Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi (FATSHI)
Le président VRP de la République démocratique du Congo
Une nouvelle conception du pouvoir politique et de la gestion de la chose publique
De l’art de ‘‘faire ressusciter’’ un État paria
‘‘On ne gouverne pas par arbitraire, il faut gouverner avec équité.’’
Samuel Ferdinand-Lop, journaliste, écrivain, Les nouvelles pensées et maximes (1970)
Par Joël Asher Lévy-Cohen
En janvier 2019, la République démocratique du Congo, d’ailleurs très nettement marquée par la fossilisation des esprits et l’immobilisme à tous points de vue, a bel et bien connu sa première alternance politique et démocratique de l’histoire. Cet État d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains, mis au ban des Nations pour des raisons somme toute évidentes de violation des droits humains fondamentaux, a connu une passation de pouvoirs qui s’est révélée, au grand étonnement de plus d’un, pacifique et civilisée. En réalité, celle-ci a immédiatement occasionné sur le terrain la mise en place d’un gouvernement de coalition ‘‘inédite’’.
Inédite par sa forme : un effectif d’ailleurs pléthorique et fort d’une soixantaine de membres. Inédite par sa configuration à la fois politique et idéologique : Les bourreaux d’hier s’allient avec leurs victimes expiatoires pour la gestion d’un pays immensément riche en ressources naturelles et minérales autant que précieuses et stratégiques. Force est de mentionner que cette contrée indépendante depuis le jeudi 30 juin 1960 peinait véritablement à décoller en raison de l’inversion délibérée des valeurs aussi bien morales et spirituelles que matérielles et intellectuelles.
À la tête de cette coalition politique et gouvernementale, trône magistralement le président démocratiquement élu par la population Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi (FATSHI). Son obsession est de faire à tout prix de la République démocratique du Congo un pays émergent à l’orée 2029 – 2030. Pour atteindre cet objectif d’ailleurs fort louable à tous points de vue, le nouveau chef de l’État rompt avec toutes les habitudes du passé. À cet effet, il institue une nouvelle présidence fondée sur le productivisme administratif et le dynamisme économique.
Il sied de souligner que de Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko du Zaïre à Joseph Kabila Kabange de sinistre mémoire, la République démocratique du Congo n’a connu que des présidents qui se comportaient quotidiennement, comme si de rien n’était, en gendarmes et en geôliers de la population autant marginalisée que défavorisée par des choix politiques hasardeux. Issus d’un univers verrouillé qu’est certainement le monde des armes, ceux-ci avaient pour seule et unique conception du pouvoir le quadrillage militaire de l’État. Ils avaient pour seule et unique motivation en matière d’administration et de gouvernement, de gestion de la chose publique la surveillance policière de la population et l’embastillement des Citoyens. Comme quoi aucune autre préoccupation politique majeure ne venait, à vrai dire, hanter leur esprit d’élite, troubler leur conscience de dirigeant.
Cela est d’autant plus vrai que tous ces magistrats suprêmes à la poigne de fer étaient plutôt réputés entretenir des résidences prisons sur l’ensemble du territoire national. Il convient de relever que ceux-ci étaient imités dans cette tâche épouvantable par leurs collaborateurs immédiats. C’est-à-dire : les plus naturellement en vue en matière de sécurité publique et étatique ou de police politique[i]. Aussi étaient-ils imités par une kyrielle de membres de leurs familles respectives gravitant autour de l’appareil répressif ou appareil de contrainte[ii].
Il y a lieu de noter que, sous leurs régimes verrouillés, tous les instruments sécuritaires de l’État sont visiblement érigés en miradors. Cette transformation s’explique effectivement par la nature ubuesque de leurs systèmes policiers qui exigent l’établissement d’une surveillance étroite de leurs ressortissants. En effet, sous les tyrans Mobutu Sese Seko du Zaïre, Kabila I et II, les Citoyens vivent journellement pressés, opprimés dans un pays dont la vocation est, à n’en point douter, une prison à ciel ouvert.
Toutefois, sous le régime démocratique politiquement incarné par Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, la réalité loin d’être rose ou paradisiaque se passe très différemment. En effet, les geôles arbitraires dénommées [cachots], entretenues ou gérées par la police politique ou les services de renseignement, ont été carrément fermées voire même démantelées. Celles et ceux qui avaient réellement le statut de prisonnier d’opinion ou prisonnier politique ont été graciés ou amnistiés, et dépendamment des cas relaxés ou libérés. Ce qui incline à penser que la logique du pouvoir politique de FATSHI ne repose point sur la notion fondamentale de [contrainte] ou [répression].
En d’autres termes, la Liberté est, à vrai dire, le principe primordial qui pilote ou oriente le régime de FATSHI. Elle sustente, en fait, la logique de son pouvoir politique. Cela veut dire très concrètement que les droits humains fondamentaux constituent la pierre angulaire de la présidence de cet avocat du Peuple. À ce niveau, FATSHI s’avère une très grande rupture épistémologique. Ce chef de l’État qui a pour maxime le peuple d’abord, se veut une césure idéologique avec ses trois prédécesseurs de triste mémoire essentiellement portés à bafouer les droits et libertés de la population, d’ailleurs, réduite à sa plus simple expression.
Fort de son expérience en tant que patron d’une entreprise de restauration rapide et surtout de livraison de mets, FATSHI s’est, dans son nouveau rôle de gouvernant, métamorphosé en agent commercial ou VRP d’un pays très prometteur en raison de sa position géostratégique ou géopolitique. Cette nouvelle caractéristique de la présidence de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) fournit indéniablement à l’État congolais une dimension hors pair. Un statut qu’il n’a d’ailleurs jamais revêtu depuis sa fabrication artificielle par le fameux acte de Berlin de 1885 consacrant matériellement le partage colonial de l’Afrique entre les diverses puissances européennes. Une dimension qui ne lui a, surtout, jamais été conférée depuis sa fameuse reconnaissance internationale en tant que pays indépendant le jeudi 30 juin 1960.
En effet, pour FATSHI littéralement préoccupé par le développement économique de l’entité publique étatique et le progrès social du Citoyen, la République démocratique du Congo n’est pas qu’un État au sens juridique du terme. Ce qui implique un pouvoir internationalement reconnu administrant une population vivant sur un territoire national. Ce pays est également une Entreprise sensée produire des biens et services entièrement mis à la disposition de sa clientèle à la fois intérieure et extérieure pour sa propre prospérité et sa propre sécurité en tant qu’entité nationale ou puissance publique, ainsi que l’épanouissement de ses habitants.
Cette vision présidentielle qui met assurément un accent fort particulier et fort singulier sur la production nationale, constitue manifestement une innovation de taille en ce qui concerne l’interprétation du phénomène étatique que [représente] très concrètement la République démocratique du Congo. En effet, ce pays majestueux et immensément riche, sis au cœur de l’Afrique, a connu maintes interprétations ou diverses étiquettes selon qu’il est regardé de l’intérieur ou scruté de l’extérieur. Dépendamment de points de vue d’ailleurs nourris par de puissants intérêts, cet État d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains (RGL) a connu au cours de son histoire tumultueuse les statuts de grenier de matières premières au profit des Nations occidentales, de protectorat au profit de l’OTAN ou des États africains, de comptoir marchand au bénéfice des Transnationales, de no man’s land ou de caverne d’Ali Baba au profit de la mafia internationale, de propriété privée du Roi des Belges Léopold II, de colonie autochtone au service exclusif des tyrannies prébendières (mobutiste, kabiliste), etc.
Conséquence logique de cette interprétation présidentielle qui colle intimement au nouveau statut de la République démocratique du Congo, ce sont les déplacements promotionnels du chef de l’État à l’étranger. Le magistrat suprême devient, par voie de conséquence, le premier publicitaire ou coordonnateur des relations publiques du pays. Au même titre qu’un vendeur ambulant ou un agent commercial qui propose certes ses produits ou ses services aux clients potentiels ou réels, ce président de la République naturellement préoccupé par la puissance économique de la Nation et le bien-être de tous ses compatriotes adopte rien de moins qu’une diplomatie à caractère économique et commercial. Dans son action, FATSHI adopte donc une diplomatie présentant des objectifs économiques et commerciaux.
Essentiellement guidés par des prétentions de développement économique de la Collectivité publique, ses déplacements à l’extérieur du territoire national se transforment littéralement en mission économique et commerciale. D’où sa propension à être entouré d’une armée de conseillers économiques et commerciaux. D’où sa propension à être entouré d’une pléthore de chefs d’entreprise congolais. En effet, FATSHI s’est attribué la mission fondamentale de promouvoir l’Entreprise commerciale ‘‘Congo Incorporated’’. Celui-ci s’est en réalité adjugé le rôle majeur de trouver des débouchés économiques et commerciaux pour la République démocratique du Congo. Il s’est surtout attribué le rôle primordial d’attirer de nombreux investissements économiques et financiers étrangers dans le dessein de créer moult emplois profitables à ses compatriotes et moult richesses garantissant la stabilité économique et sociale au pays.
Sur le plan purement interne, le discours de FATSHI est sans équivoque. Il est même directif. Pour assurer toute sa grandeur et son indépendance et, par voie de conséquence, sécuriser sa population, la République démocratique du Congo se doit, selon ce chef de l’État, d’inciter à la diversification de l’économie. Pour assurer le bien-être de la population et surtout mieux lutter contre la misère sociale ou la pauvreté endémique, ce moderniste met en avant non seulement les emplois des jeunes mais également la création et la prolifération des unités de production économique entièrement pilotées par des jeunes. Toutes ces entités corporatives dont la mission primordiale consiste à lutter contre le chômage et la désespérance sociale doivent à ce seul et unique titre bénéficier d’une vraie politique de micro-crédit générateur de stabilité sociale.
C’est ce grand bouleversement dans la mission du chef de l’État que le Peuple congolais doit apprendre, dès à présent, à digérer, à comprendre et à maîtriser parfaitement. En effet, la République démocratique du Congo est naturellement passée, au niveau conceptuel, depuis le début de cette année 2019, du statut sécuritaire de l’État geôlier ou État gendarme – lequel conduit directement et malheureusement au niveau catastrophique du sous-développement et du sous-progrès socio-humain – à celui honorable de force économique et privilégié de puissance commerciale.
Aux Congolaises et Congolais d’en maîtriser tous les rouages et toute la substantifique moelle pour faire du Congo, – et comme le recommande d’ailleurs fermement un refrain de l’hymne national –, [un Pays plus beau qu’avant] !
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant
[i] Le patron des services de renseignement Jean Seti Yale, le gouverneur Jean Foster Manzikala, les généraux d’armée Louis de Gonzague Bobozo, Bangala et Bolozi ont entretenu à l’époque de Mobutu Sese Seko du Zaïre une résidence prison où ils pouvaient séquestrer des individus. Des informations rapportent que Kalev Mutond disposait d’une série de résidences privées servant de prison pour interner des individus tout à fait indélicats aux yeux du régime brutal de Joseph Kabila Kabange.
[ii] Manda Mobutu et Kungulu Mobutu entretenaient, selon des témoignages certifiés, des résidences prisons sous la présidence macabre de leur géniteur Mobutu Sese Seko du Zaïre. À en croire bon nombre de témoignages populaires, sous la direction gouvernementale de Joseph Kabila Kabange, Jeannette (Janet Éléonore) Kabila Kyungu (la tante), Zoé Kabila (le frère cadet) et Olive Lembe di Sita (l’épouse) entretenaient à l’image de la fameuse fratrie mobutienne une résidence prison pour coffrer des citoyens en porte-à-faux avec leurs puissants intérêts.
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