvertement de l’option à la fois progressiste et panafricaniste[38]. Ceux-ci se présentent comme les avocats patentés du peuple écrasé par le rouleau compresseur colonial. Ils se définissent comme les défenseurs attitrés de la dignité de l’homme négro-africain.
En face du camp nationaliste, progressiste et panafricaniste, se dressent, effectivement, les fédéralistes[39]. Ceux-ci sont fort préoccupés par des questions d’ordre économique et social. Dans leur discours, ils ne prônent guère une cassure brutale avec la Belgique. Comme ils ne promeuvent, toutefois, point une rupture tous azimuts avec l’ancienne puissance coloniale, ils sont, de ce fait, dépeints à l’image des partis collaborationnistes. Ils sont présentés comme les suppôts de l’impérialisme occidental, les relais locaux du colonialisme. D’où le néologisme utilisé à cette époque par le Ghanéen Kwame N’Krumah : ‘‘Néocolonialisme’’.
Moïse Kapenda Tshombe est, en réalité, le chef de file du courant fédéraliste en raison de la position éminemment stratégique de la province uranifère et cuprifère du Katanga qu’il domine, d’ailleurs, politiquement avec son compère Godefroid Munongo.
Idéologiquement, les mouvements fédéralistes sont, en fait, définis comme des organisations fantoches. Ceux-ci sont, donc, définis comme des partis à la solde exclusive des puissances négrières exogènes[40]. Dans l’imaginaire politique des activistes nationalistes et mouvements panafricanistes, les organisations qui prônent la typologie fédérale du pays, sont réellement perçues comme des entreprises opposées aux intérêts primordiaux du sanctuaire national. Elles sont considérées comme des forces obscures qui font littéralement obstacle au bonheur du Peuple et à la liberté irréversible de la Nation.
S’il existe manifestement deux courants idéologiques qui caractérisent l’État postcolonial – à savoir : l’unitarisme et le fédéralisme –, il n’en demeure pas moins vrai que les entreprises partisanes qui voient concrètement le jour en République démocratique du Congo, ont, en réalité, des origines diverses. On trouve dans ce vaste pays d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs des organisations politiques directement issues de la lutte armée. D’autres trouvent immédiatement leur origine dans le phénomène de la prise de pouvoir politique ou subversion constitutionnelle. D’autres naissent, par contre, de la contestation de la légitimité dictatoriale. Enfin, il y a lieu de souligner la présence effective des familles politiques nées à la faveur de l’ouverture politique de 1990 ou du processus démocratique de 2003.
Chapitre V Entreprises politiques nées de la subversion constitutionnelle[41]
Un parti politique est, par définition, une organisation sociale qui concourt pacifiquement à la conquête du pouvoir. À cet égard, il regroupe librement des individus sur la base d’une idéologie. Celle-ci met en relief la notion cardinale de transformation de la société en vue d’assurer la paix et la sécurité, l’harmonie et la concorde, le bonheur et l’épanouissement à tous les membres. Cette métamorphose sociale alléguée par le parti en termes de doctrine politique destinée au grand public sous forme de programme ou de projet de société est annoncée dans une perspective purement salutaire de liberté et de dignité humaine, d’équité et de justice, de développement collectif et de progrès individuel. Bref dans une optique de protection du cadre de vie et d’avancement de l’être humain.
Cette définition on ne peut plus académique ou scientifique ne cadre vraiment point avec le comportement avéré des organisations politiques congolaises au sortir de la colonisation. En effet, la plupart des entreprises politiques de cette époque, dont l’essence est associative ou syndicale, dont la clientèle est en grande partie tribale et ethnique ou clanique et régionale, ne nourrissent qu’une seule et une seule ambition. Celles-ci ne poursuivent en fait qu’un seul rêve : ‘‘éjecter l’autorité administrative coloniale belge des affaires indigènes’’. Toutefois, pour la remplacer exactement par quoi ?
En effet, lorsqu’on analyse très minutieusement le projet colonial belge au Congo, l’on se rend compte que celui-ci est fortement imprégné de l’esprit des lumières[42]. L’on se rend compte qu’il est fortement inspiré – idéologiquement parlant – par la haute bourgeoisie économique. À cette époque de l’accumulation du capital, sa vision consiste à rechercher des débouchés extérieurs de matières premières (ressources vitales) en vue de créer en Métropole coloniale un environnement de type industriel fondé sur la transformation tous azimuts des matières premières.
En effet, ce cadre doit être sustenté par une vaste société de consommation interne. Celle-ci doit être capable de générer des emplois internes. Aussi doit-il être capable d’engendrer – c’est d’ailleurs sa principale raison – des plus-values économiques pour assurer la pérennité de la classe dominante, fût-elle économique ou politique, culturelle ou sociale.
Afin d’assurer le contrôle étroit et la protection de toutes ces sources d’approvisionnement jugées vitales, capitales, pour la survie de cette élite politique et économique, l’impératif est d’organiser sur le terrain un régime de violence physique inouïe. L’impératif est d’ériger un régime de violence capable de désintégrer socialement et culturellement toutes les masses locales brutalement transformées en forces de travail ‘‘malléables’’ et ‘‘corvéables’’ à merci[43]. L’impératif est, donc, d’édifier dans cette vaste colonie d’exploitation et non de peuplement un régime de violence capable de déstructurer mentalement les autochtones [44].
À cet égard, la Belgique en tant qu’ancienne puissance coloniale, n’hésite point à sponsoriser trois types de régime dictatorial dans cet espace territorial qu’est, en principe, la République démocratique du Congo. Cette puissance européenne les parraine, en fait, pour garder une mainmise étroite sur le destin programmé de cet État géant et richissime d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains. Elle les patronne réellement en vue de continuer à exploiter les Nègres de cette colonie africaine dont la dignité humaine est systématiquement et automatiquement niée.
Il s’agit, d’abord et avant tout, de la tyrannie militaire mobutiste dont l’objectif principal est de maintenir coûte que coûte l’hégémonie occidentale au cœur du Continent négro-africain. Ensuite, de la dictature macabre des ‘‘Affreux[45]’’ dont la mission assurément inavouée est de piller toutes les ressources publiques et étatiques. Et, enfin, du despotisme joséphiste qui est, sans aucun doute, la suite logique du régime de mercenaires ‘‘flibustiers’’ ou la continuité absolue du pouvoir de chefs de guerre trafiquants. En l’occurrence un système politique dont le rôle fondamental consiste, plutôt, à liquider complètement la collectivité nationale par le processus désastreux de démembrement du territoire national ou de désintégration de l’État pour ainsi favoriser le pillage léopoldien.
Il sied de noter que ces trois sortes de régime despotique ont évidemment cette particularité et même cette singularité de s’imposer militairement sur le sol du territoire national après un contexte de guerre civile. Celle-ci a failli, normalement, emporter les fondements de l’État. Aussi convient-il de relever que ces trois pouvoirs absolus, tout à fait, arbitraires s’imposent politiquement et idéologiquement sur le terrain au moyen de la violence physique après un contexte de déstabilisation armée. Celle-ci a failli ébranler la Nation tout entière et, par voie de conséquence, provoquer brutalement la décomposition physique de l’État (éclatement de la collectivité publique), et ce à partir des pans orientaux de son territoire.
Section I Despotisme mobutien et mercenariat local
Afin de continuer à garder une mainmise étroite, serrée, sur le destin de ces débouchés vitaux d’outre-mer, l’ancienne puissance coloniale utilise bon nombre de ses réseaux extérieurs et relais locaux dans le strict but de défaire le système politique en place. Ce régime local est, d’ailleurs, jugé inapte à protéger efficacement les intérêts fondamentaux de la bourgeoise économique agissant depuis la Métropole. Ainsi, le 14 septembre 1960, le lieutenant-colonel Joseph-Désiré Mobutu, à peine élevé au grade militaire de colonel-major et également de chef d’état-major général par le président Joseph Kasa-Vubu, démantèle le régime politique et démocratique du Congo-Léopoldville. Agissant pour le compte de la Belgique, il paralyse, à cet effet, toutes les institutions politiques du pays. Ce faisant, il rétrocède toute la gestion des ressources physiques du jeune État indépendant aux mains de cette puissance coloniale[46].
Bis repetita, ce mercenaire local, qui plus est adepte résolu des pronunciamientos, réédite le même exploit subversif et anticonstitutionnel le 24 novembre 1965[47]. À peine élevé au grade militaire de lieutenant-général, il renverse le système politique et démocratique du pays issu de l’ordre constitutionnel de Luluabourg de 1964. Il neutralise le chef de l’État Joseph Kasa-Vubu et le premier ministre Évariste Kimba nommé à ce poste gouvernemental en vue de plutôt barrer la route présidentielle à Moïse Kapenda Tschombe, pourtant, grand vainqueur des scrutins législatifs organisés dans les vingt et une provinces de l’État du 18 mars au 30 avril 1965.
Au gouvernail de l’État, Mobutu suspend sine die la vie politique et démocratique du pays[48]. En effet, toutes les institutions politiques et étatiques sont cadenassées. Il gouverne par voie décrétale. Tous ses actes, quoi que relevant du régime réglementaire, ont automatiquement force de loi. Ils ne peuvent être l’objet d’une appréciation quelconque d’une autorité, fût-elle judiciaire, politique ou administrative. En d’autres termes, c’est réellement le règne brutal de la tyrannie dans la mesure où le régime absolu ou le pouvoir arbitraire du tyran ne peut vraiment être limité par aucun autre organe de l’État, d’ailleurs, inexistant par définition.
Comme la seule et unique limite de son pouvoir autoritaire est, en fait, sa volonté absolutiste ou sa conscience despotique, Joseph-Désiré Mobutu initie, en 1967, deux chantiers politiques majeurs. D’une part, il pilote l’élaboration d’une constitution qui fait du chef de l’État la clef de voûte des institutions politiques. Cet édifice constitutionnel qui supprime carrément, d’un trait de plume, la dyarchie au sein de l’appareil exécutif, reconnaît cependant la coexistence pacifique de deux partis politiques dans l’espace national[49]. Pourtant, dans la réalité, ce rêve pur de compétition politique et de concurrence démocratique inclus dans la constitution ne serait qu’un vœu pieu.
Fondé le 20 mai 1967, le Mouvement populaire de la révolution qui a incarné politiquement le message de Mobutu Sese Seko du Zaïre avait pour ambition de créer une Nation qui soit, en fait, un attelage de tribus et d’ethnies réunies autour de l’action politique et du discours idéologique du président-fondateur, a fortiori chef de l’État. Sous le couvert du discours de l’Authenticité, cette organisation politique et partisane a réussi à transformer le Zaïre en une vaste chefferie traditionnelle. Aussi a-t-elle réussi à ériger Mobutu en roitelet traditionnel. Le port de la toque de Léopard et de la cane font foi. S’appuyant substantiellement sur la tradition primordiale africaine, cette entreprise politique a rejeté du revers de la main toute notion de contradiction démocratique et tout principe de contrepoids dans la vie d’une Nation. En d’autres termes, elle s’est littéralement inscrite dans la perspective de l’immobilisme permanent et de la fossilisation des esprits, donc de la négation du progrès et du développement.
Et, d’autre part, Joseph-Désiré Mobutu initie la fondation d’une entreprise partisane dont le leitmotiv doit, normalement, être ‘‘la consolidation de l’unité politique du territoire’’. Et, par ricochet, il prône ‘‘l’assise indispensable de la Nation[50]’’. Afin de lui conférer une légitimité populaire faisant accroire au pouvoir du peuple, celle-ci est baptisée ‘‘Mouvement populaire de la révolution’’ (MPR). Cette organisation politique a, en effet, pour objectif primordial de rassembler toutes les Congolaises et tous les Congolais autour d’un président fort et puissant en tant que figure tutélaire d’un Peuple en totale déshérence. De les réunir autour d’un État fort, d’une Collectivité une et indivisible. Et, finalement, de les regrouper autour d’une Nation plurielle[51], complètement soudée, totalement unie.
En 1970, Mobutu dont le régime militaire a quadrillé tout le territoire national à l’image d’un pouvoir d’occupation qui règne par la terreur, organise des élections nationales expurgées de toute notion de concurrence idéologique et de toute compétition politique. Au niveau de la présidentielle, il est le seul et unique candidat. Il n’a pas de concurrent en face de lui. Au niveau de la députation et de la communale, tous les candidats sont placés sous la bannière exclusive du Mouvement populaire de la révolution (MPR)[52].
Force est de constater que cette entreprise politique mobutiste est institutionnalisée ‘‘parti unique’’ lors du congrès extraordinaire d’octobre 1971. Au cours de cette réunion partisane, le pays change de nom sur la base non point d’un référendum populaire mais d’une simple décision émanant du bureau politique qui est l’institution suprême du parti unique[53]. Il est débaptisé République démocratique du Congo au profit de la République du Zaïre. Il importe de souligner que cet organe suprême du parti unique est présidé par nul autre que Mobutu Sese Seko.
Mobutu Sese Seko du Zaïre était moins un chef de l’État moderne qu’un chef coutumier ou un roitelet africain des temps révolus. Il adorait se pavaner avec une toque de léopard et une cane pour attester son pouvoir aux vertus magiques et surnaturelles. Dans sa conception du pouvoir, l’autorité politique chargée de gouverner l’État émane tout droit de la volonté des ancêtres et non de la volonté populaire. Ce qui, par conséquent, interdit toute compétition politique et électorale. Sur cette image, Mobutu accueille à Kinshasa son homologue français Valéry Giscard d’Estaing (VGE) en 1976. Pour la circonstance, le président français porte une toque de léopard offerte par son hôte.
Au cours de ce congrès extraordinaire, le discours de l’Authenticité qui prône le recours aux valeurs primordiales africaines est décrété doctrine nationale[54] par les plus hautes instances du parti. En vertu de cette vision politique et de cette revendication culturelle à l’africanité, le MPR, en porte-à-faux avec l’Église catholique, oblige les ressortissants nationaux à bannir des prénoms et patronymes à consonance occidentale ou étrangère. Ceux-ci symbolisent, au regard du discours partisan, l’aliénation mentale ou l’assimilation culturelle. Au-delà de son aspect somme toute arbitraire, cette mesure purement politique qui brime, d’ailleurs, les libertés individuelles, est en principe arrêtée en dehors de toute motivation psychologique du sujet national. Cette décision est décrétée en dehors de toute considération mentale, de toute appréciation intellectuelle du citoyen[55]. Aussi ne tient-elle nullement compte de toute perturbation administrative générée par le changement de nom[56].
En outre, cette philosophie authentique qui éclaire, oriente et encadre la pratique politique, réussit à transformer Mobutu Sese Seko en un chef du village ou roitelet traditionnel[57] moins porté à gouverner le pays qu’à trancher des palabres. Elle fait de ce chef de l’État au cœur du continent une figure paternelle qui est, par essence, inviolable et intouchable[58]. Elle fait de ce chef de l’État l’équivalent du roi Louis XIV en pleine jungle équatoriale dans la mesure où celui-ci prend le surnom de ‘‘Moyi[59]’’ au cours d’un rite initiatique et traditionnel présidé par une poignée de chefs coutumiers de la région de l’Équateur[60] qui est, par essence, sa région d’origine.
Par ailleurs, c’est bel et bien à partir de 1966 que le pouvoir du lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu prend définitivement un visage autoritaire avec la pendaison des conjurés de la Pentecôte. C’est également à partir de cette année que son régime absolu dont le socle est, bien entendu, l’armée, glisse politiquement vers un présidentialisme de type ‘‘césariste’’. En effet, ce système arbitraire dont il est, certes, l’animateur incontestable et incontesté, repose manifestement sur une rhétorique démagogique, la concentration des pouvoirs politiques et constitutionnels de l’État, la terreur ou la violence des armes, la distribution des prébendes, la dilapidation des biens publics ou deniers de l’État, etc.
Il convient de relever que toutes ces caractéristiques constituent, en fait, le mode opératoire du Mobutisme tyrannique jusqu’à son démantèlement complet par le soudard Mzee Laurent-Désiré Kabila.
Section II Culture flibustière et morale arriviste
En fait, le Mouvement populaire de la révolution (MPR) qui a porté sur le terrain doctrinal le pouvoir absolu du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre, a régné sans partage dans l’ex-Zaïre de 1967 à 1997. Soit un total de 30 ans. Fortement rongé de l’intérieur par une bourgeoisie compradore sans projet fédérateur et sans vision cohérente, ce parti unique devenu Parti-État a connu un arrêt brutal le samedi 17 mai 1997. En effet, à la faveur d’une rébellion armée soutenue logistiquement et techniquement par trois États voisins[61] de la région des Grands Lacs africains et appuyée par la coalition de conscience africaine, d’ailleurs, élargie à divers pays de la corne de l’Afrique, le régime arbitraire de Mobutu, a été définitivement renvoyée au musée de l’histoire par le rebelle Mzee Laurent-Désiré Kabila.
Mobutu Sese Seko du Zaïre avait réussi à fabriquer une classe dirigeante de jouisseurs qui vivaient strictement de la prédation au moyen de l’intimidation et de la corruption. Toutefois, l’avènement du mercenaire Mzee Laurent-Désiré Kabila à la tête de la République démocratique du Congo s’accompagne littéralement d’une nouvelle culture politique fondée essentiellement sur la flibuste, l’accaparement par la force physique des ressouces matérielles de l’État et des biens appartenant au simple citoyen. Si les deux régimes mobutiste et kabiliste se spécialisent dans le désinvestissement, le pouvoir de Joseph Kabila Kabange ne fait non plus exception. Il vit essentiellement du racket et du détournement des deniers publics cachés dans les paradis fiscaux.
À la tête d’une rébellion armée aussi hétéroclite que diversifiée, d’ailleurs, dénommée pour la circonstance Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL), ce stakhanoviste des guerres de libération nationale en Afrique s’est autoproclamé président de la République démocratique du Congo (RDC). Pour ce faire, il suspend sine die le régime politique et constitutionnel en vigueur, manifestement décrété par la véritable conférence nationale souveraine (CNS) en août 1992[62]. Aussi suspend-il la constitution qui garantissait, certes, le fonctionnement démocratique des institutions politiques, le respect des libertés publiques et droits humains fondamentaux par les animateurs de l’État[63]. Force est, en effet, de souligner que ceux-ci sont, d’ailleurs, encadrés dans leurs actes publics et agissements par la double notion de responsabilité politique et pénale.
À la suite de la déflagration de l’AFDL, le rebelle Mzee Laurent-Désiré Kabila, complètement débarrassé de ses compagnons d’arme et affranchi de la tutelle étrangère, fonde le comité du pouvoir populaire (CPP). Resté au stade purement embryonnaire, cette formation politique présente au niveau conceptuel les mêmes traits caractéristiques que le MPR de Mobutu. Elle conserve, en réalité, les mêmes attributs que l’entreprise partisane mobutiste. À savoir : un parti unique qui confisque l’appareil de l’État et toutes les institutions politiques, publiques et administratives; un Parti-État qui dispose politiquement du rôle dirigeant; une formation partisane qui se confond avec le Peuple et la Nation; un parti dont les membres adhérents, à plus forte raison l’ensemble de la population, sont embrigadés pour la cause d’une révolution dévoyée[64], etc.
Contrairement au personnel mobutiste qui était, indiscutablement, à la base une bourgeoisie compradore de désinvestissement, les paléokabilistes, ayant entouré Laurent-Désiré Kabila formaient une élite, plutôt, foncièrement rompue à l’art de la flibuste et de la contrebande des matières premières naturelles et minérales[65]. À la tête du pouvoir, ces compagnons d’un autre âge confisquaient aisément les biens des citoyens sans défense. Ils spoliaient toutes les ressources de l’État dont ils prétendaient allègrement rétablir l’indépendance nationale et l’autorité politique pour mieux servir le Peuple et, surtout, mieux protéger le Citoyen dont le statut ressemble à s’y méprendre à celui d’un serf de la tyrannie ou forçat de la dictature.
Manifestement ancrés dans la culture de maquisard révolutionnaire, les paléokabilistes ont violé de manière flagrante, sans états d’âme, au vu et au su du commun des mortels, les droits humains fondamentaux et les libertés publiques. Pour eux, la moindre critique démocratique était perçue comme une atteinte grave à l’honneur du chef rebelle. La moindre contradiction politique s’appuyant normalement sur les libertés de parole, d’opinion et d’expression était considérée comme une insulte insupportable à l’endroit de l’intelligence propre au dirigeant suprême élevé au rang de grand timonier ou de grand sage révolutionnaire.
Dans cette hypothèse inique, le contrevenant pouvait être frappé par la mesure de relégation à l’intérieur du pays. Ce qui correspondait, à vrai dire, à une sorte d’exil intérieur. Il convient de relever que cette mesure de bannissement de l’individu de son milieu naturel était une méthode fortement usée par le colonisateur belge[66] et la tyrannie mobutiste pour éloigner les activistes de la liberté et grands hérauts de la démocratie. En d’autres termes, les bagnes intérieurs pour les opposants au régime d’oppression connaissaient une pleine activité.
Gouvernant par la violence physique, les paléokabilistes, évidemment fort connus pour leur procès à l’égard des atrocités coloniales et brutalités dictatoriales, ont remis au goût du jour le fouet. Et, pourtant, dans l’imaginaire triplement populaire, lumumbiste et nationaliste, la chicote a toujours symbolisé les brimades coloniales belges. Aussi ont-ils activé l’application de la peine capitale.
La justice instrumentalisée à cet égard devenait plus qu’une machine à prononcer la peine de mort[67]. À vrai dire, elle était moins un appareil chargé d’instruire des enquêtes, destiné à conduire des procès et, donc, à juger des infractions[68] ou crimes. Force est de constater que les notions démocratiques de ‘‘recours’’ judiciaire et de ‘‘grâce’’ – en principe – accordée par le Magistrat suprême sont complètement ignorées voire même délibérément soustraites à la bonne administration de la justice[69].
Section III ‘‘Kleptocratie[70]’’ et ‘‘Voyoucratie[71]’’ au cœur de l’État
À côté du MPR cher au Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre et du CPP du rebelle Laurent-Désiré Kabila de sinistre mémoire, il y a le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). À l’image de deux formations partisanes ci-dessus visées, cette famille politique voit plutôt le jour à la suite d’une subversion constitutionnelle[72]. Chose certaine, cette formation qui soutient ouvertement l’action politique et gouvernementale de Joseph Kabila Kabange, est fondée à la suite d’une guerre civile sanglante[73].
Cette entreprise partisane est mise en orbite à la suite d’un conflit armé d’une violence inouïe. Opposant diverses factions militaires ayant physiquement participé sous l’égide du Rwanda et de l’Ouganda à l’affaissement de la tyrannie mobutiste, cette guerre civile a littéralement contribué à la partition matérielle du territoire national. Ce conflit a visiblement contribué à diviser l’État en trois méga-blocs distincts[74]. Force est de relever que celui-ci a normalement eu cours de 1998 à 2002[75]. Chose certaine, cette famille politique est, surtout, mise en orbite en prévision de chamboulement du paysage politique dérivé du processus de Sun City[76].
En effet, le PPRD est, officiellement, créé en 2003[77] dans l’optique de soutenir la candidature de Joseph Kabila Kabange à l’élection présidentielle de 2006, d’une part. Et, d’autre part, cette organisation partisane est naturellement fondée dans le dessein de soutenir politiquement et idéologiquement l’action gouvernementale de ce personnage politique une fois reconduit aux manettes de l’État. En d’autres termes, cette entreprise partisane a été, normalement, mise sur pied dans le but exclusif de servir de tremplin à la vision moins de conquête que de maintien au pouvoir dictatorial de Joseph Kabila Kabange[78] en République démocratique du Congo[79].
Sur le terrain, c’est le PPRD adossé à Kabila qui dirige réellement malgré un gouvernement de coalition dont le Premier ministre Antoine Gizenga Fundji issu du Parti lumumbiste unifié (PALU) est, par essence, une étiquette. En effet, ce parti détient tous les postes stratégiques. Ceux-ci relèvent, en vérité, de la souveraineté de l’État. Les autres formations font, plutôt, de la simple figuration. À la solde du PPRD, le gouvernement suit à la lettre les directives du chef de l’État. Il obéit strictement aux injonctions – ineptes – de Joseph Kabila Kabange. Ce faisant, il obéit au doigt et à l’œil du président de la République.
Le régime politique de Joseph Kabila Kabange se caractérise par le pillage des ressources nationales et la confiscation des libertés publiques et des droits humains fondamentaux. Il s’est tout naturellement spécialisé dans les tueries de masse, la disparition des militants des droits de la personne humaine, des opposants politiques et des chevaliers de la presse en tant que porte-voix du peuple opprimé.
Sous l’empire du PPRD comme porte étendard de l’action politique et gouvernementale de Kabila, les libertés publiques et les droits humains fondamentaux sont, incontestablement, mal-en-point. Ils sont littéralement piétinés, bafoués, massacrés. En dépit du multipartisme en vigueur qui n’est toujours pas forcément synonyme de liberté et démocratie ou de ferme garantie au respect scrupuleux des droits humains fondamentaux, les assassinats politiques sont effectivement légion[80]. Les détenus politiques qui emplissent les cellules pénitentiaires et croupissent dans les geôles mouroirs de la police politique et de l’État, sont en principe une marque de commerce du pouvoir arbitraire. L’oppression des droits et des libertés est, à n’en pas douter, le langage virulent du système qui s’exprime au moyen des arrestations et condamnations arbitraires[81] et des exécutions sommaires[82].
À ce propos, des forces de défense et de sécurité deviennent concrètement des institutions vouées à la répression musclée ou sanglante[83]. Leur mission primordiale ne consiste point à protéger voire même sécuriser la population ou le territoire. Elle consiste plutôt à asphyxier tous ses droits, à tordre ses libertés d’ailleurs chèrement acquises au prix de lourds sacrifices démocratiques.
Eu égard à ce rôle évidemment ingrat et arbitraire, indéniablement injuste et macabre, ces forces de défense et de sécurité se transforment littéralement en bourreau de la population lors de manifestations pacifiques déclenchées par les forces politiques de l’opposition sur l’ensemble du territoire national. Il importe de souligner que ces marches ne peuvent souffrir constitutionnellement parlant d’aucun obstacle administratif. Au cours de ces mouvements de contestation à caractère pourtant politique sont mortellement fauchés nombre de jeunes gens réclamant la stricte application de la constitution[84].
Par ailleurs, au niveau de l’expression purement politique, la présidence de Joseph Kabila Kabange s’avère un pouvoir absolutiste sur le terrain. Elle se distingue, évidemment, par le bâillonnement de l’opposition politique institutionnelle dont les principaux ténors sont soit pourchassés[85] soit débauchés[86] pour le compte d’un système aux abois. Aussi se distingue-t-elle par l’écrasement brutal des libertés publiques et des droits humains fondamentaux pour les membres et sympathisants de l’opposition extra-institutionnelle[87]. Très concrètement, cela signifie, donc, le musellement de la population, le bâillonnement du Citoyen, le règne permanent de la terreur, de la violence physique et du silence coupable.
Comme ils n’ont visiblement point voix au chapitre institutionnel, ces marginaux politiques sont pratiquement exclus des moyens d’information et de communication de l’État pourtant censés refléter toute la diversité de l’opinion nationale. À vrai dire, les institutions politiques, administratives et gouvernementales ne leur reconnaissent aucun droit ni liberté[88]. Le tout se réalise au mépris de la loi fondamentale[89].
Chapitre VI Logique et fonctionnement des opérateurs politiques dans l’État postindépendant de 1960 à nos jours
Dès le départ, bon nombre d’organisations politiques et partisanes qui voient, évidemment, le jour en République démocratique du Congo, présentent pratiquement une dimension plus locale voire une envergure plus régionale. Par leur nature, elles ciblent un groupe particulier. Elles s’appuient politiquement sur une clientèle précise. Elles s’intéressent, donc, à un public fort spécifique dont l’un des traits caractéristiques est manifestement la langue en tant que ciment culturel et non point politique des membres.
Il y a lieu de mentionner que la majorité de ces entreprises politiques résultent pratiquement d’une mutation sur le terrain du droit administratif. En effet, celles-ci bénéficient, sous la colonisation belge, du statut d’organisation syndicale. Tout au mieux, elles jouissent du statut de mutuelle associative à cette ère de domination coloniale. Leur objectif primordial consiste plutôt à défendre les intérêts particuliers de leurs membres effectifs. En d’autres termes, leur influence s’inscrit, dès le départ, dans le domaine culturel ou social.
Ce n’est qu’à la veille de la décolonisation que toutes ces organisations se transforment avec une célérité vertigineuse en partis politiques. C’est vraiment à la veille de l’indépendance que ces regroupements d’individus prennent visiblement une tangente politique. Ainsi passent-ils du statut apolitique d’acteurs de la société civile à celui politique d’opérateurs nationaux avec leur cortège de lacunes en matière d’idéologie partisane, de conscientisation politique des masses, de communication politique et de négociation politique avec l’autorité coloniale.
Force est d’admettre que cette dimension associative ou cette qualité syndicale continue de marquer, de nos jours, la conduite politique de différentes organisations partisanes. En effet, dans leur langage tout comme dans leur comportement quotidien, tous ces mouvements se conduisent à l’instar des ‘‘organismes de défense des droits humains fondamentaux’’ face au détenteur du pouvoir. Ils se comportent moins à l’image des partis politiques dont l’objectif est, en principe, la conquête du pouvoir qu’à l’instar des organisations culturelles et sociales mues par l’idée fondamentale de défendre efficacement les intérêts de leurs adhérents[90], de protéger leurs droits légitimes.
En effet, dans l’espace politique, ces organisations recherchent moins la conquête du pouvoir pour gouverner un État et administrer un territoire national que la satisfaction des avantages purement matériels. À vrai dire, ces entreprises partisanes recherchent plutôt la satisfaction des besoins éphémères pour garantir la sécurité matérielle de leurs membres et dirigeants hiérarchiques. Cette stratégie de survie explique en grande partie leur configuration somme toute iconoclaste.
Ce sont, en réalité, pour la plupart des partis sans sympathisants, sans adhérents ou militants de base. Ces organisations partisanes sont sans ancrage réel et effectif sur le terrain national. Elles ne sont même pas orientées par une idéologie ou guidées par une doctrine politique ou philosophique. Celles-ci n’existent point pour façonner une opinion publique ou défendre un idéal politique conformément à une doctrine ou une philosophie, en fonction d’une histoire ou méthode de lutte.
Cela est d’autant plus vrai que la majorité de ces mouvements politiques n’ont pratiquement pas d’élus qui ont, normalement, une emprise sur la vie réelle de la collectivité publique. Ce qui revient à dire qu’ils ont une vraie existence physique qui ne se limite strictement qu’à la patente administrative leur octroyée par l’État. Leur réalité existentielle n’est pas visible sur le terrain des activités politiques dans la mesure où ils brillent par une absence éloquente. D’où le surnom ironique leur attribué de ‘‘partis mallettes’’ puisque leur réalité se limite au seul document administratif[91] délivré par les autorités publiques et administratives. Celui-ci est souvent caché dans un porte-document ou contenu dans un attaché-case d’un dirigeant politique.
Cette catégorie de formations politiques porte également le surnom de partis ‘‘alimentaires’’. En effet, celles-ci acceptent facilement la corruption en vue d’obtenir un poste ministériel. Elles acceptent aisément le bakchich afin d’obtenir des postes politico-administratifs[92]pour leurs dirigeants et membres respectifs. Ce qui témoigne, à n’en point douter, de leur nocivité pour l’intégrité du jeu démocratique. Ce qui témoigne, très certainement, de leur dangerosité pour la paralysie du système politique et institutionnel qui est appelé à modifier l’esprit de ses structures et la philosophie de ses animateurs.
Pour ainsi dire, dans la culture nationale congolaise, un parti politique est, d’abord et avant tout, une boutique[93] ou un magasin. C’est, à vrai dire, une échoppe, un commerce qui vend paradoxalement des compétences techniques et professionnelles au pouvoir en place en vue de simplement et uniquement réaliser un profit économique et financier sous forme de cash. Ce bénéfice économique sert plutôt à l’enrichissement personnel. Celui-ci n’est point destiné à l’investissement en capital dans l’économie nationale.
Ce gain qui se chiffre, généralement, à quelques dizaines de milliers de dollars US, sert à la consommation des biens courants. Force est de constater que ceux-ci font manifestement défaut à une élite politique vivant souventes fois dans la précarité et dans la disette. Ces biens matériels font évidemment défaut à une classe dirigeante certes archi-paupérisée par le régime en place, lequel dispose de tout et concentre tout entre ses mains[94].
Ensuite, une organisation politique en République démocratique du Congo est une agence de placement des cadres politiques et administratifs. C’est en vérité une entreprise économique chargée de placer des acteurs politiques au cœur du pouvoir. Dans cette sphère, leur mission principale n’est point de servir le Peuple ou d’administrer l’État. Elle n’est point de répondre aux besoins légitimes de la population. Elle n’est vraiment point de satisfaire les aspirations fondamentales des citoyens.
En réalité, la présence physique de ces cadres au plus haut sommet de l’État se justifie par le fait qu’une entreprise politique doit rétrocéder la manne économique ponctionnée à même la cassette financière de la Collectivité publique à l’animateur du régime ‘‘kleptocratique’’ et ‘‘manducratique[95]’’. En vérité, elle se justifie largement par le fait qu’elle se doit de remplir quotidiennement les poches des dirigeants politiques et gouvernementaux, administratifs et étatiques. Leur rôle primordial est, plutôt, de perpétuer le fonctionnement décrié du pouvoir honni par la population[96].
En d’autres termes, la présence de ces cadres au plus sommet du pouvoir d’État se justifie en fait par le pillage de toutes ressources nationales et étatiques autant minérales et naturelles que précieuses et stratégiques. Cela inclut également le pillage du Trésor public. Cette caisse publique est systématiquement et automatiquement dépouillée de recettes de l’État par des garçons de course ou boys du pouvoir dans le but de conserver des maroquins ministériels ou des plus hauts postes politico-administratifs.
À ce propos, il convient de souligner que le processus électoral de décembre 2018 a permis à la République démocratique du Congo de vivre sa toute première alternance ‘‘pacifique’’ et ‘‘civilisée’’ du pouvoir au niveau de l’institution présidentielle. Aussi a-t-il permis à cet État majestueux et richissime au cœur du Continent de partager le pouvoir gouvernemental entre adversaires politiques aux logiques contrastées et aux intérêts divergents. Une situation, par essence, inédite dans l’histoire de ce pays accoutumé à la confiscation du pouvoir politique et au bâillonnement du souverain primaire. Bref un pays habitué au bidouillage électoral et à la corruption pour jouir d’un poste politique, administratif et gouvernemental.
Les Congolais adorent des mégastructures et cartels politiques pour coaliser et se partager le pouvoir. Raison pour laquelle l’espace politique de la République démocratique du Congo est tout à fait jonché de moult structures organisationnelles qui naissent moins de convictions idéologiques que de l’opportunisme matérialiste. En effet, c’est la nécessité de jouir des biens matériels au sommet du pouvoir et de l’État qui dicte évidemment leur subite apparition sur le champ politique. De gauche à droite : Mme Maguy Kiala de la société civile, MM. Bruno Tshibala Nzenzhe (ancien premier ministre), Aubin Minaku Ndjalandjoko (ancien président de l’Assemblée nationale), José Makila Sumanda (ancien gouverneur de l’ancienne province de l’Équateur et ancien ministre des transports) lors de la signature de la charte constitutive du Front commun pour le Congo (FCC) le 1er juillet 2018. Une structure de regroupement de forces politiques et sociales chargée de promouvoir l’action de l’ex-chef de l’État Joseph Kabila Kabange.
Dans cette coalition contre-nature, regroupés au sein de la plate-forme ‘‘Front commun pour le changement’’ (FCC), les partisans de l’ex-tyran[97] recyclé sénateur à vie par la Constitution de Liège du 18 février 2016 ont jalousement gardé leurs habitudes kleptomaniaques. Ce qui leur permet de vider sans se soucier les caisses de l’État au profit de ce chef très controversé au niveau de la gestion tant politique et économique que sociale et culturelle. Lorsqu’il s’est agi pour le nouveau chef de l’État[98] de mettre en place toute une série d’organes de contrôle, de vérification et de surveillance pour éplucher les comptes publics, surveiller étroitement la gestion de différents ministères et administrations publiques, des organes étatiques et gouvernementaux, circonscrire la dilapidation des deniers publics, des frictions houleuses apparaissent au plus haut sommet du pouvoir d’État[99].
Ces vives tensions manifestement enregistrées au cœur même de l’État poussent finalement le Magistrat suprême à exiger de toute la classe politique, en particulier, et de la population, en général, une requalification de la majorité politique au niveau parlementaire aux fins de nouvelles alliances gouvernementales. Pour montrer le profond intérêt de cette opération, celles-ci sont qualifiées par le principal intéressé d’Union sacrée pour la Nation (USN). À cet égard, des consultations nationales grandeur nature sont rapidement organisées par le chef de l’État. Elles ont, en effet, pour objectif la mise en place d’un nouveau gouvernement plus sensible au vœu de la Nation tout entière et très étroitement lié à la vision présidentielle.
Chapitre VII Discours politique et idéologique sous la tyrannie postcoloniale
Du côté des indigènes opprimés, le discours idéologique prévalant très largement sous la colonisation belge repose substantiellement sur la défense de la dignité humaine. Il s’appuie fondamentalement sur la promotion de l’être négro-africain. À ce niveau, les revendications congolaises mettent, plutôt, en avant les enjeux primordiaux d’une civilisation humaniste et universelle, fraternelle et solidaire.
Par contre, sous la tyrannie postcoloniale, le discours politique opposé au despotisme brutal repose essentiellement sur la Citoyenneté démocratique. En réalité, celui-ci s’appuie sur la participation à la vie politique nationale du citoyen en tant que sujet des droits et des libertés publiques tout à fait reconnus par les textes fondamentaux. Ceci suppose ‘‘la participation effective et réelle du Citoyen à tous les échelons de la vie nationale en tant que membre d’une société politique ayant certes pour vocation le respect des droits humains fondamentaux et des libertés publiques’’.
En d’autres termes, ce discours idéologique postule la reconquête des droits humains et des libertés républicaines arrachées à l’autorité coloniale belge en vue de bâtir une Nation certes indépendante et visiblement affranchie de toute influence étrangère négative. Aussi postule-t-il l’invention d’un Congolais somme toute nouveau. Il requiert, en effet, la fabrication d’un type de Congolais affranchi de toute servitude inhumaine et dégradante, et en bout de chaîne, réellement émancipé de tout pouvoir oppresseur.
Face à l’oppression brutale, quelle qu’elle soit, le Congolais a toujours su faire preuve de résilience et de volontarisme. Il a toujours su preuve de courage et d’abnégation en utilisant les armes de l’esprit et non les armes létales pour venir à bout de la tyrannie. C’est dans ce contexte et même cette perspective que surgissent les fameux Treize ex-parlementaires du Mouvement populaire de la révolution (MPR) pour contester la gestion calamiteuse du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre. Leur révolte politique pour réhabiliter tous azimuts le peuple est, en réalité, une insurrection de l’élite à la fois intellectuelle et politique. De gauche à droite : Vincent M’Bwakiem Niarolem, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Frédéric Kibassa Maliba Masele, Marcel Lihau Ebua Libana la Molengo au cours d’une réunion de l’opposition politique, quelques temps après l’ouverture démocratique et la libéralisation de la vie politique du pays.
Ce discours idéologique vaut, naturellement, pour le Mobutisme dictatorial et impénitent pour avoir chosifié le Citoyen congolais et réduit l’ensemble de la société à sa plus simple expression. Il vaut à n’en point douter pour ce régime despotique pour avoir confisqué la vie politique. Aussi vaut-il pour ce système brutal pour avoir asphyxié la souveraineté populaire et foulé aux pieds les droits et libertés à tous les niveaux de la vie nationale.
Ce discours idéologique vaut, à son tour, pour le double régime tyrannique des Kabila Sr et Jr pour avoir nettement paralysé la vie démocratique. Il vaut sans aucun doute pour ce double pouvoir despotique pour avoir nié la place éminente du Citoyen dans la vie politique. Aussi vaut-il pour ce double système répressif pour avoir très largement ignoré la démocratie et ses nombreuses vertus.
Ce discours idéologique vaut, certes, pour les deux pouvoirs absolument arbitraires pour avoir dédaigné le respect scrupuleux des droits humains fondamentaux et libertés publiques. Aussi vaut-il pour ce double système immobiliste pour avoir écarté la réhabilitation des infrastructures nationales qui assurent le développement économique et le progrès social. Aussi vaut-il pour ce double système autocratique pour avoir manqué à la réforme, donc à la revalorisation des institutions politiques et publiques, pour mieux protéger le Citoyen. Il sied de mentionner que celui-ci est, en fait, écrasé complètement par l’État et son administration publique[100].
Vu sous cet angle, ce discours idéologique met pratiquement l’emphase sur la nécessité de bâtir une Nation. Il met l’emphase sur la nécessité d’inventer une culture politique nationale concrètement fondée sur la justice et l’équité, sur la liberté et la dignité. En d’autres termes, ce discours tend à contribuer à la fabrication d’une identité nationale capable de fédérer les ressortissants de l’État autour d’un pouvoir politique doublement protecteur et libérateur. Un régime dont le rêve est le développement économique et l’obsession est le progrès social.
Chapitre VIII Discours politique et idéologique sous le régime de l’État de droit ‘‘démocratique’’
Depuis le jeudi 24 janvier 2019, un nouveau pouvoir politique a, effectivement, pris les rênes en République démocratique du Congo. Issu tout droit de l’opposition politique, d’ailleurs, favorable à la démocratie, celui-ci a pour slogan mobilisateur des masses ‘‘L’État de droit[101]’’. Ce qui, naturellement, suppose dans le jargon politique local ou dans la vision idéologique du régime en place la réhabilitation du pouvoir judiciaire.
Pour le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, l’État de droit ‘‘démocratique’’ est garanti par le juge en tant que ‘‘pouvoir’’ et ‘‘autorité’’. Dans ce système où chaque organe de l’État est strictement cantonné dans son rôle naturellement reconnu par la loi fondamentale, ce dernier est alors un juge des libertés. Il est chargé de protéger les libertés au sein de la collectivité publique. Ses décisions s’imposent à tous sans distinction aucune. Dans l’architecture institutionnelle, celui-ci a pour mission primordiale de dire le droit rien que le droit, de sanctionner les faits selon son intime conviction et de protéger le citoyen contre l’arbitraire de l’État. Dans ce contexte et même dans cette perspective, le pouvoir exécutif ne s’immisce point dans la procédure judiciaire pour orienter le juge et, par voie de conséquence, perturber la sécurité juridique en tant que parapluie de la société. En d’autres termes, son intervention pour le moins cavalière concourt aux brimades faites aux droits fondamentaux des justiciables. Rentrée judiciaire de 2021. Le chef de l’État entouré de la ministre de la justice et garde des sceaux, ainsi que des hauts conseillers de la République qui animent la vie du Conseil d’État en tant que plus haute institution judiciaire et administrative de l’État consacrée par la constitution du 18 février 2006.
Force est de relever que ce pouvoir sensé garantir la sécurité des Citoyens face à l’oppression de l’État et l’arbitraire de la puissance exécutive a été instrumentalisé par l’organe politique. Il a été caporalisé par l’institution gouvernementale dans l’intention malsaine de régler des comptes à toutes celles et tous ceux qui ne partagent nullement ses vues sur la direction du pays ou qui sont en porte-à-faux avec les décideurs étatiques. En d’autres termes, dans le contexte du jeu politique et démocratique, cette expression signifie la fin de l’impunité. Elle projette, en fait, l’idée de rempart contre l’absolutisme tyrannique et l’autoritarisme de l’État.
Donc, le discours idéologique d’État de droit démocratique prôné dans l’espace politique, postule, à vrai dire, le respect scrupuleux de la Constitution du 18 février 2006. Il postule, en réalité, le respect des droits humains fondamentaux et des libertés publiques tels qu’énoncés par la Loi fondamentale. Ce texte majeur régit quotidiennement la Collectivité étatique dans ses rapports politiques et administratifs avec l’ensemble de ses ressortissants. Il postule bien sûr l’observance de tous les instruments internationaux auxquels adhère normalement ce pays africain, en l’occurrence ‘‘la République démocratique du Congo’’.
Le discours idéologique d’État de droit démocratique véhiculé par le pouvoir en République démocratique du Congo met en relief le principe sacrosaint de la souveraineté populaire. Il met en lumière cette notion cardinale selon laquelle les dirigeants politiques sont, en réalité, les serviteurs du Peuple. À ce titre, leurs actes doivent être accomplis en stricte conformité avec ses vœux légitimes. En d’autres termes, le pouvoir est au service exclusif des citoyens et non pas le contraire[102].
Par ailleurs, ce discours d’État de droit démocratique promu par le nouveau régime met, en fait, l’emphase sur le pouvoir de la Nation. Celui-ci est incarné ou exercé par les délégués du Peuple en son nom ou représentants des Citoyens dans les instances politiques pour avoir été dûment désignés par leurs pairs. Ce discours signifie que les délégués ou représentants adoptent en âme et conscience des lois qui garantissent la sécurité, la liberté et la dignité des citoyens mus par le vivre-ensemble collectif. Aussi signifie-t-il que ceux-ci adoptent, en fait, des règles qui favorisent la solidarité et la fraternité, promeuvent la concorde, l’harmonie et l’épanouissement de tous les sujets de l’État[103] dans tous les domaines de la vie nationale.
Ce qui revient à dire que le discours politique et idéologique de l’État de droit démocratique sert plutôt à délégitimer le despotisme ‘‘obscurantiste’’[104], la tyrannie ‘‘révolutionnaire[105]’’. Il s’agit de deux systèmes arbitraires ou barbares essentiellement fondés sur le clientélisme politique ou le féodalisme administratif, l’oppression des droits humains fondamentaux et le musellement des libertés publiques ou le piétinement de la justice. En d’autres termes, il est question des systèmes politiques qui encouragent très nettement le favoritisme et, en même temps, expriment la négation pure et simple de l’humanité. Bref la confiscation de la vie qui est un don de la Nature et également la liberté des libertés.
Chapitre IX La Contestation de la légitimité despotique
Depuis sa naissance le 30 juin 1960, la vie politique de la République démocratique du Congo a, toujours, oscillé entre gesticulation démocratique et barbarie despotique. Elle a, toujours, oscillé entre lueur démocratique et obscurité tyrannique. Dans ce mouvement d’oscillation entre l’ombre dictatoriale et la lumière démocratique, la contestation de la tyrannie en tant que processus politique de confiscation du pouvoir politique de l’État et d’accaparement de l’administration publique à titre de bras séculier a pris deux formes.
D’une part, cette contestation est physiquement violente et militaire. À ce niveau, elle utilise l’option guerrière comme moyen de déstabilisation de la tyrannie. Elle fait appel aux armes pour faire chuter le régime brutal. À ce niveau, l’arbitraire tyrannique ne correspond point aux aspirations fondamentales de la population ou d’une partie non négligeable des Citoyens.
Et, d’autre part, cette contestation se révèle, au grand jour, pacifique et politique dans le strict but de faire l’économie de la guerre civile. Celle-ci est très souvent préjudiciable aux intérêts primordiaux de la Nation. À cet égard, elle utilise toutes les ressources de l’esprit. Elle fait, donc, appel aux facultés intellectuelles ou mentales pour affaisser la dictature et démanteler l’arbitraire à la base de l’oppression des citoyens et du pourrissement de la vie nationale.
Dans les deux hypothèses, le souci formel demeure la réhabilitation de la liberté en tant que doctrine ou discours national, la revalorisation de la vie politique et démocratique en tant que système institutionnel. Au niveau du discours idéologique et mobilisateur des masses populaires, il est prôné le ‘‘primat du droit’’ ou la ‘‘primauté de la loi’’, l’affermissement de la justice afin d’assurer l’égalité citoyenne (le principe d’équité). Toutefois, en pratique, l’on assiste à un véritable décalage entre les vœux exprimés (l’idéal ou la réalité virtuelle) et la réalité existentielle en raison des pesanteurs à la fois politiques et économiques, sociales et culturelles[106].
Section I La justification du processus révolutionnaire
Il est un fait établi qu’il n’y a vraiment jamais existé en République démocratique du Congo de processus révolutionnaire au sens restreint de violence physique ou de rébellion armée strictement dirigée contre l’autorité politique et administrative coloniale. Cependant, à des époques bien différentes, il a bel et bien existé maintes rébellions militaires. Celles-ci ont été violemment dirigées contre l’État postcolonial.
Ayant naturellement cours sur le territoire national, ces rébellions armées ont sévi contre des régimes qualifiés soit de dictatorial lorsqu’ils résultaient d’une opération de confiscation du pouvoir, soit d’anti-peuple lorsque ceux-ci ne défendaient point les intérêts primordiaux de la Nation. C’est concrètement le cas des rébellions qualifiées de ‘‘nationalistes[107]’’. Après la proclamation réelle, effective, de l’indépendance par la Belgique, celles-ci ont littéralement émergé dans trois endroits névralgiques pour finalement embraser la moitié du territoire national : le Nord-Est[108], l’Est[109], le Sud-Est[110] et le Centre-Ouest[111] du pays. Dans le dessein de justifier ou de légitimer leur entreprise rebelle, toutes ces factions armées qui reçoivent massivement l’aide militaire du camp progressiste de la planète, une assistance logistique et technique sur le terrain international, réclament ouvertement, en toute transparence, la mise en place d’un gouvernement populaire[112].
La lutte armée pour asseoir l’indépendance du Congo est un combat révolutionnaire a posteriori. Celui-ci n’a pas préexisté et présidé à la naissance de l’État de la République démocratique du Congo. Cette lutte armée a posteriori est, plutôt, l’œuvre des acteurs nationalistes qui estiment inachevé le processus d’indépendance de l’ex-Congo-Belge. Ces révolutionnaires sont, donc, des partisans irréductibles de Patrice Emery Lumumba lâchement assassiné à Élisabethville (Lubumbashi) le 17 janvier 1961. Sur la photo, les révolutionnaires lumumbistes qui ont reçu le renfort stratégique du guérillero cubain, le judéo-argentin Rafael Ernesto Guevara de la Serna, alias ‘‘Che Guevara’’, dans l’Est du Congo sont accueillis à bras ouverts à La Havane par El commandante Fidel Alejandro Castro Ruiz. Le révolutionnaire Pierre Mulele sis à gauche de Castro a connu une fin tragique comme son modèle et héros Patrice Emery Lumumba.
Il est à remarquer que lors des premières années de l’indépendance nationale, les rébellions militaires nationalistes[113] s’attaquent virulemment à un État démocratique au sens moins idéologique[114] que pratique[115]. Cette même médecine de violence armée est aussi servie à la tyrannie qui confisque brutalement l’espace politique, étouffe les aspirations démocratiques, piétine les libertés publiques fondamentales. Il s’agit, entre autres, des régimes de Mobutu Sese Seko du Zaïre et des Kabila Sr et Jr. Ces trois pouvoirs arbitraires et verrouillés subissent eux aussi les mêmes foudres de contestation par voie de violence militaire.
En effet, le régime fantoche du Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre, directement issu d’une subversion constitutionnelle, est confronté à des rébellions de type nationaliste et lumumbiste. Celles-ci se concentrent principalement dans le Centre et l’Est du pays[116]. Très lourdement armées par des puissances étrangères dans le strict cadre de la guerre froide, ces forces armées rebelles lui reprochent, d’ailleurs, violemment ses relations adultérines avec le capital monopolistique international[117].
Le révolutionnaire cubain Ernesto Che Guevara enseignant l’art de la guerre aux forces lumumbistes et nationalistes dans l’Est de la République démocratique du Congo en 1964. Médecin de formation, ce guérillero a ouvert des hôpitaux de campagne dans les maquis pour soigner les populations désœuvrées.
Aussi ces mouvements rebelles reprochent-ils violemment à Mobutu sa contribution directe à l’assassinat préprogrammé[118] de Patrice Emery Lumumba à Élisabethville[119] (Katanga) le 17 janvier 1961[120]. Ceux-ci lui reprochent amèrement la rafle suivie de l’exécution sommaire des partisans et sympathisants du premier ministre nationaliste et panafricaniste Lumumba. En effet, ils lui reprochent, surtout, la répression sanglante des mouvements nationalistes et lumumbistes sur l’ensemble du territoire national. Cette violente oppression intervient non pas à titre de représailles militaires et politiques mais plutôt d’acharnement politique et de félonie de la part du dirigeant zaïrois[121].
Outre les mouvances nationalistes et lumumbistes, le Maréchal-pillard Mobutu Sese Seko du Zaïre a virulemment fait face aux rébellions sécessionnistes katangaises. À la fin des années soixante-dix, ces factions armées qui revendiquent idéologiquement l’héritage politique de Moïse Kapenda Tschombe, veulent retourner définitivement au pays de leurs ancêtres. Elles prennent, tout à fait, cette initiative à haut risque après avoir aidé militairement les factions progressistes angolaises à se défaire complètement du colonialisme portugais à São Paulo da Assunção de Loanda (Luanda). En guise de remerciement à leur assistance oh ! Combien précieuse, les autorités politiques et militaires angolaises du MPLA leur offrent une base arrière pour le repli des troupes armées. Aussi leur offrent-elles un appui stratégique pour récupérer bon nombre de villes minières dont la plus emblématique est, à coup sûr, Kolwezi, d’ailleurs fort connue pour sa production de cobalt[122].
Le général des corps d’armée Mobutu Sese Seko, président du Zaïre, troque, en 1978, la cane, la toque de léopard et l’abacost avec le treillis militaire pour combattre les fameux et redoutables gendarmes katangais en provenance de l’Angola limitrophe. Ces forces armées rebelles coachées par des conseillers militaires cubains et est-allemands ont occupé la ville minière de Kolwezi très riche en cobalt. Cette occupation du pays a nécessité l’intervention militaire de la France et du Maroc dans le cadre de l’OTAN.
À ce propos, ces factions armées tschombistes reprochent virulemment au Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre d’avoir ourdi l’élimination aussi bien politique que physique du premier ministre Moïse Kapenda Tschombe[123]. Elles lui reprochent également le meurtre de leur chef de guerre historique Tshipola. Celui-ci est atrocement exécuté au camp lieutenant-colonel N’Kokolo[124].
Aussi les gendarmes katangais lui reprochent-ils violemment d’avoir littéralement asphyxié l’économie de la province uranifère du Katanga et, surtout, contribué au pillage meurtrier de toutes ses richesses précieuses et stratégiques[125]. Pour mettre fin à cette rébellion armée[126], et surtout guerre froide oblige, le régime despotique de Mobutu Sese Seko a évidemment la vie sauve grâce à l’intervention décisive des troupes marocaines. Outre les forces armées du Maroc, des éléments parachutistes français détachés à Calvi (Corse) permettent au pouvoir tyrannique du Zaïre de respirer à nouveau.
Au crépuscule de sa vie despotique, le Maréchal Mobutu Sese Seko doit affronter une énième rébellion armée. Personnalisée par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) en 1996 – 1997, celle-ci est logistiquement et techniquement assistée par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Aussi est-elle instrumentalisée par le gotha minier international d’extraction anglo-saxonne dont le vœu le plus cher est de mettre à tout prix la main sur le pactole minier congolais dans le cadre de la globalisation néolibérale.
Ce mouvement rebelle jouissant de moult appuis militaires, politiques et diplomatiques à la fois régionaux et internationaux finit par avoir raison du Mobutisme dictatorial le samedi 17 mai 1997. Par cet acte historique, il a permis à l’Occident chrétien de solder définitivement la guerre froide en Afrique noire. Cela est d’autant plus vrai que ce contexte de confrontation politique, diplomatique voire militaire sur le plan international justifiait, en effet, la présence absolue du pouvoir mobutiste[127].
Le guérillero Mzee Laurent-Désiré Kabila, alias le bulldozer du Katanga, est le tombeur du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre. À la tête des rebelles de l’AFDL, il conquiert la ville de Kinshasa avec la précieuse aide du Burundi, de l’Ouganda et du Rwanda. À cet effet, il s’autodésigne président de la République démocratique du Congo le samedi 17 mai 1997.
Toutefois, sur le plan purement interne, la rébellion armée de l’AFDL donne un coup de grâce à l’expérience démocratique qu’est en fait le régime politique issu de la Conférence nationale souveraine (CNS). En effet, ce forum national institue, au début des années quatre-vingt-dix, un système politique et démocratique fondé essentiellement sur le modèle parlementaire. Dans ce régime, le premier ministre est, en vérité, le personnage central tandis que le chef de l’État est, évidemment, un monarque régnant[128]. S’il est certes marqué par des imperfections notables liées à la résistance farouche manifestée par le pouvoir mobutiste, il n’en demeure pas moins que cette étape politique importante permet aux ressortissants de la République démocratique du Congo de prendre progressivement goût à la liberté et la démocratie.
À l’époque d’effervescence indépendantiste, le chef rebelle Mzee Laurent-Désiré Kabila a fait partie intégrante des forces lumumbistes et nationalistes. Il fut un des maillons importants de la rébellion qui combattait farouchement le gouvernement central de Léopoldville. Il y a lieu de rappeler que ces factions armées rebelles ont combattu avec acharnement le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu. À ce moment, ce dirigeant politico-militaire était commandant en chef interarmes de l’armée nationale congolaise (ANC).
Ironie de l’histoire, une fois aux manettes de la République démocratique du Congo, Mzee Laurent-Désiré Kabila connu pour son mercenariat dans la région des Grands Lacs africains est soumis aux mêmes types d’épreuves violentes. En effet, ce stakhanoviste des luttes de libération nationale en Afrique australe a été militairement confronté à la rébellion de ses propres compagnons d’arme de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL), dès le 2 août 1998. Assistés au cours de cette opération armée par des partisans mobutistes et, à plus forte raison, sociétaires des ex-Forces armées zaïroises (FAZ), ceux-ci regroupés autour du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) reprochent virulemment à ce dirigeant rebelle ses penchants tyranniques. Ils lui reprochent violemment d’exclure les ressortissants nilotiques, a fortiori tutsis banyamulenges, du pouvoir qu’ils ont contribué à conquérir ensemble aux dépens des sujets bantous du Nord et de l’Ouest du pays.
Le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) est un résidu de l’AFDL historique associée aux forces mobutistes issues tout droit des ex-FAZ. Sur la photo, Me Azarias Ruberwa Manywa, secrétaire général du RCD en point de presse. Il est accompagné du général-major Jean-Pierre Ondekane Inkale, un ancien sous-officier des ex-FAZ (sous-lieutenant).
Comme elle met sérieusement en péril le régime fragile de Mzee Laurent-Désiré Kabila, cette rébellion armée pilotée à partir de Kigali pousse, en réalité, ce vieux briscard à verrouiller complètement le jeu à la fois politique et institutionnel. Elle le pousse à verrouiller pour de bon l’espace politique dont l’étroitesse rappelle à s’y méprendre le pouvoir arbitraire de son prédécesseur tyrannique. Aussi pousse-t-elle ce vieux révolutionnaire à réprimer davantage les droits humains fondamentaux, les libertés publiques et républicaines et, surtout, à faire litière des principes démocratiques.
Par ailleurs, Joseph Kabila Kabange dont le régime autoritaire est directement issu d’un coup d’État ayant politiquement et militairement renversé la présidence absolue de son beau-père Mzee Laurent-Désiré Kabila, a également connu une série de rébellions armées. Il importe de remarquer que tous ces mouvements politiques et militaires n’ont évidemment pas pour objectif ultime la subversion de l’ordre politique et constitutionnel. La plupart de ces factions armées cherchent simplement à créer sur le terrain une dynamique leur permettant plus de s’infiltrer au sein des institutions étatiques par le mécanisme de partage des postes.
Ainsi en est-il évidemment du Congrès national pour la défense du peuple[129]. Ce mouvement rebelle qui s’est allié au Front patriotique rwandais (FPR) dans le but d’éradiquer la nocivité des Hutus réfugiés dans l’Est de la RDC, a bel et bien combattu en 2007 – pendant sept mois – les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dont le commandant suprême est Joseph Kabila Kabange. Son objectif stratégique a été d’en découdre violemment avec la rébellion militaire hutue rwandaise labellisée Forces démocratiques de libération du Rwanda. En effet, ce groupe rebelle hutu constituait indéniablement, à cette époque trouble, une insécurité pour la minorité tutsie banyamulenge au Kivu.
Le général-pasteur Laurent Nkundabatware Mihigo, dit Laurent Nkunda, du CNDP (à gauche) est à la tête d’une rébellion militaire qui réclame officiellement la protection de la minorité tutsie dans l’Est du Congo, l’extinction complète des milices hutues accusées de génocide au Rwanda.
Toutefois, pour de nombreux spécialistes[130] de la région des Grands Lacs africains, le CNDP a, au-delà de son mandat de traquer les forces rebelles hutues anti-Kigali, servi à empêcher net la pénétration de la République populaire de Chine dans les zones d’exploitation minière grouillant dans l’Est de la République démocratique du Congo. À cet égard, cette rébellion tutsie devait être considérée comme le bras armé de puissants intérêts occidentaux opposés farouchement à l’entrée de la Chine dans cet espace africain regardé à tout le moins comme une chasse-gardée. Il sied de préciser que cette intrusion chinoise a, d’ailleurs, été facilitée par l’aide financière estimée à neuf milliards de dollars US débloqués par Beijing au profit du gouvernement de Kinshasa.
À l’image du CNDP dont les cadres sont pratiquement tous reversés en vertu de la politique de brassage et de réinsertion au sein des FARDC, le ‘‘Mouvement du 23 Mars[131]’’, autrement désigné M23, a également combattu le gouvernement central de Kinshasa incarné par Joseph Kabila Kabange. Cette rébellion politico-militaire qui a pris ses racines en Ouganda voisin, est essentiellement dominée par la minorité tutsie banyamulenge. Celle-ci a déployé sa force de frappe militaire contre les FARDC et le pouvoir central en usant de la même rhétorique revendicatrice que le CNDP du général-pasteur Laurent Nkunda. À savoir : la neutralisation de tous rebelles hutus rwandais œuvrant militairement dans l’Est de la RDC et leur retour immédiat et sans condition au Rwanda voisin sous l’égide de la communauté internationale, la participation des cadres du M23 aux activités des institutions politiques et militaires de la RDC, le confinement du personnel militaire de M23 exclusivement dans les régions du Kivu, etc.
Sultani Makenga, le chef des rebelles du M23. Ce mouvement rebelle qui donne du fil à retordre aux forces armées congolaises (FARDC) provient effectivement de la transmutation du CNDP de Laurent Nkunda qui, lui-même, est une filiation directe du RCD – Goma et de l’AFDL historique. Il a, en réalité, pour objectif primordial la défense des intérêts sacrosaints de la minorité tutsie par son intégration dans toutes les institutions de la République démocratique du Congo. Toutefois, pour les autorités politiques, administratives et gouvernementales de cet État ancré dans la région des Grands Lacs africains, le M23 est, plutôt, le bras armé du Rwanda dans le pillage des ressources naturelles et minérales du pays. Il est comptable au même titre que ses ascendants des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crime de génocide à l’endroit des populations autochtones du Congo.
Ce qui est clair, les différentes rébellions politico-militaires naissent sur le territoire national de la République démocratique du Congo par manque de cadre légitime de concertation ou communication, d’arbitrage ou négociation. Même s’il peut exister sur le plan légal, du moins, en apparence, celui-ci ne permet toujours pas des échanges fructueux et conviviaux tendant dans le sens étroit de la paix et de l’harmonie, de la sécurité et de la justice, de l’équité et de la solidarité, de l’égalité et de la fraternité entre les Congolaises et Congolais[132]. À preuve, la Conférence nationale souveraine (CNS) délibérément transformée en arène de combat et de règlement des comptes qu’en tribunal de résolution des conflits. À preuve, la propension des élites nationales à saboter les forums nationaux au détriment de leurs propres concitoyens et au profit des intérêts particuliers ou étrangers[133].
Section II L’avènement des ‘‘Treize’’ parlementaires frondeurs du MPR[134]
Le 4 octobre 1973, Mobutu Sese Seko du Zaïre auréolé de sa stature internationale de maître de l’Afrique prononce un discours mémorable à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies. Au cours de cette allocution fortement attendue, le dictateur zaïrois fustige les puissances coloniales – dont le Portugal – concernant les dossiers angolais, mozambicain et cap-verdien. Aussi fustige-t-il le manque de solidarité internationale s’agissant du calvaire imposé aux populations négro-africaines par le fameux régime ségrégationniste d’Apartheid en Afrique du Sud, au Zimbabwe (ex-Rhodésie du Sud) et en Namibie. En vue de clôturer son cirque politique et médiatique, ce dirigeant-gendarme décide, toutefois, unilatéralement la rupture des relations diplomatiques avec Israël. Au cours de cette période mouvementée, cet État minuscule du Proche-Orient est déjà dans la ligne de mire des pays arabo-musulmans. Il est déjà en porte-à-faux avec l’Égypte pour avoir effectivement conquis territorialement la péninsule du Sinaï[135].
À partir de cette année fatidique, le régime politiquement et personnellement incarné par le Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre, fort connu pour sa brutalité, vacille indéfiniment. Pour distraire la population qui commence progressivement à manquer des biens de première nécessité[136], le dictateur zaïrois institue le travail forcé[137]. Anticipant de plusieurs années la révolte politique, Mobutu transforme sans bruit, sans tambour ni trompette, le MPR en parti-État en 1974. Dans le but de court-circuiter cette fois-ci une révolte populaire susceptible de se déclencher, il résolve à organiser le ‘‘Match du siècle’’, le 30 octobre 1974. Ce très célèbre combat de boxe oppose, en réalité, deux illustrissimes pugilistes de l’histoire du noble art, a fortiori des boxeurs africains-américains. À savoir : le styliste Muhammad Ali de Kentucky et le cogneur George Foreman du Texas[138].
Comme si tout cela ne suffisait pas, le Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre organise, en bon félin, un auto-coup d’État par l’entremise de son homme de paille, le général Norbert Likulia Bolongo[139]. Ce putsch militaire qu’il manipule avec dextérité, est certes attribué sans preuve patente à la CIA d’avec laquelle il a divorcé avec fracas. Il lui permet d’arrêter des militaires de haut rang connus pour leur amour patriotique. Cette stratégie est en soi un avertissement musclé envers celles et ceux qui, par aventurisme ou opportunisme, sont, d’ailleurs, tentés de contester violemment la légitimité politique de son régime évanescent. Un pouvoir, faut-il préciser, en très nette perte de vitesse et même, par définition, inexistant. Un pouvoir dont les ressorts populaires sont déjà épuisés, rouillés et même brisés.
Sentant de plus en plus le vent tourner en sa défaveur, le Maréchal-pillard Mobutu Sese Seko du Zaïre qui n’est manifestement plus en odeur de sainteté avec ses soutiens internationaux, tente naturellement de peaufiner l’image désastreuse de son régime sanguinaire et macabre. En effet, son pouvoir ubuesque est visiblement honni par la population et, surtout, désavoué sur le plan international. À cet effet, pour récupérer le terrain perdu ou concédé, il organise, en 1977, des élections certes ouvertes[140] mais complètement verrouillées[141].
Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza du Katanga (avant-plan) et Étienne Tshisekedi wa Mulumba du Kasaï Oriental (arrière-plan) sont parmi les Treize parlementaires frondeurs du MPR. Ils sont signataires de la fameuse Lettre ouverte au président-fondateur du MPR (président Mobutu Sese Seko du Zaïre) du 1er novembre 1980 exigeant le sabordage du régime dictatorial. Sur cette photo, les deux personnages politiques sont accompagnés de Frédéric Kibassa Maliba Masele du Katanga (extrême droite), le tout premier président de l’UDPS en tant que parti d’opposition à la tyrannie.
C’est, d’ailleurs, au cours de ces scrutins électoraux que surgissent les Treize parlementaires frondeurs du MPR. Ces députés opposants qui cherchent, réellement, à en découdre avec le régime du Maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko du Zaïre, apparaissent dans un contexte de violation criarde des droits humains fondamentaux et d’oppression des libertés publiques et républicaines. Ils apparaissent dans un contexte de durcissement du pouvoir ubuesque pour faire payer aux opposants leur entêtement politique.
En effet, dès janvier 1978, ce régime sanguinaire et macabre de Kinshasa dont la paranoïa n’a d’égale que sa propension à éliminer la moindre contestation, se distingue dans les rafles dignes du Nazisme et les exécutions sommaires, y compris des meurtres judiciaires. Dès le début de cette année consacrée aux expéditions punitives, le pouvoir arbitraire mobutiste a commis bon nombre de crimes qui relèvent strictement du droit pénal international. Connu pour sa brutalité et sa propension à éliminer sans compter, il s’est largement distingué dans la liquidation physique des habitants de Ngungu et de Mulembe dans le secteur d’Idiofa. Pour la circonstance, il importe de mentionner que ceux-ci ont été, d’ailleurs, assimilés à tort à des partisans mulélistes[142].
Il faut noter que ces malheureux infortunés étaient concrètement des ouailles de la religion syncrétique kimbaguiste[143]. Ceux-ci observaient, en réalité, une retraite de nature spirituelle dans cette localité profonde du pays où toute manifestation, fût-elle ‘‘sociale’’ ou ‘‘culturelle’’, était complètement bannie. Par conséquent, cette retraite a été perçue d’un mauvais œil par le pouvoir en place dont les nerfs étaient manifestement à fleur de peau. Ce régime était déjà piqué au vif par le fait que cette zone rurale fichée par les services de renseignement avait déjà concrètement servi de base arrière à la rébellion muléliste dans les années 1961 à 1964.
Ces massacres odieux d’Idiofa, perpétrés en 1978, sont évidemment suivis en 1979 d’autres massacres à saveur génocidaire. Il s’agit des massacres de Katekelayi (Kasaï Oriental). Ceux-ci présentent, en fait, cette particularité et cette singularité de ne cibler que des creuseurs de diamant. D’ailleurs, au moment de la réalisation de cette boucherie épouvantable, tous ces infortunés sont, à vrai dire, en quête de meilleures conditions de vie socioéconomique[144].
Force est, par ailleurs, de mentionner que ces deux événements épouvantables ont donné lieu à l’interpellation personnelle du Maréchal-vampire Mobutu Sese Seko du Zaïre par la députation nationale. Ils ont, naturellement, constitué le point de départ d’une contestation parlementaire. Ils ont constitué le coup d’envoi de la restauration du pouvoir politique de la députation nationale face à la triple autorité présidentielle, gouvernementale et partisane[145].
Cette opposition parlementaire pour la réhabilitation politique de la députation nationale a finalement trouvé sa nette consécration par la rédaction et la signature de la fameuse Lettre ouverte du 1er novembre 1980 au président-fondateur du MPR Mobutu Sese Seko du Zaïre. Face aux atermoiements d’un pouvoir politique totalement aux abois, celle-ci a occasionné la naissance, par césarienne, de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dont l’objectif fondamental était, en réalité, la résurrection du Peuple congolais. En effet, l’UDPS a toujours rêvé de faire du Citoyen congolais le véritable souverain primaire et maître de son destin politique. C’est la raison pour laquelle ce parti a toujours soutenu l’option électorale permettant à chaque ressortissant de choisir ses représentants légitimes à tous les échelons de la vie politique et nationale.
Chapitre X L’irruption politique de l’UDPS en RDC[146]
L’Union pour la démocratie et le progrès social, [UDPS] en sigle, est une formation politique de la République démocratique du Congo. Ce parti d’avant-garde présente cette particularité voire cette singularité d’avoir été créé en pleine ‘‘Guerre froide’’. C’est-à-dire : avoir été fondé sous l’empire de l’ordre bipolaire de Yalta. Issu directement de la fin de la seconde guerre mondiale, celui-ci est d’ailleurs fort propice à des tyrannies prébendières au service exclusif de puissants intérêts exogènes, fussent-ils de gauche[147] ou de droite[148].
En effet, l’UDPS a, manifestement, vu le jour à une époque où le Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre règne, sans partage, dans un pays à la dimension d’un sous-continent. Toutefois, de par sa double situation géopolitique et géostratégique, celui-ci est confiné au strict statut de grenier de matières premières au profit du Monde libre. Donc, cette entreprise politique est née à une époque où ce père Ubu est, en réalité, une des pièces maîtresses de la stratégie de l’Occident chrétien pour contrecarrer coûte que coûte la percée des légataires universels de Lénine et de Staline en Afrique centrale. Force est de constater que le despote zaïrois joue à merveille ce rôle de rempart stratégique lui dévolu en jonction et en connivence du fameux régime ségrégationniste d’Apartheid à Pretoria[149].
À ce titre, Mobutu Sese Seko du Zaïre assuré de ses soutiens internationaux est pratiquement indéboulonnable. Sur le plan extérieur, ce despote de la jungle sauvage ne peut vraiment être bousculé de son trône. Ce dirigeant-gendarme ne peut sous aucun prétexte être défenestré, puisqu’il garantit à tous ses maîtres, parrains et tuteurs internationaux, l’approvisionnement en ressources minérales et naturelles autant que précieuses et stratégiques.
Sur le plan intérieur, ce tyran de sinistre mémoire, d’ailleurs fort connu pour sa propension à piétiner les droits humains fondamentaux, a mis en place un système politique verrouillé. Ce régime tout autant décrié par la presse et l’opinion publique nationale que supporté par de puissants intérêts obscurs et maffieux sur le terrain international s’appuie sur un parti unique ou Parti-État. En l’occurrence le fameux ‘‘Mouvement populaire de la révolution’’ (MPR).
Il sied de relever que cette famille idéologique unique ou entreprise politique inique incarnée par Mobutu Sese Seko du Zaïre a pour seul et unique mode opératoire la répression brutale. Elle se caractérise par l’oppression des droits humains fondamentaux ou le musellement de l’opinion publique nationale. Celle-ci a, naturellement, pour visage hideux l’arbitraire ou l’autoritarisme, le césarisme ou l’absolutisme. Comme le MPR[150] et l’armée[151] constituent, à vrai dire, les deux puissantes mâchoires de son pouvoir carnassier et sanguinaire, Mobutu confisque le pouvoir politique en tant qu’émanation de la seule Volonté populaire. Aussi le Maréchal-dictateur confisque-t-il la démocratie en tant que Manifestation et Expression de la seule Souveraineté populaire.
Étienne Tshisekedi wa Mulumba incarne la résistance politique du peuple congolais contre le despotisme. Il symbolise sa volonté au changement démocratique. Cet acteur politique est le seul parmi les Treize ex-parlementaires du MPR à être strictement resté dans la droite ligne de la Lettre ouverte au président-fondateur du MPR (le président Mobutu Sese Seko du Zaïre) du 1er novembre 1980.
C’est dans ce contexte de ‘‘bipolarité’’ internationale et de ‘‘monocratie’’ nationale qu’émerge littéralement l’UDPS en vue de réhabiliter un Peuple écrasé comme un ver de terre par ses propres dirigeants politiques, administratifs et gouvernementaux. C’est dans ce contexte d’un pouvoir totalement assujetti par des intérêts extérieurs que l’UDPS fait, soudainement, irruption en vue de réhabiliter une indépendance nationale évidemment bâillonnée par des forces rétrogrades au détriment d’une population réduite à sa plus simple expression. C’est dans ce contexte d’un système politique s’arc-boutant sur des relais purement internes et des solidarités nationales qu’apparaît, subitement, l’UDPS pour démanteler tous les réseaux maffieux locaux[152].
C’est dans ce contexte de verrouillage de la démocratie politique par la tyrannie que l’UDPS voit effectivement le jour pour remettre naturellement sur les rails la souveraineté populaire en tant que fondement de la liberté au sein de la société politique. C’est dans ce contexte de réclamation des droits démocratiques et libertés publiques républicaines que l’UDPS émerge définitivement pour promouvoir le progrès social en tant que moyen d’épanouissement du Citoyen[153]. C’est dans ce contexte de revendication des infrastructures et des équipements matériels qu’apparaît finalement l’UDPS afin de prôner le développement économique des Collectivités publiques en tant que tremplin pour l’expansion de l’État[154].
Étienne Tshisekedi wa Mulumba escorté brutalement par la police politique du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre très décidé à ignorer les revendications légitimes du peuple congolais. À savoir : la fin de la République bananière et de l’impunité judiciaire, la fin des privilèges accordés aux prédateurs nationaux et charognards internationaux, la promotion des libertés politiques et démocratiques, la défense du progrès social du citoyen et du développement économique de la collectivité publique.
Ce qui revient à dire que la naissance de l’UDPS en tant que force politique ‘‘dominante’’ de l’espace national et famille de pensée idéologique doit être, plutôt, replacée dans le contexte de la quête d’une certaine identité politique nationale. En effet, celle-ci concourt, en réalité, à l’affirmation de l’indépendance de la Nation et de la souveraineté de l’État, de la dignité du Peuple, ainsi que de la liberté ou de l’autonomie des dirigeants politiques, gouvernementaux et administratifs du pays. Sous la tyrannie, quelle qu’elle soit, elle passe inexorablement par la refonte des pans entiers structurels de l’État.
Ce remaniement commande, en effet, la transformation socioculturelle des mentalités de la population tout entière. Aussi exige-t-il la redéfinition complète du discours idéologique et de la doctrine politique de l’État. Aussi commande-t-il au plus haut point la redéfinition du statut international de l’État, d’ailleurs, confiné depuis le partage de l’Afrique à la conférence de Berlin de 1885 à celui de ‘‘Poumon du monde libre’’. En d’autres termes, ‘‘Zone de pillage libre de la sphère occidentale’’.
C’est dans cette dynamique à la fois interne et externe que s’amorce, sans complaisance et sans hésiter, la lutte épique de l’UDPS. Contre toute attente, ce combat pour le changement politique et démocratique prend, d’abord, son envol au sein des instances décisionnelles du parti unique ou Parti-État qu’est sans nul doute le MPR, en 1979. Face au refus catégorique du ‘‘despotisme éclairé’’ mobutiste de se saborder complètement, celui-ci déplace ensuite son axe de gravitation dans le but de s’appuyer essentiellement, radicalement sur les masses populaires. Ce basculement politique et stratégique a, certes, on ne peut plus tard pour effet de libérer entièrement la parole au profit exclusif du Citoyen[155].
Section I Spécificités géopolitiques et géostratégiques de la lutte politique et démocratique de l’UDPS
Il est un fait indéniable que dans le continent africain, la plupart des formations politiques qui sont actuellement au pouvoir, sont souventes fois issues du processus révolutionnaire. Ces entreprises politiques sont pratiquement issues de guerres de libération nationale. Cela signifie pertinemment que leur légitimité politique dérive directement du combat héroïque mené contre le système colonial ou le régime ségrégationniste. À titre d’exemple, il sied de citer le MPLA[156] en Angola, le FLN[157] en Algérie, le FRELIMO[158] au Mozambique, le PAIGC[159] au Cap-Vert et en Guinée-Bissau pour ce qui est spécifiquement de la colonisation. En ce qui concerne le tristement célèbre régime d’Apartheid, il convient de mentionner l’ANC[160] en Afrique du Sud, la SWAPO[161] en Namibie, la ZANU-PF[162] au Zimbabwe.
Cependant, une kyrielle de formations politiques sont au pouvoir à la suite de la subversion de l’ordre constitutionnel ou du renversement d’un régime politique établi. C’est sûrement l’exemple du Front patriotique rwandais (FPR) ou de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL). Tout comme celles-ci sont postérieures à la prise du pouvoir par la violence militaire ou la force physique. Parmi ces nombreuses entreprises de confiscation du pouvoir politique ‘‘post-coup d’État[163]’’, il y a lieu de mentionner le Parti congolais du travail (PCT) en République du Congo-Brazzaville, le Mouvement populaire de la révolution (MPR) de Mobutu Sese Seko du Zaïre, le Comité du pouvoir populaire (CPP) de Mzee Laurent-Désiré Kabila et le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie de Joseph Kabila Kabange (PPRD) en République démocratique du Congo (RDC). Dans ce lot, il faut également ajouter le Rassemblement du peuple togolais (RPT) au Togo, etc.
C’est pour dire que l’UDPS est, en vérité, parmi les quelques rares exceptions qui confirment la règle. Elle fait partie de ces mouvements politiques qui conquièrent haut la main le pouvoir par la voie démocratique des urnes. Il y a lieu de remarquer que cette conquête s’opère après avoir pratiquement galéré, concrètement poireauté, pendant plusieurs années au sein de l’opposition politique. Dans cette catégorie sui generis, il convient de mentionner le Front populaire ivoirien (FPI) du Pr Laurent Gbagbo, le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Me Abdoulaye Wade, etc.
Toutefois, en Afrique, il y a des partis politiques qui n’ont aucun capital héroïque relatif à un processus de libération nationale ou de lutte contre la tyrannie. Ces formations ont vu le jour en pleine démocratie. Elles ont profité de ce contexte d’assainissement en vue de conquérir le pouvoir par la voie des urnes. À ce niveau, il faut citer l’Alliance pour la démocratie au Mali – parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA) dirigé par le Pr Alpha Oumar Konaré, le Front patriotique d’Edgar Lungu et le Mouvement pour la démocratie multipartite de Levy Patrick Mwanawasa en Zambie, le Nouveau parti patriotique de John Agyekum Kufuor et de Nana Akufo-Addo au Ghana, le Parti démocratique populaire (Olusegun Obasanjo, Umaru Musa Yar’Adua, Goodluck Jonathan), le Congrès des progressistes (Muhammadu Buhari) au Nigeria, etc.
Par ailleurs, en République démocratique du Congo (RDC), l’UDPS est, à vrai dire, en dehors du fameux mouvement national congolais (MNC/Lumumba) en 1960, le seul parti politique qui a conquis de haute lutte le pouvoir par la voie démocratique des urnes. Cependant, pour diriger le pays, elle doit, certes, se plier à la mise en place d’une coalition gouvernementale. Force est de relever que ce portrait politique est le même cas de figure qu’a connu, jadis, le parti lumumbiste et nationaliste, d’ailleurs, devenu de nos jours l’ombre de lui-même. Plutôt un parti fantôme dont on perçoit à peine la silhouette ou l’ombre…
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo accède normalement à la magistrature suprême par la voie démocratique des urnes. Il est élu grâce à l’onction populaire. Cette victoire électorale est, d’ailleurs, confirmée par la cour constitutionnelle, la plus haute juridiction de l’État en matière de scrutin à caractère national. À cet effet, il prête serment le jeudi 24 janvier 2019 et se voit, par conséquent, remettre par le sortant Joseph Kabila Kabange les attributs du pouvoir et les armoiries de la République démocratique du Congo.
Ce qui est clair, l’UDPS est, en Afrique, parmi les rares partis à investir le pouvoir politique grâce à l’onction du suffrage populaire. Pour devenir titulaire de la position du pouvoir en RDC, cette formation chère au Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba n’a jamais pris les armes pour défaire un régime despotique. Elle n’a vraiment jamais recouru à la violence physique pour déboulonner un système dont le langage est, pourtant, l’arbitraire ou l’autoritarisme. Elle n’a vraiment jamais emprunté la voie de la révolution armée pour éjecter un pouvoir, dont l’expression est, certes, la répression musclée des libertés publiques ou l’oppression des droits humains fondamentaux. Ce qui est, incontestablement, à son honneur.
En effet, ce qui fait réellement sa spécificité et sa saine réputation, l’UDPS n’a jamais porté des gants de boxe afin de combattre la dictature. Cette formation avant-gardiste a vraiment lutté contre la tyrannie mains nues. Elle a évidemment lutté contre le despotisme de manière pacifique et non-violente. De plus, cette entreprise politique qui s’appuie substantiellement sur les idéaux de liberté et de justice, n’a jamais utilisé un pays limitrophe comme une base arrière pour ses activités de combat politique. Tout comme elle n’a vraiment jamais utilisé un pays étranger ou extérieur à l’Afrique pour mettre au pas le despotisme sanguinaire, fût-il mobutiste, kabiliste ou joséphiste.
En outre, son leader charismatique Étienne Tshisekedi wa Mulumba ne s’est jamais exilé à l’extérieur du pays afin de mener sa lutte politique en faveur du changement démocratique. Celui-ci est toujours resté en République démocratique du Congo pour concrétiser le rêve des millions de Congolaises et Congolais. Il est toujours resté au pays avec ses compatriotes pour mener ensemble, dans la solidarité et la fraternité, la lutte de libération nationale contre la dictature. Même au plus fort de la répression brutalement tyrannique, il n’a pas abdiqué. Il a toujours continué à braver surplace la dictature, et ce mains nues. Il a continué à secouer les piliers de la tyrannie avec la complicité manifeste de ses concitoyennes et concitoyens majoritairement portés par le vent du changement politique et démocratique.
Par ailleurs, l’UDPS est, en réalité, sur le terrain purement continental l’un des tout premiers partis politiques d’opposition. Elle prend naissance en Afrique à l’ère ténébreuse des Partis-États. Elle surgit à l’époque sombre des partis uniques. Ceux-ci dominent de fond en comble la vie politique de tous les pays recensés dans cette sphère. En vérité, cette formation prend naissance à l’époque où la notion de contestation politique ou le principe d’opposition est, à jamais, banni du vocabulaire national et du langage étatique. Cette formation prend, en fait, son envol à l’époque où un député ou parlementaire, quoi que nommé par le parti ou élu par ses pairs, a totalement perdu son statut politique de ‘‘Représentant légitime de la Nation’’, de ‘‘Mandataire du Citoyen’’ ou ‘‘Délégué du Peuple’’.
Cette situation on peut plus délétère entraîne que cette entreprise politique a pratiquement pour obsession fondamentale la revalorisation de la Représentation nationale. Dans sa lutte pour le changement politique et démocratique, celle-ci a pour seule fixation la réhabilitation de la fonction de député national. C’est-à-dire : ‘‘la réhabilitation de la fonction de délégué du Peuple ou du rôle de mandataire du Citoyen’’. En d’autres termes, la fonction de Porte-parole du Citoyen ou Serviteur du Peuple, Avocat et Défenseur des aspirations populaires.
En théorie, le combat pour le changement politique et démocratique mené tambour battant par l’UDPS devrait normalement enchanter l’Occident chrétien dont le discours idéologique repose, en réalité, sur les notions de liberté et de justice, de dignité et de responsabilité. Mais, sur le terrain africain, le monde soi-disant libre préfère plutôt coopter, adouber des régimes forts et verrouillés. Il préfère, intérêts économiques obligent, tourner carrément le dos aux forces politiques et mouvements idéologiques qui s’alignent systématiquement sur sa vision idéalisée des droits humains fondamentaux. Cette ambivalence explique pertinemment les raisons pour lesquelles l’UDPS rencontre maints obstacles majeurs dans le but de conquérir le pouvoir.
Après avoir été un informateur des services de renseignement belges pour dénoncer les activistes nationalistes, Mobutu devient l’homme de puissants intérêts américains. À cet effet, il est chargé de garder dans l’escarcelle de l’OTAN l’ancien Congo-Belge considéré comme le coffre-fort de l’Occident. À titre de gendarme, il se devait d’exécuter cette mission fondamentale à l’encontre de la pénétration communiste sino-soviétique. Sur cette image, Mobutu reçu à Washington par le Républicain Richard Nixon.
Toujours est-il que, lorsque l’UDPS voit effectivement le jour, le Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre qui est, déjà, évidemment en porte-à-faux avec l’Occident à la suite du fameux dossier angolais[164], entame un lobbying agressif auprès de puissants intérêts du monde libre. Il mène cette campagne non pas pour réhabiliter son image totalement écornée par maintes violations criardes des droits humains fondamentaux mais plutôt dans l’optique malsaine de faire passer auprès de l’opinion internationale l’UDPS comme une entreprise politique dont l’idéologie est moins rose[165] que rouge[166].
Comme par enchantement, le premier pays occidental à tendre, à cette époque d’ébullition, la perche au despote zaïrois en vue de redynamiser son régime ‘‘autoritariste’’ et ‘‘césariste’’, d’ailleurs, nettement en perte de vitesse sur le plan intérieur, c’est la France socialiste dirigée par le Florentin François Marie Adrien Mitterrand. En effet, Paris adopte cette stratégie ou attitude purement opportuniste dans le strict dessein d’écarter définitivement des intérêts économiques belges. Ceux-ci sont, faut-il le dire, très déçus des politiques publiques prônées par le Maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko du Zaïre. En effet, le tyran zaïrois a la fâcheuse habitude de déposséder les forces économiques étrangères de leurs outils de production au profit d’une élite locale d’entrepreneurs économiques fabriquée de toutes pièces.
À chaque fois que Mobutu Sese Seko du Zaïre était isolé diplomatiquement sur la scène internationale, la France désireuse de percer à tout prix le marché congolais strictement réservé aux puissances anglo-saxonnes via la Belgique a toujours permis au tyran de rebondir vigoureusement. Ce fut le cas, notamment, en 1976 avec Valéry Giscard d’Estaing lorsque le dictateur a été pointé du doigt par Washington concernant la défaite militaire de l’occident en Angola immédiatement passé entre les mains des communistes soviétiques en 1975. Tout comme en 1984 avec le socialiste François Mitterrand qui veut tasser définitivement la Belgique sur sa terre de prédilection africaine, le Congo, et en 1993 avec le gouvernement Balladur qui rêve de concurrencer le pouvoir anglo-saxon dans la région des Grands Lacs africains.
Par conséquent, pour continuer à toujours peser sur la vie politique congolaise, la Belgique se voit dans l’obligation de parrainer la lutte politique de l’UDPS. Cet État membre de l’Union européenne adopte cette attitude non pas parce que cette formation politique défend l’idéal occidental de liberté ou promeut le discours démocratique mais parce qu’elle constitue sur le terrain une brèche lui permettant de s’y engouffrer pour courber l’échine au tyran zaïrois. Cela est d’autant plus vrai que le Royaume de Belgique amorce, en réalité, son grand retour en République démocratique du Congo à la faveur de la conférence nationale souveraine (CNS)[167] des années quatre-vingt-dix. Il réalise, bien entendu, ce come-back inespéré sous le couvert de mouvements antidictatoriaux factices[168].
S’ils font, bien entendu, partie intégrante de l’opposition politique, tous ces partis bidons et factices qui prétendent, au niveau discursif, combattre la tyrannie, s’inscrivent, plutôt par stratégie politique, réellement dans la continuité mobutiste[169]. Recommandés par certains milieux néolibéraux belges (Jean-Luc Joseph Marie Dehaene[170] et Willem Werner Hubert ‘‘Willy’’ Claes[171]), tous leurs leaders sont aussi bien soudoyés que parrainés par de puissants intérêts politiques et économiques internationaux dans l’optique de mettre coûte que coûte la main sur le pactole minier et naturel congolais considéré comme un juteux gâteau[172].
En 1982, Washington remet officiellement en selle le despote zaïrois pour protéger les intérêts sud-africains manifestement placés dans la ligne de mire de l’Angola voisin et des pays de la ligne de front concernant le dossier de l’Azania et de l’ANC d’Oliver Tambo sous l’empire du régime ségrégationniste d’Apartheid (Pretoria). Mobutu reçu par Reagan à la Maison Blanche.
Le troisième pays occidental à parier, certainement, sur le retour indispensable de Mobutu sur la scène internationale sont bel et bien les États-Unis d’Amérique. La mise en quarantaine du pouvoir dictatorial de Kinshasa décidée par le président démocrate James Earl ‘‘Jimmy’’ Carter en 1977 pour des questions relevant du respect des droits humains fondamentaux est finalement levée par l’administration républicaine de Ronald Wilson Reagan en 1982. Celui-ci a, d’ailleurs, pour vice-président George Herbert Walker Bush Sr. Cet ancien représentant du Texas est un ancien cadre de la CIA. Il a travaillé, depuis fort longtemps, avec le dirigeant zaïrois pour contrecarrer tous azimuts la percée du communisme en Afrique centrale.
Il importe de souligner qu’au début des années quatre-vingts, Washington a très nettement besoin, – [à ce moment extrêmement précis de la guerre froide] – de la République du Zaïre et de son président Mobutu Sese Seko. En effet, ce pays d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs dispose d’une frontière commune avec l’Angola. Celle-ci est longue de 2511 Km, d’une part. Et, d’autre part, le dirigeant zaïrois entretient, en vérité, des relations exécrables avec son voisin méridional et encombrant à plus d’un titre[173].
Ainsi, en vue de faire totalement échec à la révolution progressiste angolaise et protéger les intérêts géostratégiques et géopolitiques du régime de Pretoria[174], Washington opte pour la carte Mobutu Sese Seko au détriment de l’opposition politique. En réalité, les USA jouent à fond cette carte pour ne pas être évincés de l’Afrique par l’Union des Républiques socialistes et soviétiques (URSS)[175] et la République populaire de Chine (RPC). Cette superpuissance américaine joue à fond cette carte géopolitique parce que l’UDPS s’inscrit idéologiquement comme une force de changement démocratique dont l’objectif primordial consiste à mettre un terme définitif à la politique interventionniste et aventureuse du Zaïre sur le continent.
Toutefois, sur le plan interne, le Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre dont le pouvoir politique agonisant est fragilisé par un contexte social décrié et économique catastrophique, par une atmosphère politique et sociale pestilentielle, oppose une résistance farouche. Pour survivre, il répand des escadrons de la mort afin de terroriser une population qui lui a tourné définitivement le dos. Sous respirateur artificiel, il nourrit des affrontements interethniques en espérant s’interposer comme le seul et unique pacificateur et unificateur de la Nation[176].
Vomi par l’ensemble de ses Concitoyennes et Concitoyens, Mobutu essaye, en désespoir de cause, d’attribuer à l’UDPS, d’ailleurs, très fortement implantée sur l’ensemble du territoire national l’image diabolique d’un parti politique à connotation ethnique et tribale[177]. Ce qui est en soi une pure farce. Et bien entendu de mauvais goût. Ce qui est véritablement une pure affabulation. Celle-ci ne correspond nullement à la réalité sociopolitique ambiante.
Lors de la fameuse Conférence nationale souveraine (CNS) de 1992 à 1997, Monseigneur Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque Kisangani, est élu à la tête du Haut Conseil de République (HCR) pour présider aux destinées politiques de la Nation endeuillée par une tyrannie macabre et prédatrice. Si elle consacre l’affaiblissement du despotisme mobutien, il n’en demeure pas moins vrai que la CNS signe, plutôt, le grand retour de l’interventionnisme belge dans les affaires intérieures du Congo. D’une part. Et, d’autre part, ce forum intercongolais consacre le réémergence des acteurs ultralibéraux réunis autour du Premier ministre Léon Kengo wa Dondo.
Il est un fait éminemment établi que le discours politique de l’UDPS s’adresse en premier au Peuple congolais. Mais, son retentissement a un écho extérieur indéniable en raison du statut conféré à la République démocratique du Congo par la Communauté internationale. En effet, pour les puissants intérêts du grand capital monopolistique international, ce territoire aussi vaste que l’Union européenne (UE) est ouvert au libre pillage de l’Occident chrétien en raison de ses immenses ressources minérales et naturelles autant que précieuses et stratégiques.
Comme l’UDPS privilégie, toutefois, le Peuple congolais à titre de seul et unique bénéficiaire légitime de toutes les richesses matérielles de la République démocratique du Congo, son discours politique est très rapidement, sans tarder, assimilé au nationalisme extrémiste. Sur le plan de la géopolitique et de la géostratégie mondiale, cette formation partisane est, donc, assimilée au communisme. Cette doctrine basée sur la lutte des classes sociales s’oppose, en fait, farouchement au capitalisme occidental.
Partant de cette interprétation idéologique, cette entreprise politique incarnée par Étienne Tshisekedi wa Mulumba ne peut vraiment avoir l’oreille attentive de l’Occident. Elle ne peut pratiquement recevoir aucune approbation des intérêts intérieurs. Cette réalité explique dans bien des cas la raison pour laquelle l’UDPS est parmi tous les mouvements d’opposition politique ayant pignon sur rue en Afrique la seule à voir hermétiquement fermées les portes du pouvoir de 1982 à 2018[178].
Section II La revalorisation politique de la Représentation nationale
La plus grande préoccupation de l’UDPS a, toujours, été la dignité du Peuple congolais. Celle-ci a été, littéralement, écrabouillée par un régime dictatorial. Elle a été foulée aux pieds par un pouvoir sans foi ni loi. En effet, le système mis en place par la triade tyrannique a consisté à nier systématiquement et automatiquement les droits démocratiques de la population. Il a toujours consisté à piétiner les libertés publiques dévolues aux Citoyennes et Citoyens. Aussi a-t-il toujours consisté à nier la place éminente occupée par le Citoyen dans le jeu politique et le Peuple dans le jeu institutionnel.
Figure de proue de la lutte antidictatoriale, Étienne Tshisekedi wa Mulumba a pratiquement consacré sa vie politique à promouvoir les aspirations politiques et démocratiques du peuple congolais. Pour ce faire, il n’a vraiment point hésité à braver la tyrannie féroce et sa forteresse militaire.
Ainsi, pour permettre à la population de récupérer tous azimuts ses droits démocratiques, et bien avant sa création officielle, ce parti engage immédiatement le combat politique contre le despotisme dans les instances décisionnelles du MPR. Il mène cette lutte au travers des 13 anciens parlementaires du Parti-État qui sont, par essence, ses pères fondateurs ou géniteurs idéologiques[179]. Force est de constater que ce combat de tous les instants est engagé au sein du parlement monocaméral du parti unique et Parti-État[180].
En réalité, cette lutte au sein des organes politiques et délibérants du MPR a pour corollaire immédiat de redonner la parole aux représentants de la Nation, a fortiori délégués du Peuple. Cette liberté politique essentielle à la démocratie est à tout jamais confisquée par la tyrannie mobutiste depuis le putsch du 24 novembre 1965. En effet, depuis cette date fatidique, tous les représentants du peuple congolais ont toujours été bâillonnés par la dictature militaire. Celle-ci constitue, à n’en point douter, le pilier sécuritaire de ce régime autoritaire.
Dans un premier temps, tous ces délégués de la Nation sont renvoyés sine die du parlement. Dans une deuxième phase, la machine dictatoriale mobutienne s’attèle à les pourchasser tous sur l’ensemble du territoire national dans le but de les faire taire à jamais, de les terroriser ou de les mettre au pas. Et, dans une troisième étape qui est, sans nul doute, la délicate phase de récupération politique, la tyrannie leur offre des plus hauts postes politico-administratifs.
Cette opération de charme de la part du Mobutisme sanguinaire vise assurément à mettre la main sur les bastions politiques des dignitaires de la première république. Celle-ci vise, donc, à faire basculer ces différents châteaux forts dans l’escarcelle du parti unique ou Parti-État. À cette période d’implantation politique, force est de reconnaître que le MPR éprouve, dans sa stratégie de conquête territoriale et d’assimilation idéologique, de sérieuses difficultés à rassembler les citoyens, à fédérer la population autour de son projet étatique et national[181].
Avec la confiscation de la démocratie par un pouvoir militaire, ce bâillonnement de la classe politique entraîne le musellement des libertés publiques. Aussi entraîne-t-il l’écrasement des droits démocratiques des Citoyens par un régime politique dont l’unique souci quotidien est, à vrai dire, la répression sanguinolente. Aussi provoque-t-il la perte subséquente de la parole démocratique par le peuple tout entier.
Cette perte de la liberté de parole (expression politique) est logiquement et forcément suivie par celle du Citoyen réduit à sa plus simple expression. Cela est d’autant plus vrai que celui-ci a été embrigadé par le Parti-État. Cette organisation autoritariste a réussi à faire de lui un membre de droit, sans possibilité de se rétracter, ni de renier toute son appartenance dans la mesure où la qualité de membre du parti se confond intimement avec la nationalité[182].
Cependant, l’opposition politique au sein du MPR est de très courte durée. Elle s’est limitée simplement au niveau de pourparlers pour la mise en place d’un deuxième parti agréé. Cette contestation est, d’ailleurs, réprimée dans le sang. Les manifestations politiques animées par les treize ex-députés frondeurs sont dispersées par la force physique. Les têtes d’affiche se voient brutalement jeter comme des malpropres en prison et, surtout, exiler manu militari à l’intérieur du pays[183].
Comme le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre refuse catégoriquement l’ouverture politique et démocratique, les treize ex-parlementaires du Parti-État décident finalement de porter le combat dans la rue. À cet effet, ils s’appuient sans tarder sur les masses populaires. Celles-ci sont, en réalité, des laissés-pour-compte de la dictature sauvage et sanguinaire.
Aussi les ex-parlementaires frondeurs du MPR s’appuient-ils sans broncher sur les Citoyens certainement paupérisés et écrabouillés par un système maffieux fondé sur la kleptocratie et la rente minière, la violence répressive et la colonisation autochtone. Ils décident, donc, de conférer la parole perdue aux populations opprimées pour provoquer le changement à la fois politique et démocratique. Ce qui, de leur strict point de vue, permettrait naturellement de booster le progrès social du Citoyen, d’impulser dans toutes les directions le développement économique de la Collectivité publique.
Cette vision de l’UDPS qui consiste à libérer réellement le Peuple congolais par la démocratie politique en conférant strictement au Parlement national le pouvoir de protéger ses libertés les plus fondamentales, a véritablement des répercussions sur le plan international. Aussi cette vision de l’UDPS qui consiste pratiquement à autonomiser les dirigeants nationaux en restituant à l’État sa pleine et entière indépendance et le pouvoir de défendre ses intérêts sacrosaints, bouscule-t-elle, en réalité, les certitudes occidentales dans la sphère africaine. Elle bouscule, à n’en point douter, les velléités françaises. Il convient d’admettre que celles-ci ne sont pas du tout prêtes à faire émanciper complètement la fameuse ‘‘Françafrique’’ qui est, par essence, une véritable chasse-gardée pour la France. Ce ‘‘pré-carré colonial’’ est plus que jamais voué à des ‘‘démocratures[184]’’.
Cette volonté de l’UDPS d’émanciper le peuple congolais et, par ricochet, ses frères d’Afrique par voie de démocratie se heurte à l’incompréhension et la boulimie des dictatures africaines dont l’obsession est de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Ces systèmes verrouillés du Continent décident de faire corps et cause commune. Quoi que honnis par leurs populations respectives, ces pouvoirs, à la fois corrompus et arbitraires, s’opposent avec acharnement à toute forme de démocratisation de leurs régimes aux abois.
À cet égard, ces systèmes despotiques qui ne s’inscrivent plus dans l’air du temps, évoquent la fameuse exception africaine. Celle-ci s’appuie substantiellement sur la pluralité ethnique, tribale et linguistique. En d’autres termes, toutes ces tyrannies prébendières posent, à titre d’argumentaire, la règle d’inadaptabilité des Africains à la tradition démocratique moderne. Elles posent directement ce principe dans le dessein de balayer du revers de la main l’option de la démocratie politique et plurale.
En vérité, cette stratégie politique et diplomatique permet aux divers pouvoirs verrouillés de jouer artificiellement les prolongations. Toutefois, n’eût été le principe de conditionnalité économique et financière sèchement imposé par le président français François Marie Adrien Mitterrand au sommet de la Baule en 1989, aucun pays africain ne se serait véritablement engagé sur cette voie de libéralisation politique. Aucun État du continent africain ne se serait vraiment engagé sur la voie étroite de la démocratisation électorale.
Section III La réhabilitation politique du Citoyen[185]
Dans l’imaginaire politique, le langage et l’idéologie de l’UDPS, le Citoyen est éminemment une personne sacrée. Il est perçu et défini comme un sujet des droits humains fondamentaux. Celui-ci dispose en réalité des libertés publiques enchâssées dans la constitution. À cet effet, il bénéficie des droits politiques et économiques autant que sociaux et culturels.
Parmi les libertés majeures dont, certes, jouit le Citoyen, l’UDPS considère primordialement la ‘‘parole’’. Celle-ci est, en fait, la liberté des libertés. Elle est au cœur de la démocratie parce qu’elle permet au citoyen d’exprimer librement son opinion. Donc, elle lui permet d’exprimer le fond de sa pensée sur la gestion de la chose publique par les gouvernants sans être inquiété ou subir une contrainte de quelque nature que ce soit.
En d’autres termes, la parole est pratiquement au cœur de la démocratie parce qu’il y va de la sécurité des individus et de la paix publique et sociale. Elle libère, tout à fait, de la peur qui sclérose la société. Elle la libère de la crainte qui la fossilise, qui l’empêche de s’épanouir, de progresser comme une entité humaine résolument ‘‘digne’’ et ‘‘libre’’.
Pour l’UDPS, la parole permet, donc, au Citoyen d’exprimer très clairement tout son point de vue, de faire entendre toute son opinion sur la bonne marche de l’État et des collectivités publiques locales.
Dans le cadre du débat démocratique, la parole permet de confronter des idées. Elle permet de faire valoir son discours et son idéologie dans un espace politique plus large et plus ouvert qu’est la RDC. Elle permet de diffuser ses idées. Elle permet d’interpeller l’autorité publique sur ses manquements dans la gestion de la chose publique. Elle joue, par conséquent, le rôle pertinent de garde-fou démocratique.
L’UDPS est un parti politique qui a, officiellement, vu le jour le 15 février 1982. Sa principale mission est, en fait, l’instauration de la démocratie en République démocratique du Congo en vue de libérer à tout prix le peuple de la dictature en tant qu’instrument des puissances étatiques internationales. C’est, également, d’engager le pays sur la voie sacrée du développement économique de la collectivité publique et du progrès social du citoyen en s’appuyant sur les ressources matérielles et humaines nationales.
La deuxième liberté à laquelle demeure viscéralement attachée l’UDPS, est l’expression. C’est la liberté d’exprimer toute sa pensée ou toute son opinion sans pour autant être assujetti à des contraintes physiques et morales de nature à tuer réellement la créativité ou l’harmonie sociale. En d’autres termes, l’UDPS s’oppose très catégoriquement à la tyrannie de la pensée unique. Celle-ci oriente et canalise le destin de la communauté dans une seule direction qui peut lui être suicidaire et, donc, fatale.
À ce propos, l’UDPS s’oppose à toute censure qui étouffe, comprime, en fait, l’imagination. Elle s’oppose à la censure qui tue tout sentiment de fraternité et de solidarité entre individus ou groupes d’individus. Aussi s’oppose-t-elle farouchement à toutes pesanteurs politiques et sociales dont la nature véritable est de provoquer un processus de désertification sociale et culturelle.
La troisième liberté à laquelle l’UDPS reste très fortement attachée, est en réalité l’opinion. Ici entendue comme faculté humaine consistant à émettre une idée, à élaborer un concept sous forme d’image, d’artefact ou de tout autre objet matériel. Cette définition fait ressortir la création en tant que processus de fabrication ou d’invention mentale. Cette faculté permet à l’être humain de communiquer un message à l’ensemble de ses pairs. En réalité, elle lui permet de transmettre une idée puissante qui participe de son épanouissement quotidien, qui contribue à son existence physique et morale en tant que personne humaine, à son vécu en tant que partie ou membre du groupe social, à son bonheur ou sa sécurité.
À ce niveau, l’UDPS s’oppose farouchement à tout comportement humain qui tue la création à la racine. Cette formation politique récuse toute attitude humaine qui s’érige en obstacle pour détruire l’imagination, pour freiner la conception. Dans son action politique, elle rejette donc sans appel tout système qui inhibe la création en tant que toute capacité de conception d’une idée et de matérialisation d’un rêve.
La quatrième liberté à laquelle l’UDPS reste très fortement attachée, est bien sûr la réunion. Pour ce parti très cher à Étienne Tshisekedi wa Mulumba, la réunion est, par définition, un processus politique par lequel l’ensemble des Citoyennes et Citoyens prennent tout à fait conscience du destin collectif. C’est donc un procédé qui leur permet d’unir tous leurs efforts. C’est un moyen qui permet aux membres de la Communauté nationale de mettre en synergie leurs intelligences respectives.
Il s’agit donc là d’un moyen qui permet de coordonner les énergies et de fédérer les volontés. Il s’agit là d’un expédiant qui pousse à travailler ensemble pour imaginer des solutions tant fiables que viables, des solutions capables de faire avancer la société. À ce niveau, la réunion est perçue comme un moyen solide et efficace qui permet de faire progresser la Collectivité publique. Elle est perçue comme un moyen qui garantit à chacune et chacun l’harmonie et la concorde, la sécurité et la paix, la prospérité et la dignité, la justice et l’équité, la protection efficiente de l’environnement sociétal et l’équilibre moral.
Battre le pavé, donc Manifester pour ses droits et ses opinions, est en réalité un droit fondamental inscrit en lettres d’or et de feu dans l’ADN de l’UDPS. Cette liberté fondamentale définit la citoyenneté démocratique dans la double conquête du pouvoir et des libertés politiques et civiles.
Enfin, la cinquième liberté résolument chère à l’UDPS est la manifestation. Dans l’imaginaire et dans le symbolisme idéologique de cette formation, c’est l’acte par excellence qui consacre et prouve, réellement, l’existence politique du Citoyen. C’est l’acte qui détermine sa présence dans le jeu politique et lui confère la force de transformer sa réalité quotidienne. C’est l’acte suprême qui lui rappelle incessamment qu’il est le véritable détenteur ou titulaire du pouvoir politique et qu’il est le véritable vecteur du changement politique et démocratique.
Section IV L’affirmation du Citoyen dans le jeu politique
Le citoyen est, par définition, un être humain doté d’intelligence et de liberté. Pour l’UDPS, la liberté signifie le choix qui lui permet, naturellement, de mieux se déterminer. Cette vocation lui permet, donc, de mieux s’épanouir dans la société. Pour l’UDPS, l’intelligence est le phare lumineux qui éclaire le choix de l’individu. C’est la boussole ou le gouvernail qui lui permet de s’orienter dans cette mer agitée qu’est le cosmos politique.
L’UDPS tend, dans sa stratégie politique et démocratique, à responsabiliser le citoyen congolais sur sa place réellement éminente dans le jeu politique et institutionnel. Pour ce parti cher à Étienne Tshisekedi wa Mulumba, le citoyen est le souverain primaire qui confère la légitimité au titulaire du pouvoir.
À ce titre, le citoyen perçu et défini comme un être intelligent, c’est-à-dire majeur, mature et responsable, doit savoir choisir, sans l’aide d’un tuteur autoproclamé, son parti politique. Il doit, donc, avoir la latitude de déterminer le camp politique qui défend ses intérêts légitimes en tant que citoyen. C’est-à-dire : membre effectif d’une communauté nationale et membre réel d’une collectivité publique.
À partir de cette interprétation politique et idéologique, le citoyen doit sans aucun conteste avoir la capacité de choisir son idéologie. C’est-à-dire : partager avec les autres membres du groupe des idées capables de faire avancer dans toutes les directions possibles la Collectivité publique. Il doit, donc, promouvoir des idéaux capables de faire progresser la Communauté nationale de manière harmonieuse et pacifique, respectable et digne.
Section V L’irruption de la Société civile sur le champ national[186]
L’avènement de l’UDPS intervenu le 15 février 1982 a provoqué la fin hégémonique du MPR en tant que parti unique et Parti-État en République démocratique du Congo. Ce phénomène a, surtout, ouvert largement les avenues d’une libéralisation politique. Il a, certes, provoqué les avenues d’une ouverture démocratique. Celle-ci est devenue incontournable et effective le 24 avril 1990 lorsque le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre annonce, d’ailleurs, larmes aux yeux la fin du rôle dirigeant du MPR.
À compter du 24 avril 1990, date de l’annonce de la libéralisation des mœurs politiques et démocratiques par le Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre, le pluralisme politique s’est également accompagné du pluralisme syndical.
Cette fin du monopartisme a, également, sonné le glas du monolithisme sur le plan social. En effet, depuis cette date de libération, l’espace social est devenu aussi hétéroclite et varié que l’univers politique. Dans la foulée de cette annonce salvatrice, le Citoyen congolais a appris à s’organiser. Il a appris à créer des associations pour défendre ses intérêts primordiaux face à l’État et des entités publiques. Il a, certes, appris à ériger des groupes d’intérêt sociaux face à des corporations ou entités privées. Par conséquent, il n’est point dans ce pays un domaine où il n’y a pas un organisme quelconque de défense des droits et libertés des individus[187].
De nos jours, chaque catégorie socioprofessionnelle dispose, en République démocratique du Congo, d’une organisation syndicale très disposée à défendre ses droits les plus élémentaires.
Si elle est un acteur incontournable dans la sphère sociale, il n’en reste pas moins vrai que la société civile qui est, formellement, consacrée par les textes fondamentaux, est sans conteste devenue un acteur majeur au sein de la société politique. En effet, en vertu de la Constitution nationale du 18 février 2006 qui reconnaît les organismes d’appui à la démocratie, la société civile dirige réellement la commission électorale nationale indépendante (CENI). Cette entité est chargée d’organiser les joutes électorales au triple niveau national, provincial et local. Ce qui est un pouvoir politique énorme[188].
C’est encore la société civile qui est chargée d’organiser l’espace médiatique et de distribuer équitablement la parole aux divers acteurs politiques[189]. À ce titre, elle dispose d’un véritable pouvoir de sanction à la fois exécutoire et obligatoire. Celui-ci est opposable à quiconque lorsque les entreprises politiques ou personnalités politiques, désireuses de faire usage des canaux médiatiques, enfreignent volontairement, intentionnellement, les règles d’équité ou les principes éthiques par elle fixées[190].
Section VI La votation ou Expression de la Souveraineté populaire
Pour l’UDPS qui défend le principe cardinal d’indépendance nationale, la souveraineté de la République démocratique du Congo passe obligatoirement par la désignation des dirigeants politiques, gouvernementaux et administratifs qui défendent les intérêts primordiaux du sanctuaire national. En effet, un dirigeant n’est vraiment dirigeant au sens de l’UDPS que dès lors qu’il est indiscutablement investi par ses pairs. C’est-à-dire : avoir reçu de la population, donc de ses électeurs ou commettants, le mandat politique de les représenter dûment et de défendre avec courage et dignité leurs aspirations légitimes.
La plus grande victoire politique de l’UDPS dans son combat pour l’instauration de la démocratie en République démocratique du Congo est la consécration constitutionnelle du vote dans un environnement politique pluraliste et concurrentiel. Sur cette image, Joseph Kabila Kabange s’astreint au devoir citoyen de vote lors du scrutin présidentiel du dimanche 31 décembre 2018. En vue d’exercer ce droit majeur, il est accompagné de toute sa famille.
Ce mandat populaire ne peut être accordé que dans le cadre électif qui permet à la population de choisir parmi plusieurs prétendants la personne habilitée à lui servir de porte-parole ou d’avocat au sein du parlement de la République démocratique du Congo. C’est la raison pour laquelle l’UDPS demeure très fortement attachée à l’élection en tant qu’opération politique consacrant le libre choix du citoyen et, par ricochet, la souveraineté populaire. C’est la raison pour laquelle l’UDPS privilégie, plus particulièrement et plus singulièrement, le vote en vue d’asseoir et de garantir la légitimité populaire qui entache le mandat d’un élu, qui entoure la mission d’un animateur institutionnel.
C’est bel et bien ce phénomène qui confère au mandataire politique toute sa force et toute sa puissance. C’est bel et bien ce phénomène sociologique qui lui confère toute la crédibilité aux yeux de l’opinion. C’est ce qui accrédite indubitablement le bien-fondé de sa mission au sein de la société.
Section VII Le processus de conscientisation politique et nationale
Pour l’UDPS, un dirigeant est, par définition, un ‘‘mandataire du Peuple’’. Il reçoit son mandat politique de la population afin de servir ses intérêts primordiaux, répondre à ses aspirations légitimes. Par conséquent, dès que celui-ci s’écarte totalement de sa mission lui confiée par la population, il appartient au Peuple tout entier de se prendre définitivement en charge pour le ramener à la raison. Et dans des cas extrêmes, il lui revient de le révoquer. Cette démission-révocation prend la forme politique et républicaine de ‘‘résistance pacifique’’ consacrée par la constitution du 18 février 2006. Cette forme de lutte doit être réellement pacifique et non-violente.
En effet, un pouvoir politique qui ne satisfait plus la population, qui ne répond donc plus aux besoins définis par la communauté nationale, est un pouvoir qui s’écarte volontairement du chemin tracé par le Souverain primaire. C’est par définition un pouvoir qui fait obstruction à la volonté nationale. Dans ces conditions, il appartient au Peuple souverain d’organiser la résistance pour mettre fin à cette déviance politique. Cette entorse est assimilée à la tyrannie, à l’imposture dont le sort véritable est, à n’en point douter, le vestiaire de l’histoire[191].
À cet effet, l’UDPS conçoit que cette pathologie despotique dont les symptômes majeurs sont l’absence d’adhésion populaire, l’arbitraire, l’autoritarisme, l’injustice, la violence physique, l’oppression des droits humains fondamentaux, la répression des libertés essentielles, soit naturellement éradiquée. Cette gangrène tyrannique doit être farouchement combattue car elle participe négativement au dysfonctionnement et au blocage de la société. Elle doit être complètement émasculée parce qu’elle paralyse brutalement le pays tout entier, compromet sauvagement la sécurité publique et la paix sociale.
En faisant du Citoyen le ‘‘maître’’ du jeu politique et du Peuple le ‘‘garant’’ de la liberté, l’UDPS s’inscrit pertinemment dans la logique de la démocratie populaire. De ce fait, cette formation politique s’oppose au fameux despotisme éclairé qui transforme littéralement la population en béni-oui-oui. Elle s’inscrit forcément dans la logique du pouvoir en tant que garant de la protection publique et vecteur du progrès social et humain. Aussi s’inscrit-elle éminemment dans la logique du pouvoir politique en tant que vrai levier du développement économique et du progrès matériel de la Nation.
Section VIII La méthodologie de lutte politique
Tout combat politique sustenté par une idéologie implique sur le terrain des stratégies pour asseoir son leadership au sein de la collectivité et en retour bénéficier des dividendes. Dans le cas spécifique de l’UDPS, la méthode usée pour obtenir à tout prix un gain à la satisfaction politique de la population repose essentiellement sur deux volets. D’une part, le dialogue en tant que vertu sociale s’appuyant sur les pourparlers, les échanges auxquels participent des partenaires ou des adversaires politiques. Et, d’autre part, la pression populaire ou la rue.
S’agissant du dialogue, c’est le chemin privilégié qui permet à l’UDPS de faire entendre la voix de la raison. C’est la voie toute tracée qui permet à ce parti de poser les exigences du Peuple lors de négociations politiques. C’est l’occasion permettant à cette formation de s’illustrer en tant que défenseur des aspirations populaires légitimes et, surtout, avocat des exclus de la société politique et du jeu institutionnel.
Cette démarche acquiert d’ailleurs toutes ses lettres de noblesse dès lors que cette formation ramène toutes les forces politiques et les acteurs de la société civile autour des pourparlers politiques intercongolais à Sun City et à Pretoria en Afrique du Sud en 2002 – 2003 en vue d’asseoir et de consolider la paix et, par conséquent, sauvegarder l’intégrité territoriale, donc l’unité politique de la RDC. Cette méthode prouve toute son efficacité lors de négociations politiques placées sous l’égide de la Conférence nationale épiscopale du Congo (CENCO) en 2016 – 2017 pour sortir complètement le pays du blocage politique provoqué par le report des élections générales dû à la volonté de Joseph Kabila Kabange de rester indéfiniment au pouvoir. À cet égard, il importe de souligner que l’objectif tout à fait visé de cet exercice est, certes, la recherche du compromis politique global dans le but de sauver la Nation du chaos et l’État de l’anarchie.
Par contre, l’UDPS utilise, en vérité, constamment la rue comme moyen de pression politique. Cette entreprise partisane utilise la rue pour faire fléchir les détenteurs du pouvoir politique, administratif et gouvernemental. Elle utilise, tout à fait, la rue en tant que pression populaire pour faire revenir ou amener les autorités publiques à la table de négociation dans le cadre d’un dialogue servant à trouver des solutions cruciales pour la bonne marche de la société.
Une journée ‘‘Ville morte’’ à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Au cours de cette journée de manifestation et de protestation essentiellement dirigée contre l’autorité politique et gouvernementale, les activités industrielles et commerciales sont à l’arrêt, les rues sont désertées par les usagers, les moyens de transport ne desservent aucune destination.
À cet égard, la rue peut réellement prendre deux visages. Elle peut avoir un visage rempli de manifestants qui écument les chaussées pour revendiquer des droits démocratiques. Aussi peut-elle prendre le visage de ‘‘Ville morte’’. Dans cette hypothèse, la rue est complètement désertée par les usagers de la route dans le dessein de paralyser le fonctionnement de l’État et de l’administration publique.
Il sied de relever que cette stratégie politique a été usée à maintes reprises notamment lors de la période effervescente de la conférence nationale souveraine (CNS) afin de tempérer les ardeurs tyranniques du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre. Aussi a-t-elle été utilisée sous Joseph Kabila Kabange dont le pouvoir autiste menait immédiatement le pays au chaos et à l’anarchie. Celle-ci a eu pour résultat probant le recul inéluctable de la tyrannie face à la forte pression populaire. Elle a eu certes pour effet la marche arrière du pouvoir despotique face aux revendications légitimes de la population.
Le parlement debout est une véritable institution politique de la République démocratique du Congo. C’est un patrimoine national qui a très largement participé à la chute de la dictature et à l’instauration de la démocratie par la promotion du régime de libertés politiques et civiles. Il sert normalement à informer la population et à transmettre au public les décisions arrêtées par l’appareil du parti. Sur le plan purement idéologique, il s’agit d’une école de formation des militants et sympathisants aux réalités politiques et sociales du pays. Sur cette photo, le parlementaire debout de l’UDPS Jules Kalubi Muyamba, dit Munyere, harangue le public.
La rue sert également de pôle éducatif du Citoyen en matière de conscientisation des masses populaires. À ce niveau, l’UDPS a inventé le ‘‘Parlement debout’’. Il s’agit pratiquement d’une institution politique de sensibilisation du citoyen tout comme des adhérents du parti. C’est aussi un organe de communication efficace, une puissante courroie de transmission animée par des cadres ou militants chevronnés[192].
Au travers des parlementaires debout, la population s’informe fraîchement des nouvelles politiques du parti et du pays. Par leur entremise, elle apprend toutes les mesures arrêtées par les cadres dirigeants du parti ainsi que les stratégies décidées en matière de pourparlers politiques. Force est de souligner que cette institution s’avère tout compte fait un moule pour la formation idéologique du militant et, surtout, une école d’apprentissage servant à façonner les cadres en devenir[193].
Section IX La psychologie du militant de l’UDPS ou la mentalité du martyr politique
L’UDPS est, par essence, une formation politique qui se veut un ‘‘parti de masses populaires’’. À titre de syndicalisation des adhérents, elle a, toujours, recruté auprès des étudiants. Cette strate de la société a toujours constitué le pilier de sa base militante. C’est effectivement sur ce socle politique que viennent se greffer des agents et auxiliaires de la fonction publique étatique, des salariés d’entreprises publiques ou des employés de firmes privées, de petits commerçants, des ouvriers et des instituteurs. Y compris des patrons de petites et moyennes entreprises. Au niveau des cadres supérieurs, cette formation politique a certes recruté, dès les premières heures de sa fondation, bon nombre de professeurs d’université et membres des professions libérales, d’ailleurs, très attachées aux notions politiques et démocratiques de libertés publiques et de droits humains fondamentaux.
L’UDPS est, d’abord et avant tout, un esprit de résistance inébranlable contre le Mal oppresseur que représente la dictature. C’est, ensuite, une dynamite chargée de faire sauter le verrou de la tyrannie qui tue toute liberté et toute dignité, qui efface de la face de la terre toute paix et toute sécurité. Ses adhérents sont incontestablement des kamikazes de la démocratie prêts à sacrifier leur vie pour la liberté de la Nation et le bonheur de leurs pairs, pour la dignité de leurs concitoyens et la paix de la collectivité publique. Leur action salvatrice est dictée par le culte du martyr observé par les résistants de la justice chargés de défendre les opprimés, la veuve et l’orphelin, depuis la nuit des temps.
Ce profil sociologique relatif au recrutement militant entraîne que cette formation politique regroupe en son sein des personnalités émanant de différents horizons et unies par un même idéal sacré. À savoir : ‘‘le changement politique et démocratique’’. Cette transformation de la société est, d’ailleurs, savamment décrite dans un véritable ‘‘Manifeste de foi politique et de conscience nationale’’ qu’est la fameuse Lettre ouverte au Maréchal-président Mobutu Sese Seko du Zaïre du 1er novembre 1980[194].
D’ailleurs, ce texte de référence doctrinale, certes signé par les fameux treize parlementaires frondeurs du MPR, est la pierre angulaire du Parti[195]. Ce document sur lequel tout adhérent prête virtuellement serment, est à vrai dire la Bible politique de l’UDPS. Cette lettre ouverte est, à n’en point douter, le ciment idéologique ou le ferment doctrinal du Parti. L’attachement profond des militants à ce texte éminemment historique entraîne que l’UDPS fonctionne très exactement comme une ‘‘religion’’ avec ses croyances et ses dogmes, ses saints et ses anges du ciel, ses cadres pastoraux et ses ouailles, ses pontifes et ses traditions, ses apôtres et ses différentes congrégations missionnaires.
C’est, à vrai dire, dans le courage héroïque des treize ex-parlementaires de l’ex-parti unique ou Parti-État, le MPR, que les militants de l’UDPS puisent, sans conteste, l’essentiel de leurs ressources énergétiques pour combattre la tyrannie en République démocratique du Congo. Le sens du sacrifice et l’esprit d’abnégation manifestés par le collège des pères fondateurs du Parti servent, en réalité, de lumière ou de référence doctrinale aux nouveaux adhérents. Combinés au volontarisme et à la fougue de la jeunesse combattante, ils servent de carburant à la lutte politique, d’inspiration au combat démocratique. Leurs valeurs et principes de lutte politique servent, en vérité, de conditionnement psychologique, d’inspiration idéologique et d’aliénation mentale aux nouveaux combattants de la liberté et de la démocratie.
La foi en ce document a littéralement transformé les militants de l’UDPS en Messagers de la démocratie. En tant qu’Apôtres de la bonne parole démocratique, tous ces adhérents ont, en réalité, développé les réflexes des résistants pour une cause noble et des martyrs résolument prêts à sacrifier leur vie physique pour le changement politique et démocratique. Il convient de remarquer que cette attitude de bravoure et de courage politique héritée directement de l’icône de la démocratie Étienne Tshisekedi wa Mulumba[196] entraîne que dans son combat, l’UDPS n’a vraiment jamais craint les brimades de la dictature. Ce parti n’a vraiment jamais craint les exactions de la tyrannie brutale dont l’objectif visé est, à vrai dire, de faire fléchir son action, de broyer toute sa lutte, de tempérer toutes ses revendications ou de l’éliminer carrément de l’espace politique.
L’UDPS est un parti politique totalement rompu à l’art de la résistance pacifique et démocratique. Ses militants et sympathisants ont réellement payé un lourd tribut dans sa lutte en faveur de l’instauration de la liberté et de la démocratie. Sur cette photo, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, accompagné de son épouse Marthe Kasalu Jibikilayi, dépose des gerbes de fleurs sur les cercueils des combattants victimes de la répression sanguinaire du régime de Joseph Kabila Kabange les 19 et 20 septembre 2016. Ces adhérents de l’UDPS malheureusement tombés sous les balles de la tyrannie féroce ont eu le seul tort de réclamer l’organisation d’élections justes et crédibles, libres et transparentes, ainsi que le respect rigoureux de la constitution par Joseph Kabila Kabange strictement limité à deux mandats électifs à la tête du pays.
Faisant de la lutte politique une vocation, un sacerdoce, l’UDPS n’a vraiment jamais craint la répression des libertés publiques. Ce châtiment sauvage infligé par le pouvoir est même pour elle une source de motivation supplémentaire. Cette punition est même pour elle une source de réarmement moral afin d’arracher le changement politique et démocratique tant attendu par la population.
En effet, les adhérents de ce mouvement antidictatorial n’ont vraiment jamais craint dans leur combat politique l’oppression des droits humains fondamentaux par le despotisme pour atteindre leur objectif primordial qu’est la ‘‘libération de la tyrannie’’. Ceux-ci ont, tout à fait, naturellement développé cette posture de lutte politique pour autant que le peuple congolais tout entier voit le bout du tunnel. Ils se sont vaccinés et même immunisés contre l’oppression tyrannique pour que leurs congénères accèdent coûte que coûte au ‘‘paradis démocratique’’. Un univers qui ouvre, d’ailleurs, très largement la voie au développement économique de la Collectivité publique et au progrès social du Citoyen.
Comme quoi une telle ‘‘foi inébranlable’’, un tel niveau de ‘‘croyance’’ et, surtout, un tel degré de ‘‘religiosité’’ font indéniablement des militants de l’UDPS de véritables ‘‘Kamikazes’’ de la démocratie et de la liberté. Un tel ‘‘sens de sacrifice national’’ et une telle ‘‘abnégation de soi’’ font inexorablement de ces adhérents on peut plus particuliers et on ne peut plus singuliers de vrais ‘‘Soldats’’ de la justice et de la dignité humaine. Bref de véritables ‘‘Combattants’’ pour une cause noble[197] !
Section X Philosophie ‘‘politique’’ et doctrine ‘‘spirituelle’’ de l’UDPS
À voir l’UDPS fonctionner et se comporter, il y a lieu de poser la question de savoir si ce parti avant-gardiste qui s’inscrit éminemment dans la logique du pacifisme politique pour défaire la tyrannie, est carrément une religion[198] ou une secte[199].
Séance de prière et de pardon. Une scène surréaliste pour les esprits cartésiens : Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo confie le destin politique de la République démocratique du Congo entre les mains de l’Éternel D.ieu Tout-Puissant afin de désenvoûter les mauvais esprits qui bloquent l’émergence du pays. Cette journée de prière et de pardon se déroule au grand stade de la capitale Kinshasa.
Ce qui est sûr et certain, l’UDPS est, d’abord et avant, tout une religion fondée sur des dogmes ou des croyances inébranlables. Celle-ci est ‘‘spirituellement’’ et ‘‘essentiellement’’ politique. À ce titre, l’UDPS a, certes, réussi par un tour de passe-passe magique à faire littéralement de son leader charismatique – en l’occurrence [Étienne Tshisekedi wa Mulumba] – l’équivalent d’un prophète annonciateur de la Bonne parole divine qu’est, sans nul doute, la démocratie.
En tant que religion, l’UDPS repose, essentiellement, sur la foi inébranlable de ses membres. Ceux-ci croient dur comme fer au message de liberté que représente, certes, la démocratie. Celui-ci est, bien entendu, porté par un leader charismatique qui sacrifie sa vie personnelle en vue de permettre à la multitude de vivre en paix, dans l’allégresse et l’amour, la prospérité et la sécurité, la fraternité et la solidarité, la justice et la dignité, la liberté et l’harmonie.
Il convient d’admettre que cette personnalité s’identifie personnellement aux malheurs de son environnement, ainsi qu’à la misère populaire et la précarité des membres de sa famille politique. Sa mission politique ou son obsession spirituelle consiste à les libérer du joug de la tyrannie. En cela, Étienne Tshisekedi wa Mulumba ressemble à s’y méprendre au fameux Jésus de Nazareth[200]. Dépendamment du combat démocratique, il en est la transfiguration sur les plans politique et idéologique. Il en est, symboliquement, la traduction terrestre du rebelle ou réformateur galiléen[201].
Selon le regard des membres de l’UDPS, cette personnalité politique congolaise est, en fait, l’équivalent parfait de ce personnage central de la Bible chrétienne, d’ailleurs élevé au rang privilégié de ‘‘Fils de Dieu’’. À preuve, les militants et sympathisants du parti lui ont consacré une chanson au ton manifestement évocateur. Celle-ci est, d’ailleurs, directement tirée de la liturgie catholique locale.
En vérité, cette chanson procure symboliquement à ce personnage politique le visage divin d’un Messie. Elle lui fournit les contours d’un Prophète. En réalité, elle lui confère la taille d’un serviteur patenté de l’Éternel. À ce propos, il importe de relever que les militants et sympathisants de l’UDPS ont attribué à Étienne Tshisekedi wa Mulumba, devenu rapidement une icône de la lutte démocratique, le surnom de Moïse. Ils l’ont, ainsi, surnommé en étroite référence à ce grand personnage de la ‘‘Torah’’ hébraïque. Dans les Saintes Écritures, celui-ci a vaillamment libéré et miraculeusement sorti le peuple israélite d’Égypte.
En résumé, cette chanson dédiée à Étienne Tshisekedi wa Mulumba et, surtout, entonnée par les militants lors de grands-messes de l’UDPS se traduit littéralement de la manière suivante : ‘‘Dieu vous a choisi pour le servir en chair et en esprit[202]’’.
Nzambe aponi Yo
Osalela Ye
Na Nzoto pe
Na Motema
Mua Yo Mobimba
Nzambe aponi Yo
Le refrain ci-dessus mentionné prouve de manière limpide, irréfutable, que l’UDPS présente un caractère ‘‘religieux’’ indéniable en raison de ses nombreuses références bibliques voire spirituelles. Cette religiosité est encore visiblement renforcée, accrue, lorsque Jean-Marc Kabund a Kabund qui assume la présidence ad interim du parti, affirme solennellement pour montrer la grande capacité de cette formation à conserver indéfiniment le pouvoir politique : ‘‘L’UDPS ne cédera le pouvoir que lorsque Jésus reviendra sur terre’’.
Si elle peut exactement fonctionner comme une religion avec un prophète messianique[203], un livre sacré [204] et des ouailles investies à la cause politique et démocratique[205], l’UDPS est-elle également une organisation de type résolument sectaire ? Présente-t-elle nombre de caractéristiques propres à une secte en tant que cercle d’initiés ? Est-elle, par définition, un regroupement d’individus dont l’objectif primordial est, en réalité, la libération psychique et mentale de la population congolaise ?
À vrai dire, le mot secte a effectivement une double racine latine. Il dérive du verbe ‘‘secare’’ qui signifie couper. Ce qui, dans le contexte politique congolais, veut dire, sans nul conteste, le fait d’être littéralement coupé de la dictature macabre qui chosifie, certes, l’être humain, anéantit l’État ou détruit la Nation. Il signifie le fait de se débarrasser définitivement de la tyrannie ‘‘meurtrière’’ et ‘‘assassine’’ en vue d’inventer un nouvel être congolais. Ce nouveau citoyen doit être sustenté par une nouvelle ‘‘identité politique autant que culturelle’’ et, par conséquent, porté par une nouvelle ‘‘personnalité animique’’.
Aussi ce terme découle-t-il du verbe ‘‘sequi’’ qui signifie suivre. Du point de vue de la culture politique congolaise, il s’avère le fait de suivre un enseignement manifestement sacré. Cette formation pédagogique repose essentiellement sur la démocratie dont l’objectif primordial consiste à libérer le pays du joug idéologique de la tyrannie. En effet, les chaînes mentales et physiques du despotisme qui entravent autant l’indépendance de l’État ou la souveraineté de la Nation que la liberté du Citoyen ou l’expansion de la population, ont vite contribué à inverser les valeurs tant morales et spirituelles que matérielles et intellectuelles.
Vue sous cet angle unique, l’UDPS se veut entièrement une organisation sectaire. Au regard de sa philosophie qui consiste à combattre mains nues la dictature féroce jusqu’à la victoire finale, cette formation politique fonctionne exactement comme une secte de ‘‘Stoïciens’’ de la Rome antique qui ont littéralement maîtrisé, apprivoisé, la souffrance physique. En effet, ses militants ou adhérents voient dans les brimades et exactions despotiques un moyen de se sublimer, un art spirituel et moral afin de se transcender, se dépasser mentalement. Ceux-ci voient dans la souffrance physique tant occasionnée par l’acharnement de la lutte politique un véritable tremplin en vue d’accéder pleinement à la liberté collective. Par conséquent, ils ‘‘daignent’’ s’offrir en martyr en vue de faire accéder – coûte que coûte – par le truchement de la démocratie l’ensemble de leurs compatriotes au stade du bonheur libérateur que sont, en réalité, le développement économique de la Nation et le progrès social du Citoyen.
Le comportement stoïque des militants de l’UDPS n’est pas vraiment sans rappeler l’attitude intransigeante des Esséniens. En antiquité, ce groupe auquel ont appartenu Jean le Baptiste et Jésus le Christ, formait inlassablement une secte à la fois réformatrice au sein du judaïsme primitif et rigoriste en matière de principes et de valeurs censés d’ailleurs régir la société. Ce cercle d’initiés antiques qui professait, sans aucun complexe, le retour imminent du Messie divin, a été évidemment aux premières loges de la contestation de la présence étrangère ou de l’occupation romaine en Terre sainte.
Ce qui est clair, la détermination et la volonté sans failles des militants de l’UDPS ne sont pas sans rappeler la foi extrême et la croyance des Chiites du Moyen-Orient qui s’auto-flagellent pour commémorer le martyr d’Ali. Pour l’UDPS, les souffrances que s’infligent physiquement l’ensemble de ses membres, rentrent logiquement et forcément dans le processus de rachat de l’indépendance nationale. Celle-ci est, d’ailleurs, accaparée par la dictature féroce en tant que système d’oppression des droits humains fondamentaux au profit exclusif de puissances internationales, sous-produit du néocolonialisme et filiation du colonialisme.
En d’autres termes, la démocratie balise doublement la voie à la plénitude du citoyen et à la liberté de l’État. Ce phénomène sociopolitique ouvre largement la voie au développement économique de la Collectivité publique et au progrès social du Citoyen. Force est de souligner que celui-ci, en tant que facteur national de libération du Peuple et de l’État, est totalement pris en otage par des intérêts nébuleux[206].
Chapitre XI ‘‘Discours politique’’ et ‘‘participation démocratique’’ au sein de l’UDPS
L’UDPS est, d’abord et avant, tout un parti de combat pour la liberté et la démocratie. À cet effet, son combat permanent repose sur la sanctification du Citoyen en vue de permettre à la République démocratique du Congo de vivre en toute quiétude dans la justice et l’équité, la fraternité et la solidarité. Aussi repose-t-il sur la purification de l’État et de ses animateurs en vue de permettre à la Nation de jouir sans entrave aucune du développement économique de la collectivité publique étatique et du progrès social dévolu au Citoyen.
L’UDPS est, ensuite, un parti de masse dont la vocation primordiale est de défendre les droits humains fondamentaux et les libertés publiques enchâssées dans la constitution. Son combat consiste à ‘‘éclairer’’ et ‘‘encadrer’’ la multitude pour qu’elle soit à vrai dire consciente de son statut privilégié de souverain primaire dans une société où les tenants du pouvoir politique, gouvernemental et administratif se comportent malheureusement en ‘‘Négriers’’ des temps modernes. Pour ce faire, l’UDPS assure, très volontiers, à la masse une formation politique et idéologique adéquate dans l’optique d’être une ‘‘entité’’ ou ‘‘force’’ politique capable de choix judicieux permettant de sauvegarder tous azimuts les intérêts vitaux du sanctuaire national.
L’UDPS est, enfin, un parti d’idées, d’ailleurs, destinées à libérer complètement le Citoyen de la tyrannie destructrice de l’État et des turpitudes de l’élite dirigeante. Ce faisant, elle utilise en tant que formation politique dotée d’une idéologie toutes ses structures locales de base[207] pour informer correctement le Citoyen. Aussi utilise-t-elle toutes ses structures politiques et médiatiques pour l’alerter des enjeux fondamentaux de la vie nationale.
L’UDPS est, certainement, le seul parti politique en République démocratique du Congo à soumettre le choix de ses dirigeants politiques et administratifs au vote des militants. Lors de l’élection présidentielle de 2018, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a été choisi par les adhérents ‘‘candidat du parti’’ à la suite d’un débat libre et démocratique, civilisé et contradictoire.
Ce qui est indéniable, l’UDPS est un parti de débat qui édifie la citoyenneté démocratique par la participation des militants aux choix de société et à la désignation de leurs dirigeants. À cet égard, cette famille politique est le seul et unique parti en République démocratique du Congo à avoir organisé un véritable débat entre divers postulants à la candidature à l’élection présidentielle[208]. C’est également le seul et unique parti à avoir vraiment choisi à travers un congrès extraordinaire réalisé en bonne et due forme ses propres dirigeants[209].
Ce qui est clair, l’UDPS est, par essence, un parti de débat et d’idées en raison du fait que ce processus politique et démocratique permet à chaque membre d’exprimer publiquement son opinion. Il lui permet de participer sans entrave au destin de sa communauté politique et repère idéologique qu’est certes l’UDPS. Bref, il lui permet de s’approprier librement son destin politique en tant que membre réel et effectif du parti selon le principe fondamental ‘‘choisir son dirigeant, c’est déterminer sans conteste son destin, c’est définir réellement son avenir’’.
Chapitre XII État de droit : ‘‘Expression politique’’ et ‘‘jeu démocratique’’ sous la présidence de FATSHI
Depuis l’accession du président Félix-Antoine Thisekedi Tshilombo, dit FATSHI, à la tête de la République démocratique du Congo, l’expression politique est totalement libre[210]. Ce vaste et richissime pays au cœur du continent africain est, en réalité, devenu un espace de liberté. Dans cet univers débarrassé de tout carcan arbitraire ou autoritaire, le Citoyen s’exprime librement. Même trop librement, au goût de certains. Ce qui étonne plus d’un. Ce qui exaspère aussi quelques esprits obtus. Réfractaires à toute idée d’émancipation politique du Citoyen (la liberté) et de la Collectivité (la démocratie) vis-à-vis de l’absolutisme ou autoritarisme qui imprègnent le pouvoir, ceux-ci refusent catégoriquement toute évolution politique ou tout progrès social.
À moins de tomber évidemment sous le coup de la loi, le Congolais évolue sans véritablement craindre des représailles politiques de la part des animateurs d’institutions politiques. Celui-ci évolue naturellement dans un contexte politique et même démocratique qui n’est pas sans lui rappeler ses obligations publiques et républicaines. En d’autres termes, il évolue dans un contexte censé protéger tous ses droits humains fondamentaux tels que reconnus par la loi suprême.
Sous la présidence de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, il n’y a pas de prisonniers politiques ni de prisonniers d’opinion. La liberté est, naturellement, la règle de l’État de droit démocratique à condition de savoir en user. Trop de Congolais confondent souvent critique constructive et injures publiques tendant à porter atteinte à l’honneur et la respectabilité de l’individu. Cet amalgame leur joue incontestablement des tours devant la justice appelée à sévir très lourdement.
Une chose est sûre et certaine, la liberté d’expression sous FATSHI est, en principe, la règle. Une règle directrice. Une règle fondamentale qui montre bien la voie. Une règle qui trace les frontières, qui détermine les bornes à ne pas du tout dépasser. Chose à laquelle le Congolais n’a vraiment jamais été habitué depuis l’ère glaciaire du Mobutisme impénitent.
Depuis, le 24 janvier 2019, le Congolais peut manifester sans restriction aucune. Il peut tenir des réunions publiques sans vraiment craindre d’être brutalement dispersé par les autorités en charge de la sécurité publique. Encouragé par l’idéologie de l’État de droit démocratique qu’implante dorénavant le président de la République, il peut même critiquer les animateurs du pouvoir politique, gouvernemental et administratif. Il peut exprimer ses désaccords sans pour autant craindre d’être menacé physiquement. Ce qui fait absolument dire à plus d’un que la République démocratique du Congo sous l’ère de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est passée en un temps éclair ou record du Mirador tyrannique au Havre démocratique. Ce qui est, sans nul doute, à son honneur !
Le rôle des médias est, par définition, d’informer le public. Au service de certaines officines ténébreuses, les journalistes congolais versent facilement dans l’injure publique dans le but de faire le buzz médiatique. C’est notamment le cas de Perrot Luwara. Selon certaines indiscrétions, ce porte-parole de Moïse Katumbi Chapwe visiblement en perte de vitesse dans l’espace politique et sur le plan national s’est volontairement retiré de la circulation en vue de faire accroire à l’opinion publique nationale et internationale qu’il serait ardemment recherché par la police et la justice en vue de l’incarcérer. Une chose est sûre et certaine, le journaliste, d’ailleurs, connu pour son incontinence verbale avait préalablement fait l’objet d’un mandat de comparution qu’il a délibérément ignoré. Étant sciemment en défaut de répondre à cette convocation judiciaire, un mandat d’amener est alors délivré par le parquet général pour ‘‘imputations dommageables’’. Force est de constater que celui-ci est lancé à la suite d’une plainte déposée par le ministre des hydrocarbures Didier Budimbu qu’il a faussement incriminé pour avoir été interpellé voire auditionné par l’Agence nationale de renseignement (ANR). Au lieu de se présenter devant les autorités judiciaires pour clarification, le sieur a préféré prendre la poudre de l’escampette, disparaître dans la nature, en ignorant préalablement le mandat de comparution et le mandat d’amener lui notifiés par la justice.
Ce qui est incontestable, ce pays est devenu, pour l’instant, une vraie jungle démocratique où la découverte des vertus de la liberté incite, plutôt, le Congolais à en faire un usage plus que douteux et même répréhensible. En effet, celui-ci enivré par la démocratie verse facilement dans l’insulte et les invectives. Aussi tombe-t-il aisément dans la diffamation et l’exploitation ad nauseam des fake news. Il oublie même les conséquences fatales d’un tel comportement amoral. Cela est d’autant plus vrai que cette attitude oh ! Combien irresponsable préjudicie, certes, à l’harmonie citoyenne, à la concorde politique et à la bonne entente nationale.
Toutefois, la justice congolaise interpellée par son rôle primordial de garant du droit et des libertés commence petit à petit à réprimer toutes ces attitudes jugées antidémocratiques. Il sied d’admettre que celles-ci portent résolument atteinte à l’honneur et la respectabilité des individus. Dans le cas des animateurs institutionnels, elles portent assurément atteinte à la dignité des autorités politiques, administratives et gouvernementales et, surtout, la sécurité des institutions publiques[211].
Chapitre XIII Perception médiatique et populaire de l’autorité politique et gouvernementale, publique et administrative
Comme dans tout pays et dans toute région du globe, le pouvoir, quel qu’il soit, repose sur un mythe. Celui-ci peut être construit dans un souci de légitimation de l’animateur ou leader. Tout comme il peut être savamment entretenu dans le but d’obtenir la soumission aveugle des sujets du pouvoir ou de l’ensemble du groupe sur lequel il règne ou auquel il est appliqué.
Par conséquent, la République démocratique du Congo n’échappe pas à ce principe ou cette règle qui façonne pratiquement les mythologies propres au pouvoir. Dans ce pays d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains, le chef de l’État qui est, par définition, la clef de voûte des institutions, n’est pas un leader qui montre la voie ou un chef charismatique qui s’identifie aux aspirations légitimes de sa communauté. Que nenni ! Celui-ci est, plutôt, un ‘‘gendarme’’ dont la mission primordiale consiste à surveiller étroitement la population, à arrêter les citoyens. Comme bon lui semble !
Le rôle fondamental des institutions de défense et de sécurité dans un pays respectable est de veiller à tout prix à la paix civile et à la protection des institutions de la République. Ce n’est pas d’instaurer un régime de terreur qui inhibe toute initiative et qui fait obstacle à toute liberté.
Dans la conception du pouvoir dans ce pays majestueux et richissime, le Magistrat suprême est, par définition, un policier dont le devoir suprême est d’arrêter les gens et de les assigner en prison. Sa mission n’est point de rassurer complètement la population mais de faire peur aux membres de la communauté. Son rôle consiste, donc, à briser les libertés des citoyens[212].
Avec une telle conception de l’autorité publique ou une telle perception du pouvoir politique, il va de soi que la République démocratique du Congo soit un espace propice à la tyrannie. Il importe d’admettre que cette interprétation du pouvoir politique découle immédiatement du Mobutisme despotique qui a littéralement marqué les esprits pour avoir régné pendant trente-deux ans. En effet, le Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre s’est comporté durant son long règne monarchique de 32 ans moins comme un chef de l’État dont le rôle est d’être un véritable arbitre institutionnel qu’un ‘‘policier’’ chargé de traquer les inciviques et d’arrêter ses propres citoyens et de les interner en prison.
C’est cette conception ‘‘barbare’’ du pouvoir gendarme ou du régime policier qui entoure le chef de l’État en tant qu’autorité suprême que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) cherche à extirper définitivement de la tête de ses Compatriotes. En effet, pour le Congolais très accoutumé à l’oppression coloniale et la répression tyrannique, le président République n’est vraiment une autorité au sens le plus élevé du terme que dès lors qu’il peut ordonner l’arrestation et la poursuite des criminels ou fauteurs de trouble dans la société. C’est un rôle que ne lui reconnaît malheureusement pas la constitution nationale qui garantit fermement la séparation des pouvoirs organiques, la protection des droits fondamentaux et des libertés publiques et républicaines. C’est un rôle que ne lui reconnaît absolument pas ce texte majeur qui assure le bon fonctionnement des institutions politiques et administratives.
La présidence de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo de la République démocratique du Congo est nettement marquée par le grand retour du pays sur la scène internationale, la réhabilitation tous azimuts des institutions politiques et administratives de l’État, la lutte contre la corruption endémique et la gabegie financière. Elle est également marquée par la revalorisation de la femme et l’intégration sociale des personnes vivant avec un handicap physique ou l’albinisme. Aussi est-elle marquée par la scolarisation gratuite des élèves de l’école primaire et secondaire, la réhabilitation des institutions universitaires, la conscientisation des familles sur les grands enjeux de la petite enfance et la lutte contre la criminalité des jeunes par l’apprentissage d’un métier professionnel. Et, enfin, par la politique de grandes infrastructures participatives au développement économique national et au progrès social de la population, etc.
Relativement à cette nouvelle conception du pouvoir politique substantiellement fondé sur le principe cardinal de séparation organique que cherche certes à imprimer dans le logiciel populaire Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI), le Congolais peine indéfiniment à comprendre l’absence d’interpellation ou de mise en accusation de maints acteurs politiques, y compris économiques et sociaux, passibles de tribunaux compétents pour avoir enfreint la loi de l’État. Celui-ci peine réellement à comprendre que la démocratie en tant que régime politique repose fondamentalement sur le postulat de différenciation des rôles organiques ou missions institutionnelles. Le Congolais dont la conscience a été broyée et façonnée par la tyrannie, peine toujours à comprendre que la démocratie en tant que régime de liberté et de dignité, d’équité et de justice, repose essentiellement sur le concept de la spécialisation structurelle et fonctionnelle.
Eu égard à cette différenciation et à cette spécialisation, le chef de l’État ne peut littéralement pas s’octroyer voire même exercer des attributions qui ne lui sont pas reconnues par aucun texte fondamental. Par conséquent, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ne peut que rester fermement cantonné aux prérogatives lui dévolues. En tant que plus haut personnage de l’État, il ne peut pas être un gendarme, ni un policier pour menotter et arrêter des inciviques ni un juge pour, certes, condamner sévèrement des criminels ayant commis des infractions qui troublent négativement l’ordre public. À la limite, ce qu’il peut faire en tant que garant du bon fonctionnement des institutions, c’est de fournir des moyens adéquats, efficaces aux agents et auxiliaires de l’État afin de jouer pleinement leurs rôles de serviteur ou défenseur des Citoyens et de gardien permanent de la collectivité publique.
Chapitre XIV Mythologie politique et idéologique du pouvoir
En qualité de dirigeant despotique à la tête d’un pays exsangue et zombifié, Mobutu Sese Seko du Zaïre, a passé tout son temps à tordre la constitution de l’État. Il a dépensé toute son énergie à étrangler le droit, à éteindre les libertés démocratiques et asphyxier la justice. Il a nettement passé la majeure partie de son temps à bâillonner les opposants politiques à son régime éteignoir. Pourtant, ces combattants de la liberté réclamaient uniquement la dignité et la justice pour l’ensemble de leurs compatriotes chosifiés par un pouvoir dictatorial. Pour ce tyran de sinistre mémoire, la liberté qui participe très positivement à l’épanouissement du citoyen et à l’émergence de la société, symbolise toutefois le désordre et la confusion. Elle est, surtout, synonyme du chaos permanent et de l’anarchie destructrice.
Cette même conception mythologique de l’autorité politique et administrative qui brime les droits et les libertés des citoyens et brise les résistances populaires est sensiblement au cœur du pouvoir incarné par les Kabila Sr et Jr. En effet, durant leur double règne successif, Mzee Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila Kabange se sont évidemment distingués par la poigne de leur régime et la fortitude de leur pouvoir. Dans le but d’utiliser une image qui symbolise certes leur forte manière de gérer le pays et, surtout, de brutaliser les citoyens, il s’avère que ces deux dirigeants successifs maniaient un bâton de baseball pour se légitimer et asseoir leur pouvoir visiblement contesté. Par conséquent, toute manifestation politique ou sociale était, sous leur règne macabre, réprimée sauvagement dans le sang. Pour ces deux tyrans, la force de leur pouvoir politique reposait dans le seul et unique phénomène de ‘‘dissuasion’’.
Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo tend, dans son action politique et publique, à transformer les mentalités d’une police demeurée encore au stade colonial et plus encline à terroriser la population qu’à protéger la sécurité du public, les droits et libertés des citoyens.
C’est effectivement cette vision qui transforme littéralement le pays en un champ de bataille entre le pouvoir politique et la population que tente de renverser le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. C’est cette conception biaisée ou perception du pouvoir politique qui dérive tout droit de la tyrannie que cherche à corriger substantiellement l’actuel locataire du Palais de la Nation. En effet, selon ce nouveau président, la puissance de l’autorité publique et administrative ne repose nullement sur la dissuasion. Pour la légitimation du pouvoir, il y a lieu de procéder avec la ‘‘persuasion’’ comme méthode d’acceptation par les Citoyens.
Il y a lieu d’user de la pédagogie comme moyen d’apprentissage politique de la démocratie. Cela bien avant de commencer à serrer progressivement la vis autoritaire[213]. Le président congolais s’inscrit dans cette perspective pédagogique dans la mesure où la démocratie est le règne de la justice ou la suprématie de la loi. Elle suppose la force irrécusable du droit et non le droit incommensurable de la force comme cela se présente sûrement sous la tyrannie. Elle suppose réellement la fin de l’impunité. Celle-ci est éminemment garantie par une justice impartiale et impersonnelle. Aussi repose-t-elle substantiellement sur le principe de l’égalité de toutes et de tous devant la règle de droit ou loi de l’État. En d’autres termes, elle consacre stricto sensu la fin des privilèges[214].
Chapitre XV ‘‘Expression médiatique’’ et ‘‘jeu politique et démocratique’’ sous le régime de FATSHI
L’univers politique et l’espace médiatique ont, toujours, oscillé en République démocratique du Congo entre ouverture et rétrécissement, bâillonnement et pluralisme dépendamment de la conjoncture. Sous le despotisme, qu’il soit de type réactionnaire ou révolutionnaire, ces deux paysages sont marqués par le durcissement du régime politique qui ne laisse vraiment aucune place à la liberté, au droit et à la justice. C’est-à-dire : à la dignité humaine et à l’équité. Cela est totalement vrai du régime politique de Mobutu Sese du Zaïre où l’arbitraire est érigé en système de gouvernance. Cela est fondamentalement vrai de la présidence absolutiste des Kabila Sr et Jr où la violence physique sert évidemment de socle au système d’administration ou de gouvernement.
Avec Thérèse Kapangala, l’activiste Rossy Tshimanga Mukendi est devenu le symbole de la répression sanglante du régime tyrannique de Joseph Kabila Kabange. Il est tombé sous les balles de la dictature le 25 février 2018.
En effet, sous la tyrannie macabre, les mondes politique et médiatique ont très nettement subi des restrictions de liberté. Celles-ci se sont manifestées sous forme d’arrestations ou de condamnations judiciaires émanant d’une justice totalement embrigadée par le tyran. Aussi sont-elles allées jusqu’à l’élimination physique aussi bien des personnalités politiques[215] que des personnalités médiatiques.
Toutefois, malgré le caractère dictatorial ou monolithique du pouvoir, le pluralisme politique et médiatique s’est largement imposé au despote. Ce double phénomène s’impose à la suite de très fortes pressions internes ou externes. Pour Mobutu Sese Seko du Zaïre qui n’a point d’autre choix que de prôner l’ouverture démocratique et la libéralisation politique, la Liberté de presse et le Multipartisme deviennent même une nécessité et une exigence nationale pour la survie de son régime évanescent. Il en devient, par conséquent, le promoteur patenté.
Cependant, ces deux phénomènes sociopolitiques incontournables sont évidemment dictés par la soif inextinguible de la population de participer de fond en comble au remaniement de son système arbitraire. En effet, cela est complètement acquis le 24 avril 1990. Conséquence : la République démocratique du Congo change profondément de visage après trente-deux ans de règne tyrannique sans partage.
Pour Mzee Laurent-Désiré Kabila, les pesanteurs internes ne lui ont vraiment pas permis de modifier en profondeur les paramètres politiques et médiatiques. S’il a réussi à neutraliser complètement le processus politique de la CNS, il n’en demeure pas moins vrai que ce chef de guerre à la tête d’une rébellion armée qui sape naturellement les fondements doctrinaux de l’État, est confronté à la farouche résistance de l’UDPS. Dans cette lutte sans merci, ce parti pro-démocratique se positionne, à cette époque trouble, et aux yeux de l’opinion comme le garant incontestable de la paix et de l’intégrité du territoire, de la démocratie et de la liberté.
À cet égard, même si l’univers politique est complètement muselé par le pouvoir rebelle en raison de l’ouverture de la parenthèse dictatoriale de l’AFDL, l’espace médiatique demeure toutefois vivace et plural. Sa vitalité est-elle que la presse écrite, d’ailleurs, très favorable à l’opposition politique est même virulemment critique vis-à-vis de l’autorité administrative et gouvernementale. Non sans quelques atteintes flagrantes à la liberté de presse. D’autant plus que des journalistes sont quotidiennement arrêtés et jetés en prison comme de simples malfrats[216].
Si la presse est, sans nul conteste, plurielle sous le rebelle Mzee Laurent-Désiré Kabila, il en est de même sous le régime de Joseph Kabila Kabange où la presse favorable à l’opposition politique a, d’ailleurs, une place privilégiée dans le paysage médiatique. Celle-ci reçoit même une subvention de la part du pouvoir pour fonctionner. Cependant, malgré ce geste de bonne volonté du régime qui peut être regardé comme un acte d’ouverture honorable, il n’en reste pas moins vrai que la liberté de presse est mise à mal par des atteintes récursives. Celles-ci caractérisent, bien entendu, les autorités politiques, administratives et gouvernementales.
Par ailleurs, le pouvoir politique de Joseph Kabila Kabange a bel et bien connu une explosion de médias électroniques. Ceux-ci diffusent à travers la toile Internet et utilisent à profusion les réseaux sociaux[217]. Il sied de remarquer que ces médias sont beaucoup plus spécialisés dans le domaine des Affaires publiques où des commentateurs politiques ratissent très large et se livrent à n’en point finir une concurrence fort acharnée[218].
En dépit de cette expansion remarquable de la presse libre qui diffuse sur la toile Internet sous le régime de Joseph Kabila Kabange, la liberté de presse a continué, malgré tout, d’être malmenée par les autorités politiques, administratives et gouvernementales. Elle a continué d’être complètement muselée par un pouvoir très allergique à la critique démocratique. Vis-à-vis de la classe journalistique et médiatique, cette allergie légendaire a nettement poussé le pouvoir à commettre quelquefois l’irréparable.
Cela est d’autant plus vrai que bon nombre de journalistes de renom ont manifestement payé un lourd tribut pour leur combat acharné sur le terrain[219]. D’autres ont, sans l’ombre d’un doute, connu des séjours plus ou moins longs dans différents centres d’enfermement ou de détention préventive[220]. Par contre, d’autres ont connu de manière évidente divers types de menaces[221].
Christian Bosembe Lokando est le visage de la nouvelle presse congolaise qui a rompu avec la tradition culturelle du griotisme. Celle-ci se contente d’éduquer le peuple congolais en le sensibilisant sur les véritables enjeux de son destin politique.
Sous le régime démocratique de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI), la liberté de presse est fortement respectée par le pouvoir politique, administratif et gouvernemental. Elle est même protégée par le système qui reconnaît la place éminente du journaliste dans la société. Peu importe ses convictions idéologiques, ses orientations politiques voire même ses préférences sociales et croyances culturelles, celui-ci est protégé dans son métier qui est d’informer l’opinion et de former le grand public[222].
Par contre, cette liberté de presse reste toujours malmenée dans les secteurs occupés par les rébellions armées. Dans toutes ces zones de non-État ou de non-droit, les journalistes en tant que porte-voix du Citoyen membre d’une collectivité et porte-parole de la population n’ont point de place. Ils sont, plutôt, perçus comme des délateurs ou des informateurs du pouvoir légitime et légal. De cette interprétation abusive voire erronée découle évidemment le lourd tribut que les journalistes payent journellement de la part des forces négatives.
Conclusion
En République démocratique du Congo, tout comme ailleurs, la parole occupe, en réalité, une place très importante en politique[223]. Elle sert à communiquer. Elle est, en vérité, le lien entre l’allocutaire et le locuteur. Elle sert à transmettre, politiquement parlant, le message étatique ou partisan.
En tant que moyen de diffusion du discours partisan et de communication politique, la parole est manifestement l’expression du pouvoir. Aussi est-elle le pouvoir lui-même. Par voie de conséquence, ‘‘qui détient effectivement la parole, détient ipso facto le pouvoir’’. En effet, le titulaire du pouvoir se confond naturellement avec le pouvoir. Cela est d’autant plus vrai que le pouvoir en tant que capacité et influence au sein de la société lui permet de transformer son environnement selon ses vues, priorités ou phantasmes[224].
Depuis l’indépendance, le Citoyen congolais court après ce pouvoir de parole inéluctable qui lui permet de vivre libre et digne, de vivre en harmonie avec ses pairs, de garantir sa sécurité, de défendre ardemment les principes démocratiques de justice et d’équité. Cette liberté de parole est, désormais, conquise à travers la lutte historique de l’UDPS. Ce combat politique a, bien entendu, duré 37 ans. Il est matériellement couronné par sa prise de pouvoir depuis le 24 janvier 2019, date à laquelle Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a réellement prêté serment en qualité de président de la République démocratique du Congo.
Toutefois, cette conquête de la liberté de parole se fait pour l’instant de manière anarchique et même chaotique. En effet, les opprimés d’hier l’utilisent comme un pouvoir de revanche envers l’oppresseur d’hier. Ils ne l’utilisent pas encore assez comme un véritable pouvoir de construction d’un pays harmonieux et pacifique dont le langage est la concorde, la cohésion et l’adhésion de toutes et de tous à une vision commune.
Cette attitude se justifie pour deux raisons majeures. D’une part, les opprimés d’hier ont une conception complètement biaisée de la démocratie. Cette vision erronée tend à faire accroire que les oppresseurs n’ont point des droits fondamentaux à cause de leur passé ignoble. Et, d’autre part, pour avoir été continuellement dans le camp de l’oppression et de l’injustice inhumaine, ceux-ci ne méritent aucune réhabilitation possible. Même au nom sacrosaint de l’amour et de la fraternité, de la solidarité et de la compassion, de la concorde politique et de l’harmonie nationale.
Si le rôle de l’État se réduit politiquement à rassembler toutes les filles et tous les fils d’une Nation, il appartient aux seules Citoyennes et aux seuls Citoyens de solliciter la Justice. C’est-à-dire : les cours et tribunaux. Il leur appartient de solliciter les services de l’administration judiciaire pour réclamer la réparation de leurs droits bafoués par la ligue des oppresseurs d’hier. Dans ces conditions, l’État ne peut que garantir la mise en place d’un procès à la fois juste et équitable. Un procès dans lequel les droits de la défense sont strictement assurés par la Constitution ou Loi fondamentale.
C’est de cette seule manière que l’impunité pourrait être circonscrite et même définitivement rayée de la société. En effet, au niveau purement politique et gouvernemental, la paix court un grave danger dans un pays si l’État se transforme littéralement en Justicier pour venger coûte que coûte tous les crimes sauvagement commis par les oppresseurs. Afin de favoriser l’harmonie, il aurait tout intérêt à être dans la position très souvent inconfortable et même incomprise d’arbitre.
Ceci revient à inférer que l’impunité perd son immunité ou son inviolabilité si les Citoyens prennent d’eux-mêmes le devant de la scène pour affirmer, – donc faire respecter – tous leurs droits piétinés. La fin de l’impunité se transforme en processus de guérison nationale lorsque les citoyens prennent personnellement l’initiative de faire constater ou relever devant des cours et tribunaux compétents les faits infractionnels par eux subis de leurs oppresseurs jusque-là impénitents au regard de la loi ambiante. Une telle initiative citoyenne remet le droit au cœur de la justice. Elle propulse immédiatement le juge réhabilité dans ses fonctions de dire le droit au cœur de la paix sociale. Elle replace, donc, le pouvoir au cœur de la sécurité collective.
Une chose est sûre et certaine, la liberté fait dorénavant partie du quotidien du Congolais. À lui de savoir en faire un usage tout à fait responsable pour garantir la paix et l’harmonie dans son environnement immédiat. Dans chaque chose, il faut toujours commencer quelque part. Dans le cas du Congolais certes pris dans l’euphorie ou l’hystérie de la victoire électorale d’un président défenseur de l’État de droit démocratique, le départ est on ne peut plus chaotique et anarchique en raison de l’absence de morale démocratique et de pédagogie judiciaire.
Cependant, au fur et à mesure que le droit en tant qu’institution, doctrine et jurisprudence s’affirmera pour éclairer dans la société la multitude sur les comportements socioculturels à adopter, et ce dépendamment des circonstances incriminées, le Congolais pourrait sûrement et progressivement développer des réflexes tout à fait dignes d’un Citoyen responsable d’un État démocratique. Par ailleurs, au fur et à mesure que la Justice s’affirmera très sereinement et même très fermement comme un pouvoir régulateur de l’environnement sociétal, l’être congolais se sentirait de mieux en mieux en sécurité et en paix. Il se sentirait plus en liberté. En effet, le pouvoir du plus fort ne serait plus concentré entre les mains du seul tyran mais logerait plutôt dans l’interprétation rigoureuse de la loi fondamentale. Le pouvoir du plus fort serait, donc, définitivement entre les mains de la société par-devers la Justice.
Ainsi la Justice deviendrait-elle garante de la liberté et, par-delà, garante de la démocratie en tant que jeu politique et institutionnel chargé de sauvegarder les intérêts légitimes des uns en totale harmonie ou adéquation avec les autres. Par conséquent, avec le changement des mentalités sous la férule de l’institution judiciaire, la République démocratique du Congo pourrait vraiment entrevoir avec sérénité le développement économique. Sous l’impulsion pédagogique de cet organe majeur de l’État, cette collectivité pourrait réellement entrevoir avec optimisme le progrès social du Citoyen. Bref ouvrir la voie à la liberté du pays ainsi qu’à l’autonomie du Citoyen.
Bibliographie
- Marie-Soleil Frère Le paysage médiatique congolais, État des lieux, Enjeux et défis, 169 pages, octobre 2008, Source Internet.
- Mussia Kakama, Authenticité, un système lexical dans le discours politique au Zaïre, Institut pédagogique national, 31 – 58 pages.
- Jerry M’pereng Djeri, Presse et histoire du Congo-Kinshasa, le discours de la presse et son rôle dans le processus de démocratisation 1990 – 1995, Thèse de doctorat, UFR de Lettres et Sciences humaines, Université de Cergy-Pontoise, le 23 octobre 2004, 379 pages.
- Jean-Louis Tshimbalanga, Hommage à une légende vivante, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Les Impliqués Éditeur, mai 2006, France, 190 pages.
- Jean-Louis Tshimbalanga, l’impératif d’une véritable culture démocratique en République démocratique du Congo, L’Harmattan, Paris, 144 pages.
- Jean-Louis Tshimbalanga, La vérité de la vérité des urnes de 2018 en RDC, Publishroom, 2022, 528 pages.
- Valérie Xiberras, Analyse du concept d’intellectuel à travers la figure sociale de l’« évolué » du Congo-Belge (1945-1960), de l’« Évolué à l’Intellectuel » : Transition impossible, Mémoire présenté pour l’obtention du Maître ès Arts, École des gradués de l’Université de Laval, juillet 1992.
- Alexis de Tocqueville [Alexis-Henri-Charles Clérel, comte de Tocqueville], De la démocratie en Amérique, Éditions Calmann Lévy, Paris, 1888.
- Jean-René Lohata, L’idéologie démocratique au Zaïre, Essai de compréhension des systèmes politiques africains, Thèse de doctorat d’État en sciences politiques, Faculté de droit et des sciences politiques et sociales, CURRAPP, 1990, Université de Picardie, Amiens, France.
- Kosombo Kumansa, Pouvoir, institutions, idéologie et pratique de la communication politique au Zaïre, Mémoire de DESS en marketing politique, Paris I, 1980.
- Godefroid-Maximilien Sampassa Kaweta Milombe, Conscience et Politique au Congo-Zaïre, De l’engagement aux responsabilités, L’Harmattan, Paris, 200 pages.
Glossaire
ABAKO : Association des Bakongo
APARECO : Alliance des patriotes et des résistants du Congo
CACH : Cap pour le changement
CENCO : Conférence épiscopale nationale du Congo
CNS : Conférence nationale souveraine
ECIDE : Engagement citoyen pour le développement
FCC : Font commun pour le Congo
LAMUKA signifie Éveil de conscience : plateforme électorale composée de Moïse Katumbi Chapwe d’Ensemble pour le changement, Jean-Pierre Gombo du MLC, Freddy Mantugulu Mbuyamu Ilankir de Congo na Biso (Notre Congo), Adolphe Muzito Fumutshi d’Envol, Antipas Mbusa Nyamwisi, ayant soutenu la candidature de Martin Fayulu Madidi à l’élection présidentielle du dimanche 30 décembre 2018.
MLC : Mouvement de libération du Congo
MNC : Mouvement national congolais
MPR : Mouvement populaire de la Révolution
PALU : Parti Lumumbiste unifié
PPRD : Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie
RDC : République démocratique du Congo
UDI : Union des démocrates indépendants
UDPS : Union pour la démocratie et le progrès social
UFERI : Union des fédéralistes et républicains indépendants
Jean-Pierre Bemba Gombo : pages 11, 23, 38
Franck Diongo Shamba : pages 24
José Eduardo dos Santos : pages 48
Martin Fayulu Madidi : pages 58, 67,
Antoine Gizenga Fundji : pages 14, 24, 32
Joseph Kabila Kabange : pages 9, 11, 12, 21, 23, 24, 25, 27, 28, 37, 38, 45, 58, 59, 65, 67, 68, 70, 71
Laurent-Désiré Kabila (Mzee) : pages 9, 12, 17, 20, 21, 22, 23, 24, 32, 33, 36, 45, 68, 70
Jean-Marc Kabund a Kabund : pages 63
Augustin Kabuya : paghes 59
Albert Kalonji Ditunga : pages 13, 14
Joseph Kasa-Vubu : pages 8, 10,14, 17, 32, 33,
Moïse Katumbi Chapwe : pages 24, 25
Léon Lobitch Kengo wa Dondo : pages 36, 48
Antoine Gabriel da Silva Kyungu wa ku Mwanza : pages 43, 44,
Patrice Emery Lumumba : pages : 1, 2, 6, 7, 8, 10, 13, 14, 17, 32, 33, 34, 35, 41, 45
Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi : pages 44,
Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko : pages 3, 4, 8, 9, 12, 13, 14, 15, 16, 18, 28, 29, 30, 32, 33, 34, 35, 36, 38, 40, 41, 42, 43, 45, 48, 51, 58, 60, 62.
Mobutu Sese Seko : pages 2, 4, 9, 12, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 27, 31, 33, 34, 35, 36, 39, 40, 41, 42, 43, 445, 48, 49, 52, 56, 59, 60, 67, 68, 69
Michael Cédric Mukebayi Nkoso (Mike) : pages 71
Fils Mukoko : pages 59
Pierre Mulele : pages 14, 32, 33, 41
Israël Mutombo : pages 71
Godefroid Munongo Shombeka : pages 14
Bernardin Mungul Diaka : pages 35, 40
Adolphe Muzito Fumutshi : pages 11, 65,
Joseph Ngalula Mpandajila : pages 40, 51
Honoré N’Gbanda Nzambo ko Atumba : pages 5, 44, 51
Daniel Ngoy Mulunda Nyanga : pages 58, 67
Ngoyi Kasanji : pages 21, 71
Jean de Dieu Nguz Karl I Bond : pages 43, 50
Azarias Ruberwa Manywa : pages 23
Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge : pages 69, 83
Eliezer Tambwe : pages 71
Étienne Tshisekedi wa Mulumba : pages 2, 17, 21, 30, 36, 40, 44, 45, 46, 50, 51, 52, 54, 60, 61, 62, 63, 80,
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) : pages 23, 24, 43, 50, 52, 54, 56, 58, 62, 65, 66, 67, 68, 71. 78, 80, 81, 82, 83,
Moïse Kapenda Tschombe : pages 3, 14, 17, 35
Félix Vunduawe te Pemako (VTP) : pages 35, 51
République démocratique du Congo
République du Zaïre
Table des matières
Préface
Introduction
Chapitre I Le Congo-Belge : Un désert politico-partisan
Chapitre II RDC : Un État postindépendant ‘‘liberticide’’ et ‘‘démocraticide’’ ?
Chapitre III Le paysage médiatique au sein de l’État postcolonial
Chapitre IV Le pluralisme politique au sein de l’État postcolonial
Chapitre V Entreprises politiques nées de la subversion constitutionnelle
Section I Despotisme mobutien et mercenariat local
Section II Culture flibustière et morale arriviste
Section III ‘‘Kleptocratie’’ et ‘‘Voyoucratie’’ au cœur de l’État
Chapitre VI Logique et fonctionnement des opérateurs politiques dans l’État postindépendant de 1960 à nos jours
Chapitre VII Discours politique et idéologique sous la tyrannie postcoloniale
Chapitre VIII Discours politique et idéologique sous le régime de l’État de droit ‘‘démocratique’’
Chapitre IX La Contestation de la légitimité despotique
Section I La justification du processus révolutionnaire
Section II L’avènement des ‘‘treize’’ parlementaires frondeurs du MPR
Chapitre X L’irruption politique de l’UDPS en RDC
Section I Spécificités géopolitiques et géostratégiques de la lutte politique et démocratique de l’UDPS
Section II La revalorisation politique de la Représentation nationale
Section III La réhabilitation politique du Citoyen
Section IV L’affirmation du Citoyen dans le jeu politique
Section V L’irruption de la Société civile sur le champ national
Section VI La votation ou Expression de la Souveraineté populaire
Section VII Le processus de conscientisation politique et nationale
Section VIII La méthodologie de lutte politique
Section IX La psychologie du militant de l’UDPS ou la mentalité du martyr politique
Section X Philosophie ‘‘politique’’ et doctrine ‘‘spirituelle’’ de l’UDPS
Chapitre XI ‘‘Discours politique’’ et ‘‘participation démocratique’’ au sein de l’UDPS
Chapitre XII État de droit : ‘‘Expression politique’’ et ‘‘jeu démocratique’’ sous la présidence de FATSHI
Chapitre XIII Perception médiatique et populaire de l’autorité politique et gouvernementale, publique et administrative
Chapitre XIV Mythologie politique et idéologique du pouvoir
Chapitre XV ‘‘Expression médiatique’’ et ‘‘jeu politique et démocratique’’ sous le régime de FATSHI
Conclusion
Postface
Résumé de l’ouvrage
Postface
La République démocratique du Congo est un État majestueux et richissime du continent africain. Elle a acquis sa souveraineté internationale de la Belgique en tant que puissance coloniale le jeudi 30 juin 1960. Ayant pratiquement la dimension géographique de l’Union européenne (UE), ce pays qui se veut, par son étendue, un sous-continent peuplé de 100 millions d’âmes, présente, en réalité, un intérêt géopolitique et géostratégique indéniable. Sans le vouloir et, surtout, sans le savoir, ce mastodonte qui ignore sa place dans le concert des Nations, est pratiquement au cœur de grands enjeux internationaux. À ce titre, cet État détermine autant qu’il impose l’agenda international des superpuissances de la planète.
En effet, ses potentialités naturelles et minérales sont, à n’en point douter, l’objet de convoitise déclarée des Nations de la planète. Obnubilées par l’idée d’hégémonie idéologique et de puissance matérielle, celles-ci rivalisent incontestablement de stratagèmes pour finalement conquérir toutes les richesses matérielles de la République démocratique du Congo. Force est de constater que ce pays africain est non seulement envié pour ses terres rares mais également pour l’immensité de ses terres arables et l’étendue de ses réserves en eaux douces. Aussi est-il lorgné pour l’importance de ses tourbières qui résorbent l’essentiel de la pollution industrielle mondiale dans les zones de forêt équatoriale, le fort débit hydraulique de son fleuve richement alimenté par ses différents affluents et cours d’eau, la diversité et la richesse de ses ressources halieutiques.
À vrai dire, toutes ces richesses physiques et potentialités naturelles devraient, normalement, contribuer de façon décisive et indiscutable à l’épanouissement de l’ensemble de la population de la République démocratique du Congo. Que nenni ! En effet, ce pays qui fait, pourtant, rêver les dieux de l’Olympe, est parmi les plus miséreux et les plus vulnérables de la planète en termes d’indice de développement et de progrès. Il est aussi parmi les plus pauvres en termes de produit intérieur brut (PIB).
Cette situation qui révulse sérieusement l’esprit humain, s’explique naturellement par l’absence de vision de la classe dirigeante totalement engluée dans la corruption et la gabegie financière. Son seul fait d’armes est l’enrichissement sans cause. Elle s’explique indéniablement par la démission de l’élite intellectuelle sans aucun doute marginalisée par le pouvoir politique depuis l’institution de la dictature en tant que régime et mode de gouvernance de la collectivité publique.
Il importe de relever que la crème intellectuelle de ce pays n’a vraiment jamais été associée aux différents projets de développement de la Nation. Il sied de souligner que ceux-ci sont, d’ailleurs, élaborés par bien des intérêts extérieurs au titre des politiques d’assistance internationale. Cette incongruité entraîne que le pays décapité du génie intérieur et du savoir local se voit appliquer des solutions ou recettes miracles qui ne cadrent pratiquement point avec les besoins fondamentaux ou vitaux de la communauté nationale.
Aussi cette situation fâcheuse s’explique-t-elle par la marginalisation délibérée de la population par ses propres dirigeants politiques, administratifs et gouvernementaux qui obéissent, en vérité, au doigt et à l’œil de puissants intérêts extérieurs. Ceux-ci ont pour obsession fantasmatique le pillage léopoldien de ses ressources nationales. Il convient de noter que cette population meurtrie, affamée, n’est pas du tout intégrée au processus de production économique et sociale tout comme au système de répartition du pouvoir politique et administratif sur l’ensemble du territoire. Ce qui entraîne, en corollaire, le délitement de l’État, l’absence de cohésion nationale et de conscience politique, le développement tous azimuts de l’informel et le manque de revenus substantiels pour la collectivité publique.
Pour remédier à tous ces maux qui rongent cruellement la République démocratique du Congo, la démocratie est, d’abord et avant tout, conçue comme une démarche de libération nationale de la population vis-à-vis de tous ses dirigeants politiques, administratifs et gouvernementaux. Force est de reconnaître que ces dignitaires lui refusent catégoriquement toute dignité humaine. Ils lui dénient tout droit et toute liberté.
Ce qui implique que la participation de la population dans ce processus de démantèlement de la classe politique qui la maintient incessamment en état de servage ou d’esclavage sur son propre sol, doit être réelle et non artificielle. Exigible, elle doit en être la pierre angulaire. En d’autres termes, la lutte politique pour la libération nationale n’est pas que l’affaire de quelques personnes éclairées, illuminées, autant politiquement qu’idéologiquement. Elle est véritablement l’affaire de toutes et de tous.
Dans ce combat acharné, les politiciens sont, à vrai dire, réduits au seul rôle de porte-parole de la population. Ils sont réduits au seul rôle de serviteur patenté du Peuple. Leur mission consiste à créer un cadre de pourparlers politiques en vue de transmettre directement aux détenteurs du pouvoir les doléances de la population. Cependant, le rôle fondamental de la population est de s’affirmer coûte que coûte en tant qu’acteur et auteur effectif du pouvoir. Pour ce faire, elle se doit de maintenir constamment de très fortes pressions politiques sur les animateurs institutionnels par des manifestations de masse dans le dessein d’obtenir, eu égard à la constitution ambiante, des avancées ‘‘réelles’’ et ‘‘significatives’’ en matière des droits humains fondamentaux et des libertés publiques et républicaines.
Ensuite, la démocratie est conçue en tant que système de participation du Citoyen à la gestion politique de la Cité. Elle fait éminemment de lui un acteur essentiel de la vie politique au travers du choix judicieux de ses dirigeants par le truchement du processus électoral. Aussi fait-elle de lui un décideur capable d’orienter son destin tant politique et économique que social et culturel par la maîtrise absolue de toutes ses ressources matérielles convoitées par l’extérieur. Force est de rappeler que celles-ci ont pour effet d’hypothéquer tout son avenir de manière négative puisque, par définition, source pratiquement intarissable de conflit militaire permanent entre puissances parrainées et protégées par des intérêts obscurs.
Enfin, la démocratie est conçue comme un processus de libération nationale vis-à-vis de puissants intérêts internationaux qui agissent via des relais et acteurs internes en vue de leur rétrocéder les ressources précieuses et stratégiques de la République démocratique du Congo. En démantelant ces réseaux internes qui constituent le paravent des acteurs internationaux, la démocratie rachète l’indépendance de l’État et la souveraineté de la Nation hypothéquées par des mercenaires locaux. Donc, en démantelant ces acteurs internes qui agissent dans le visible, la démocratie contribue à la réaffirmation de la liberté du pays et de la souveraineté populaire.
Cette vision de la démocratie en tant que démarche et processus de lutte de libération nationale a, vraiment, permis à la population de la République démocratique du Congo de se débarrasser de son élite politique compradore. Souffrant d’atrophie mentale, celle-ci est essentiellement tournée vers le pillage des ressources nationales, le désinvestissement économique, l’inversion des valeurs spirituelles et morales autant que matérielles et intellectuelles. Ce qui constitue, en réalité, une très grande victoire de la population, d’ailleurs, confinée par la tyrannie au statut exclusif de paria du système politique.
Toutefois, sur le terrain, il ne reste plus qu’à consolider cette victoire démocratique et ses acquis. Cela passe nécessairement par la formation politique et idéologique des masses populaires pour la défense absolue des intérêts sacrosaints de la patrie. Cela passe également par une alliance entre le politique, l’intellectuel et la population pour mieux définir les concepts de l’État, de la Nation et du Peuple. Cela passe aussi par la définition d’un véritable projet de société à la fois viable et fiable. Celui-ci se doit de prendre en considération les intérêts légitimes des citoyens et des entités collectives.
Ce qui est sûr et certain, l’UDPS a tracé la voie en Afrique avec Étienne Tshisekedi wa Mulumba à la baguette et les militants ou soldats de la démocratie à la manœuvre. Cette vision libératrice de la démocratie est poursuivie de main de maître par son héritier légitime Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI). Cette entreprise, et c’est ce qui fait vraiment sa force et son charme, est appuyée par l’ensemble de la population. En effet, celle-ci aspire à la justice, à l’équité, à la dignité humaine. À ce titre, elle voudrait s’ouvrir très largement les portes du paradis terrestre que sont, en principe, le développement économique de la Collectivité publique et le progrès social du Citoyen.
Ce qui est clair, l’UDPS a réussi à déboulonner facilement la dictature féroce. Et ce, mains nues. Sans avoir recours à la violence armée. Ce qui prouve, à n’en pas douter, la maturité de ses cadres. Sans doute mû par l’idée de sauver les meubles, le tyran aux abois, d’ailleurs, pressé de toutes parts a, finalement, cédé en confiant, dans un geste de désespoir, sa propre sécurité et celle de son clan familial, y compris celle de ses proches et courtisans, entre les mains de cette formation politique. Mais, pour combien de temps ?
Ce qui est sûr, la fin prévisible et brutale – d’ailleurs très largement souhaitée par la population – de la lune de miel entre le Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (CACH) annonce de mauvais présages. Elle annonce de mauvaises augures pour celles et ceux qui ont pillé jusqu’à l’os le pays et, surtout, versé gratuitement du sang humain. En effet, Dieu seul sait combien les partisans du despote sont directement impliqués dans des malversations financières, dans des opérations de détournement des deniers publics et, surtout, dans bien des assassinats politiques au seul nom du tyran.
Si Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et l’UDPS ont, manifestement, réussi à déboulonner et museler la dictature en République démocratique du Congo sans pour autant recourir aux armes, donc au processus révolutionnaire, leur démarche atypique est-elle aisément exportable, transposable, au reste du continent ? La Réponse est, de prime abord, oui.
En effet, bien avant l’avènement politique de l’UDPS à Kinshasa en tant que parti au pouvoir, il y avait eu en Côte d’Ivoire, le ‘‘Front populaire ivoirien’’ (FPI) du Pr Laurent Gbagbo. Cet opposant de longue date avait réussi à utiliser savamment le processus électoral dans le dessein d’arracher le pouvoir politique entre les mains du général-putschiste Robert Gueï. Cet officier supérieur des forces armées qui, d’ailleurs, tenait à s’éterniser à tout prix, avait réussi, en son temps, à museler complètement la jeune démocratie ivoirienne en chassant littéralement du pouvoir le successeur de Félix Houphouët-Boigny, en l’occurrence Henri Konan Bédié (HKB).
Dans ce registre, l’on peut également mentionner le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela, Govan Mbeki, Walter Sisulu et Oliver Tambo. Cette formation antiségrégationniste a, réellement, réussi à conquérir, par voie pacifique et démocratique, le pouvoir politique jusque-là détenu et monopolisé par la minorité blanche en exploitant à fond le processus électoral selon la formule gagnante : ‘‘One Man, One Vote’’. Pourtant, ce parti sud-africain disposait d’une branche armée : ‘‘Umkhonto we Sizwe[225]’’. Force est de souligner que cette formation partisane, d’ailleurs, farouchement opposée aux politiques de discrimination raciale n’a pas du tout réussi à renverser militairement le régime ségrégationniste d’Apartheid installé à Pretoria.
En d’autres termes, des oppositions politiques africaines voire du monde entier confrontées à des démocratures qui sont, par essence, des paravents tyranniques dont se servent cyniquement bien des despotes patentés afin de confisquer le pouvoir via le processus électoral, peuvent s’inspirer profondément de la lutte politique de l’UDPS en vue d’obtenir l’alternance démocratique dans leurs pays respectifs. À condition de préparer sérieusement les masses militantes à cette éventualité salvatrice en tenant compte de leurs spécificités sociologiques. À condition de mieux rôder et, surtout, mieux encadrer les masses populaires dans le processus de libération nationale vis-à-vis de la classe politique et de l’élite dirigeante. À condition de mieux les coordonner et mieux les intégrer face aux exigences pointues de ce combat très souvent long et pénible, qui nécessite, à n’en point douter, ‘‘sacrifice’’ et ‘‘abnégation’’, ‘‘éveil de conscience nationale’’ et ‘‘fervent sentiment patriotique’’.
Jean-Pierre Turmel
Activiste humanitaire
Résumé du Livre
Parler en profondeur de la pratique politique et de l’expression démocratique en République du démocratique du Congo incite, réellement, à se poser la question de savoir ce qu’est, exactement, la mission fondamentale d’une institution politique dans un État en voie de développement. Il incite à poser réellement la question de savoir le rôle primordial d’une formation politique en tant qu’organisation sociale chargée de donner force et cohérence aux demandes de la population. Il pousse, également, à se poser naturellement la question de savoir la place essentielle du Citoyen dans l’espace national.
Au regard du droit de l’État explicité par la Constitution, le Citoyen est normalement un sujet qui bénéficie des droits fondamentaux et dispose des libertés publiques. Toutefois, dans le contexte du jeu purement institutionnel, le citoyen est-il, en vérité, un simple figurant, un être tout à fait marginal dans le décor politique ? Est-il, en réalité, un acteur à part entière ou un spectateur passif dans la théâtralisation de la vie politique et nationale ?
Force est, en effet, d’admettre que le propre de la politique en tant qu’activité exercée dans l’espace social est de régenter la vie des individus. Il est de vendre le bien-être aux différentes communautés humaines vivant sur un territoire national déterminé, bien entendu en échange de la sécurité et de la paix leur apportées. Dans ce marchandage, la politique peut compromettre, sans l’ombre d’un doute, leurs droits et devoirs publics, leurs libertés et obligations sociales. Elle peut affecter leurs rêves ou phantasmes en tant qu’êtres humains ayant finalement droit à la ‘‘justice’’ et la ‘‘dignité’’ dans un environnement précis.
Mais, qu’en est-il exactement de la République démocratique du Congo ? La politique permet-elle au Citoyen de vivre dans la dignité et la sûreté ? Lui permet-elle d’être un individu complètement réfléchi et épanoui ? Lui permet-elle d’être finalement libre, affranchi de toute contrainte physique et de toute pesanteur morale ?
Dans le cas spécifique de la République démocratique du Congo, la politique en qualité d’art de gestion de la Cité, d’ailleurs, définie comme un espace d’agir collectif, a plutôt contribué à détruire l’État. Elle a, plutôt, contribué à juguler le processus de construction de la Nation et à museler le Peuple. Au travers des animateurs institutionnels, elle a adopté cette stratégie suicidaire en lieu et place de façonner la Citoyenneté démocratique permettant à la société humaine de garantir sa souveraineté, de définir sa liberté, de mettre en lumière son indépendance, de consolider tout son avenir. Bref de déterminer au-delà des apparences et même des artifices toute sa puissance et son audience véritable dans le concert des Nations.
Ainsi, depuis le jeudi 24 janvier 2019, avec l’avènement politique de l’UDPS au sommet de l’État et, surtout, l’arrivée au pouvoir de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI), la République démocratique du Congo (RDC) a entamé un triple processus de résurrection, de guérison et de réhabilitation. Ce qui constitue, en vérité, sur le double terrain de la pratique politique et de l’exercice du pouvoir une performance inégalable et inégalée dans cet immense et richissime pays africain. Tout à son honneur !
En effet, depuis cette date, cet immense pays d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains a entamé un processus de résurrection qui lui permet d’asseoir tous azimuts l’autorité politique, administrative et gouvernementale de l’État sur l’ensemble du territoire national manifestement devenu la proie facile des réseaux tant maffieux que terroristes. Il a, certes, entamé un processus de guérison politique lui permettant de couper toutes les branches mortes de la tyrannie dont les effets certes pervers empêchent littéralement le développement économique de la collectivité publique et, surtout, bloquent le progrès social du Citoyen. Pour ce faire, la double notion de gouvernance politique et administrative repose substantiellement sur le principe sacrosaint de la ‘‘transparence’’. Ce qui implique triplement le ‘‘contrôle’’, la ‘‘vérification’’ et la ‘‘surveillance’’. Cette interprétation stratégique implique, à n’en pas douter, la place éminemment réservée à l’Inspection générale des finances (IGF) dans les activités publiques de l’État ainsi que de l’administration publique, des services publics et entreprises publiques.
Enfin, la République démocratique du Congo entame, certes, afin de se relever de ses béquilles, un processus de revalorisation du Citoyen et de réhabilitation de l’ensemble de ses organes institutionnels. Cet État entame la revalorisation du Citoyen en lui reconnaissant sa place éminente dans le jeu politique. En effet, le nouveau pouvoir d’ailleurs incarné par Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo encourage très ouvertement, très vivement le Citoyen congolais à être responsable. De son strict point de vue idéologique, la responsabilité signifie, en réalité, le fait de connaître ses droits et ses libertés, de savoir les réclamer comme un dû vis-à-vis des autorités politiquement établies au regard du droit fondamental et qui incarnent de ce fait la puissance publique. Elle signifie le fait de se comporter en véritable pouvoir souverain auquel se soumet religieusement l’autorité établie.
Aussi cet État entame-t-il profondément la réhabilitation de toute sa charpente structurelle. Ainsi, le nouveau régime de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo remet-il très rapidement en selle le pouvoir judiciaire fort longtemps caporalisé par la tyrannie macabre depuis l’ère glaciaire du Mobutisme. Cet organe est appelé à jouer un rôle prépondérant, celui de gardien de l’État ou gardien du temple, gardien de la morale publique et de la morale citoyenne qui trouvent à coup sûr leur origine dans la morale démocratique, dans les aspirations majeures de l’État.
Ainsi le nouveau pouvoir politique de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo remet-il très rapidement en selle le parlement national en tant que pouvoir garantissant les intérêts sacrosaints de l’État confronté aux appétits mesquins des puissances extérieures et ceux fondamentaux des citoyens libres arbitrairement confrontés au paternalisme condescendant des autorités publiques politiquement établies. En effet, au regard de sa doctrine, de son interprétation et de sa perception, le parlement national doit définitivement cesser d’être une chambre d’enregistrement de la volonté du gouvernement. Dans une démocratie respectable, il doit être un véritable organe politique essentiellement animé par le ‘‘débat’’ et le ‘‘contrôle de l’Exécutif’’. Celui-ci doit être alimenté par bon nombre de sujets qui préoccupent évidemment l’avenir sécuritaire du pays et de toute sa population en termes de droit et de liberté, de justice et d’équité, et aussi en matière de développement économique de la collectivité publique et de progrès social du Citoyen.
Ainsi le nouveau régime de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) remet-il très rapidement en selle le gouvernement dont la vocation primordiale est de répondre aux soucis quotidiens des Citoyens. En effet, le gouvernement a pour mission essentielle d’assurer la paix au sein de la Collectivité publique. Cette paix rêvée passe impérativement par la protection du territoire et la sauvegarde de l’unité politique, la promotion de l’harmonie politique et de la concorde civile, la recherche des voies et moyens pour attirer des capitaux privés et investissements étrangers en vue de créer des emplois et en même temps assurer la productivité. Aussi cette paix tant chérie passe inexorablement par la protection du Citoyen littéralement confronté aux diverses intempéries de la vie sociale (criminalité, chômage, analphabétisme, illettrisme, exclusion socioéconomique, apartheid sanitaire et ségrégation pharmaceutique, etc.). C’est la raison pour laquelle le gouvernement dirigé par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge est visiblement qualifié de gouvernement de ‘‘Warriors’’. C’est-à-dire : ‘‘un gouvernement qui se bat journellement pour le bien-être et surtout la sécurité de l’ensemble de sa population’’. Force est de constater que ‘‘l’état d’urgence décrété du reste dans l’Est de la République démocratique du Congo procède de cette logique politique et idéologique’’.
Ce qui est somme toute indispensable, la paix politique et l’harmonie sociale, la concorde civile et la solidarité nationale, l’esprit de justice et de dignité humaine (le principe angulaire d’équité) passent immanquablement par le respect scrupuleux des textes fondamentaux qui font très naturellement partie de l’ordonnancement juridique. Il y a lieu de noter que ceux-ci s’imposent sans détour à l’État. Aussi passent-ils indubitablement par le strict respect des lois et règlements édictés par les autorités publiques et légalement constituées. Aussi passent-ils inéluctablement par le respect rigoureux des décisions judiciaires, par le respect scrupuleux de la double volonté populaire et nationale. Bref, ceux-ci passent nécessairement par la fin rapide de l’impunité et l’affirmation claire et nette de l’égalité de toutes les Citoyennes et de tous les Citoyens devant la loi de l’État.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
[1] Le contraire est aussi vrai : ‘‘Le despote ricane lorsque le peuple sous sa gouverne périt atrocement’’.
[2] Le contraire est aussi vrai : ‘‘Le despote ricane lorsque le peuple sous sa gouverne périt atrocement’’.
[3] Il y a, en principe, dyarchie au sommet de l’État. Dans cette configuration, le premier ministre dispose pratiquement de l’essentiel des prérogatives exécutives et gouvernementales.
[4] Aucun parti politique, y compris le fameux ‘‘Mouvement national congolais’’ (MNC) de Patrice Emery Lumumba, ne quadrille, à vrai dire, territorialement l’ensemble du pays. En effet, les entreprises politiques qui n’ont pratiquement pas eu le temps de s’exercer à la compétition politique et démocratique, contrôlent à l’approche de l’indépendance quelques bastions ou pans entiers territoriaux où elles sont, pour d’évidentes raisons culturelles et sociales, indéboulonnables. En d’autres termes, bien implantées. Dans l’histoire de la République démocratique du Congo, le seul parti politique qui a réussi à s’implanter dans chaque coin et recoin du pays, est, sans nul conteste, le ‘‘Mouvement populaire de la révolution’’ (MPR) cher au Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre. Bâton à la main, cette formation politique a réussi cet exploit non pas pour avoir convaincu la masse militante de la pertinence de son idéologie mais pour avoir plutôt embrigadé toute la population. Cette organisation qui a, certes, confisqué les libertés publiques et la vie politique en tant que parti unique et parti-État voire parti-Nation, y est arrivée en faisant d’autorité de chaque Congolais membre à part entière du parti. Pour illustrer cette appartenance au MPR en qualité de parti-Nation, Mobutu déclarait que ‘‘l’ex-Zaïrois était membre à part entière de cette formation depuis le ventre de sa mère’’. C’est-à-dire : dès les gestations dans les entrailles maternelles en qualité de fœtus. Cependant, la seule et unique famille politique qui a, manifestement, séduit l’ensemble du pays par l’opportunité de son combat et la persévérance de sa lutte anti-tyrannique, la pertinence de son idéologie démocratique et la consistance de son discours politique, est bel et bien l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Celle-ci a, naturellement, réussi ce grand exploit sans être pratiquement au gouvernail de l’administration, aux manettes de l’État et aux commandes du gouvernement central. Elle a réussi ce pari grâce à la perspicacité et la lucidité de son leader charismatique Étienne Tshisekedi wa Mulumba, d’heureuse et pieuse mémoire.
[5] Le coup d’État du 14 septembre 1960 réussi par le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu, à peine nommé chef d’état-major général de l’armée nationale congolaise (ANC), a pour effet immédiat de liquider l’État congolais dans tous ses fondements idéologiques et doctrinaux légitimant le processus d’indépendance nationale dans la mesure où cette opération de subversion constitutionnelle et de rébellion politique rétrocède les vastes ressources du pays à l’autorité coloniale belge.
[6] Cette deuxième expérience démocratique est dictée par des impératifs d’ordre politique et national sérieusement mis en avant par la fameuse constitution de Luluabourg du 1er août 1964. Force est de reconnaître que si la première constitution du pays (la loi fondamentale du 19 mai 1960) est, par définition, un don de la Belgique, une gracieuseté de l’ancienne puissance coloniale, il n’en demeure pas moins que la deuxième est, en principe, l’œuvre des Congolais seuls. Elle est très largement inspirée par la vision de l’intelligentsia nationale. Ce texte est, en fait, le fruit de la réflexion des évolués ou immatriculés de l’époque coloniale.
[7] D’août 1964 à novembre 1965 (quinze mois).
[8] Du 30 juin au 5 septembre 1960 (deux mois).
[9] Ce courant idéologique promeut l’autonomie politique et administrative des provinces, ainsi que le développement économique à partir des collectivités publiques locales.
[10] Le centralisme politique et administratif met en relief la création d’un État central fort, garant de l’unité nationale et de l’union politique du territoire national. Pour ce courant uniformisateur, le développement économique de l’ensemble du territoire national est strictement défini par le centre en tant que moteur de la vie nationale et propulseur du progrès social. Toutes les ressources de la Nation appartenant aux provinces périphériques sont uniquement gérées par l’État central au nom de l’égalité entre les citoyens et les entités structurelles de l’État.
[11] Parmi les faucons du Mobutisme despotique manifestement réfractaires à toute idée d’ouverture démocratique ou toute idée de libéralisation politique, l’on peut mentionner Honoré N’Gbanda Nzambo ko Atumba de sinistre mémoire. Ce personnage aussi bien fantasque que burlesque a fait la pluie et le beau temps du Mobutisme tyrannique.
[12] À cette époque d’ébullition politique et d’effervescence démocratique, les Zaïrois ont été galvanisés par les fameuses Conférences nationales tenues successivement au Bénin et en République du Congo-Brazzaville en vue d’imprimer de notables changements de fond dans leurs systèmes politiques respectifs.
[13] Dans le contexte de la colonisation belge, la mission assignée à un parti politique consiste plutôt à l’apprentissage de la vie politique aux autochtones.
[14] La France a pu facilement intégrer les populations de ses colonies dans le processus politique national. Ce qui a fait que maints cadres africains siégeaient déjà avant l’indépendance dans les institutions politiques autant que publiques et administratives de la métropole coloniale. C’est effectivement l’exemple du Sénégalais Léopold Sédar Senghor ou de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny qui ont occupé de hautes fonctions ministérielles en France.
[15] Ce document qui revendique ouvertement – pour certains timidement – l’indépendance nationale du Congo-Belge, est paru en 1956. Il importe de mentionner que 1956 est, également, l’année de la mort du prophète Simon Kimbangu en prison à Élisabethville (Lubumbashi). Ce résistant de première heure y a été déporté en 1920. Pour émasculer sa résistance politique, cet activiste fut relégué au Katanga par le colonisateur. Ce qui est une manière de l’exiler sur le plan intérieur. C’est également au cours de l’année de sa mort qu’émerge rapidement un certain évolué de la colonie, Patrice Emery Lumumba, en tant que leader syndicaliste et indépendantiste.
[16] Le Congolais évolué ou immatriculé perd son identité indigène au profit de l’identité importée. Il n’est plus considéré comme un ‘‘Musenzi’’ (Singe). Il devient plutôt un ‘‘Je le connais’’. Terme péjoratif, d’ailleurs, utilisé par les indigènes de la colonie belge pour vraiment caractériser les acculturés mentaux ou catégoriser ceux qui maîtrisent les rudiments de la langue de Molière et de Voltaire.
[17] En d’autres termes, cette catégorie d’évolués opte, en fait, pour le fameux régime de tutorat exercé par la puissance colonisatrice.
[18] C’est un plan concocté par un universitaire belge du nom d’Anton Arnold Jozef (Jef) van Bilsen. Ce professeur à l’université de Gand prévoit, en 1956, une indépendance congolaise étalée sur trente ans. Ce qui permet à la puissance coloniale de former rigoureusement des cadres compétents et, surtout, capables d’assumer le destin du Congo-Belge en tant qu’État souverain.
[19] Il convient de constater que le fameux plan de l’indépendance promu par le professeur ‘‘van Bilsen’’ sert, en effet, de socle référentiel au Manifeste de conscience africaine.
[20] Lorsqu’il prit réellement le pouvoir le 24 novembre 1965 à la suite d’un putsch militaire, Mobutu gouverna pendant cinq ans le pays par décret-loi sans l’habilitation parlementaire en principe requise dans la mesure où le parlement de la République démocratique du Congo avait déjà cessé d’exister depuis le 13 septembre 1960. Toutefois, un parlement a été élu lors de scrutins législatifs de mars et avril 1965. Mais, celui-ci n’a vraiment pu se réunir et faire tout son travail législatif puisque définitivement emporté sept mois après par le coup d’État dont le maître d’œuvre est sans nul doute Mobutu. Cependant, le maître de l’ouvrage sont les USA. Contrairement à la Belgique en 1960. À ce moment précis, ce pays européen occupe la position du maître de l’ouvrage. C’est cet État qui s’avère le principal commanditaire. Il est celui qui a intellectuellement conçu le projet du coup d’État et matériellement encadré son exécution.
[21] Au niveau du fonctionnement politique et de la perception idéologique, le MPR de Mobutu Sese Seko du Zaïre, le CPP de Mzee Laurent-Désiré Kabila, le PPRD de Joseph Kabila Kabange sont des partis uniques. À la seule différence, Mobutu est obligé d’ouvrir l’espace politique à la suite de la résistance politique et populaire aux fins du multipartisme intégral. Tel est aussi le cas de Joseph Kabila Kabange. Ce dirigeant est contraint non seulement par la résistance populaire mais également par le double processus politique de Pretoria (2002) et de Sun City (2003) d’ouvrir non sans quelque réticence l’espace politique aux fins d’élections concurrentielles.
[22] Source internet : MbokaMosika.
[23] La presse congolaise est essentiellement écrite. Elle est assujettie à un certain nombre de règlementations politiques et administratives. Elle est régie par le décret royal du 23 juin 1960 signé par le Roi des Belges Baudouin 1er. Ce texte royal exige le dépôt obligatoire de quatre exemplaires dans un délai d’un mois. Il y a ensuite l’arrêté ministériel signé par le premier ministre Lumumba qui exige une autorisation préalable à l’apparition de tout journal. Cet arrêté est abrogé par le décret gouvernemental cosigné le 2 septembre 1960 par Joseph Kasa-Vubu, Justin-Marie Bomboko et Bolela. Un autre texte plus révélateur de l’atmosphère politique est le décret gouvernemental du 4 octobre 1961 cosigné par Joseph Kasa-Vubu, Justin-Marie Bomboko et Marcel Lihau. Ce texte qui se veut dans son fondement répressif moins libéral et plus coercitif, incrimine et réprime la propagande. Celle-ci est passible d’une peine de prison allant de 5 à 6 mois. Enfin, l’ordonnance-loi du 31 mai 1965 prise par Kasa-Vubu et contresignée par Michel Collin réinstaure la pratique du dépôt obligatoire introduite par le décret royal de Baudouin 1er en 1960.
[24] L’espace journalistico-médiatique regorge plus ou moins 40 journaux.
[25] Il existe, en pratique, des journaux destinés spécifiquement aux Indigènes de la colonie (Congo Pratique, Conscience africaine, Congo Dietu, Congo, Quinze). D’autres s’adressent spécialement aux sujets européens (Courrier d’Afrique, L’Avenir et Présence Congolaise). D’autres ciblent plus particulièrement et plus singulièrement les Jeunes, tout comme les Chrétiens protestants, les Catholiques (Temps nouveau d’Afrique, Afrique chrétienne), etc. Le paysage de la presse écrite regorge aussi des journaux engagés politiquement, idéologiquement et même socialement.
[26] Comme cette entreprise médiatique est, largement, subventionnée par l’État, le gouvernement y a, par conséquent, un droit de regard.
[27] Dans les années 1970, ‘‘Authenticité oblige’’, le ministère de l’information est substitué par le Département d’État à l’orientation nationale. Ce qui témoigne sans nul doute de la volonté ubuesque de confisquer tous azimuts le pouvoir et de bâillonner la société sur le terrain des libertés démocratiques. À preuve, la Télévision nationale (Télé-Zaïre) fait de Mobutu Sese Seko l’équivalent d’une divinité céleste. Fait foi la publicité qui fait jaillir le dictateur zaïrois des nuages surplombant la Terre ferme.
[28] Salongo (Travail) de Bondo Nsama et Elima (Esprit) de Thy-René Essolomua ea Linganga.
[29] Les mouvements armés rebelles se servent plutôt de la radio et de la télévision pour leurs propagandes politiques voire idéologiques. À titre d’exemple : Canal Kin Télévision (CKTV), Canal Congo Télévision (CCTV) et Radio Liberté Kinshasa (RALIK) appartiennent au rebelle postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo. Aujourd’hui, il y a bon nombre de personnalités politiques qui ne sont pas issues directement de la lutte armée mais qui disposent réellement d’une chaîne de radio et de télévision. C’est l’exemple de RTVS1 qui appartient à l’ancien premier ministre Adolphe Muzito Fumutshi.
[30] La Tempête des tropiques, La Prospérité, Le Potentiel, Le Phare, etc.
[31] Sun City et Pretoria.
[32] Sun City.
[33] La Belgique, la Grèce et le Canada ont, à une certaine époque, servi de centre de diffusion du message politique et idéologique de l’UDPS. Parmi les sites web de l’UDPS diffusés par la diaspora combattante ou militante, l’on peut citer www.udps.org, www.udps.net, www.udps.be, www.udps.info, www.udps.com, etc. Certains sites sont toujours actifs sur la toile.
[34] Cyprien Wetshi et Baudouin Amba Wetshi de Belgique, Don Kayembe, Rabin du Temple Anthony Desonpère, Marius Muhunga, Gary Iwele, Djino Will et Professeur Debaba des États-Unis d’Amérique (USA), Lambert Ngoi du Japon, etc.
[35] Sango ya Congo, Yeba TV, Tindika Tindika TV, Congo Synthèse, etc.
[36] En réalité, le fameux Mouvement national congolais (MNC) a été fondé par l’abbé Joseph Malula. Comme, à l’époque coloniale, il était formellement interdit à la prêtrise d’exercer des fonctions politiques, Malula confia la direction de ce mouvement indépendantiste à Albert Kalonji et Joseph Iléo. Vu le succès croissant de Patrice Emery Lumumba en tant que tribun de la plèbe et, surtout, syndicaliste politiquement engagé au Congo-Belge, ces deux leaders n’hésitèrent pas, à leur tour, à lui confier le leadership et la gestion de ce parti politique en 1958. Les divergences entre les trois personnalités pointèrent à l’horizon après la conférence panafricaine d’Accra de décembre 1958. Toutefois, le discours prononcé par Lumumba à Kananga en 1959 scella définitivement la rupture entre ces trois futurs cadres politiques. Ainsi, le MNC fut divisé en deux tendances idéologiques. L’une centralisatrice et unitariste animée par Patrice Emery Lumumba. Et l’autre fédéraliste incarnée par Albert Kalonji immédiatement rejoint par Joseph Iléo et le syndicaliste Cyrille Adoula.
[37] Le pogrom méthodiquement organisé des Lubas du Sud-Kasaï à Luluabourg et au Katanga est sans l’ombre d’un doute le fruit des manipulations et orchestrations belges.
[38] Dans ce camp, l’on peut mentionner le ‘‘mouvement national congolais’’ (MNC) fidèle à Patrice Emery Lumumba, le ‘‘parti solidaire africain’’ (PSA) très implanté au centre du pays (Bandundu) et au sein duquel militent des personnalités politiques de l’envergure de Pierre Mulele, d’Antoine Gizenga Fundji, de Cléophas Kamitatu Massamba, le ‘‘centre du regroupement africain’’ (CEREA) plus implanté au Kivu et dirigé par Anicet Kashamura, etc.
[39] Dans ce camp vilipendé par le courant à la fois progressiste, nationaliste et panafricaniste, figurent la confédération des associations tribales du Katanga (CONAKAT) de Moïse Kapenda Tschombe et Godefroid Munongo Shombeka, le mouvement national congolais (MNC) dirigé par Albert Kalonji Ditunga, l’alliance des Bakongo ou ‘‘association des Bakongo pour l’unification, la conservation et l’expansion de la langue kikongo’’ (ABAKO) dirigé par Joseph Kasa-Vubu, entre-temps épaulé par Daniel Kanza (exclu en février 1960), Antoine Nguvulu, Simon Nzeza, Edmond Nzeza Landu, etc.
[40] Les forces nationalistes et lumumbistes utilisent en fait le terme ‘‘garde-chiourme’’ de l’impérialisme pour disqualifier et discréditer aux yeux de l’opinion nationale les organisations fédéralistes.
[41] La subversion de l’ordre politique et constitutionnel qui sous-tend pratiquement le régime démocratique, est, en fait, le premier stade du processus de confiscation du pouvoir politique en République démocratique du Congo.
[42] La notion de liberté est la pierre angulaire des révolutions américaine et française très largement inspirées par les Lumières du XVIIIe siècle. Il sied de souligner que lors du fameux partage de l’Afrique entre les Nations occidentales à la fameuse conférence de Berlin de 1885, le Congo a pratiquement le même statut qu’un ‘‘No Man’s Land’’. À cet égard, il a été défini par les participants européens comme un territoire ouvert au libre commerce international. C’est également un territoire qui est sensiblement au cœur de l’industrialisation des continents américain et européen.
[43] Le régime répressif de ‘‘Mbula Matari’’ qui transforme le Congo-Belge en camp de travail à ciel ouvert.
[44] L’école et la religion sont des auxiliaires principaux de l’administration coloniale.
[45] Il s’agit des maquisards révolutionnaires transformés en mercenaires locaux du grand capital international.
[46] Joseph Kasa-Vubu demeure encore chef de l’État du Congo-Léopoldville après l’éviction brutale et l’assassinat préprogrammé du premier ministre Patrice Emery Lumumba. En effet, ce dirigeant politique dispose, certes, des liens étroits avec l’ancienne puissance coloniale. Mais, ceux-ci ne constituent toujours pas pour lui une garantie sérieuse à sa survie politique. Par contre, tous les premiers ministres – Joseph Iléo Songo Amba et Cyrille Adoula – qui dirigent politiquement le pays jusqu’avant l’avènement politique de Moïse Kapenda Tschombe, sont tous acquis à la cause de l’ancienne puissance coloniale. Toutefois, à une exception près. Cyrille Adoula est en effet l’homme des Américains tandis que Joseph Iléo Songo Amba demeure l’homme des Belges. Quant à lui, Moïse Kapenda Tschombe a les yeux complètement tournés vers les États-Unis et la Grande-Bretagne, d’une part. Et, d’autre part, cet ancien chef sécessionniste fait des appels du pied à la France du général Charles de Gaulle. Cette attitude indispose énormément la Belgique coloniale. Cet État européen finit, évidemment, par lui préférer le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu. Suivant strictement les ordres de ses maîtres à penser, ce mercenaire local, d’ailleurs pressenti au sommet du pouvoir dans cet immense pays africain dès septembre 1960, met pratiquement fin aux ambitions politiques de Tschombe de devenir président la République démocratique du Congo le 24 novembre 1965. Ironie du sort, ce même ‘‘condottiere’’ qui, cependant, obéissait pratiquement au doigt et à l’œil de la Belgique, réussit à soustraire ce pays sous-continent au cœur de l’Afrique à l’influence politique et diplomatique de Bruxelles pour l’arrimer définitivement à la vision globale de Washington dans le cadre de la guerre froide issue de l’ordre bipolaire de Yalta schématisé en février 1945. Ce partage du monde en zones d’influence tant politique et idéologique que militaire et économique est bel et bien dessiné par l’Américain Franklin Delanoë Roosevelt, le Britannique Winston Churchill et le Soviétique Joseph Staline.
[47] Cette parenthèse despotique ouverte par le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre a bel et bien duré 32 ans. Elle est, cependant, brutalement fermée le samedi 17 mai 1997 par le rebelle postléniniste ou poststaliniste et, surtout, postmaoïste Mzee Laurent-Désiré Kabila. Ironie du sort, ce chef soudard postmarxiste et aussi stakhanoviste des guerres de libération nationale en Afrique noire est au service exclusif des mêmes puissants intérêts politiques et économiques qui ont, pourtant, placé Mobutu au pouvoir en RDC, en 1965.
[48] Lors d’une adresse mémorable et solennelle à la Nation en 1966, Mobutu avait, plutôt, promis le retour des civils au pouvoir politique en 1970.
[49] Article 4 de la constitution du 24 juin 1967.
[50] Mobutu Sese Seko du Zaïre a été propulsé au pouvoir à Kinshasa par de puissants intérêts internationaux dont la Belgique et les États-Unis dans le dessein de trucider le projet d’État-Nation, d’ailleurs, promu par la classe d’évolués ou immatriculés (acculturés ou aliénés mentaux) en vue de substituer le projet colonial mis en avant par la Belgique.
[51] La République démocratique du Congo est, par définition, un kaléidoscope culturel, une mosaïque traditionnelle.
[52] À ce moment précis, cette entreprise partisane n’est pas encore décrétée ‘‘parti unique’’. Elle est, certes, la seule et unique formation politique tolérée puisqu’elle a effectivement reçu le quitus du régime militaire dont l’incarnation est le lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu et qui en est également le cofondateur. Elle est, à vrai dire, la seule et unique formation politique en activité dans la mesure où toutes les autres organisations politiques ont été dissoutes lors de la mise en orbite de la dictature mobutienne par le haut commandement militaire (HCM) lors du fameux putsch militaire du 24 novembre 1965.
[53] Cet organe suprême du parti est présidé par Mobutu Sese Seko du Zaïre en qualité de président-fondateur du MPR.
[54] Il s’agit d’une stratégie politique tendant à asseoir un régime monocratique et dictatorial par la volonté d’épurer toute possibilité oppositionnelle au pays.
[55] Elle ne tient aucunement compte de la force de l’identité forgée par le nom dans la construction de la personnalité d’un individu. Elle ne tient pas du tout compte du rôle psychologique joué par le nom dans l’acceptation de soi en tant qu’être humain.
[56] Le changement de nom et l’attribution de nouvelles cartes d’identité nationale ont, en fait, pour objectif d’embrigader les Congolais devenus Zaïrois dans le MPR. Il s’agit d’en faire moins des citoyens d’un État que des membres fidèles au parti, à une organisation politique. À ce propos, le despote zaïrois a toujours défini le MPR comme un parti-Nation. C’est-à-dire : un parti qui crée la Nation au point de se confondre avec elle, son histoire et son destin. À ce niveau, le parti se substitue à la Nation parce qu’elle est la Nation par excellence. À ne pas confondre avec un parti national qui, par définition, appartient à la Nation, qui est issue de la volonté nationale, qui est en fait l’émanation de la Nation, qui en fait partie en tant qu’organe de diffusion des idées de la Nation et instrument de conquête du pouvoir incarné par la Nation.
[57] Mobutu Sese Seko du Zaïre se pavane journellement comme un paon avec une toque de léopard vissée sur sa tête. Il tient également dans sa main une canne en bois incrustée de totems à l’image des chefs traditionnels et coutumiers.
[58] Mobutu Sese Seko du Zaïre ne répond de ses méfaits et forfaits que devant les ancêtres ou les esprits. Son pouvoir dépasse le seul cadre physique et matériel. Il est plutôt surnaturel et non point spirituel. Celui-ci n’émane directement pas de dieu mais des ancêtres protecteurs de la collectivité étatique.
[59] ‘‘Moyi’’ veut dire en lingala – langue vernaculaire parlée majoritairement dans les provinces du Nord et les régions de l’Ouest de la République démocratique du Congo – ‘‘Soleil’’ ou Astre lumineux gouvernant le jour.
[60] Les représentants coutumiers et traditionnels des ethnies équatoriales ‘‘mongo’’ et ‘‘ngandie’’ ont personnellement participé à cette mascarade.
[61] Burundi, Rwanda et Ouganda.
[62] À cette période trouble, c’est, plutôt, l’acte constitutionnel de la Transition du 9 avril 1994 adopté par le Haut conseil de la République – parlement de la transition (HCR-PT) – qui est résolument en vigueur. Pour s’être substitué à l’Acte fondamental portant dispositions constitutionnelles de Transition du 4 août 1992, ce texte fort controversé a été imposé par les forces mobutistes, très soucieuses de revenir aux affaires publiques et gouvernementales de l’État, à la suite d’un putsch politique orchestré par des puissances ténébreuses et la mafia internationale.
[63] La charte de l’AFDL sert de constitution ou de ligne directrice pour la gestion éhontée des affaires gouvernementales du pays.
[64] Le gangstérisme de l’État a été au cœur de l’entreprise politique mobutienne.
[65] Mzee Laurent-Désiré Kabila qui était, en réalité, moins un chef d’État qu’un trafiquant, négociait au palais présidentiel des matières premières qui lui revenaient de droit selon l’entendement subjectif de la logique contrebandière du régime. Dans maints cas, ces biens matériels étaient violemment rançonnés auprès des citoyens sans défense judiciaire et sans protection légale. L’exemple-type de ce rançonnement brutal aux fins de contrebande est le diamant appartenant au négociant et trafiquant Alphonse Ngoyi Kasanji, futur gouverneur de la province du Kasaï oriental sous le leadership défaillant de Joseph Kabila Kabange.
[66] Sous la colonisation belge, l’exemple le plus emblématique de cette mesure de relégation intérieure est bien entendu l’éloignement du prophète Simon Kimbangu déporté à Élisabethville (Lubumbashi) en 1920. Il y est finalement décédé en 1956. Sous la tyrannie mobutiste, Étienne Tshisekedi wa Mulumba a été plusieurs fois relégué à l’intérieur du pays. À titre punitif, il a été, à maintes reprises, exilé dans les coins les plus reculés de la République démocratique du Congo pour l’empêcher de contester dans la capitale le pouvoir ubuesque du Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre. D’ailleurs, sous la dictature révolutionnaire de Mzee Laurent-Désiré Kabila, cet opposant historique a bel et bien connu un régime similaire de privation de liberté et de compression des droits humains fondamentaux.
[67] La majorité des affaires, même celles qui relèvent exclusivement des tribunaux civils ou des cours criminelles, sont pourtant traitées par des juridictions de l’ordre militaire.
[68] Le Maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko du Zaïre utilisait abusivement les forces armées zaïroises (FAZ) pour éteindre toute contestation politique ou restreindre des libertés publiques. De son côté, le rebelle Laurent-Désiré Kabila utilisait plutôt l’appareil judiciaire (la cour d’ordre militaire) en vue de régler des comptes politiques. Quant à lui, Joseph Kabila Kabange utilisait la police politique ou les services de sécurité pour émasculer toute opposition politique à son régime éteignoir. Toutefois, au début de sa présidence imposée par de puissants intérêts internationaux que constitue réellement la Troïka (la Belgique, la France et les États-Unis), ce jeune tyran[nosaure] a utilisé la répression judiciaire pour asseoir son pouvoir fragile et vivement contesté. Il a excessivement utilisé la cour d’ordre militaire pour prononcer plus vite que l’ombre judiciaire la peine capitale. L’objectif poursuivi de cette stratégie macabre consistait certes à faire littéralement peur aux Congolaises et Congolais, à les faire taire à jamais. Il sied de souligner que ceux-ci sont, pourtant, définitivement animés par l’ouverture politique. Ils sont manifestement bercés par des revendications démocratiques légitimes depuis les années quatre-vingts.
[69] La justice congolaise est entièrement expurgée de la notion cardinale d’équité. C’est, plutôt, le principe d’application immédiate de la peine qui est pratiquée. Celui-ci prévaut même en cas d’exécution de la peine de mort. C’est le régime de terreur à la Maximilien de Robespierre dans la mesure où le juge est systématiquement réduit à la seule fonction de punir dans la société et non de rendre réellement une décision équitable résultant d’une intime conviction. Donc, dans les circonstances, la guillotine est remplacée par les pelotons d’exécution à outrance. Toutefois, sous Joseph Kabila Kabange, après un début qui n’est pas sans rappeler un appétit révolutionnaire pour le versement et le goût du sang des condamnés, un moratoire sur la potence sera finalement décrété. Celui-ci tient jusqu’à ce jour.
[70] Cet État géant d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains devient pratiquement la vache à lait des dirigeants politiques, administratifs et gouvernementaux. Rivalisant de stratagèmes afin de s’enrichir de manière illicite, ceux-ci instaurent, toute honte bue, un système de pillage tous azimuts des richesses étatiques. Le pays dont les immenses ressources minérales et naturelles autant que précieuses et stratégiques sont bradées à qui mieux mieux, est, ainsi, transformé en simple bien privé. Plusieurs scandales de corruption ou affaires de spoliation sont, à ce propos, mis au jour : le projet agro-pastoral ou projet agroindustriel de Bukangalonzo, affaire Rawbank, Panama Papers, affaire GoPass pour la construction d’un nouvel aérodrome à la capitale Kinshasa, Gécamines, détournement des devises étrangères de la Banque centrale, contrebande de matières premières (diamant, uranium, or, coltan), SNCC, contrebande d’animaux (chimpanzés, gorilles, rhinocéros,…) et de produits animaliers (ivoires d’éléphants, cornes de rhinocéros, peaux de bêtes sauvages), etc. Toutes celles et tous ceux qui tentent de faire fuiter ces scandales à répétition sont traqués par la police politique au service du clan Kabila et du pouvoir en place. À titre d’exemple : l’opérateur financier Jean-Jacques Lumumba – [neveu du père de l’indépendance nationale] – qui, dans l’affaire ‘‘Égal’’, révèle, bien entendu, la connexion étroite entre trafics d’armes et attribution des marchés publics de gré à gré, donc sans appels d’offre formels. Une connexion étroite entre la mafia internationale et le clan doublement familial et politique de Kabila. À cause de cette affaire sulfureuse qui met manifestement en relief les pratiques de corruption qui paralysent le développement du pays, le lanceur d’alerte Jean-Jacques Lumumba du groupe bancaire IGFIBank est, finalement, contraint à l’exil. Il trouve refuge en France.
[71] La mafia internationale prend le contrôle effectif de la République démocratique du Congo (RDC) par l’entremise de ses tentacules internes.
[72] C’est déjà un ‘‘non-sens’’ d’affirmer que le PPRD de triste mémoire a, vraiment, vu le jour à la suite d’une subversion constitutionnelle. Ce qui est sûr et certain, Laurent-Désiré Kabila a été l’objet d’un coup d’État sanglant impliquant bon nombre d’intérêts internationaux et régionaux dont l’Afrique du Sud, l’Angola, la Belgique, les États-Unis d’Amérique, la France, Israël, l’Ouganda, le Rwanda, le Zimbabwe. En effet, Joseph Kabila Kabange a, assurément, pris le pouvoir au moment où le pays est géré sans le moindre respect d’un texte qui est, de prime abord, et par nature, constitutionnel. À ce propos, la charte fondamentale de la Transition qui régissait, certes, les affaires politiques et gouvernementales de l’État, a été suspendue sine die le samedi 17 mai 1997. Celle-ci a été définitivement écartée lors du renversement du régime évanescent incarné par le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre directement issu de la conférence nationale souveraine (CNS).
[73] Ce conflit militaire de basse intensité avait tout de même réussi à balkaniser le pays en maints territoires de tailles diverses.
[74] Le Nord de la République démocratique du Congo (RDC) est entre les mains exclusives de l’affairiste postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo du Mouvement de libération du Congo (MLC). Ce chef de guerre est, en réalité, fabriqué de toutes pièces et parrainé par l’Ouganda. L’Est qui est le ventre mou du pays en matière de paix et de sécurité, est occupé par le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Appuyée par le Rwanda, cette rébellion armée a pour secrétaire général Azarias Ruberwa Manywa. L’Ouest est, plutôt, dirigé par la faction belligérante de Kinshasa incarnée par Joseph Kabila Kabange, unanimement reconnue par tous les membres de la communauté internationale comme le gouvernement légal de l’État.
[75] C’est en fait l’accord de paix intercongolais de Pretoria du 17 décembre 2002 dûment complété par des arrangements particuliers de Sun City du 2 avril 2003 qui met un terme au conflit militaire ayant ravagé la République démocratique du Congo de 1998 à 2003. Cette guerre civile, d’ailleurs, alimentée par des multinationales occidentales prend fin pour laisser place au processus politique transitionnel qui culmine par la tenue d’élections législatives et présidentielle des 31 juillet et 30 octobre 2006.
[76] Les factions armées et mouvements rebelles sont appelés à se saborder en partis politiques.
[77] La fondation du PPRD intervient politiquement dans le contexte du Dialogue intercongolais (DIC) en Afrique du Sud. Les résolutions adoptées au cours de ces négociations entre Congolais poussent les différentes factions rebelles à se métamorphoser en formations politiques.
[78] Il importe de mentionner que ce dirigeant tyrannique fut imposé le vendredi 26 janvier 2001 au plus haut sommet du pouvoir d’État par nombre de puissants intérêts angolais, américains, belges, sud-africains et zimbabwéens à la suite de la mort brutale de son beau-père Mzee Laurent-Désiré Kabila. Ce rebelle devenu président autoproclamé le samedi 17 mai 1997 a été lâchement et sauvagement assassiné au Palais de Marbre à Kinshasa le mardi 16 janvier 2001. Ce meurtre non encore élucidé à ce jour est manifestement intervenu bien avant qu’il ait honoré un rendez-vous d’affaires avec une délégation iranienne dont la mission primordiale consistait à conclure l’achat de l’uranium enrichi du Katanga.
[79] Après le scrutin présidentiel qui consacre la victoire de Joseph Kabila Kabange face au rebelle postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo du MLC et les élections législatives qui consacrent le PPRD comme un parti politique dominant de l’échiquier national, Kabila et le PPRD se résolvent à partager le pouvoir avec certains alliés sans envergure dont le Parti lumumbiste unifié (PALU).
[80] Aimée Kabila (fille biologique de Mzee Laurent-Désiré Kabila), l’activiste des droits humains Floribert Chebeya Bahizire et son chauffeur Fidèle Bazana, les journalistes Louis Bapuwa Mwamba, Franck Kangundu, dit Franck Ngycke et Didace Namujimbo, Serge Maheshe, Armand Tungulu, le 6e chef coutumier et traditionnel du clan des Bajila Kasanga (Kasaï occidental) Kamwina Nsapu (Jean-Prince Mpandi), les partisans du parti politico-religieux Bundu dia Kongo.
[81] Le député national Franck Diongo Shamba du Mouvement lumumbiste progressiste (MLP), le ministre Eugène Diomi Ndongala de la Convention des démocrates chrétiens (CDC), le gouverneur Moïse Katumbi Chapwe du Katanga, le bâtonnier du barreau de Lubumbashi Jean-Claude Muyambo Kyassa, le tonitruant député provincial de Kinshasa Gérard Kongolo wa Kongolo (GECOCO), Me Firmin Yangambi Libote, Gabriel Mokia Mandembo, Jean-Baptiste Ewanga Isewanga Iwoka, Simon-Huit Mulongo Kalonda-Ba-Mpeta, les activistes Carbone Beni wa Beya, Gloria Sengha Panda Shala, Musasa Tshibanda, les membres des groupes de pression et de défense des droits humains Lucha (Lutte pour le changement) et Filimbi. À cette liste des notables locaux ou personnalités connues, il faut ajouter les très nombreux sympathisants et militants de la liberté et de la démocratie. Ceux-ci proviennent, en vérité, majoritairement ou pratiquement tous de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
[82] Les fosses communes sont, en fait, devenues la marque déposée du pouvoir politique de Joseph Kabila Kabange. Les organismes des droits humains fondamentaux et des experts internationaux en dénombrent des centaines voire des milliers sur l’ensemble du territoire national.
[83] Le génocide des partisans politico-religieux de Bundu dia Kongo et des ressortissants kasaïens placés sous l’autorité du chef coutumier et traditionnel Jean-Prince Mpandi, dit ‘‘Kamwina Nsapu’’.
[84] Thérèse Kapangala, Rossy Mukendi Tshimanga.
[85] Moïse Katumbi Chapwe, Antoine Gabriel Kyungu wa Ku Mwanza.
[86] Bruno Tshibala Nzenzhe, Théophile Mbemba Fundu, Sammy Badibanga Ntita et Valentin Mubake Numbi de l’UDPS, Thomas Luhaka Losenjola et François Mwamba Tshishimbi du MLC, etc.
[87] La répression brutale s’est toujours abattue sur de nombreux adhérents de l’UDPS qui ont incontestablement payé un lourd tribut dans la lutte politique pour l’assise d’un État de droit démocratique et républicain. Arrestations arbitraires, séquestrations dans les geôles de la police politique, assassinats des militants, plasticage terroriste des locaux du parti et occupations illégales de la permanence du Parti, etc., sont les prix constamment payés par l’UDPS dans sa lutte pour défaire la tyrannie.
[88] Bon nombre de manifestations légales de l’UDPS et légitimes de la population ont toujours été réprimées dans le sang. À titre d’exemple : la manifestation du 19 décembre 2016 réclamant le respect rigoureux de la constitution du 18 février 2006 par le président Joseph Kabila Kabange, d’ailleurs, limité à deux mandats constitutionnels et tenté de modifier ce texte fondamental en vue de se représenter à sa propre succession.
[89] Pourtant inscrite noir sur blanc dans la constitution sans restriction aucune, la liberté de manifester dévolue à toute personne qui voudrait s’en prévaloir pour défendre ses intérêts primordiaux, est, à ce point, interprétée abusivement par les tenants du pouvoir d’État, et ce à n’importe quel échelon. D’où sa limitation arbitraire dans le strict but d’étouffer la démocratie et de tordre la liberté toutefois au cœur de la vie politique et nationale.
[90] C’est, généralement, le comportement des partis politiques qui se réclament de l’opposition au pouvoir.
[91] Autorisation administrative de fonctionnement politique.
[92] La plupart de ces organisations partisanes et entreprises politiques, d’ailleurs, agréées par le ministère de l’intérieur appartiennent à de simples individus, fussent-ils hommes publics ou hommes politiques, certes influents mais fabriqués par de puissants intérêts soit nationaux soit internationaux dans l’unique optique de peser lourdement sur la vie de la Nation. Les seuls adhérents leur reconnus sont souventes fois des proches ou membres de la famille de leurs leaders.
[93] Les Congolais utilisent couramment le terme ‘‘Ligablo’’ pour désigner un parti politique. En lingala, langue parlée au Nord et à l’Ouest du pays, ce terme signifie petit commerce, étal, échoppe.
[94] Pouvoir économique, pouvoir financier et pouvoir politique.
[95] Cette logique de gouvernance politique et de gestion administrative est, certainement, observée par le despotisme mobutiste et la tyrannie joséphiste.
[96] Ceci est entièrement vrai du Multimobutisme (pluralisme sous le despotisme du Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre) tout comme du Multijoséphisme ou Multikabilisme (pluralisme sous la tyrannie de Joseph Kabila Kabange). En effet, le pluralisme politique est, en vérité, un trompe-l’œil. C’est, en réalité, une opération de camouflage. Il sert, évidemment, à masquer la confiscation du pouvoir d’État par le tyran et tout son clan affairiste. La plupart des partis au pouvoir sont visiblement des appendices du régime. Ils sont incontestablement des satellites fabriqués artificiellement par le gouvernement ou le régime en place dans le but de donner politiquement l’illusion démocratique du multipartisme.
[97] Joseph Kabila Kabange.
[98] Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI).
[99] Des ministres qui reçoivent directement leurs directives de Joseph Kabila Kabange (le fameux Ye Meyi) ou reçoivent ouvertement leurs ordres des conseillers de l’ex-tyran (Néhémie Mwilanya Wilondja, Emmanuel Shadary Ramazani, Aubin Minaku Ndjalandjoko), sabotent sans états d’âme toutes les décisions du nouveau chef de l’État (Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo). Ils rechignent manifestement à exécuter toutes ses ordonnances. Le parlement (Le présidentdu sénat Alexis Thambwe Mwamba et la présidente de l’assemblée nationale Jeannine Mabunda Lioko Mudiayi), d’ailleurs, favorable à l’ancien président de la République démocratique du Congo, engage un véritable bras de fer avec le nouveau pouvoir. L’objectif réellement poursuivi par ces deux complices membres du PPRD et du FCC, et surtout très proches de Kabila Kabange, est de paralyser tous azimuts l’action politique du chef de l’État dans l’espoir de mécontenter une population, d’ailleurs, totalement acquise au nouveau régime. Ces deux plus hauts personnages de l’État projettent même de le faire tomber en manigançant un congrès de destitution manifestement fantaisiste.
[100] En l’occurrence un État démocratique, et donc un régime politique, sensiblement orienté vers le développement et le progrès.
[101] L’expression ‘‘État de droit’’ ne saurait être réduite voire appliquée qu’aux États qui ont certes pour régime politique la démocratie libérale. En effet, tous les États du monde, quels qu’ils soient, sont, à vrai dire, des États de droit. Ce qui les différencie fortement, est bien entendu la teneur de ce droit. Celui-ci peut prendre plusieurs visages. Ce droit peut, en effet, être démocratique puisque fondé sur la démocratie politique. Il peut être révolutionnaire puisque directement issu d’un processus révolutionnaire : processus de libération nationale ou rébellion militaire [‘‘processus de lutte armée’’]. Il peut être dictatorial puisque manifestement inspiré par une entreprise de type tyrannique ou totalitaire, tout comme influencé par une entreprise de type despotique éclairé ou obscurantiste.
[102] Le pouvoir n’est pas non plus au service d’une minorité de type clanique ou affairiste (maffieuse). En réalité, le discours de l’État de droit démocratique mis en avant par le nouveau régime politique annonce la fin de la privatisation de l’institution judiciaire au profit d’une clique d’individus. Ce groupe de criminels véreux a pratiquement pris en otage la collectivité publique. Il se sert malheureusement de cette entité pour garantir ses intérêts mesquins et, ainsi, brimer les droits fondamentaux de la multitude.
[103] En d’autres termes, selon la conception du pouvoir en place qui est de sensibilité social-démocrate, un État de droit démocratique est, par définition, un État qui assure non seulement des droits politiques mais également des droits économiques et sociaux à l’ensemble de ses ressortissants. C’est, en réalité, un État qui partage de manière équitable les richesses nationales à l’ensemble de la population.
[104] Le césarisme de Mobutu Sese Seko du Zaïre.
[105] Le régime brutal des Kabila.
[106] Le très faible taux d’alphabétisme, la pauvreté, la misère, le poids des traditions socioculturelles (les coutumes ancestrales, les mentalités rétrogrades, les croyances religieuses, etc.),
[107] Les factions militaires lumumbistes et nationalistes dirigées par Christophe Gbenye, Antoine Gizenga Fundji, Gaston Soumialot et Pierre Mulele ou Laurent-Désiré Kabila avaient pris les armes entre 1961 et 1964 dans le but de restaurer le gouvernement légal et légitime de Patrice-Emery Lumumba. Il convient de relever que celui-ci a été politiquement évincé par le président Joseph Kasa-Vubu le 5 septembre 1960. Par ailleurs, ce chef du gouvernement nationaliste a été lâchement assassiné à Élisabethville le 17 janvier 1961. Il n’a donc pu poursuivre son œuvre du démantèlement des poches de résistance coloniale en République démocratique du Congo et des réseaux réactionnaires qui y sont reliés.
[108] La Province orientale dont le chef-lieu est, en principe, Stanleyville, aujourd’hui Kisangani. Cette ville présente cette particularité et cette singularité d’être en réalité le bastion politique et idéologique de Patrice Emery Lumumba.
[109] La province du Grand-Kivu et celle orientale sont en proie à la rébellion armée des Maï-Maï qui croient pratiquement en des pouvoirs surnaturels les rendant invulnérables aux balles ennemies. Toutes ces factions rebelles qui occupent le secteur de Fizi-Baraka et le maquis de Hewa Bora, refusent catégoriquement le gouvernement d’union nationale dirigé par le syndicaliste Cyrille Adoula. Cette personnalité de premier plan est propulsée au pouvoir politique par la Belgique et les États-Unis sous le couvert du Conclave de Lovanium (Université catholique de Léopoldville [Kinshasa]) de 1961.
[110] Le Sud-Est voit proliférer les guerriers ‘‘SIMBA’’, lion en swahili. Cette faction armée antimobutiste fleurit, en effet, sous la férule de Gaston Soumialot. Toutefois, après la défection de ce ministre de la défense de la république de Stanleyville à la suite de l’intervention militaire des para-commandos belges en novembre 1964, Mzee Laurent-Désiré Kabila qui dirige le parti révolutionnaire du peuple (PRP) récupère ce mythique mouvement armé. Signe de détente, ce groupe rebelle se résout à passer, plutôt, la majeure partie de son temps à exploiter les mines d’or qui pullulent dans la région de l’Est. Il se résout à faire la contrebande des matières naturelles et animales qu’à lutter réellement contre les forces armées zaïroises (FAZ).
[111] Dans les territoires de Kwango et Kwilu, Pierre Mulele a mené la vie dure aux forces loyalistes encadrées le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu. Ce mercenaire de la Belgique et des États-Unis a pris les rênes de l’armée nationale congolaise (ANC) après l’éviction du commandant en chef, le lieutenant-général Victor Lundula. Il sied de noter que ce personnage militaire de haut rang a été révoqué le même jour que le héros national Patrice Emery Lumumba par le président Joseph Kasa-Vubu le 5 septembre 1960.
[112] Les factions lumumbistes et nationalistes revendiquent ouvertement la libération du Peuple congolais d’un pouvoir politique qui incarne sur le terrain la continuité de l’autorité coloniale. Elles réclament la mise en place d’un pouvoir qui symbolise assurément la liberté du peuple et non point la sujétion colonialiste ou impérialiste. En d’autres termes, elles revendiquent ouvertement l’établissement d’un gouvernement qui défend réellement les intérêts fondamentaux du sanctuaire national, la souveraineté de l’État et non point le bradage de toutes ressources étatiques et l’oppression des droits du peuple.
[113] Ce sont, en fait, des factions armées qui se réclament, d’ailleurs, très ouvertement de l’héritage indépendantiste de Patrice Emery Lumumba.
[114] L’idéologie de l’État de droit démocratique renvoie à la notion cardinale des droits fondamentaux de la personne humaine. La République démocratique du Congo ne l’est vraiment point à sa naissance, à l’époque de la proclamation de l’indépendance par la Belgique. À ce moment précis, ce pays conserve intégralement les vieux réflexes de l’oppression coloniale. Le sort macabre réservé à Lumumba en témoigne abondamment. Tout comme le destin des populations du Sud-Kasaï massacrées par l’armée nationale congolaise (ANC).
[115] Le baromètre qui permet de définir voire de reconnaître la qualité démocratique de la République démocratique du Congo, est la multitude d’entreprises politiques sur le champ national. Ces familles politiques doivent être autonomes. Dans leur fonctionnement, elles doivent être indépendantes les unes des autres. À ce niveau, ce qui compte vraiment, est la multiplicité des acteurs dans l’espace politique. Ceux-ci doivent défendre une idéologie et, surtout, disposer d’une clientèle politique disséminée sur l’ensemble du territoire national.
[116] Force est de rappeler que Mobutu a connu trois types de rébellions politico-militaires à trois époques différentes. Il s’agit des rébellions à saveur nationaliste et lumumbiste. Celles-ci se sont plus ou moins intensifiées dans l’Est du pays de 1964 à 1984. Pour mettre au pas le régime politique et militaire de Mobutu, ces factions armées ont bel et bien reçu dans le cadre de la guerre froide l’assistance technique et logistique des pays du défunt pacte de Varsovie .Y compris l’aide précieuse des États progressistes africains. À savoir : l’Égypte, l’Ouganda, le Soudan, la Tanzanie, etc. Toujours, sous l’empire de la guerre froide issue de l’ordre bipolaire de Yalta, Mobutu a été militairement déstabilisé à deux reprises par les fameux ‘‘Tigres’’ katangais en 1978 et 1979. Cette agression armée favorisée par le bloc de l’Est et l’Angola a nécessité l’intervention du Maroc et, surtout, de la France dans le cadre stratégique et sécuritaire de l’OTAN. Ce qui a, sans aucun doute, permis à Mobutu de respirer de nouveau. Par ailleurs, ce tyran africain de triste mémoire a connu, dans le cadre de la mondialisation des marchés, une rébellion politico-militaire qui a violemment emporté son régime funeste le samedi 17 mai 1997. Cette agression armée avait naturellement pour objectif central la mainmise du pouvoir économique et financier anglo-saxon sur la République démocratique du Congo. Sur le terrain des hostilités, celle-ci a été rendue possible par la couverture de trois pays limitrophes. À savoir : le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda qui ont instrumentalisé la soi-disant révolte armée des Tutsis rwandophones, communément appelés Banyamulenges, réclamant la nationalité congolaise.
[117] Le despote Mobutu Sese Seko du Zaïre est soutenu logistiquement et techniquement, y compris diplomatiquement et économiquement (financièrement), par l’Occident chrétien qui refuse l’émancipation de la Nation congolaise et dont le fondé de pouvoir en Afrique centrale est la Belgique en tant qu’ancienne puissance coloniale.
[118] Il ne fait aucun doute que ce meurtre sordide dont le vrai objectif fut de racheter l’indépendance de la République démocratique du Congo, fut décidé par la Belgique et les États-Unis. Ce qui est clair, son éviction politique a nécessité au niveau diplomatique la participation à des divers degrés de la Grande-Bretagne et de la France.
[119] Ancienne dénomination de la ville cuprifère de Lubumbashi.
[120] Ce sont effectivement les forces de défense et de sécurité commises au Maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko du Zaïre et totalement équipées par la CIA qui ont intercepté le 2 décembre 1960 à Lodi, dans le territoire de Sankuru, le Premier ministre déchu Patrice Emery Lumumba. Celles-ci l’ont directement acheminé à Léopoldville (Kinshasa) pour l’exhiber comme un trophée de guerre. Elles l’ont ensuite interné à Thysville (Mbanza-Ngungu), dans le Bas-Congo. Il y a lieu de mentionner que ce personnage politique était certes en fuite vers Stanleyville (Kisangani), dans la province orientale, en vue de retrouver très rapidement la majorité de ses partisans et fidèles. Ceux-ci s’y regroupaient pour fuir naturellement la menace sécuritaire qui pesait très lourdement sur eux et que représentait littéralement le pouvoir de Léopoldville (le Collège des commissaires généraux) à la solde exclusive du pouvoir colonial belge.
[121] Mobutu a toujours été perçu comme un vilain traître par les partisans lumumbistes pour avoir été secrétaire général du gouvernement dirigé par Patrice Emery Lumumba. Sans compter que ce personnage politique l’avait aussi nommé au grade de lieutenant-colonel au sein de l’armée nationale congolaise (ANC).
[122] Les forces armées sécessionnistes katangaises et tschombistes sont souvent identifiées par le surnom de Tigres. Elles sont coachées par des instructeurs cubains et est-allemands. Celles-ci ont été impliquées de bout en bout dans les négociations ayant servi à l’invasion de la République démocratique du Congo, à l’époque Zaïre. Ces réunions sont discrètement tenues dans la ville sudiste et désertique de Ghardaïa. Y participaient physiquement les services secrets algériens, angolais et russes. Un détail très important mérite d’être signalé : ‘‘Bien avant le début des hostilités armées au Katanga entre les factions tschombistes katangaises et les forces mobutistes, l’URSS a commencé, en réalité, à acheter en cascade tout le cobalt mis en vente sur les marchés internationaux’’. Un détail qui n’a véritablement pas attirer l’attention des services secrets occidentaux (Wikipédia).
[123] Le leader sécessionniste katangais Moïse Kapenda Tschombe est mort à Alger le 29 juin 1969 après avoir été livré par des malfrats belges transformés pour la circonstance en kidnappeurs terroristes. Ceux-ci avaient détourné l’avion transportant ce personnage politique congolais vers l’Algérie dirigée à cette époque d’une main de fer par le président Mohamed Boukherouba, alias ‘‘Houari Boumedienne’’. Tschombe est mort, officiellement, d’une crise cardiaque mais officieusement d’inanition de faim pour avoir été privé de nourriture pendant plus d’une cinquantaine de jours. Dans un premier temps enterré au cimetière chrétien d’Alger, il est finalement exhumé puis inhumé à Bruxelles où sa dépouille mortelle a été finalement expédiée. Au cours de cette opération d’enlèvement de Moïse Kapenda Tschombe à Marbella en Espagne, d’ailleurs pilotée conjointement par des services secrets ‘‘belges’’ et ‘‘congolais’’, ceux-ci ont reçu à cet égard un précieux coup de main du transfuge lumumbiste et nationaliste Bernardin Mungul Diaka, alias Gihuda (Serpent). À ce moment précis, ce sous-fifre mobutiste est, plutôt, ambassadeur à Bruxelles. Il convient de noter que cet homme de paille est, en effet, devenu officiellement, après l’assassinat brutal de Patrice Emery Lumumba par les forces mobutistes et tschombistes, un agent servile et, surtout, un dignitaire du Mobutisme tyrannique. Il sied également de mentionner que Bernardin Mungul Diaka a permis, à l’époque tumultueuse de la Conférence nationale souveraine (CNS) en 1991, au despote Mobutu Sese Seko du Zaïre, de pratiquement jouer les prolongations de son régime vermoulu, évanescent. Ainsi l’atteste-t-il fermement Félix Vundwawe te Pemako (VTP), ancien commissaire d’État (ministre) chargé de l’intérieur (administration du territoire et collectivités locales).
[124] Selon des sources dignes de bonne foi, toutefois non confirmées par des sources indépendantes, le commandant Tshipola de fameux ‘‘Tigres katangais’’ a été plutôt brûlé vif. Il n’a pas été passé par les armes. Il est passé au bûcher sur ordre formel de la hiérarchie militaire.
[125] En l’occurrence le cuivre et le cobalt en très forte demande.
[126] L’objectif réellement poursuivi par les forces sécessionnistes et tschombistes n’était pas uniquement la conquête militaire de la ville de Kolwezi, mais plutôt la prise de la base de développement et de lancement Shaba Nord (Centre de lancement Kapani Tonneo) de fusées et de satellites OTRAG située dans le nord du Shaba. Source Wikipédia.
[127] Mobutu était l’homme-lige de l’Occident. En qualité d’homme providentiel, il a été placé au pouvoir dans l’ex-Zaïre pour contrecarrer la percée du double communisme ‘‘chinois’’ et ‘‘soviétique’’.
[128] Autant le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre a, dans le cadre formel de la CNS, catégoriquement refusé à Étienne Tshisekedi wa Mulumba de gouverner en tant que premier ministre, autant il a permis à Léon Lobitch Kengo wa Dondo de mener à bien sa politique gouvernementale. Ce dernier bénéficiait de l’appui solide de la communauté internationale. Toutefois, ironie du sort, c’est le même gouvernement Kengo qui, de mèche avec la rébellion armée de l’AFDL logistiquement et techniquement soutenue par le Burundi du major Pierre Buyoya, l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni et le Rwanda de Pasteur Bizimungu, a très largement contribué à sa défenestration de la vie nationale, à son éviction de la vie politique et, surtout, à son éjection définitive du pays.
[129] Cette faction rebelle prorwandaise dont l’acronyme est le CNDP, est un résidu du rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) dont le centre névralgique est à vrai dire Kigali. Dirigé par nul autre que le général-pasteur Laurent Nkundabatware Mihigo, alias Laurent Nkunda, ce mouvement politico-armé très actif dans l’Est du pays avait, en fait, pour objectif primordial le démantèlement complet des poches de résistance tenues en terre congolaise par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), par définition un bras armé de réfugiés hutus rwandais accusés de crime de génocide commis au Rwanda en 1994. Ce CNDP de triste mémoire n’avait aucunement l’intention de faire tomber militairement le régime politique de Kinshasa, d’ailleurs, incarné par Joseph Kabila Kabange. Son obsession paranoïaque fut, plutôt, d’émasculer la rébellion hutue rwandaise (les tristement célèbres Interhamwes) dont la base-arrière était jusqu’à preuve du contraire la République démocratique du Congo (RDC).
[130] Nkunda, gendarme des puissants groupes opposés à l’entrée de la Chine au Congo, Forum International pour la Vérité et la Justice dans l’Afrique des Grands Lacs, 24 novembre 2008.
[131] Le M23 est la continuité politique et militaire du CNDP. C’est, en réalité, un CNDP totalement recyclé en un groupe spécialisé dans la contrebande de minerais.
[132] Le conclave de Lovanium de 1961 a été plutôt conçu par des stratèges occidentaux et leurs satrapes locaux comme un piège à gibier servant à étouffer complètement et même définitivement l’action politique et le discours idéologique des partisans lumumbistes et nationalistes.
[133] La prise en otage du Dialogue intercongolais (DIC) en Afrique du Sud par les forces belligérantes par la déviation voire la non-application des résolutions pourtant adoptées par voie de consensus. À ce niveau, il faut également souligner la signature du pacte clandestin entre le MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo et la faction gouvernementale de Kinshasa représentée par le général-major Joseph Kabila Kabange. Il s’agit de l’accord de l’hôtel des Cascades signé à la station balnéaire de Sun City (nord de Pretoria) le 2 avril 2002. Cet arrangement privé reposait sur le partage de pouvoir entre deux factions belligérantes au détriment d’une troisième force militaire (le Rassemblement congolais pour la démocratie ou RCD en sigle et proche du Rwanda). Il importe d’admettre que ce pacte clandestin avait pour effet logique et immédiat ‘‘la partition pure et simple de la République démocratique du Congo (RDC)’’.
[134] Il s’agit d’une révolution politique et pacifique dont l’enjeu primordial est l’émancipation de la représentation nationale vis-à-vis de la dictature mobutiste.
[135] La péninsule du Sinaï fut conquise par Israël lors de la guerre de six jours (du 5 au 10 juin 1967). Au cours de ce conflit armé impliquant trois États arabes et musulmans face à l’État hébreu, l’Égypte perdit la péninsule du Sinaï, la Syrie le plateau du Golan, la Jordanie la bande de Gaza. À cette époque effervescente de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre avait déjà perdu toute confiance de Washington pour sa gestion hasardeuse et malhabile du dossier angolais (perte de crédibilité stratégique auprès du Département d’État et du secrétaire d’État républicain Henri Kissinger). Aussi Mobutu avait-il perdu toute confiance du lobby juif des États-Unis et, surtout, d’Israël pour ses amitiés arabo-musulmanes et son alliance trop voyante et indéfectible avec Idi Amin Dada. Ce tyran des Grands Lacs africains avait, en effet, ouvert l’Ouganda à l’entraînement armé des terroristes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
[136] Le pain devient une denrée très rare en raison de la cessation immédiate des livraisons de blé subventionné par les États-Unis. De son côté, le Portugal humilié dans le concert des États cesse très rapidement de ravitailler le marché national zaïrois en divers produits de consommation alimentaire dont la dorade fraîche et la morue salée, deux types de poissons d’ailleurs très prisés par les ménages locaux. Quant à elle, l’Afrique du Sud, évidemment pointée du doigt par le dirigeant-despote zaïrois, cesse directement d’approvisionner le Zaïre en produits de mer, légumes frais et fruits frais (pommes, poires, raisins, oranges, etc.).
[137] La fameuse politique de Salongo qui consiste à réquisitionner la population pour accomplir certains travaux d’intérêt général, est décrétée après le périple présidentiel en République populaire de Chine (RPC) et République populaire et démocratique de Corée (RPDC) en 1973. Ceux-ci relèvent, en fait, des activités réalisées par des entreprises publiques ou étatiques dans le cadre de leur mission reconnue ou mandat public. À savoir : le désengorgement des égouts ou la désobstruction des caniveaux, le nettoyage des rues et espaces publics, etc. Cette politique fort inspirée du parti communiste chinois (PCC) cache, en réalité, les véritables défaillances techniques d’un État privé de compétences ou de ressources humaines. Il faut relever que cette entité publique (République du Zaïre) avait, préalablement, démis et renvoyé le personnel approprié commis à toutes ces tâches d’intérêt général. Celui-ci a, d’ailleurs, été congédié plus tôt par le pouvoir visiblement en manque de moyens économiques et financiers pour honorer ses revenus mensuels.
[138] Sous prétexte de promouvoir le grand Zaïre et de lui offrir une très grande vitrine dans le monde, Mobutu Sese Seko du Zaïre sponsorise un combat de boxe qui sert, plutôt, à dépouiller la banque centrale de devises étrangères et, par voie de conséquence, à aggraver la dette extérieure du pays.
[139] Un putsch militaire qui a servi à décapiter l’armée de ses meilleurs éléments nationalistes.
[140] Ces scrutins électoraux consacrent, en réalité, le retour inattendu des politiciens aguerris des années soixante. Ils consacrent, donc, le come-back des acteurs politiques de l’ère d’indépendance nationale (Joseph Ngalula Npandajila, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Bernardin Mungul Diaka). En fait, ceux-ci jouent au sein du parlement le rôle majeur d’une opposition officielle au régime. Accompagnés par une nouvelle génération (François-Xavier Marie Kalubye Mpoyi ou FX Beltchika), ils se distinguent toutefois dans les interpellations des ministres et mandataires publics dans le but de justifier les zones d’ombre qui caractérisent leurs mégestions toutes attribuées au Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre.
[141] Ces scrutins électoraux se déroulent exclusivement dans le cadre du Parti-État, le MPR.
[142] Pierre Mulele fut, en réalité, ministre de l’éducation nationale dans le gouvernement de Patrice Emery Lumumba en 1960. Ce cadre politique du Parti solidaire africain (PSA), un parti de coalition nationale, fut atrocement exécuté au camp militaire lieutenant-colonel N’Kokolo à Kinshasa par les militaires de l’ANC. Ceux-ci étaient effectivement placés sous les ordres stricts du lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu. Cet assassinat politique est, surtout, intervenu un jour après son retour d’exil à Léopoldville (Kinshasa). À ce moment précis, Pierre Mulele dont la mère Agnès Lwamba a également connu une fin atroce au cours de l’expédition punitive organisée par les FAZ mobutistes à Mulembe (elle fut taillée en pièces par la soldatesque zaïroise), provenait de Brazzaville (République voisine du Congo) où il s’était momentanément réfugié. Cet exilé notoire et bras droit de Patrice Emery Lumumba avait, lors de sa traversée fluviale vers Kinshasa, reçu toutes les garanties aussi bien politiques que diplomatiques pour sa sécurité physique. Y compris des assurances de Bruxelles et de Paris. Mais, le tyran zaïrois, fort connu pour ses volte-face spectaculaires, ne tint malheureusement point sa parole d’honneur. À cet égard, il a prétexté que les soldats enragés de l’ANC en raison de nombreuses mutilations subies par la rébellion armée muléliste voulaient à tout prix la peau de l’infortuné. Il avait, donc, le choix entre épargner la vie de Mulele et se confronter à une insurrection militaire.
[143] Congo-Zaïre : L’empire du crime permanent, massacre d’Idiofa de janvier 1978, quotidien Le Phare, 8 août 2013; Rapport de la Commission ‘‘Assassinats politiques’’ de la conférence nationale souveraine (CNS) de 1992.
[144] Les creuseurs de diamant de Katekelayi qui ont connu une fin tragique en 1979, sont manifestement confrontés à une société dont les débouchés en matière d’emploi sont pratiquement inexistants en raison de multiples restrictions imposées par le pouvoir central en matière de développement économique et de progrès social. Toutes ces victimes du Mobutisme anti-développement économique et anti-progrès social vivent continuellement dans une société dont les perspectives d’avenir sont complètement bouchées. C’est pour cette raison qu’ils se résolvent à exploiter le diamant de façon artisanale en vue de nouer finalement les deux bouts du mois. Cette débrouillardise des Citoyens du Kasaï Oriental a été interprétée par le pouvoir sanguinaire comme une infraction à la loi qui interdit aux Nationaux d’exploiter leurs propres richesses, donc de participer activement à l’épanouissement de leurs communautés respectives avec leur contribution personnelle. Il convient d’admettre que le Grand Kasaï n’a jamais été développé en raison de l’hostilité viscérale de tout pouvoir politique central parrainé par la Belgique et ses alliés vis-à-vis des populations lubas.
[145] La lettre ouverte endossée par les Treize parlementaires frondeurs du MPR a nettement rétabli l’autorité défaillante du parlement national face au pouvoir illimité du dictateur autocrate, au pouvoir exorbitant du gouvernement de l’État qui agit, plutôt, par procuration et à l’influence grandissante du parti-État.
[146] Il s’agit d’une révolution démocratique et pacifique dont l’enjeu fondamental est la libération du peuple congolais de la tyrannie militaire et également du Citoyen muselé et placé sous le joug du parti unique et Parti-État, le MPR.
[147] Le camp progressiste se réclame très ouvertement du socialisme scientifique ou du communisme.
[148] Le camp réactionnaire adoubé par des forces du capitalisme négrier.
[149] L’Afrique du Sud de Peter Botha.
[150] Sur le double plan idéologique et politique.
[151] Du point de vue sécuritaire.
[152] Ce sont des ramifications internes ou des tentacules de la pieuvre internationale. Ils constituent le prolongement et la filiation naturelle du système négrier international.
[153] Pour l’UDPS, le Citoyen est, dans une démocratie respectable, un sujet des droits autant politiques et sociaux que culturels et économiques.
[154] L’UDPS exige la refonte structurelle ou organisationnelle de l’État pour impulser le développement économique de la collectivité publique et le progrès social du Citoyen en tant que membre à part entière et acteur de la communauté nationale.
[155] Dans l’imaginaire idéologique ou la perception politique de l’UDPS, la parole est éminemment sacrée. Elle constitue le tremplin du changement démocratique. Elle est, par essence, cette énergie ou puissance politique qui propulse la communauté par-devers le citoyen vers le havre de la liberté et le paradis du développement économique et du progrès social.
[156] Mouvement populaire de libération de l’Angola.
[157] Front de libération nationale.
[158] Front de libération du Mozambique.
[159] Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert.
[160] Congrès national africain.
[161] Organisation populaire de l’Afrique du Sud-Ouest.
[162] Union nationale africaine du Zimbabwe – Front patriotique.
[163] Il s’agit des partis politiques nés après le coup d’État pour accompagner l’action de l’homme fort du régime.
[164] La République du Zaïre du Maréchal-pillard Mobutu Sese Seko avait détourné l’aide logistique et technique de la CIA. Cette assistance américaine fut destinée aux forces réactionnaires angolaises dont le Front de libération nationale de l’Angola (FNLA). À l’époque de la guerre d’indépendance de l’Angola (1975), cette organisation politico-militaire qui avait établi son siège social à Kinshasa, était dirigée par Holden Roberto, entre-temps devenu beau-frère de Mobutu. C’est lors de la conquête militaire de la capitale Luanda abandonnée par le colon portugais que cette assistance s’est en effet volatilisée. Comme par émerveillement.
[165] [Social-démocrate]. La social-démocratie est le socialisme émancipé du concept de la lutte des classes pour prôner inlassablement un système démocratique qui s’appuie sur le parlementarisme en tant que représentation de la Nation et pouvoir du citoyen ou du peuple tout entier dans le but de procurer la paix et la sécurité aux individus, la liberté et la dignité à la population.
[166] [Communiste]. Le communisme est, par essence, une idéologie qui prône la lutte des classes et le renversement violent de la classe dirigeante ou de l’élite étatique totalement inféodée au grand capital par les masses populaires. Dans le contexte purement africain, le communisme promeut le renversement violent de la classe dirigeante. Celle-ci est définie comme une entité endogène dont la mission primordiale consiste, à vrai dire, à perpétuer virulemment le colonialisme meurtrier et spoliateur en tant que filiation du grand capital international pour l’exploitation des peuples d’outre-mer. Ce phénomène à extirper de l’intérieur est savamment qualifié de ‘‘Néocolonialisme’’.
[167]L’interstice de la fameuse conférence nationale souveraine (CNS) a duré de 1990 à 1997. C’est la rébellion politique et militaire de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre) qui y met un terme définitif. Force est de constater que celle-ci est assistée logistiquement et techniquement par des États limitrophes de la région des Grands Lacs africains. À savoir : le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda. Dans cette aventure militaire, ces trois pays sont épaulés par des États de la coalition de conscience africaine (Éthiopie, Érythrée, Angola, Zambie, Tanzanie, Sud-Soudan, etc.). Par ailleurs, cette rébellion politique et militaire qui vient, tout à fait, solder la guerre froide en Afrique noire, est pilotée depuis Kigali. Elle présente, en effet, cette particularité et cette singularité d’être parrainée par de puissants intérêts miniers, bancaires, économiques et financiers anglo-saxons.
[168] La CNS a permis à la France et la Belgique de tirer des dividendes politiques pour leurs marchés économiques au détriment du peuple congolais. Ces deux pays de l’Union européenne (UE) ont pratiquement profité de la CNS, quoi que exigée par le peuple et appuyée par le mouvement démocratique dont l’UDPS constituait l’ancrage, pour renforcer le pouvoir du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre. Pour tenailler le dictateur zaïrois dont ils redoutaient d’ailleurs ses humeurs imprévisibles, les deux États occidentaux consentent à ce que la primature – c’est-à-dire : le gouvernement – soit totalement confiée entre les mains de leur homme de paille qu’est Joseph-Léon Lobitch (Leibovitch), autrement désigné Kengo wa Dondo.
[169] Le multimobutisme.
[170]Le premier ministre belge Jean-Luc Dehaene est chrétien-démocrate flamand (CDV). Il sied de souligner que sous son premier gouvernement (1992 – 1995), la conférence nationale souveraine (CNS) se termine totalement en queue de poisson. Ce forum intercongolais est, politiquement, neutralisé par les forces ultralibérales néomobutistes qui sont parrainées par des puissances internationales dont des intérêts belges. Toutefois, sous son second gouvernement (1995 – 1999), la République démocratique du Congo est violemment ravagée par la guerre d’agression physique à la souveraineté internationale et de partition territoriale (1996-1997). Ce conflit armé est l’œuvre de la rébellion de l’AFDL, d’une part. Et, d’autre part, cette ancienne possession coloniale belge est victime de la guerre d’occupation et de pillage des ressources autant minérales et naturelles que précieuses et stratégiques (1998 – 1999).
[171] Willy Claes vient du sérail socialiste flamand. Il fut ministre des affaires étrangères du Royaume de Belgique sous le gouvernement de coalition dirigé par le chrétien-démocrate Jean-Luc Dehaene. Sous son leadership ministériel, est tout à fait explicite le soutien politique et diplomatique de la Belgique aux partis d’opposition d’essence mobutiste pour prolonger la tyrannie brutale zaïroise au détriment du mouvement démocratique et de la population paupérisée et affamée par ses propres dirigeants politiques, administratifs et gouvernementaux. Contrairement à son prédécesseur, le vicomte Mark Maria Frans Eyskens, qui avait réussi à rapprocher Belges et Congolais au point de faire oublier le fameux contentieux belgo-congolais, toute l’action diplomatique du socialiste Willy Claes vis-à-vis de Kinshasa aggrave sérieusement les tensions entre le mouvement démocratique et la classe politique de l’ancienne puissance coloniale. Elle aggrave la crise entre l’UDPS et les milieux politiques et économiques belges. En fait, elle consacre définitivement le divorce entre Bruxelles dont l’obsession pathologique est toujours d’abattre l’UDPS et le camp ‘‘prodémocratique’’ à Kinshasa. Cette ligne de conduite diplomatique qui consiste à davantage écarter politiquement l’UDPS au pouvoir à Kinshasa, a toujours été respectée à la lettre par de différents gouvernements belges de gauche (PS) tout comme de droite (les réformateurs libéraux). En effet, force est d’admettre que ceux-ci ont toujours été de connivence avec différents milieux politiques et gouvernementaux français, qu’ils soient naturellement de droite ou de gauche. Il y a lieu de constater que ces derniers sont toujours foncièrement opposés à l’avènement politique de l’UDPS en RDC.
[172] À la fin de la guerre froide directement issue de l’ordre bipolaire de Yalta et consacrée par le démantèlement du mur de Berlin et la chute du communisme idéologique, un nouvel ordre mondial se dessine. Il s’appuie nécessairement sur la mondialisation marchande dictée par l’idéologie néolibérale. Dans cette nouvelle dynamique internationale, la République démocratique du Congo que tous les requins et charognards de la planète reluquent comme un fruit mûr, un gibier nutritif, assiste au regain de l’intérêt extérieur sur ses immenses richesses autant minérales et naturelles que précieuses et stratégiques.
[173] Mobutu Sese Seko du Zaïre qui soutenait envers et contre tous le maquisard angolais Jonas Savimbi de l’UNITA, ne portait spécialement pas dans son cœur son homologue angolais José Eduardo dos Santos, bien entendu en raison de ses accointances cubaines et russes, d’une part. Et, d’autre part, le gouvernement angolais incarné par dos Santos avait pris la ferme décision de renverser militairement Mobutu considéré comme un obstacle majeur à l’indépendance des pays africains et à l’émergence des peuples du Continent. Celle-ci s’est concrétisée par le soutien angolais aux rebelles sécessionnistes katangais du Front national de libération du Congo (FNLC) coiffé par le général tschombiste Nathanaël Mbumb lors de deux guerres de Kolwezi en 1977 et en 1978. Le conflit armé de 1977 décisif à l’occupation des mines stratégiques du pays a pris fin lors de l’intervention de 1500 troupes marocaines encadrées par le colonel-major Loubaris. Les dépenses du transfert des forces armées marocaines ont été entièrement couvertes par l’Arabie saoudite. Le conflit armé de 1978 dont l’objectif primordial est en vérité la partition du territoire national et l’occupation du site d’essai balistique des fusées alloué à l’Allemand OTRAG, a vu intervenir 405 parachutistes du 2e Régiment étranger de parachutistes de la légion étrangère française stationnée à Calvi (Corse).
[174] L’Afrique du Sud ségrégationniste. À partir de 1984, sous l’impulsion de l’ANC, des townships se soulèvent dans le but de réclamer de meilleures conditions de vie socioéconomique. Ces manifestations de grande ampleur paralysent sévèrement l’économie minière sud-africaine (or, diamant) sur laquelle repose inexorablement la relance de l’économie mondiale.
[175] L’URSS sous-traite son intervention politique, diplomatique et militaire à Cuba de Fidel Alejandro Castro Ruiz.
[176]Mobutu Sese Seko instrumentalise le premier ministre Jean de Dieu Nguz a Karl I Bond et le gouverneur du Katanga Antoine Gabriel da Silva, alias Kyungu wa Ku Mwanza, à la tête d’une milice régionale de la mort (UFERI : Union des fédéralistes et républicains indépendants), pour massacrer sans états d’âme les Luba du Kasaï et expulser les non-originaires de la province uranifère du Katanga.
[177] Mobutu Sese Seko du Zaïre tente par des artifices politiques et idéologiques de se poser dans l’espace national et dans le concert des Nations comme le seul et unique véritable interlocuteur du pouvoir, comme le seul et unique garant de la paix sociale et de la stabilité politique.
[178] La diplomatie de ‘‘main tendue’’ génialement pratiquée par Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) a permis à l’UDPS et aux partenaires internationaux de la République démocratique du Congo d’arrondir les angles et d’aplanir leurs divergences idéologiques. D’où la reconnaissance internationale du pouvoir de l’UDPS issu démocratiquement des urnes le dimanche 30 décembre 2018. Avec FATSHI aux manettes de la diplomatie partisane, l’UDPS cesse d’être un syndicat politique ou une ONG politique chargée de défendre les droits humains fondamentaux. Elle devient un vrai parti politique moderne qui tient un langage économique et financier avec les gouvernements et intérêts étrangers. Dans cette nouvelle configuration, le président de la République agit à titre de VRP ou d’agent commercial chargé de vendre le produit ‘‘Congo Inc.’’.
[179] Gabriel Biringanine Mugaruka, Charles Dia Oken a Mbel, Walter Isidore Kanana Tshiongo a Minanga, Paul Kapita Shabangi, Célestin Kasala Kalamba ka Buadi, Antoine Gabriel da Silva Kyungu wa ku Mwanza, Protais Lumbu Maloba Ndiba, François Lusanga Ngiele, Symphorien Mbombo Lona, Anaclet Makanda Mpinga Shambuyi, Joseph Ngalula Pandajila, Edmond Ngoyi Mukendi Muya Mpandi, Étienne Tshisekedi wa Mulumba.
[180] L’UDPS est née le 15 février 1982. Préalablement à cette date, il y a eu des négociations politiques pour la formation d’un deuxième parti politique entre les treize ex-parlementaires du Parti-État et le camp du MPR coiffé par le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre. La date arrêtée pour la naissance de ce deuxième parti fut le 15 janvier 1982 par les fameux treize ex-députés. Pour la circonstance, le parti unique ou Parti-État est représenté lors de ces pourparlers par le ministre de l’administration du territoire Félix Vundwawe te Pemako (VTP) et le conseiller diplomatique du chef de l’État Honoré N’Gbanda Nzambo ko Atumba. Toutefois, comme Mobutu Sese Seko du Zaïre n’a véritablement pas pu respecter tous ses engagements et sa parole donnée, les treize parlementaires frondeurs, déduisant de l’article 4 de la constitution du 24 juin 1967, lequel prévoit explicitement la possibilité d’asseoir un deuxième parti politique en concurrence avec le MPR en République du Zaïre, fondent l’UDPS le 15 février 1982. Il y a lieu de relever que cette disposition constitutionnelle, d’ailleurs remaniée par les hautes instances dirigeantes du MPR en vue de verrouiller le système despotique, reconnaît ostensiblement la coexistence de deux partis politiques sur le champ national. À cet égard, l’alinéa 1 de l’article 4 de la constitution zaïroise du 24 juin 1967 déclare : ‘‘Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage’’. Son alinéa 2 affirme : ‘‘Il ne peut être créé plus de deux partis dans la République. Ces partis s’organisent et exercent leurs activités librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale, de la démocratie et les lois de la République’’.
[181] Le Mobutisme tyrannique, en dépit de la violence physique brutalement imposée à l’ensemble de la population pour se légitimer, n’a vraiment jamais conquis le cœur des habitants du Bandundu méridional, du Grand Kasaï, du Grand Katanga ou du Grand Kivu.
[182] Sous le régime de l’arbitraire incarné par le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre, le citoyen zaïrois était membre du MPR dès sa conception dans les entrailles maternelles.
[183] La fameuse pratique de relégation héritée de la colonisation belge.
[184] En Afrique francophone, des régimes dictatoriaux sont continuellement recyclés par la démocratie. Les élections qui sont en elles-mêmes une véritable parodie, servent, à cet effet, de blanchisserie.
[185] Le Citoyen est, d’abord et avant, tout un membre de la communauté nationale. À cet effet, il participe par son action positive à l’épanouissement de sa collectivité publique, à l’enrichissement de son entourage immédiat. Pour ce faire, il bénéficie des droits et des libertés. Celui-ci a également des obligations à respecter scrupuleusement et des devoirs à remplir très soigneusement au nom de l’État et de la Nation. Pour l’UDPS, le Citoyen est, donc, un véritable titulaire des droits constitutionnels et un détenteur des libertés publiques républicaines.
[186] L’émergence politique de l’UDPS en République démocratique du Congo (RDC) et la consolidation de son ancrage dans le champ national ont profondément libéré des énergies dans la société. Ces deux phénomènes sociologiques ont entraîné conséquemment et consécutivement l’irruption de la société civile. Celle-ci est devenue un acteur national majeur sur les plans politique et social autant que culturel et économique.
[187] Au plus fort du Mobutisme tyrannique, il n’existe qu’un seul syndicat des travailleurs inféodé au parti unique ou Parti-État, le MPR. C’est l’union nationale des travailleurs zaïrois (UNTZA). Toutefois, avec l’avènement politique de l’UDPS et sa reconnaissance formelle en 1990, la République démocratique du Congo assiste lors de la période de Conférence nationale souveraine (CNS) à l’explosion exponentielle des syndicats autonomes et corporations associatives en vue de la défense des droits sociaux et individuels des travailleurs ou des intérêts propres aux métiers corporatifs. À titre d’exemple : le syndicat autonome des médecins des hôpitaux publics et privés, le syndicat autonome des infirmiers et infirmières, le syndicat autonome du personnel de la santé publique et des services d’hygiène publique, le syndicat autonome des journalistes, le syndicat autonome des fonctionnaires publics d’État et des collectivités publiques locales, le syndicat autonome des agents d’administration publique, etc.
[188] Article 211 de la constitution du 18 février 2006.
[189] Article 212 de la constitution du 18 février 2006.
[190] Cas du ministre Alexis Thambwe Mwamba mis en quarantaine par les médias et complètement banni des ondes.
[191] Article 64 de la constitution du 18 février 2006.
[192] Yoka Son, Pasteur Gully Bokwala, Augustin Kabuya et Fils Mukoko ont fait toutes leurs armes politiques dans la rue en tant que harangueurs des foules (masses militantes ou populaires).
[193] Avant de devenir des cadres officiels de l’UDPS, les militants de base Augustin Kabuya (secrétaire général puis président ad interim du parti en remplacement de Jean-Marc Kabund a Kabund) et Fils Mukoko sont tous passés par la filière éducative et politique des parlementaires debout à Kinshasa. C’est dans cet univers pédagogique et aussi espace politique que ces porte-voix du parti ont acquis leur renommée politique et leur respectabilité militante.
[194] http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/003094.pdf
[195] Cette lettre des parlementaires frondeurs du MPR destinée au Maréchal-président Mobutu Sese Seko est aussi qualifiée de ‘‘Mémorandum de 52 pages’’.
[196]Étienne Tshisekedi wa Mulumba, en tant que véritable prophète de la démocratie en République démocratique du Congo, est tout à fait vénéré par les militants et sympathisants de l’UDPS au même titre qu’un ange, un saint voire un dieu vivant. Il est vénéré à l’image de Stéphane ou Étienne, le premier martyr de l’Église chrétienne à Jérusalem.
[197] Le combat politique et la résistance démocratique permettent aux adhérents de l’UDPS confrontés à la violence et aux exactions brutales du pouvoir tyrannique de se sublimer, de se surpasser en tant qu’êtres humains.
[198] Foi et croyance permettant à l’être humain de vivre dans l’espérance du salut. En l’occurrence le salut politique.
[199] Les membres d’une secte sont généralement mus par des notions morales de fraternité et de solidarité. Ceux-ci sont reliés par la quête mystique et spirituelle de la Sagesse et de la Vérité véhiculées par des enseignements qui professent la libération humaine de contraintes physiques et matérielles autant que morales et spirituelles.
[200] Le fait qu’il ait été combattu par de puissants intérêts exogènes et endogènes, fait éminemment de lui un martyr – [de la démocratie et de la liberté] – au même titre que son homonyme sanctifié par la chrétienté romaine et immortalisé dans les Actes des Apôtres.
[201] Jésus était, en vérité, un révolutionnaire qui voulait renverser l’ordre établi par la puissance romaine et, ainsi, libérer ses coreligionnaires et ses contemporains.
[202] Pour l’UDPS, sa lutte en faveur du changement politique et démocratique trouve toute sa légitimation dans la Bible chrétienne. La tyrannie représente la puissance pharaonique d’Égypte. Le martyre du peuple congolais est assimilé aux injustices criardes subies par les hébreux sous l’empire pharaonique. L’avènement de la démocratie est interprété comme la sortie d’Égypte. Si Moïse est incarné par Étienne Tshisekedi wa Mulumba (ETM), son fils Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) est sincèrement perçu comme le célèbre personnage biblique Josué. Celui-ci présente cette particularité et cette singularité d’avoir conduit immédiatement le peuple israélite à la Terre promise, d’ailleurs, résumée en trois mots : ‘‘Démocratie’’, ‘‘développement économique’’ et ‘‘Progrès social’’ ou ‘‘Paix’’, ‘‘liberté’’ et ‘‘dignité’’ ou ‘‘Sécurité’’, ‘‘Prospérité’’ et ‘‘Justice’’ (Équité).
[203] Étienne Tshisekedi wa Mulumba.
[204] Le fameux Mémorandum de 52 pages ou La Lettre ouverte au président-fondateur du MPR du 1er novembre 1980.
[205] Les parlementaires debout, les adhérents et sympathisants du parti.
[206] Dans le cas spécifique de la République démocratique du Congo (RDC), il s’agit, en réalité, des réseaux maffieux et pédopornographiques qui contrôlent étroitement des États et gouvernements de la planète.
[207] Les Fédérations et les Sections.
[208] En 2018, la candidature de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) au scrutin présidentiel a été avalisée à la suite d’un vote démocratique de militants de l’UDPS réellement inscrits sur les registres du parti. Ce choix a été précédé d’un vrai débat contradictoire entre candidats à la candidature à l’élection présidentielle. Débat, d’ailleurs, couvert par des médias électroniques et des groupes de presse locaux.
[209] Les chefs des partis politiques congolais sont pour la plupart des autoproclamés pour avoir été les seuls fondateurs de ces structures qui fonctionnent comme des boutiques personnelles ou des entreprises familiales.
[210] Des partis politiques nationaux jouissent, dorénavant, des droits constitutionnels de manifestation et de réunion. Ils battent le pavé sur les chaussées de la République démocratique du Congo tout comme investissent des locaux pour des échanges entre militants et dirigeants. Ces formations tiennent des rassemblements politiques tout comme des réunions partisanes pour élire leurs dirigeants au secrétariat exécutif et meubler leurs structures politiques. Sous le président FATSHI, l’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC) de Modeste Bahati Lukwebo a tenu un congrès en vue de confirmer le leadership de son fondateur en 2020. Il en est de même du parti Nouvel Élan d’Adolphe Muzito Fumutshi. Cette formation politique a organisé un séminaire idéologique portant sur l’évaluation de la situation politique et économique de la RDC le samedi 30 janvier 2021. Force est de noter que ces deux évènements politiques se sont déroulés en toute sérénité, en toute quiétude. Ils n’ont donc connu aucune perturbation de la part des autorités policières et agences de sécurité comme cela fut assurément une tradition criminelle sous Joseph Kabila Kabange, Mzee Laurent-Désiré Kabila et le Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre.
[211] Affaire Henri Magie wa Lufete accusé d’outrage au chef de l’État pour avoir refusé de reconnaître la victoire de FATSHI à l’élection présidentielle de 2018 et confirmée par la cour constitutionnelle; Affaire Barnabé Milingayo, un ex-Kadogo (enfant soldat) qui souhaite ouvertement et même prédit publiquement, devant les médias et sur les réseaux sociaux l’assassinat du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo; Affaire Daniel Ngoy Mulunda-Nyanga pour avoir tenu des propos à caractère xénophobe et tribaliste et, surtout, prôné ouvertement lors d’un prêche publicisé sur les réseaux sociaux le séparatisme katangais, Affaire Jacky Ndala pour avoir publiquement menacé la Représentation nationale tentée d’adopter la loi réglementant la réception des candidatures aux scrutins électoraux majeurs (élection présidentielle) ou les nominations aux plus hautes fonctions politiques et gouvernementales de l’État, etc. Cependant, l’opinion publique nationale attend toujours de la justice la concrétisation de l’ouverture d’une enquête judiciaire ou d’une information judiciaire visant personnellement l’opposant politique Martin Fayulu Madidi (MAFA) dont les partisans galvanisés par ses acolytes ont manifestement appuyé, au cours d’un rassemblement tenu en 2019 et auquel il était personnellement présent et aussi le principal animateur, l’assassinat du chef de l’État, et avancé des propos à connotation xénophobe et tribaliste. Ce qui est, sans nul conteste, de nature à provoquer le chaos et l’anarchie au sein de la collectivité publique. Ce qui est, absolument, de nature à projeter tout le pays sur la voie irréversible de la guerre civile. Parmi d’autres exemples, les diatribes endiablées du Pr Yombi fort connu pour son aversion à l’égard du pouvoir politique de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI). Ce YouTubeur a explicitement et publiquement appelé à l’assassinat de ce chef de l’État congolais. Cette attitude pour le moins ambiguë et tout à fait questionnable n’a pas manqué de soulever une vive indignation au sein de la famille politique du président de la République et de l’opinion nationale. Force est de relever que tous les appels explicites au meurtre de FATSHI et à la violence physique émanent quasiment tous de partisans irréductibles de Martin Fayulu Madidi (Serge Welo) ou des inconditionnels de Joseph Kabila Kabange. Par contre, depuis l’avènement politique de Tshisekedi à la tête de la RDC, de nombreux appels au sécessionnisme (démembrement de l’État congolais) émanent visiblement des affidés de Joseph Kabila Kabange (Pasteur Daniel Ngoy Mulunda-Nyanga) ou des supporters de Moïse Katumbi Chapwe (princesse Dominique Munongo Inamizi). À ce niveau, ce discours séparatiste est tenu au vu et au su de toutes les Congolaises et de tous les Congolais par les originaires de l’ex-province cuprifère du Katanga. Cependant, le discours séparatiste ‘‘ne-Kongo’’ (province du Kongo central) qui était on ne peut plus virulent et musclé sous le régime brutal de Joseph Kabila Kabange, a pratiquement baissé en intensité sous le fils Tshisekedi.
[212] Cette vision du pouvoir est uniquement commandée par la notion de l’honneur qui entoure la fonction présidentielle, et de la respectabilité due à la fonction souveraine du chef.
[213] Pour Félix-Antoine TshisekediTshilombo (FATSHI), un président de la république se retrouve exactement dans la même situation ou la même position d’autorité qu’un enseignant chargé d’administrer des cours à des élèves. Donc, pour lui, la toute première mission d’une autorité politique est la pédagogie pour permettre aux ressortissants du pouvoir d’assimiler la matière. C’est-à-dire : le comportement politique face à la loi suprême ou fondamentale. Une fois que les leçons démocratiques sont parfaitement maîtrisées et apprises par les sujets de l’État, l’enseignant peut alors procéder à des révisions sous forme d’examens ou de devoirs ou travaux appliqués. Ces deux exercices lui permettent en fait d’apprécier le degré de compréhension de la matière par des élèves qui doivent se faire attribuer une note. À cet égard, il utilise le ‘‘bic rouge’’. Cette expression imagée renvoie à l’idée de juste sanction qui s’applique, en l’occurrence, à toute personne consciente des conséquences de son geste politique ou comportement social.
[214] Le mot ‘‘privilège’’ dérive du latin ‘‘privata lege’’ qui signifie ‘‘loi privée’’.
[215] Le député provincial Marius Ngangale du MLC pour la ville de Kinshasa a été abattu dans sa résidence en novembre 2011. Le président provincial du Mouvement de Libération du Congo (MLC) au Bas Congo, Lajos Bidiu Nkebila, a été également abattu dans sa résidence à Kinshasa en 2005, a rapporté dimanche un membre du directoire du MLC. Le vice-président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Daniel Botheti, a été abattu en juillet 2008 au niveau de Ma Campagne, dans la commune de Ngaliema (Kinshasa ouest) alors qu’il revenait d’une fête. Éventuel empoisonnement de Me Roger Nimy du MLC. Cet avocat fut successivement ministre du Tourisme, de la Jeunesse et Sports dans le gouvernement de Transition 1 + 4 (2003 et 2005). La mort par accident de Godefroid-Maximilien Sampassa Kaweta Milombe. Les lâches assassinats de Kioni kia Mukende et de Lukonde Kyenge (le père du premier ministre Jean Michel Sama Lukonde Kyenge) à Lubumbashi (Katanga). De retour de Likasi, ces deux dignitaires de l’UFERI, d’ailleurs, très favorables au dialogue intercongolais ont été criblés de balles dans la nuit du 29 au 30 avril 2001.
[216] André Ipakala Abeiye Mobiko et Valère Bisweko, éditeur et reporter au quotidien « La Référence Plus » paraissant à Kinshasa, ont été interpellés, le vendredi 1er juin 2001 vers 14 h00 (heure locale) au siège du journal à Kinshasa/Kasa-Vubu, par des éléments de l’IPK (Inspection provinciale de Kinshasa de la Police nationale congolaise, ex-Circo). Ils ont été conduits et gardés dans les locaux dudit service. Communiqué de Journalistes en danger (JED/IFEX)
[217] YouTube, Facebook, Twitter, Instagram, etc.
[218] Ces médias électroniques sont devenus, au fil du temps, une source non négligeable de l’information. Ceux-ci sont, certes, suivis par un public très large. Toutefois, la plupart de ces canaux dont la popularité ne dément point, versent facilement dans l’intoxication, la désinformation en s’assurant une large clientèle ne disposant nullement de capacité d’analyse intellectuelle. Tout comme ils sont portés à fabriquer de toutes pièces des événements afin de s’attirer une clientèle largement massifiée.
[219] lien internet
[220] Peter Tiani vs premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe, Eliezer Tambwe de Tokomi Wapi vs le gouverneur PPRD du Kasaï Oriental Alphonse Ngoyi Kasanji, Daniel Safu, Michaël (Mike) Cédric Mukebayi Nkoso, Pierrot Luwara de Decry Infos.
[221] Israël Mutombo de Bosolo na Politik.
[222] En dépit de ses multiples reportages jugés tendancieux voire biaisés par le pouvoir politique et gouvernemental en place, Radio France Internationale (RFI) qui s’est déjà vue retirer sa licence d’émission sous la présidence absolutiste de Joseph Kabila Kabange, a repris toutes ses activités et toutes ses émissions sous la gouvernance de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Ce porte-voix de la France dans le monde qui est considéré comme une béquille de l’Opposition congolaise parrainée par de puissants intérêts internationaux, a fortiori français et européens, opère sans contrainte en République démocratique du Congo, alors qu’il est évidemment réputé ne point ménager le chef de l’État congolais dans l’appréciation journalistique de sa ligne politique.
[223] La liberté de parole est littéralement au cœur de la démocratie. Elle est sensiblement au cœur de la bataille politique pour l’instauration effective et réelle de l’État de droit démocratique.
[224] Transformer, c’est faire preuve de créativité, d’imagination. C’est faire montre de sa capacité d’invention dans son environnement.
[225] Cette expression signifie la lance de la Nation.
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