Histoire  l’UDPS

Histoire des vaillants Fils de la Saint-Sylvestre, Vade-Mecum du Combattant de l’UDPS

Préface

UDPS

Conscience démocratique et Marche vers la liberté

L’histoire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) est d’abord et avant tout l’histoire d’un combat contre une culture méphistophélique. Celle de Méphistophélès ou Satan[1], véritable incarnation du Mal profondément enraciné dans l’être humain et l’empêchant de voir absolument dans l’autre, c’est-à-dire de déceler chez son prochain, l’image transcendante de l’Amour divin (Christ). C’est ensuite l’histoire d’une lutte contre un système idéologique[2] dont le mécanisme impitoyable est de réduire fatalement à néant, c’est-à-dire à l’état inanimé de chose ou d’objet, son semblable. C’est enfin l’histoire d’une révolte déchaînée contre un pouvoir politique[3] dont la seule fonction pathologique est de fabriquer psychologiquement, mentalement et moralement des êtres complètement abrutis et de transformer tous ses sujets en véritables bêtes de somme.

En d’autres termes, l’histoire de l’UDPS, c’est en soi l’histoire d’un réveil. Réveil d’une personne enchaînée par des forces maléfiques. Réveil d’une communauté vivante évoluant sensiblement dans les ténèbres[4]. C’est aussi l’éveil d’une certaine conscience. Conscience de soi en tant qu’être humain, fruit de l’Amour divin et surtout prolongement de cette Nature suprême sur la terre. Conscience populaire en tant qu’entité vivante, communauté, Nation et État. Collectivité publique qui a certainement un rôle majeur à jouer dans la société interétatique, et dont l’existence se résume inexorablement par la paix (l’harmonie et la sécurité), liberté (la dignité), le développement (la prospérité et le progrès) et la justice (la solidarité).

Cette histoire d’émancipation dont l’encre servant à transcrire ses multiples épopées est faite de sueurs ainsi que de sang de nombreux innocents et Combattants de la liberté mus par une volonté indestructible, animés par une détermination invincible, s’enclenche lorsqu’un groupe de Fils valeureux du Congo se révolte énergiquement contre les conditions infrahumaines de leurs pairs. Celle-ci prend définitivement son envol lorsque « les Enfants de la Saint-Sylvestre » (les députés Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga, Paul Gabriel Kapita Shabani, François Lusanga Ngiele, Walter Isidore Kanana Tshiongo-a-Minanga, Étienne Tshisekedi wa Mulumba) décident de bannir à jamais le statut de paria délibérément attribué à tous leurs frères et sœurs au nom machiavélique de la traite négrière et de l’exploitation colonialiste. Solidaires de leur collègue, L’Honorable Joseph Ngalula Mpanda Njila, appréhendé la veille (le 30 décembre 1980) par un groupe d’agents des services de police politique dirigés par le « tortionnaire portugais » Jean Seti Yale, tous ces Archanges et Anges de la Liberté démocratique se constituent prisonniers à la Cité de l’OUA, résidence du dictateur sanguinaire Mobutu Sese Seko du Zaïre.

Sur le front du combat démocratique, ces pionniers de la lutte pour la liberté sont rapidement rejoints par sept autres Chérubins, formant ainsi la fameuse équipe de Treize (Gabriel Biringanine Mugaruga, Charles Dia Oken-a-Mbel, Célestin Kasala Kalamba ka Buadi, Gabriel Kyungu wa ku Mwanza, Protais Lumbu Maloba Ndoba, Symphorien Mbombo Lona, Edmond Ngoyi Mukendi Muya Mpandi). Ce groupe élargi est aussi renforcé par la présence non moins symbolique de Frédéric Kibassa Maliba, un élu du Katanga et haut cadre du Parti-État mobutiste, le MPR. Tout est donc finalement en place pour un affrontement inégal entre un régime despotique appuyé par de puissants intérêts extérieurs ainsi que des moyens de violence inouïe et les Treize qui n’ont pour seule arme que leur espoir de changement et leur conviction d’un monde meilleur.

Dans cette lutte disproportionnée, l’enjeu fondamental est de redonner réellement au peuple congolais son vrai pouvoir en tant que souverain primaire, à savoir la parfaite maîtrise de son destin collectif écrasé par la pieuvre internationale et nombre de ses réseaux maffieux locaux. En effet, le combat tel que conçu par le trio TSHIMANGA (Tshisekedi, Makanda, Ngalula) a naturellement pour effet de permettre au vaillant peuple congolais la rappropriation de ses terres et de son sous-sol, objet de toutes les convoitises internationales, afin de vivre décemment et de s’épanouir comme toute entité humaine digne. Cet affrontement pose les premiers jalons du libéralisme, de la libéralisation entière du secteur mi

nier congolais qui, depuis la colonisation belge, est strictement la chasse-gardée de puissants intérêts étrangers, plus particulièrement et singulièrement occidentaux.

Mais, au fur et à mesure que cette lutte pour la réelle réhabilitation de l’être humain progresse, rencontre sur sa route étroite nombre d’obstacles et d’écueils à la lisière de l’insupportable voire de l’insurmontable, cette liste de combattants acquis à la liberté de la Nation et favorables au rétablissement des droits fondamentaux de citoyens entament malheureusement à contre-courant son régime d’amaigrissement. Au fil des ans, celle-ci se rétrécit davantage. En effet, le moral d’acier de quelques élus (Gabriel Biringanine Mugaruga, Charles Dia Oken-a-Mbel, Paul-Gabriel Kapita Shabani, Célestin Kasala Kalamba ka Buadi, Protais Lumbu Maloba Ndoba, Symphorien Mbombo Lona, Edmond Ngoyi Mukendi Muya Mpandi) perd de son lustre, de sa vigueur. Il s’érode et vole rapidement en éclats. Ainsi, ceux-ci décident délibérément de débarquer définitivement le vaisseau de la liberté (UDPS).

Certains (Gabriel Kyungu wa ku Mwanza, Frédéric Kibassa Maliba, Joseph Ngalula Mpanda Njila) choisissent même ouvertement la voie suicidaire de la dissidence politique (le parricide idéologique). Ils s’engagent en âme et conscience à saborder le fruit du combat politique pour lequel ils ont malheureusement connu l’exclusion ainsi que les pires humiliations de la part de la dictature sanguinaire de Kinshasa. Malgré toute leur sincérité et toute leur détermination infaillible, d’autres députés fondateurs de l’UDPS (Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga, Walter Isidore Kanana Tshiongo-a-Minanga) ne peuvent nullement s’empêcher de s’arrêter à jamais en cours de chemin menant droit au port de la dignité, de la liberté et de la justice pour, cette fois-ci, se reposer éternellement. En effet, la maladie en tant qu’épreuve incontournable de l’existence humaine a finalement raison de leur corps physique et non de leur esprit[5]. Telle est la loi impitoyable, imperturbable et insondable de la vie !

De tous ces poètes de la justice destinés à faire rêver le peuple congolais et, surtout, à leur imprimer de manière indélébile le souffle de la vie démocratique, il ne reste réellement plus qu’un seul combattant : Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Ce dernier de la « Tribu des Mohicans » a évidemment pour charge principale d’insuffler à ses concitoyens la conscience de liberté pour qu’ils recouvrent inexorablement leur droit fondamental, celui de vivre dans la dignité selon les prescriptions de l’Amour divin[6]. En tant que vignette de la lutte antidictatoriale, il a pour mission de conduire le peuple du Congo vers la Terre promise (Jérusalem), c’est-à-dire l’Univers de la Paix (Développement) qui est avant tout la Terre de Démocratie et de Liberté. D’où son surnom mystique de « Moïse » quand il est en pleine action voire de « Sphinx » quand il est en pleine méditation !

Concernant le juriste Étienne Tshisekedi, ce qui est intellectuellement insaisissable mais spirituellement explicable selon le principe biblique énoncé par Saint Matthieu, Apôtre bien-aimé de Seigneur Christ, « Beaucoup qui sont premiers seront derniers et les derniers premiers »[7], son nom occupe effectivement le dernier rang du point de vue alphabétique. Mais sur le plan de l’action, il est aujourd’hui le premier, le seul maître à bord du navire qui conduit les Congolais vers les rivages fantastiques et merveilleux de la paix, de la liberté, de la justice et de la démocratie. Conscient de son rôle historique et prophétique, ce leader charismatique de l’UDPS totalement mû par l’amour indéfectible de sa Patrie et de l’Humain a bravé avec détermination et courage toutes les intempéries et tribulations. À l’image de Christ Sauveur et de ses Apôtres annonciateurs de la Vérité libératrice (Parole de Vie)[8], celui-ci a réellement connu toutes les péripéties pour faire finalement admettre à tous sans exception que la Liberté est l’Âme de l’Humanité, la Dignité la Voix de sa Conscience et la Justice la Lumière de son Esprit.

Pour faire revivre cette histoire aux multiples rebondissements, laquelle interpelle l’Humain sur le véritable sens de son existence, Doyen Léon-Tousseul Kalengayi Kadima Muntuntu, un des pionniers de la lutte pour la liberté et la démocratie au Congo-Kinshasa, retrace, avec une fidélité qui colle nettement à la chronologie et aux événements, les moments forts de cette marche du peuple vers la dignité. Ceci fait incontestablement voire éminemment de lui un des grands témoins oculaires de notre temps (il est certainement, aujourd’hui, une bibliothèque vivante), un des grands photographes d’événements nationaux (il joue à n’en pas douter le rôle fondamental de photothèque ou centre de documentation et d’archives) qui ont nettement marqué le brusque réveil d’une Nation piétinée, écrasée comme un minable ver de terre.

En d’autres termes, il n’y a qu’un mot susceptible de qualifier correctement, de définir loyalement son œuvre combien utile pour les Combattants, riche en enseignements, intarissable en anecdotes dans le dessein de rafraîchir la mémoire souvent faillible de la plupart de ses contemporains et surtout d’éclairer les futures générations, tel un phare dirigeant les navires qui mouillent en pleine mer pour accoster la nuit : « Rétrospective ! »

Joël Lévy

Préambule

Étant de ceux qui pensent qu’il n’est pas encore temps d’écrire l’histoire de la lutte menée avec âpreté par des Combattants du parti qui luttent encore, il m’est difficile de prétendre vous écrire une histoire qui se continue dans son entièreté. Mais, je crois également qu’une étape importante est déjà franchie. Ainsi, il est de bon aloi de l’écrire pour aider les nombreux jeunes qui nous talonnent sur ce chemin de l’honneur en tenant compte de la spéculation créée par certains faussaires. Tous ces révisionnistes se permettent de réécrire, à leur manière, à travers leurs œillères, cette histoire chère aux pionniers qui croupissent encore sous la botte de la dictature, fût-elle afdélienne ou cépépérienne.

Que l’on cesse donc de distraire les Combattants avec de fausses histoires écrites dans le seul but de se faire voir par l’ennemi comme connaisseur du dossier UDPS afin de se faire embaucher ! Nous en voulons pour preuve les écrits d’un certain fondateur qui a fondu aujourd’hui comme une bonne glace. Une histoire écrite avec beaucoup de déficits et qui n’a servi à rien. Un délateur qui a fini par trahir l’idéal de notre noble lutte. Nous sommes des politiques, donc des leaders d’opinion. Alors, nous devons rester corrects quand nous sommes invités à dire ou à écrire la vérité sur l’histoire du Parti.

Évidemment, nombreux sont encore nos intellectuels congolais qui croient à tort que l’histoire de notre Parti ne doit être écrite que dans la langue du colonisateur, celle de Molière. Pourtant, la majorité de notre peuple pour lequel nous menons cette noble lutte, reste imperméable à cette langue des « Civilisés ». Et, pour paraphraser Heinrich Böll, un écrivain allemand, « il n’existe pas de forme plus haute d’appartenance à un peuple que d’écrire dans sa langue ». C’est avec peine que je m’incline pour essayer de vous écrire ce que je sais sur le cheminement de notre Parti depuis sa création jusqu’à ce jour. À ce propos, j’ai déjà battu un grand travail dans ma langue de naissance, et cela constitue mes mémoires qui aideront ceux qui le comprennent à bien vouloir en saisir la véracité.

L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a son histoire. Une Histoire Glorieuse écrite du sang de ses nombreux martyrs qui sont tombés la tête haute, l’arme de la non-violence dans la main gauche, celle de l’Amour et du Pardon dans la main droite. Ils sont bien nombreux et qui tombent encore. Nous n’avons pas le temps de les pleurer ni de les enterrer car, étant encore au front, il nous est recommandé que de ramasser leurs armes et de continuer la lutte. Le Congo entier a les yeux tournés vers nous, les yeux focalisés sur notre expérience. Nous n’avons pas le droit de le décevoir car là d’où nous venons est déjà distant. L’accostage est déjà prêt, n’eussent été la traîtrise et la médiocrité de notre élite de la déviance !

L’étude que nous présentons ici, ne se veut pas une analyse approfondie d’un fait oppositionnel. Elle vise plus modestement à établir, et ce à partir des documents originaux en notre possession et peu connus du commun de nos Combattants, la chronique d’un Parti qui, du fait même de son originalité et, surtout, de sa longévité ainsi que de son combat, appartient désormais à l’histoire politique de libération nationale du Congo-Kinshasa. À ce titre, nous sommes donc des historiens silencieux, les plus rapprochés de sources événementielles qui émaillent la vie politique de ce grand Parti (UDPS), fille aînée de l’opposition sous toutes ces dictatures nous imposées par les puissances rétrogrades.

Doyen Léon-Tousseul Kalengayi Kadima-Muntuntu et le G8

L’histoire de l’UDPS est axée sur quatre phases :

  1. Genèse de l’histoire
  2. Création du Parti
  3. Vie clandestine du Parti
  4. Reconnaissance officielle du Parti et ses méandres évolutives jusqu’à ce jour.

I. Genèse historique de l’UDPS

La première guerre dite « de 80 jours » connue aussi sous le nom de « Shaba I », qui a failli emporter le dictateur zaïrois et son système, n’eût été l’intervention de l’Occident, pousse le tyran Mobutu à organiser des élections ouvertes d’où émergent effectivement les « Treize parlementaires » signataires de la fameuse « Lettre ouverte de novembre 1980 » au despote de Kinshasa.

Le 25 novembre 1977, Mobutu prononce un discours percutant aux participants du 2e Congrès ordinaire du Parti-État, le Mouvement populaire de la révolution (MPR), sur le mal zaïrois. Dans la foulée, le tyran propose une série de remèdes politiques dont :

  1. La responsabilisation des organes et des cadres dirigeants aussi bien de l’État que du Parti

« sans crainte quelconque d’une désapprobation imaginaire qui n’existe que dans la tête de ceux qui veulent décourager les bonnes volontés », déclare Mobutu.

  1. L’instauration d’une véritable justice préventive et curative

« Je vais créer, annonce le dictateur, une institution nouvelle de protection, une sorte d’œil du peuple, chargée de recevoir directement les requérants zaïrois et étrangers pour tous les abus dont ceux-ci seraient l’objet de la part des autorités judiciaires, administratives, militaires ou autres lorsque toutes les voies de recours traditionnelles prévues par la constitution (seraient épuisées) …

  1. Le rétablissement du contrôle parlementaire sur l’Exécutif
  2. Les interpellations des ministres et des mandataires de l’État ayant en charge les portefeuilles et les entreprises publiques

Ce discours sur le mal zaïrois, en particulier l’annonce d’une libération de la parole, ne manque pas d’avoir des répercussions certaines au niveau de l’Assemblée nationale (Conseil législatif) dont certains membres prennent à la lettre les nouvelles directives du Président de la République.

Les instruments conférés au Parlement sont ceux en usage courant dans tous les parlements, à savoir :

  • la question écrite
  • la question orale
  • L’interpellation parlementaire
  • la commission d’enquête

Par ailleurs, de graves événements interviennent au cours de cette législature, lesquels constituent, à dire vrai, un test de bonne volonté du régime zaïrois relativement aux réformes institutionnelles promises. Il s’agit de fameux massacres au Kasaï Oriental baptisés « Incidents de Katekelayi ».

En juillet 1979, alors que la session parlementaire n’est pas clôturée, de graves incidents surviennent à Katekelayi (Kasaï Oriental). Au cours desdits événements, la machine de guerre activée par une horde de soldats des Forces armées zaïroises se heurte violemment aux « creuseurs » des diamants. Officiellement, c’est-à-dire selon la version cosmétique du gouvernement de Kinshasa, ces incidents malheureusement déplorables ont fait trois morts. Pourtant, plus de 200 personnes trouvent réellement la mort à la suite d’une fusillade meurtrière accompagnée de nombreuses noyades[9].

Ces événements tragiques représentent indubitablement pour certains parlementaires voire des notabilités politiques de cette province martyre l’occasion de manifester ouvertement leur indignation face à cette barbarie d’État. Par conséquent, cinq parlementaires courageux du Kasaï Oriental (Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Milambwe, Tshibuyi, Joseph Ngalula Mpanda Njila) adressent une lettre au Président de l’Assemblée nationale, Joseph Iléo. Dans ce courrier, ces derniers s’en prennent avec véhémence aux agissements disproportionnés des FAZ. Ces députés se plaignent également des exactions constamment commises contre la population du Kasaï Oriental. À ce titre, ils réclament la constitution immédiate d’une commission d’enquête devant se pencher sur la question de l’exploitation illégale du diamant au Kasaï Oriental.

Ci-après l’intégralité de la lettre des Parlementaires du Kasaï Oriental datée du 23 juillet 1979 au Président du Conseil législatif (Parlement sous le dictateur Mobutu).

Citoyen Président,

C’est avec une très grande tristesse et une grave consternation que nous portons à votre connaissance, en notre qualité d’élus de la Région du Kasaï Oriental, les lugubres nouvelles qui nous parvenues à partir du samedi 21 juillet 1979 courant sur les tueries perpétrées dans la journée du vendredi 20 juillet 1979 sur la population, à M’Buji-Mayi, par la Gendarmerie Nationale et qui ont amené une tension et une haine dans la Région susceptibles de conduire à un soulèvement de la population.

Selon les informations en notre possession, ces tueries auraient été perpétrées au-delà de la localité de Tshikama sur les personnes de jeunes gens qui procédaient au creusement du diamant sous l’encadrement d’un premier groupe de militaires, comme c’en est devenu une habitude que nous n’avons cessé de dénoncer dans nos rapports de vacances, surtout ceux d’octobre 1978.

Le second groupe de militaires, surtout femmes militaires arrivées sur le lieu, auraient immédiatement procédé à tirer sur ces creuseurs sans aucune sommation, ni avoir procédé aux arrestations comme le prescrit la loi.

Toujours selon les informations en notre possession, il y aurait plus de 180 tués selon les uns voire 230 selon les autres. Il semble même qu’un commerçant et homme d’affaires important de M’Buji-Mayi, Citoyen Mukeba Tshilombola, aurait simplement été abattu en pleine Ville dans la nuit de ce même vendredi à la faveur de tous ces événements.

En vous adressant cette lettre, nous tenons :

a)      à attirer votre meilleure attention sur le fait qu’il est devenu une coutume de procéder sans vergogne à des tueries de la population dans la Région du Kasaï Oriental, toujours pour des raisons d’exploitation clandestine du diamant, même en dehors du Polygone MIBA, même pour des gisements que la MIBA ne pourra jamais exploiter, parce que non industriellement rentables, mais qui peuvent être exploités artisanalement.

Nous croyons que, en cas de flagrant délit d’exploitation clandestine des matières précieuses, la loi prescrit l’arrestation et non la tuerie, sans aucun jugement, qui constitue une barbarie et un déni de justice et des droits de l’homme

b)      à attirer votre meilleure attention en tant que président d’un organe censé représenter le peuple du Zaïre, sur le fait que malgré nos rapports de vacances proposant des solutions justes et utiles tant pour l’intérêt du fisc, donc de l’État, que pour celui de la population, parce que toute la Région du Kasaï Oriental, soit 72.000 Km2, est déclarée Zone A. L’Exécutif n’a pas trouvé nécessaire de renoncer aux méthodes de tueries et d’instaurer une structure d’exploitation vraiment profitable à la Nation au coût le plus bas. Les tueries ordonnées au profit des exploitants étrangers n’en sont pas une solution dans l’intérêt national.

c)      à vous faire remarquer que, malgré l’existence d’une résolution du Congrès du MPR, premier organe du Parti en qui tout le monde reconnaît la compétence d’élaborer la politique générale du pays, sur la création des comptoirs d’achat de diamant au Kasaï Oriental; malgré que, à l’occasion de la rencontre de Gbadolite entre le président de la République et la Commission des 50, le Président Mobutu ait opportunément accepté et reconnu le bien-fondé de cette résolution dont l’exécution devrait être urgente, le Bureau du Parlement n’a pas cru urgent d’inscrire au calendrier des dernières sessions, une proposition lui présentée pour la modification de la législation sur la Zone A pour des raisons qui nous sont restées obscures jusqu’à ce jour.

d)      à vous rappeler que plus d’une fois, nous avons attiré l’attention de la Nation à travers ses élus, et celle du Président de la République sur l’injustice qui est faite aux populations du Kasaï Oriental et l’état psychologique qui s’en est suivi au point qu’elles sont arrivées à se considérer comme une population entièrement à part au lieu d’être des Zaïrois à part entière.

En effet, combien n’a-t-on pas parlé de fraude ? Fraude de café dont on connaît la liste et les adresses des opérateurs voire les fortunes qui en sont résultées. Ces citoyens n’ont été ni inquiétés, ni déférés devant la Justice, ni a fortiori tués.

Fraude de l’or, fraude des peaux de crocodiles, de léopards et d’autres reptiles, fraude de malachite, voire de cuivre, de cobalt, de bois, de mercure et dernièrement fraude de salaires à grande échelle.

Aucune répression, aucune tuerie. Des citoyens ont enlevé des millions de Zaïres de comptes de l’État au vu et au su de tous, sont tranquillement préservés même du simple regard du public : ils vivent dans des villas de l’État à ses frais. Pas d’inquiétude, pas de tueries. Donc pas de péché. Innocence. Mais péché et culpabilité au Kasaï Oriental. Donc seul le diamant enrichit le privé et uniquement la fraude appauvrit l’État. Quelle est cette forme de Justice nationale ?

e)      à vous prier d’attirer l’attention de l’Exécutif sur le fait que, excédée par cette injustice nationale, d’autant plus que cette fraude incriminée l’est souvent avec la complicité de l’armée elle-même, au point que l’on peut se demander à juste titre dans la Région qui est fraudeur et qui ne l’est pas, la population du Kasaï Oriental ne soit acculée à se soulever, à se rebeller un jour, sous l’entière responsabilité de ses gouvernants, nationalistes par ailleurs.

Citoyen Président,

Permettez-nous de vous dire qu’au nom de la loi, nous demandons au Bureau du Parlement d’ordonner de toute urgence une Commission parlementaire d’enquête qui doit faire la lumière sur cette situation et proposer une solution salutaire destinée à mettre définitivement fin à cette situation qui a trop perduré.

Nous suggérons que des députés (Commissaires du peuple sous Mobutu) originaires de la Région fassent partie de cette Commission étant donné qu’il ne s’agit pas d’un problème qui oppose des fractions parmi la population, mais qui concerne plutôt toute la Nation et une de ses Régions.

Nous vous prions de croire, Citoyen Président du Parlement, à l’assurance de notre haute considération.

Cette lettre n’entraîne aucune réaction de la part des personnalités interpellées. À l’étranger, les incidents furent relatés d’une manière très atténuée, il est question dans la presse belge, notamment Le Soir, d’une ‘’noyade de mineurs clandestins’’ qui ont essayé d’échapper à la police.

Selon l’Ambassade du Zaïre à Paris, le Président zaïrois se serait rendu sur les lieux et aurait conclu « qu’il s’agissait d’une attaque lancée par des trafiquants de diamants contre une mine ».

L’affaire ne resurgit en pleine lumière que le 8 novembre 1979 avec la parution du communiqué du Comité Zaïre (Belgique) de Ronald Van den Bogaert et de la Fédération internationale des droits l’homme (Paris) grâce à la dénonciation organisée au pays par un groupe de travail clandestin G8 et le Professeur Grégoire Dikonda wa Lumanyisha. Par conséquent, un membre du G8 est même révoqué de ses fonctions à l’Office national des postes et des télécommunications du Zaïre (ONPTZ) accusé d’être en intelligence avec ces organismes de défense des droits de l’homme.

Au même moment à Kinshasa, les autorités allèguent vouloir organiser une commission d’enquête. Le Président Mobutu convoque les quatre parlementaires signataires de la lettre au Président du Parlement et les contraint sous la menace à se dédire et à soutenir la version officielle du gouvernement qui déclare trois morts dans ces incidents de juillet 1979. Ces audiences dont le compte-rendu ci-dessous reproduit reconstitue les moments importants, ont lieu entre les 19 et 23 novembre 1979.

Lundi 19 novembre 1979

L’ensemble des élus du Kasaï Oriental sont convoqués par le dictateur Mobutu au camp militaire Tshatshi. D’après la communication faite aux élus au Parlement, il leur est instamment demandé de ne pas utiliser leurs véhicules personnels et de monter à bord d’un bus mis à leur disposition par le pouvoir. Suite à leur refus catégorique de prendre le bus réquisitionné à cet effet, il leur est finalement permis d’utiliser leurs propres véhicules. Au camp militaire Tshatshi, ces Parlementaires sont reçus par le chef des services de renseignement Jean Seti Yale et le procureur de la République Léon Kengo wa Dondo. Après un certain délai d’attente, le dictateur Mobutu pointe finalement son nez. Celui-ci arpente sans dire un mot, pendant plusieurs minutes, la pièce de long en large, et ce en signe d’intimidation de ses interlocuteurs.

Au paroxysme de la théâtralisation, Mobutu prend enfin la parole et affirme que « les Baluba l’ont trahi », qu’il vient de prendre connaissance, via une ambassade étrangère, de la lettre envoyée par les élus du Kasaï Oriental à Iléo fin juillet et qu’il en est indigné », « qu’il croyait n’avoir d’ennemis qu’à l’extérieur du Zaïre et qu’il constate maintenant en avoir également à l’intérieur du pays, et que les Baluba sont des ingrats, que sans lui, ils auraient été massacrés en 1960, etc. ». À cette occasion, le dictateur s’en prend tout particulièrement à Tshisekedi et l’accuse d’être en tant que juriste l’auteur de la fameuse lettre. Dans un moment de délire, il tient des propos directement menaçants : « Vous voulez ma peau, vous ne l’aurez pas ou la paierez très cher car, moi, je peux avoir votre peau quand je veux et comme je veux ». Dans la foulée, il exige des élus du Kasaï Oriental la signature d’une lettre de démenti selon laquelle les incidents de M’Buji-Mayi n’ont fait que trois morts. À cet instant, beaucoup d’élus du Kasaï Oriental se sentent mal à l’aise compte tenu du ton utilisé par le dictateur.

Finalement, un député de Sankuru prend la parole. Répondant au dictateur, il déclare que « l’affaire de M’Buji-Mayi n’est pas une affaire des Baluba mais du Kasaï Oriental ». Il poursuit : « Qui ne dit pas que parmi les personnes tuées ne figurent pas les ressortissants de l’Équateur ? Leurs parents auraient-ils eu le temps de constater leur disparition ? »

Aux cous des interventions, les élus du Kasaï Oriental font remarquer qu’il n’est pas possible que Mobutu n’ait pu prendre connaissance de leur lettre que les derniers jours dans la mesure où une copie lui avait été transmise bien avant. Prétendant n’avoir jamais rien reçu, le dictateur fidèle à lui-même prend à partie aussi bien le Président Iléo que toutes les sections régionales du Parlement.

Directement mis en cause, Tshisekedi déclare avoir signé la lettre en tant que représentant du peuple et par conséquent, réclame la tenue d’une enquête. Pour ce faire, il affirme disposer d’informations alléguant le nombre approximatif de 250 morts. À ce titre, il demande sèchement à quel document Mobutu se réfère pour prétendre la comptabilité de 3 victimes. Se sentant contrarié, le dictateur fait observer qu’il aurait effectivement mené sa propre enquête. Au cours de ces échanges, Tshisekedi lui rétorque : « À quel titre avez-vous mené ces enquêtes ? Quel texte juridique vous autorise à mener une enquête ? Où sont les documents relatifs à ces enquêtes ? » Poursuivant dans la même veine, il réplique : « Comment conciliez-vous ce chiffre de 3 morts avec le compte de 23 morts avancé par le Gouverneur de Région Efambe lors de la réunion des ‘’Notables’’ du Kasaï Oriental ainsi que le repêchage de 80 cadavres signalé par la phonie de Lusambo ? »

En conclusion, les élus du Kasaï Oriental déclarent être prêts à signer un document fixant le nombre de victimes à condition qu’une enquête soit menée et qu’elle aboutisse à cette conclusion.

Puis, Ngalula déclare : « Si nous vous avons envoyé copie de notre lettre, c’est que nous pensions que vous n’étiez pas en cause et que les vrais coupables étaient la ‘’soldatesque’’. Le fait de vous adresser cette lettre vous ‘’disculpait’’. Alors, pourquoi prenez-vous la défense de cette ‘’soldatesque’’ ? »

Au cours de ces discussions animées, Seti Yale est intervenu à maintes reprises. À cet effet, Tshisekedi demande directement à Mobutu : « À quel titre le responsable de la sécurité s’adresse-t-il à nous ? Doit-on considérer réellement les élus du Kasaï Oriental comme des prisonniers interrogés par le Centre national de la documentation (CND)[10]? » Devant l’insistance de Tshisekedi, le dictateur ordonne à Seti de se taire. Ainsi rendez-vous est pris le lendemain afin de discuter d’un texte de compromis éventuel à élaborer par l’avocat Nyimi Mayidika Ngimbi, de surcroît directeur de cabinet de Mobutu.

Mardi 20 novembre 1979

La discussion ne se tient plus avec l’ensemble des élus du Kasaï mais avec la Commission du Kasaï Oriental (y participent seulement Makanda, Tshisekedi, Ngalula, Tshibuyi et Milambwe).

Le projet établi par Me Nyimi consiste en une ‘’protestation énergique contre les accusations venant de l’extérieur dans laquelle il ne fait aucune mention du nombre de victimes’’. Les 5 représentants répondent que ce projet n’est pas conforme à l’esprit de ceux qu’ils représentent et exigent de les consulter.

Mercredi 21 novembre 1979

Les élus du Kasaï Oriental refusent de signer. Leur désapprobation est communiquée au dictateur Mobutu qui demande aux représentants susvisés de rédiger leur propre projet.

Jeudi 22 novembre 1979

Mobutu convoque les membres du Bureau politique du MPR originaires du Kasaï Oriental. Ces apparatchiks affirment à l’unanimité que leur collègue Kadima Tshiovo a été corrompu à cette occasion. S’agissant des commissaires politiques Kalala et Wembi Kakese, les accusations ne sont pas aussi précises. Toujours est-il que depuis cette entrevue, ils défendent le point de vue du dictateur Mobutu.

Vendredi 23 novembre 1979

Cette dernière séance de discussions se termine en queue de poisson. Il n’y a aucun accord sur un texte de compromis. À cet effet, Mobutu lève brutalement la séance et menace directement les élus du peuple : « J’irai loin avec cette affaire ».

Mardi 27 novembre 1979

Le dictateur Mobutu se présente devant le Parlement pour s’adresser à la Nation. Il y prononce un discours ayant la même teneur acide que les propos déjà tenus le lundi 19 novembre devant les élus du Kasaï Oriental, sous prétexte qu’il est le libérateur des Baluba en 1960. Brandissant une fois la menace, il répète en guise d’intimidation : « Vous voulez ma peau, vous la paierez très cher et j’irai loin avec cette affaire… »

Au cours de cette intervention qui a duré une heure, le dictateur accuse nommément Makanda, Tshisekedi et Ngalula pour l’avoir défié. Poursuivant sur un ton qui cache mal son énervement, il fustige : « Ce ne sont pas de serpents, de nyoka[11] mais de ndoki[12]. »

Pour clôturer ce premier épisode, Mobutu déclare, devant les Parlementaires, que « la mise sur pied d’une commission parlementaire d’enquête n’est pas nécessaire, comme l’exigent les élus du Kasaï Oriental, dès lors qu’il avait personnellement pris en charge l’affaire et s’était déplacé lui-même à M’Buji-Mayi. »

Voici à peu près la genèse historique (la chronologie des événements marquants) qui poussa les Treize Parlementaires à fonder une deuxième formation politique en marge du Parti-État, parti unique, le MPR, après la fameuse Lettre ouverte à Mobutu.

Un autre fait, dont l’importance est capitale, est cet extrait de l’interview de L’Honorable Étienne Tshisekedi au quotidien ‘’La Libre Belgique’’ daté du 2 octobre 1980. Quelques propos recueillis à Bruxelles sont ci-dessous reproduits.

LB : Une interview sur la situation dans votre pays peut-elle comporter un danger pour vous lors de votre retour à Kinshasa ?

ET : Lors de sa conférence à Bruxelles, le 12 mars dernier, le Président a déclaré que l’opposition au régime était permise à la condition de se situer à l’intérieur du MPR. C’est comme membre de ce Parti que je répondrais à vos questions. Il est vrai qu’en pratique, une initiative de ce genre n’est pas tolérée dans mon pays, malgré les dispositions constitutionnelles qui sont nettes à ce propos.

C’est regrettable car en ce moment où le Zaïre traverse toutes sortes de difficultés, la contribution de tout citoyen est non seulement un droit (mais) c’est un devoir sacré. Ne dit-on pas que c’est aux Zaïrois de résoudre les problèmes de leur pays ? Pour cela, il faut que les citoyens jouissent des droits élémentaires de la personne humaine, particulièrement du droit de libre expression, cette ‘‘liberté des libertés’’.

L’un des facteurs qui a conduit le Zaïre à la situation actuelle, c’est précisément cette structure pyramidale du système politique où c’est le sommet qui pense, conçoit, décide et apprécie l’impact de ses propres décisions, le reste du pays n’ayant que l’alternative d’applaudir ou de se taire.

Normalement, c’est au journal de mon pays qui devrait publier des interviews d’hommes politiques, et je regrette d’accorder cet entretien sur les problèmes de mon pays à un journal étranger, tout simplement parce que, au nom d’un principe de droit qui n’est pas encore énoncé publiquement, aucun journal ne peut se le permettre au Zaïre.

Vingt ans d’expérience devraient être suffisants pour permettre à la classe politique d’acquérir assez de maturité pour assurer ses responsabilités. Le Zaïre a le devoir de s’ouvrir au débat libre pour faciliter à chacun l’accomplissement de ses obligations patriotiques à l’édifice commun.

LB : La situation ne s’améliore guère au Zaïre malgré le plan Mobutu et diverses mesures d’ordre technique. Comment l’expliquer ?

ET : Je crois que, dans les efforts qui sont faits pour sortir mon pays de la crise, on a trop négligé l’aspect politique. La structure du pouvoir, je viens de vous le dire, ne peut pas favoriser un quelconque élan chez les concitoyens qui sont tous, « qu’ils le veulent ou non », comme on dit chez nous membres du MPR.

En effet, leurs avis n’étant pas requis dans les décisions qui engagent la Nation ou étant simplement consultatifs lorsqu’ils sont demandés, les militants du parti unique ont l’impression ou la conviction de ne servir à rien dans un pays qui a pourtant besoin de mobiliser chacun pour la mise en valeur de ses richesses. D’où l’affairisme, la corruption que l’on remarque à tous les niveaux de la société, chacun suivant la règle d’or du « débrouille-toi ! » pour nouer les deux bouts. Je ne vois pas le plan qui peut réussir dans une telle atmosphère de démission.

La solution ne consiste pas à multiplier des organes aussi inutiles que budgétivores, Comité central, Bureau politique, Comité exécutif, Secrétariat permanent, Congrès, que sais-je encore… pour donner l’illusion démocratique. Elle consisterait à jouer avec franchise par la reconnaissance à la classe politique de sa pleine capacité à gérer la chose politique.

LB : Quelle organisation préconisez-vous ?

ET : Je ne vais vous présenter un projet détaillé de Constitution, mais seulement souligner deux options essentielles. Tout d’abord, sur le plan national, la vie politique doit s’axer sur un parlement démocratique représentatif comme celui que nous avons actuellement, mais dont les membres devraient être les véritables animateurs de la vie politique, les courroies de transmission entre le peuple et l’Exécutif.

Au lieu d’avoir une place secondaire dans une hiérarchie dont il reçoit servilement les injonctions impératives, le Parlement doit avoir le pouvoir de légiférer seul, en toute liberté, et il doit exercer le contrôle intégral de toute l’action de l’Exécutif. Il faut aussi un véritable gouvernement responsable devant le Parlement, afin de pouvoir assurer la « transparence » de la gestion du pays. Car, un autre facteur de la crise zaïroise, c’est précisément la « non-transparence » de cette gestion.

D’autre part, au niveau régional, il faut une décentralisation politique et économique. Ne confondez pas décentralisation et sécession. Le Zaïre, alors Congo, a connu une expérience de décentralisation par la « Constitution de Luluabourg ». Ce n’est pas faute d’un bon fonctionnement que ce système a pris fin en 1966. Tout le monde, les Belges y compris, souhaiterait l’unité du Zaïre, la vraie unité, celle qui est ressentie, par la population comme équité et harmonie, et qui se réalise dans la décentralisation. Car la situation actuelle est source de frustration et de tension entre des populations que nous voulons unies.

Il y aura des problèmes de répartition de compétences entre le pouvoir central et les régions. Je viens du Canada où après 120 ans d’indépendance, le problème demeure à l’ordre du jour.

Cette entrevue de Dr Étienne Tshisekedi à Bruxelles est suivie à Kinshasa, lors de l’ouverture de la session parlementaire, d’une nouvelle fronde au Conseil législatif. La restructuration décidée par le chef de l’État et le Bureau politique du parti unique, le MPR, nécessite une nouvelle révision de la Constitution, donc une approbation par le Parlement de la nouvelle institution, le Comité central.

I.      La naissance de l’UDPS

De la Lettre ouverte des Treize Parlementaires au Président Mobutu

Parallèlement aux débats au sein du Conseil législatif (Parlement), un groupe plus informel de députés, alors Commissaires du peuple sous Mobutu, envisage une action plus radicale dès le début d’octobre 1980, c’est-à-dire dès la rentrée parlementaire. Les initiateurs de cette stratégie sont Tshisekedi, Makanda et Ngalula baptisés par le G8 en code TSHIMANGA. Cette action prend la forme d’une « Lettre ouverte » au Président de la République dans laquelle ce dernier est directement interpellé et mis en cause comme premier responsable de l’état de dégradation du pays. L’acte posé n’est pas vraiment empreint de désespoir bien que cette poignée de députés soit minoritaire au sein du Conseil législatif. En effet, ne pouvant plus effectivement rien à attendre de cette institution, les Parlementaires dissidents souhaitent élargir seulement le débat en le portant sur la place publique tant nationale qu’internationale et, ainsi, agir en conséquence.

Quoi qu’il en soit, le 31 décembre 1980, l’un des Treize députés est arrêté au soir alors qu’il s’apprête à se rendre chez le Conseiller spécial du Président de la République avec le document « Lettre ouverte » et une demande d’audience. Interné à la Cité de l’OUA, Ngalula est rejoint le lendemain par cinq co-auteurs de cette Lettre : Tshisekedi, Makanda, Kanana, Lusanga et Kapita venus par solidarité se constituer avec leurs collègues prisonniers à la résidence même du Chef de l’État.

Les Parlementaires inculpés comparaissent devant la commission permanente de discipline du Parti-État entre les 9 et 13 janvier 1981. Au cours des audiences, Sept députés reconnaissent assumer pleinement la teneur de cette lettre : Tshisekedi, Makanda, Ngalula, Kanana, Kyungu, Lumbu et Lusanga. Les six autres affirment, soit n’avoir pas vu ou lu ledit document, soit être prêts à retirer leur signature. Il s’agit de : Dia Oken-a-Mbel, Ngoyi Mukendi Muya Pandi, Mbombo Lona, Kasala Kalamba ka Buadi, Biringanine Mugaruga et Kapita Shabani. Kibassa Maliba, le seul membre du Comité central du MPR, accusé d’avoir participé à une réunion avec les autres parlementaires inculpés, explique « qu’un changement devrait intervenir dans le pays ».

Nous ne pouvons pas clôturer ce chapitre sans rappeler rapidement à nos lecteurs que nombreux furent certains compatriotes qui fuyèrent le pays pour s’exiler d’abord et ensuite essayèrent d’écrire des livres intéressants pour tromper notre bonne foi en les considérant comme de véritables opposants au régime qu’ils accusèrent. Pourtant, ces derniers n’étaient qu’à la recherche de leur repositionnement personnel. Comble du ridicule, tous ces « politicailleurs » (Jean de Dieu Nguz Karl I Bond, Bernardin Mungul Diaka, Cléophas Kamitatu Massamba et consorts) furent tous, comme d’habitude, récupérés par le même pouvoir qu’ils vilipendèrent hier.

Tous détenus d’abord à la Cité de l’OUA, les Treize sont ensuite relégués chacun dans sa région (Province) d’origine et enfin libérés le 4 décembre 1981 des suites de diverses pressions internes et extérieures. En effet, cette relégation eut lieu le 21 janvier 1981 tandis que la première visite à la Cité-prison de l’OUA pavillon 21 n’a été autorisée qu’aux seules épouses le 19 janvier pour cinq minutes. Celle-ci fut suivie de leur comparution immédiate devant la Cour de sûreté de l’État à l’Assanef, puis le lendemain, la mesure de déportation dans leur province d’origine est exécutée.

Durant cet exil intérieur forcé par le pouvoir dictatorial, une mission de charme est lancée en direction de chaque détenu par les autorités. De tous, seul Mbombo Lona succombe en mordant l’hameçon. Tout en restant au Kasaï Occidental, plus particulièrement à Luebo, pour s’affairer à ses occupations champêtres selon certaines indiscrétions, il marque la première défection du groupe.

Toutefois, il importe de signaler que le 2 janvier 1981, à Kinshasa, la capitale, une manifestation réunissant une centaine de sympathisants solidairement acquis à la cause des ‘’Treize’’ a politiquement marqué cette journée consacrée par Mobutu Sese Seko à la levée – unilatérale et contraire aux usages parlementaires – de l’immunité dont bénéficiaient ces députés et Dignes Fils de la Saint-Sylvestre.

D’ailleurs, partout où ils vivent à l’intérieur du pays en symbiose avec la population, les idées profondes de la Lettre ouverte adressée au dictateur zaïrois qui empêche sa large diffusion, sont révélées aux masses qui, finalement, prennent courage pour affronter cet édifice monolithique mobutiste. Ainsi, l’ouverture de l’école du changement et de la démocratie se met en marche dans chaque province où sont relégués tous ces Dignes Fils du peuple congolais grâce à la propagande que fait le même pouvoir dictatorial mobutien contre eux.

II.      Chronologie des faits

Avec la complicité de quelques braves compatriotes, les ex-‘’Treize’’ Parlementaires du Parti-État, le MPR, créent le 15 février 1982 l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, en sigle) sous l’empire dictatorial de Mobutu Sese Seko qui déclara naguère : « De mon vivant, il n’y aura jamais plus de deux partis politiques au Zaïre ».

Voici les noms historiques des Treize Parlementaires

  1. Gabriel Biringanine Mugaruga (décédé)
  2. Charles Dia Oken-a-Mbel (dissident)
  3. Walter Isidore Kanana Tshiongo-a-Minanga (décédé)
  4. Paul-Gabriel Kapita Shabani (dissident)
  5. Célestin Kasala Kalamba ka Buadi (décédé)
  6. Oliveira da Silva Gabriel Kyungu wa ku Mwanza (dissident)
  7. Protais Lumbu Maloba Ndiba (dissident)
  8. François Lusanga Ngiele (dissident)
  9. Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga (décédé)
  10. Symphorien Mbombo Lona (dissident)
  11. Joseph Ngalula Mpanda Njila (décédé)
  12. Edmond Ngoyi Mukendi Muya Pandi (dissident)
  13. Étienne Tshisekedi wa Mulumba (Président National)

Sur les Treize Parlementaires auteurs de la Lettre ouverte destinée au dictateur Mobutu le 1er novembre 1980, dont l’arrestation arbitraire du 31 décembre est surnommée par le pouvoir de ‘’complot de la Saint-Sylvestre’’, à l’exception de ceux qui ont, pour toujours, quitté ce monde physique, un seul député tient effectivement bon, comme le clame, d’ailleurs, opportunément le slogan sacré de l’UDPS (Tenons bon, l’UDPS vaincra). Gloire et Honneur à ce Digne Fils de la Saint-Sylvestre, Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba.

10 mars 1982

Un groupe de fondateurs de l’UDPS Katanga se rend dans la capitale économique du pays, Lubumbashi, pour tester, après moult négociations avec le pouvoir, sa bonne foi en y organisant à la place de la Poste et des Télécommunications un meeting d’information afin d’expliquer à la population le bien-fondé de la création de l’UDPS.

Malmenés par la police politique, ces derniers sont tous appréhendés au cours de cette manifestation, y compris certains sympathisants, puis expédiés comme des colis à Kinshasa où ils sont internés à la prison centrale de Makala. Parmi les personnes interpellées qui débarquent manu militari dans la capitale, le 12 mars 1982, par vol assuré par un jet privé de la Gécamines, figurent deux femmes molestées sexuellement en tenue d’Ève.

Liste de personnes arrivées de Lubumbashi et écrouées à la Maison d’arrêt de Kinshasa

  1. Frédéric Kibassa Maliba
  2. Gabriel Kyungu wa ku Mwanza
  3. François Lusanga Ngiele
  4. Julienne Mangabu Mfwamba
  5. Godeliève Meta Mudiayi
  6. Léonard Mutombo Kalala
  7. Léopold Sambwa
  8. François Tshipama

27 mars 1982

Arrestation de tous les fondateurs encore libres à Kinshasa et leur internement à la Prison centrale de Makala où ils sont soumis à des interrogatoires quotidiens par une « Commission de sécurité » nonobstant toutes les garanties leur octroyées lors des négociations de février 1982 de ne pas être judiciairement poursuivis. Ces derniers s’élèvent contre toute tentative de vouloir donner à ce problème ‘’une coloration juridique’’. (Voir lettre au Procureur général de la République, Prison centrale de Makala, le 16 avril 1982).

05 juin 1982

Pr. Grégoire Dikonda wa Lumanyisha quitte clandestinement le pays à la recherche d’un pays d’asile avec cette mission d’être le porte-parole du Parti (UDPS) à l’extérieur.

19 juin 1982

Premier procès des fondateurs du Parti à l’Assanef dans la commune de Lingwala, siège de la Cour de Sûreté de l’État. Mais, cette séance est écourtée en raison de l’absence des avocats belges et sénégalais choisis par les fondateurs et auxquels les visas n’avaient pas été délivrés au jour de l’ouverture du procès.

Pour la première fois dans l’histoire du Zaïre, la Cour de Sûreté de l’État est prise d’assaut par une foule de gens venus de tous les coins de la capitale pour admirer ces Dignes Fils du peuple. Entonnant des chansons patriotiques et prêchant l’exode d’Égypte vers la Terre promise par le peuple israélite. Cette journée donne lieu à des premières empoignades entre les militants de l’UDPS et les ‘’abeilles’’ de la garde prétorienne, la Brigade spéciale présidentielle (BSP). Comme d’accoutumée, ces séides du mobutisme procèdent à des pires brimades et arrestations arbitraires. Les personnes sauvagement arrêtées dans le cadre de cette opération, sont conduites directement au camp militaire Tshatshi pour être soumises aux diverses séances de tortures.

28 juin 1982

Deuxième procès de l’Assanef. Les avocats des fondateurs (les Belges Me Eric Vergauwen et Me Robert Goffin ainsi que le bâtonnier zaïrois Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba) sont au rendez-vous. Malgré cette présence des défenseurs à la Cour, les fondateurs refusent de pénétrer dans la salle d’audience infiltrée depuis la veille par une cohorte de militaires en civil, de surcroît, issus de la BSP.

Ce simulacre de procès s’ouvre par l’audition du témoin Marcel Lihau, professeur de droit constitutionnel à l’Université nationale du Zaïre (UNAZA). Ce jour-là, le public est tenu à distance par les différents services spéciaux du pouvoir en vue d’empêcher les manifestations du 19 juin. Toutefois, à la sortie de l’audience, les membres les plus proches de familles des fondateurs (épouses, mères et belles-sœurs) sont arrêtés avec une brutalité déconcertante et jetés dans des fourgons cellules (Jeeps) en présence des avocats. Ils sont conduits manu militari au quartier général du colonel tortionnaire Bolozi, de surcroît beau-frère du dictateur zaïrois. Le lendemain, ce groupe est relâché et complètement dépouillé de tous biens et objets de valeur. En même temps, le constitutionnaliste Marcel Lihau est libéré, y compris les huit autres détenus non-fondateurs arrivés de Lubumbashi.

01 juillet 1982

Le verdict tombe. La Cour de Sûreté de l’État condamne les vaillants combattants de la liberté à une peine d’emprisonnement ferme de 15 ans. Ces derniers sont écroués à Makala.

 III.      De la vie clandestine du Parti à la légitimité populaire

06 juillet 1982

Les fondateurs mettent sur pied le premier directoire provisoire de l’UDPS à la prison centrale de Makala.

09 juillet 1982

Les fondateurs privés de liberté sont exilés dans des bagnes entretenus par le pouvoir dictatorial à travers le territoire national.

Étienne Tshisekedi à Belingo dans le Bandundu à cheval entre cette région et la Province de l’Équateur.

  • Paul-Gabriel Kapita Shabani à Djungu à 75 Km de Bunia (Province orientale)
  • Joseph Ngalula à Buta puis transféré avec Kapita à Osio pour rejoindre le groupe
  • Anaclet Makanda à Dungu, sur la frontière avec le Soudan (Province orientale) puis à Osio.
  • Charles Dia Oken-a-Mbel à Buluo (Katanga) aux environs de la Ville de Likasi
  • Isidore Kanana à Tshela (Bas-Congo)
  • Célestin Kasala Kalamba ka Buadi à Inongo (Bandundu)
  • François Lusanga Ngiele à Luzumu
  • Faustin Birindwa à Luzumu
  • Edmond Ngoyi Mukendi à Luzumu
  • Léopold Sambwa à Luzumu
  • Frédéric Kibassa Maliba à Osio, rive gauche, Province orientale

Après quelques temps, tous ceux du Haut-Zaïre, donc de la Province orientale, sont regroupés à la prison d’Osio sur la rive gauche de la Ville de Kisangani, pour mieux les surveiller. C’est au cours de ce séjour que le Manifeste de la Nouvelle Société est rédigé.

À cette étape cruciale de la lutte, le Parti connaît déjà ses premières défections : L’Honorable Mbombo Lona du Kasaï Occidental et L’Honorable Gabriel Biringanine Mugaruga du Kivu qui a fui le procès de l’Assanef, croyant qu’ils seront pendus comme les infortunés de la Pentecôte le 1er juin 1966. Par crainte, ce dernier est allé se réfugier à Lagos (Nigeria) puis à Londres (Angleterre). Il est définitivement retourné au Congo après le discours d’ouverture politique du 24 avril 1990.

19 mai 1983

Les fondateurs sont amnistiés et libérés. Le dictateur Mobutu s’autoproclame Maréchal des Forces armées zaïroises (FAZ).

27 juillet 1983

En l’honneur des fondateurs libérés, une messe d’action de grâce est organisée par la base du Parti en l’Église Saint-Marc de Kingasani. Cette rencontre est suivie d’un cocktail offert à la résidence du pionnier Anaclet Mukendi Kashala dans la Commune de Kimbaseke (Kingansani ya Suka) – banlieue de Kinshasa – . Après le départ des invités de marque, la maison de ce dernier est sauvagement mise à sac par l’Adjoint au Maire (Commissaire de Zone adjoint) accompagné d’une bande de voyous agissant sous le parapluie de la Jeunesse mobutiste du Mouvement populaire de la révolution (JMPR).

07 août 1983

Une deuxième messe d’action de grâce est dite en l’Église Saint-Augustin de Lemba. Organisée par le G8 et d’autres militants de base, cette manifestation est ponctuée de danses folkloriques pende et yaka dans la cour du célèbre Bar ‘’Jamais Kolonga’’. Après cette réunion, ce lieu de rencontre est immédiatement fermé par le pouvoir dictatorial.

11 août 1983

Arrivée à Kinshasa d’un groupe de Congressmen et Congresswomen américains pour rencontrer les fondateurs de l’UDPS. À l’Aéroport international de N’Djili, les fondateurs qui accueillent chaleureusement leurs collègues, défient le protocole d’État commis à la réception de ce genre de personnalités. En pleine dictature à Kinshasa, ceux-ci surgissent inopinément sur le tarmac en costume occidental (trois pièces et cravate). En effet, cette tenue est bannie par l’orthodoxie mobutuesque du MPR prescrivant, à titre de costume officiel, le port obligatoire de l’abacost, terme signifiant « à bas le costume ».

12 août 1983

Une rencontre réunit à l’Hôtel Intercontinental de Kinshasa les fondateurs de l’UDPS et les Congressmen ainsi que les Congresswomen. Vers la fin de cette réunion historique, une manifestation gigantesque est organisée dans l’enceinte même de l’Hôtel devant de nombreux observateurs et passants par des militants et sympathisants du Parti. Brandissant des banderoles et des calicots, ces derniers réclament en chœur la démocratisation des institutions ainsi que la reconnaissance officielle de l’UDPS.

En présence de ces illustres invités, la Brigade spéciale présidentielle (BSP) mêlée à la foule provoque une bagarre généralisée. On y dénombre plusieurs blessés et arrestations arbitraires. Certains fondateurs sont conduits manu militari au Camp Tshatshi et torturés bestialement de 17 à 19 heures où ils sont relâchés sur indignation des hôtes et de leur Ambassadeur sur place à Kinshasa.

13 août 1983

Une nouvelle rencontre entre les fondateurs de l’UDPS et les Congressmen ainsi que les Congresswomen est organisée à l’Hôtel Intercontinental où leur état physique suscite l’indignation et la réprobation de leurs hôtes, entre autres des femmes. En signe de protestation contre ces fâcheux incidents, ces personnalités américaines annulent la rencontre-dîner prévue le même jour avec le dictateur sur son yacht.

13 octobre 1983

Nuitamment enlevés, tous les fondateurs sont relégués avec leurs femmes et enfants dans leurs villages respectifs. Cette relégation est la plus longue.

Abandonnent cette fois la lutte, tous les fondateurs issus du Kasaï Occidental, un de Bandundu et un autre du Katanga :

a.       Paul-Gabriel Kapita Shabani (Kasaï Occidental)

b.      Edmond Ngoyi Mukendi (Kasaï Occidental)

c.       Célestin Kasala Kalamba ka Buadi (Kasaï Occidental)

d.      Charles Dia Oken-a-Mbel (Bandundu)

e.       Gabriel Kyungu wa ku Mwanza (Katanga)

21 juillet 1984

Libération des épouses et des enfants des fondateurs relégués dans leurs villages.

17 novembre 1984

Le G8 rencontre à Brazzaville le Pr. Grégoire Dikonda pour étudier des voies et moyens de doter le Parti d’une aide financière permettant de soutenir ses activités.

8 décembre 1984

Un mécène accompagné de Dikonda arrive à Brazzaville pour une deuxième rencontre avec le G8. Il s’agit d’un marché de dupes. Trop imbu de lui-même, le Pr. Dikonda roule le fameux mécène. Pour cette raison, celui-ci est assigné en Justice en Belgique et par ailleurs dénoncé par le G8 au collège des fondateurs qui n’hésite pas à le destituer et à le remplacer par M. Corneille Mulumba.

8 mars 1983

Le village de Mupompa où est relégué Étienne Tshisekedi, est attaqué. Une victime ( Pasteur Kanyinda) est signalée.

On assiste à la défection totale de Grégoire Dikonda qui refuse de porter cette affaire sur la place publique et à l’attention de l’opinion occidentale, notamment belge. C’est Jean de Dieu Nguz Karl I Bond qui diffuse cette triste nouvelle à Bruxelles où il jouit à cette époque du statut d’opposant.

Dès la divulgation de cette attaque, une nouvelle mesure de relégation frappe 3 fondateurs déjà relégués au Kasaï Oriental :

Étienne Tshisekedi est relégué de Mupompa à Isangi dans la Province Orientale

Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga est relégué de Bena Mualaba à Kamina (Katanga)

Joseph Ngalula Mpanda Njila est relégué de Tshilunda à Kapena (Kindu)

22 juin 1985

Les fondateurs sont libérés sur demande expresse du Souverain des Belges, le Roi Baudouin 1er venant fêter à Kinshasa le centenaire de l’État indépendant du Congo (EIC), œuvre de son grand-père Léopold II (1885-1985).

18 juillet 1985

Piégé par le Pr. Dikonda et les agents des services secrets mobutiens, l’activiste belge Ronald Van den Bogaert est appréhendé.

5 octobre 1985

Les fondateurs de l’UDPS remettent au pouvoir mobutiste un mémorandum de 23 pages contenant la signature de nouveaux venus dont MM. Vincent Mbwakiem, Mukala Mwena et André Bossassi Epole.

9 octobre 1985

Le pouvoir dictatorial de Mobutu entame brutalement l’opération punitive baptisée ‘’Octobre et Novembre noirs’’ contre les combattants de l’UDPS dans la Ville de Kinshasa.

En pleine séance de travail, des membres du Bureau d’étude sont arrêtés au siège provisoire du Parti sur la 12e Rue à Limeté. Plusieurs maisons des pionniers sont visitées nuitamment par la garde prétorienne du dictateur Mobutu (la Brigade spéciale présidentielle – BSP) qui brûle tout sur son passage jusqu’à la fin du mois de novembre, date de relégation forcée de beaucoup de combattants et pionniers dans leurs villages d’origine.

Entre octobre et novembre 1985, la stratégie répressive de la police politique du dictateur consiste à frapper durement les Combattants actifs et épargner relativement les principaux leaders pour créer une scission entre la base et les têtes dirigeantes. Pour ce faire, 66 opérations sont menées par cette police en novembre. Sur les 60 concernant les Combattants de la base, 24 sont exécutées par les milices JPMR et CADER. 27 visent des cas de tabassage, d’arrestations et de relégation. Par contre, 26 sont répertoriées comme des cas de saccage ou d’incendies de résidences. (voir liste de victimes aux archives concoctées par le G8).

14 octobre 1985

L’activiste belge Ronald Van den Bogaert est condamné à une peine de 10 ans d’emprisonnement ferme par la Cour suprême de Justice. Il est gracié suite à l’intervention personnelle du Roi des Belges Baudouin 1er qui adresse une lettre manuscrite au dictateur Mobutu. Il est reproché à Tshisekedi et Kanana d’avoir alerté l’Agence France Presse (AFP).

Les fondateurs Walter Isidore Kanana Tshiongo-a-Minanga et Étienne Tshisekedi wa Mulumba sont arrêtés et acheminés nuitamment à la prison centrale de Makala au motif qu’ils sont en intelligence avec l’AFP.

13 juin 1986

Les fondateurs sont encore frappés d’une mesure de bannissement dans leurs villages.

  • Étienne Tshisekedi à Mupompa (Kasaï Oriental)
  • Joseph Ngalula à Tshilunda (Kasaï Oriental)
  • Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga à Bena Mualaba (Kasaï Oriental)
  • Walter Isidore Kanana à Bena Kabeya (Kasaï Oriental)
  • François Lusanga Ngiele à Kabwe Kakiele (Kasaï Oriental)
  • Vincent Mbwakiem à Bulungu (Bandundu)
  • Frédéric Kibassa Maliba au camp RVA, puis au T2 (Katanga)
  • André Bosasi Epole à Boso-Swa
  • Faustin Birindwa à Walungu (Kivu)
  • Protais Lumbu Maloba à Kalémie (Katanga)
  • Pr. Marcel Lihau Ebua à Bumba (Équateur)[13]

Depuis novembre 1985, plusieurs combattants connaissent déjà la relégation dans leurs villages lorsque l’un d’eux empoisonné par le gouverneur du Katanga Duga Gbetero succombe en cours de route vers Kongolo. Son compagnon de route Mwamba Kongolo est arrivé à destination malade. Il y est resté jusqu’à nos jours par manque de billet pour regagner Kinshasa où réside effectivement sa famille.

28 septembre 1986

Atteint d’une maladie mystérieuse lors de sa relégation dans son village natal à Bena Mualaba, Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga, fondateur et membre du groupe de Treize parlementaires, est évacué manu militari à Kinshasa. Il est interné à la Clinique de Ngaliema sous haute surveillance par la police politique de Mobutu qui n’autorise, à l’exception des quelques membres de la famille bien identifiés, aucune visite des tiers.

12 janvier 1987

Après maintes démarches infructueuses, le fondateur Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga est transféré en Belgique grâce à Amnesty International.

13 janvier 1987

Le fondateur Makanda est admis aux soins de santé à la Clinique St-Luc.

6 mars 1987

Le fondateur Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga décède à la Clinique St-Pierre à Bruxelles.

12 mars 1987

L’UDPS rend dans la capitale belge un hommage solennel au fondateur Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga par une messe de grâce à la mémoire de l’illustre disparu et convoie sa dépouille mortelle à Kinshasa par vol régulier de la Sabena.

13 mars 1987

La dépouille mortelle du fondateur de l’UDPS Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga arrive à Kinshasa. Contre toute attente, une foule immense de combattants du Parti venus de quatre coins de la capitale se présente aux funérailles. Mais, le pouvoir dictatorial de Mobutu refuse de rendre la dépouille mortelle du fondateur à sa famille politique et même biologique. Le général Bolozi, beau-frère du tyran, chargé cette journée d’encadrer les obsèques, met à la disposition des Combattants du Parti un petit avion de 18 places pour transférer le corps de l’illustre disparu à Bena Mualaba (Kasaï Oriental), lieu coutumier de sa relégation, aux fins d’inhumation. Montent à bord la veuve du fondateur Makanda et 17 Combattants sans aucun de ses enfants restés à la maison. Ainsi, la dictature brise son engagement et sa parole accordée la veille, de voir ce Fils Digne être enterré à Kinshasa.

14 mars 1987

Victime du pouvoir dictatorial de Kinshasa, (le cercueil de) L’Honorable Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga escorté par des militaires est inhumé en silence, sous des palmiers, sans honneur ni cérémonie religieuse, devant le regard hébété des villageois.

17 mars 1987

Trois jours après l’inhumation de Makanda, sept fondateurs rencontrent sur l’initiative de Joseph Ngalula le dictateur Mobutu à Gbadolite, après une rencontre Ngalula-Mobutu.

14 juin 1987

Une rencontre à Lubumbashi entre le gouverneur du Katanga et un groupe de fondateurs du Kasaï Oriental sous la direction de Ngalula est initiée dans le but de finaliser l’orientation des accords dits de Gbadolite.

Pendant que le gouverneur et ce groupe de fondateurs cogitent la rédaction de ces accords, deux lettres manuscrites d’Étienne Tshisekedi sortent à l’insu du groupe. La première est destinée au G8 en vue de préparer la base à l’annonce que le dictateur devrait faire sur ce texte. La deuxième est adressée à notre représentation basée à Bruxelles lui enjoignant ouvertement d’animer le jour de l’annonce desdits accords une conférence de presse rejetant sans concession ce pacte et déclarant continuer la lutte comme par le passé tout en se passant des services de fondateurs.

24 juin 1987

Le dictateur Mobutu annonce au cours d’un rassemblement populaire à Kinkole lors de la ‘‘Journée des poissons’’ le retour des fondateurs de l’UDPS au bercail du MPR. Le même jour, le représentant plénipotentiaire de l’UDPS à Bruxelles réagit vigoureusement contre ces accords dits de Gbadolite qu’il qualifie sans détour d’extorsion aux détenus d’opinion sans défense et sans aval de la base du Parti. Les déclarant sans ambages nuls et non avenus, celui-ci affirme que l’UDPS n’est pas la boutique de seuls fondateurs, que ce parti va poursuivre sa noble lutte sans les signataires de ces textes, qu’il va continuer à exister avec le peuple et ses nombreux pionniers.

28 juin 1987

Le premier groupe de fondateurs relégués depuis 1986 débarque dans la capitale. L’autre groupe préfère rentrer dans leurs régions pour expliquer les dessous desdits accords.

17 juillet 1987

Le fondateur Étienne Tshisekedi sort du pays sans tambour ni trompette pour des soins de santé. Il gagne aussi la Suisse, la Belgique, le Canada, les USA et la Suède pour expliquer les enjeux desdits accords.

15 septembre 1987 au 23 février 1990

15 septembre 1987

Au cours d’une conférence organisée à Bruxelles, le fondateur Étienne Tshisekedi dénonce publiquement les accords dits de Gbadolite devant la presse belge et internationale à l’IPC-Bruxelles.

31 octobre 1987

Certains fondateurs de l’UDPS se désolidarisent de leur collègue encore en tournée à l’extérieur du pays. Ils signent une lettre confirmant au dictateur Mobutu leur retour effectif au MPR et ainsi expriment leur désir de participer aux institutions du MPR. Ces faits sont consignés dans un procès-verbal rédigé au cours d’une rencontre spéciale (Voir archives G8).

01 novembre 1987

Quelques fondateurs font leur rentrée au Comité central du MPR et prêtent serment de fidélité au dictateur Mobutu Sese Seko à Gbadolite :

Joseph Ngalula Mpanda Njila (Kasaï Oriental)

Frédéric Kibassa Maliba (Katanga)

Vincent Mbwakiem (Bandundu)

Certains fondateurs cooptés comme Vincent Mbwakiem sont nommés Président-Délégué général et P-dg adjoint :

Mpindu Buabua, P-dg de l’Institut national de sécurité sociale (INSS)

André Bossassi Epole, P-dg adjoint de la Régie des voies maritimes (RVM)[14]

8 janvier 1988

Le fondateur Étienne Tshisekedi retourne au pays. À ce titre, un accueil est organisé par le G8, le Bureau d’étude et la base à l’aéroport international de N’Djili. Cueilli dès sa descente par la police politique, cette personnalité est acheminée à toute vitesse à sa résidence de Gombe (Boulevard du 30 juin) à l’insu de la foule qui l’attend à la sortie. Les militaires et la BSRS chargent les Combattants en liesse qui entonnent des chansons patriotiques. On dénombre maintes arrestations, bousculades et bagarres devant des passagers nationaux et étrangers ahuris.

Apprenant que le leader Étienne Tshisekedi est déjà chez lui, de nombreux Combattants accourent à sa résidence pour le saluer. À la sortie, ils sont interpellés par la même police politique postée aux environs pour surveiller tous mouvements.

Le groupe de Combattants arrêtés au niveau de l’aéroport international de N’Djili est immédiatement conduit au QG (Circo) du général-tortionnaire Bolozi. Ils sont entassés comme du bétail dans des hangars. Ceux appréhendés à la sortie de la résidence du leader sont amenés aux geôles de la Garde civile situées sur le Boulevard du 30 juin à côté de l’immeuble de la REGIDESO pour y subir des tortures atroces et pour ensuite rejoindre au milieu de la soirée le groupe d’infortunés séquestrés dans les cellules de Circo aux fins d’interrogatoire. Libérés très tard dans la nuit, ces derniers sont tous dépouillés de leurs biens corporels (souliers, montres, argent et bijoux portés par des femmes).

12 janvier 1988

Une délégation venant de la part de Joseph Ngalula vient saluer le leader Étienne Tshisekedi. Celle-ci est porteuse d’un message de Ngalula. Dans cette lettre manuscrite, ce membre du comité central du MPR se plaint ouvertement de ce que « son jeune frère ne soit pas allé le saluer ainsi qu’entretenir avec lui de son périple et qu’à ce titre, il émet le vœu d’une rencontre.

Sur ce, le G8 accompagné de certains notables Victor Hutu, Cyprien Nyanguile (Inga) et Stanis Mbuyi (tous décédés aujourd’hui) est chargé de préparer une rencontre avec Ngalula. Ce dernier accepte à la condition que cette rencontre se déroule ailleurs que chez Étienne Tshisekedi.

13 janvier 1988

Le lieu de rendez-vous choisi est la résidence de Nyanguile à Ngiri-Ngiri. De 20 heures à 1 heure du matin, Joseph Ngalula ne donne pas signe de vie. Il est manifestement le grand absent alors que les notables et le G8 ont bien respecté le rendez-vous, y compris le leader.

14 janvier 1988

La deuxième tentative de rendez-vous se solde également par un échec au terme duquel Ngalula prétexte devant les témoins cités ci-haut qu’il est trop pris avec le président de la République.

15 janvier 1988

Un autre fait saillant surprend l’UDPS et le peuple congolais dans son ensemble. En effet, depuis son retour au pays, le fondateur Étienne Tshisekedi rentré seul sans son épouse, Maman Marthe, préfère travailler chaque jour chez Frédéric Kibassa Maliba où les Combattants lui rendent visite de 8 à 21 heures. C’est de là qu’il rédige nombre de recommandations aux fins de sensibilisation du peuple, reçoit des membres de représentations étrangères (ambassadeurs et consuls), des experts et des hauts fonctionnaires accrédités au Zaïre. C’est aussi de là qu’il rédige la requête d’autorisation d’un meeting conformément aux accords signés à Gbadolite en juin 1987. D’autant plus que Joseph Ngalula avait déjà tenu des manifestations semblables à Mwene-Ditu et Ngandanjika (Kasaï Oriental). C’est dans cette optique que le leader Étienne Tshisekedi tient à organiser un rassemblement pour rendre compte au souverain primaire de son périple euro-américain et expliquer à son tour les accords de Gbadolite.

Le vendredi 15 janvier 1988, Frédéric Kibassa Maliba obtient, selon sa propre version, un rendez-vous avec le pouvoir dictatorial qui tient à rencontrer seulement Kibassa et Tshisekedi. Comme le leader passait l’essentiel de ses journées chez Kibassa, celui-ci va le chercher vers 19 heures. En route pour ce rendez-vous mystérieux, la voiture de Kibassa est couverte par une autre automobile ayant l’habitude de ramener le leader chez lui. Montent à bord de la première Kibassa et Tshisekedi. Dans la deuxième, prennent place le chauffeur du leader et le neveu de Kibassa. Devant eux, roule, en direction de l’aéroport de N’Djili, une autre voiture qui transporte des soit-disant ‘’autorités’’ du pouvoir.

Aux environs du camp militaire CETA, Frédéric Kibassa tique soudainement. Le leader lui pose une question sur son geste on ne peut subit. À celui-ci de répondre un peu gêné : « Ce n’est rien, Collègue ! » Au leader de répliquer : « Qui sont ces autorités avec qui nous allons nous entretenir ? » Et le fondateur Kibassa de dire qu’il s’agit des tortionnaires Jean Seti Yale et Honoré N’Gbanda Nzambo ko Atumba. Vivement étonné, Étienne Tshisekedi demande à son collègue d’arrêter prestement sa voiture à la grande surprise de ces présumées autorités qui, elles-aussi, se sont immobilisées à distance.

Une fois la voiture immobilisée, le leader descend. Faisant débarquer à son tour le neveu de Kibassa, il prend le volant de la sienne qui les suit et regagne ainsi sa résidence de Gombe. Cette révélation confiée au G8 devient par la suite un secret de polichinelle. Sans ces réflexes de combattant, où serait exactement, aujourd’hui, l’UDPS avec ce traître de longue date ? Ce grave incident permet d’augmenter la vigilance permanente du G8 sur cet individu jusqu’à son auto-éjection du Parti. Kibassa est en ce moment membre du comité central du MPR. C’est la raison pour laquelle il ne manque pas de suggérer à son collègue de se débarrasser de sa cravate pour rencontrer les bourreaux Seti Yale et N’Gbanda Nzambo ko Atumba.

16 janvier 1988

Joseph Ngalula mobilise quelques membres du Bureau d’étude en les dotant de moyens pour contrecarrer la mobilisation sur le terrain par le G8 et ainsi faire avorter la journée du 17 janvier 1988. Une tentative de débauchage de certains membres du G8 échoue grâce à la cohésion de ce groupe. Ce dernier n’hésite pas à envoyer son chauffeur chercher le chef de ce groupe. Toutefois, celui-ci lui fixe rendez-vous le lendemain de la grande journée (lundi après les grandes manifestations de dimanche sur le Pont-Gabu).

Comme le bruit court sur l’enlèvement de Tshisekedi dans la nuit de samedi à dimanche par le pouvoir, une veillée patriotique est organisée dans la parcelle de celui-ci pour empêcher cette opération. Pendant la journée, ce leader se pointe à la Cité de la Voix du Zaïre (office national de radiodiffusion et de télévision) où son message a failli être diffusé sur les ondes. Son arrivée sur les lieux est suivie d’une acclamation de certains journalistes. Néanmoins, le responsable est sollicité pour une large diffusion.

17 janvier 1988

Cette journée historique reste à jamais gravée dans la mémoire collective de notre peuple. Tout le secteur résidentiel où habite le leader, est quadrillé par des militaires aussi bien en tenue qu’en civil. Les services spéciaux à la solde du pouvoir dictatorial sont également de la partie. La place centrale de la manifestation (Pont-Gabu) s’est transformée en lieu de rendez-vous et de rassemblement de la soldatesque du régime dictatorial. Gendarmes, séides de la garde prétorienne, sans compter des agents en civil se faisant passer pour des Combattants du parti.

Ce jour mémorable, tout est préparé pour empêcher le leader de sortir de sa résidence ou du quartier. Ce calcul humain tombe complètement dans l’eau. En effet, la main du Créateur qui guide tous ses pas, décide autrement en surprenant cette pléthore de services inutiles et incompétents. Comme il pleuvinait, le leader en profite pour échapper à cette surveillance par une petite porte située au milieu de la parcelle. Dehors, il s’engouffre dans un taxi qui l’amène vers le public qui chante et prie déjà sur le Pont-Gabu. Un émissaire de Joseph Ngalula qui l’aperçoit dans ce véhicule, le dissuade, selon la recommandation de ce membre du comité central du MPR, de se présenter à cette manifestation sous prétexte qu’il risque de se faire abattre par la soldatesque de Mobutu.

En guise de réponse au messager qui insiste, Étienne Tshisekedi l’invite gentiment à monter à bord du taxi pour qu’il assiste personnellement à ce grand événement historique. Et l’automobile prend soudainement la direction contraire de ses surveillants. Comme un miracle, le leader arrive sur le lieu du rendez-vous sous les applaudissements nourris de la foule, deux doigts levés en signe de victoire sur les forces du mal. Se dirigeant vers la foule qui l’acclame, il est violemment attaqué par la soldatesque de Mobutu. Et une bagarre généralisée éclate. Les coups de feu fusent de partout. Pour la protection du leader, une toile d’araignée est formée autour de sa personne par un cercle de vrais Combattants.

Malgré ce dispositif de sécurité, les agents du pouvoir dictatorial finissent par l’appréhender après mille et une difficultés. Blessé à la tête et accompagné d’un Combattant ayant facilité à la police politique de le ceinturer, le leader est acheminé au siège de la Cour de sûreté de l’État (Assanef) aux fins d’interrogatoire. Au cours de cette rapide audience devant des juges zélés, Étienne Tshisekedi se transforme en professeur de droit.

Séparé du vaillant Combattant, le leader est acheminé en lieu secret. Quant à son compagnon d’infortune Omer Nkamba, il est conduit bâillonner au camp Tshatshi. Gravement blessé à la tête, il est tardivement admis à l’hôpital militaire du Camp Kokolo pour des soins hâtifs puis transféré dans cet état déplorable à la prison centrale de Makala où sont déjà enfermés des milliers combattants arrêtés sur le Pont-Gabu.

Cette journée demeure inoubliable dans la mémoire collective à double titre. D’abord, parce que c’est une grande première. Sous la dictature de Mobutu, un rassemblement d’une telle envergure, avec autant de monde, n’a jamais eu lieu contre le régime. Ensuite, le 17 janvier reste une date symbolique. C’est celle de la martyre de Patrice Emery Lumumba et de ses compagnons d’infortune assassinés au Katanga.

Une première victime de cette manifestation qui se termine dans un bain de sang est le vaillant Combattant André Tumba Tshinyama. Il est amené dans une situation critique dans les cachots mouroirs du tristement célèbre Bolozi (Circo) pour y être copieusement torturé. Celui-ci succombe des suites de ces traitements dégradants et inhumains et son corps est déposé à l’Hôpital général de Kinshasa.

Bien qu’il n’ait pas eu lieu, ce meeting redonne de l’espoir à la base. De nouveau auréolé, le leader Étienne Tshisekedi reprend le flambeau sacré de l’UDPS. Il ressuscite l’élan patriotique et la fierté dans les cœurs des Combattants. Ainsi, les accords de Gbadolite sont définitivement enterrés sur la Place de Pont-Gabu.

18 janvier 1988

Une délégation restreinte du G8 se rend chez Joseph Ngalula pour lui demander le lieu où se trouve le leader Étienne Tshisekedi qui n’a rien entrepris de contraire à l’entente de Gbadolite. Ce membre du comité central use de menaces et intimidations. Après plusieurs coups de fil, un sbire du régime fait son entrée au bureau où le G8 est en pourparlers. Cet agent zélé du Conseil national de sécurité (CNS) brandit son arme (un revolver) en direction de Léon Kadima Muntuntu qui l’avait préalablement traité de policier. Il s’ensuit une petite agitation dans le local et l’entretien se termine en queue de poisson sans aucune solution.

20 janvier 1988

Une délégation de l’Ambassade des États-Unis d’Amérique rend visite au leader à la prison de Makala où il est interné. C’est elle qui soigne ses blessures pour la première fois.

22 janvier 1988

Une première vague de combattants arrêtés à la Place Pont-Gabu est libérée moyennant une forte amende à acquitter au pouvoir dictatorial.

11 mars 1988

Le Combattant Étienne Tshisekedi est libéré. Cette annonce est suivie de réjouissances dans sa résidence.

16 mars 1988

Devenu le seul leader de l’UDPS, Étienne Tshisekedi est de nouveau cerné par la police politique. Il est placé en résidence surveillée.

06 avril 1988

Sur dénonciation des fondateurs devenus membres du comité central du MPR, lesquels cherchent à en découdre avec l’UDPS des résistants, un groupe d’activistes du G8 est appréhendé par les services du général Bolozi. Ils sont conduits aux locaux servant de cachot à l’administration de Circo puis à la Cour de sûreté de l’État, et pour finir à la prison centrale de Makala.

11 avril 1988

La ‘‘surveillance judiciaire’’, formule détournée pour la résidence surveillée est pratiquée en plus de celle de bannissement à l’endroit du leader qui est resté le seul maître à bord du vaisseau UDPS. Celui-ci est de nouveau nuitamment enlevé et exilé à plus de 2000 Km dans le Nord-Est du pays, plus précisément dans la localité de Dunga, située à la lisière du Soudan[15] pour avoir créé une deuxième organisation politique.

Deux mois après, Étienne Tshisekedi est transféré à Monga, une localité en pleine forêt équatoriale située à quelques encablures de Gbadolite. Dans ce lieu d’exil lointain, les militaires du dictateur Mobutu tentent de l’empoisonner avec une nourriture avariée. Pour réagir contre ses traitements inhumains, le leader refuse cette alimentation et entame ainsi une grève de la faim. Au 13e jour, le despote zaïrois informé de son état de santé procède à sa libération. Néanmoins, un Congressman noir des États-Unis d’Amérique, de surcroît ami personnel du tyran, joue un rôle négatif en prétendant qu’il est venu plaider en faveur de la libération de ce grand leader de l’UDPS.

19 septembre 1988

Le leader de l’UDPS Étienne Tshisekedi retrouve la capitale après plusieurs tentatives de débauchage du régime. Sont également libérés de vaillants Combattants enfermés comme des bêtes de somme au B2 du général-tortionnaire Bolozi. Toutefois, restent détenus Léon Kadima Muntuntu et Joseph Sita. Celui-ci est relégué dans l’Équateur sur délation des fondateurs devenus membres du comité central du MPR.

15 novembre 1988

Léon Kadima Muntuntu est relaxé grâce à une action menée par le Journal belge ‘‘Le Soir’’. Dans la soirée, se tient une réunion de pionniers qui décident sur-le-champ la création d’une nouvelle Direction baptisée Direction politique Rénovée (DPR) compte tenu de la démission collective du collège des fondateurs.

17 janvier 1989

Pour le premier anniversaire des événements sur le Pont-Gabu, la DPR diffuse une série de tracts invitant des Combattants à participer massivement à un meeting sur ce même emplacement, lequel serait animé par le professeur Marcel Lihau de retour de Boston pour la commémoration de cette journée historique. Pour l’occasion, l’aéroport de N’Djili fut complètement bouclé. Mais, la soldatesque mobutiste n’y voit que du feu. Sur le pont Kasa-Vubu, une veillée d’armes est aussi organisée à la grande satisfaction de la DPR.

Toutefois, certains fondateurs commémorent cette journée à la résidence de leur collègue Lusanga Ngiele alors qu’il y a un an, aucun fondateur ne s’est vraiment présenté sur la Place du Pont-Gabu. Même Frédéric Kibassa Maliba avait faussé compagnie à la cadette du leader au niveau de la Foire de Kinshasa prétextant que la manifestation était différée.

Au domicile du fondateur Lusanga, les militaires embarquent plusieurs Combattants dans de faux taxis pour ensuite les torturer toute la nuit et les abandonner inconscients au cimetière de Kinshasa. D’ailleurs, un de ces fameux fondateurs enfermé dans un sac a failli laisser sa peau par noyade cette nuit-là.

22 février 1989

Une délégation de membres de la Direction Politique Rénovée est reçue par le leader Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Lors de la présentation de cette structure dirigeante, ce dernier fait la lecture d’une lettre lui adressée personnellement par certains fondateurs qui tiennent à poursuivre la lutte mais dans le collège des fondateurs. Et le leader de féliciter cette initiative tout en souhaitant une cohésion entre nous. Il profite de cette occasion pour prier à la délégation de suspendre les activités de cet organe en lui promettant un élargissement du collège des fondateurs à certains membres de la DPR.

23 février 1989

Le leader Étienne Tshisekedi wa Mulumba est placé en résidence surveillée. En même temps, un membre de la DPR, Joseph Sita Zemo est enlevé de sa résidence par un cohorte de militaires proches du général Donatien Mahele Lioko Bokungu et atrocement torturé dans une cellule située à Kitambo (ouest de la Ville Kinshasa) par les agents du service d’action et de renseignement militaire (SARM). La liste de membres de la DPR lui est présentée avec promesse de faire arrêter ce beau monde. Pourtant, lors de cette réunion organisée la veille chez le leader, le président de la DPR est accompagné d’un intrus connu de l’équipe comme un ancien délateur du régime qui, en ce moment précis, travaille avec un fondateur devenu membre du comité central du MPR. C’est cet informateur qui vend la mèche aux services spéciaux du dictateur à la sortie de l’audience.

20 mai 1989

Entrée en scène d’un certain pasteur Dikinga wa Nsadi.

25 mai 1989

Bien qu’il soit en résidence surveillée, le secrétaire général de l’UDPS Étienne Tshisekedi signe la circulaire No 003 portant réorganisation du parti sur l’ensemble du territoire national.

23 novembre 1989

Deux membres du G8 sont arrêtés au Bureau de la poste à Limeté au moment où ils affranchissent un courrier à destination de Nancy (France).

26 décembre 1989

Les deux prisonniers politiques sont finalement libérés grâce à l’intervention des amis américains (Makawa wa Mutua et Peter Rosenblum) auprès du département d’État. C’est ainsi que M. Herman J. Cohen écrit au dictateur Mobutu pour solliciter l’élargissement de ces deux prisonniers.

15 janvier 1990

En dissidence avec les jeunes cadres, les fondateurs se livrent de plus en plus à la délation très prisée par le régime dictatorial de Kinshasa. Ces derniers s’adonnent à cette pratique parce qu’ils sont surtout furieux d’apprendre que ces cadres-pionniers cherchent absolument à mettre sur pied une nouvelle direction en dépit des conseils du leader aux membres de la DPR. En pleine préparation du deuxième anniversaire du rassemblement historique de la Place Pont-Gabu, ces fondateurs indélicats alertent le pouvoir. Ainsi, tous ces pionniers, y compris le noyau dur de l’organisation, sont enlevés nuitamment.

16 janvier 1990

Les pionniers séquestrés dans les locaux du CNRI (centre national de recherche et investigation) sont tous transférés à N’Sele (Siège du Parti-État).

17 janvier 1990

Les pionniers qui n’ont pas fait l’objet d’arrestation de la part des services spéciaux du régime dictatorial marchent à la tête des cortèges de manifestants et de Combattants depuis la gare centrale jusqu’à Royal sur le boulevard du 30 juin. Plusieurs arrestations sont signalées. Un groupe est, d’ailleurs, gardé dans les locaux de Circo et un autre est transféré à N’Sele.

30 janvier 1990

Les pionniers gardés au secret au siège du Parti-État (Cité de la N’Sele) sont libérés sur intervention de leurs épouses qui avaient adressé une lettre de protestation aux ambassades des pays amis.

23 février 1990

Une nouvelle marche de protestation est organisée cette fois-ci par les vaillants Combattants de l’UDPS sur le boulevard du 30 juin pour réclamer la libération immédiate du leader Étienne Tshisekedi wa Mulumba toujours en résidence surveillée. Dénoncées la veille, une dizaine de femmes sont nuitamment enlevées par des agents de services spéciaux du pouvoir agissant sous la direction du tortionnaire N’Gbanda Nzambo. Celles-ci sont à leur tour séquestrées à la Cité du Parti-État (nouvelle prison aménagée pour les opposants au pouvoir dictatorial). À cette occasion, ce sont la Croix-Rouge Internationale ainsi que les ambassades des pays amis qui interviennent pour leur libération acquise tard dans la soirée.

IV. Ouverture politique et reconnaissance officielle de l’UDPS

24 avril 1990

Après des consultations populaires, le dictateur Mobutu se rend compte qu’il est totalement vomi par le peuple et que ses sbires continuent à lui fournir des informations erronées sur la situation politique.

Dans un discours historique, le léopard du Zaïre lâche du lest et libère la démocratie. ‘‘Comprenez mon émotion’’, dit-il en sanglotant sur la dépouille mortelle de son Parti-État, le MPR, qu’il vient de tuer devant ses applaudisseurs-danseurs.

Le même jour, le dictateur de Kinshasa libère le seul fondateur (Étienne Tshisekedi) resté debout et soumis aux rigueurs et restrictions de la résidence surveillée. Son domicile est immédiatement pris d’assaut par des Combattants venant des quatre coins de la Capitale.

L’abacost, cette robe d’esclaves, et bannie par le régime. Est réhabilité le costume universel accompagné d’un nœud ou d’une cravate. Malgré cette journée de libération de la démocratie, certains agents zélés de la répression continuent de même leur pratique d’enlèvement de certains manifestants habillés selon les normes universelles.

30 avril 1990

Après six jours seulement, l’UDPS qui est la fille aînée de l’opposition congolaise, teste la bonne foi de celui qui a versé des larmes sur les décombres du Parti-État en proclamant la libéralisation politique.

Le Parti installe sa permanence à l’ancienne résidence du leader Étienne Tshisekedi située sur le boulevard du 30 juin à Kinshasa, dont celui-ci vient de faire cadeau à l’UDPS.

Voyant que le bateau du Parti-État est finalement coulé par son capitaine, ses collègues fondateurs qui se sont improvisés délateurs du régime dictatorial pour survivre matériellement, reprennent rapidement place à ses côtés. C’est la ‘‘parabole biblique de l’enfant prodigue’’ qui se matérialise sous nos yeux. Habitués au double-jeu, certains se déplacent même pour constater l’ouverture de la permanence. Toutefois, après leur départ, celle-ci est violemment attaquée par le général Mahele et ses hommes armés jusqu’aux dents. Elle est complètement mise à sac par ces chiens de garde du monolithisme. Dans cette opération, sont blessés le leader et son épouse, ainsi que plusieurs Combattants venus inaugurer la permanence du Parti.

11 et 12 mai 1990

Un groupe de commandos partis de Kinshasa sur ordre du dictateur Mobutu procède méthodiquement au massacre des étudiants sur le campus universitaire de Lubumbashi (Katanga). Cette opération est baptisée ‘‘Lititi Mboka’’, code permettant d’identifier et de distinguer tous les originaires de la région présidentielle de l’Équateur des autres victimes expiatoires. En effet, lorsqu’il s’introduit dans la chambre d’un étudiant, le commando génocidaire crie ‘‘Lititi’’. Ce dernier lui répond instantanément ‘‘Mboka’’. Ce qui lui permet de s’identifier devant ses bourreaux assaillants comme un ressortissant de l’Équateur et ainsi épargner sa vie. Ne répondent finalement à ce mot de passe secret que des originaires de la région présidentielle, lesquels sont déjà au courant de cette opération par l’entremise du recteur de l’Université et de certaines autorités académiques issues de cette province.

04 juin 1990

Le Parti procède stratégiquement à la restructuration de sa Direction politique qui devient un directoire à quatre têtes. La géopolitique est instituée comme méthode de promotion sans tenir compte du mérite et de la combativité.

30 juin 1990

Le constitutionnaliste Marcel Lihau rentre d’exil. C’est depuis 1986 qu’il s’est installé à Boston, État de Massachusetts (USA).

06 août 1990

Une délégation conduite par le collège des fondateurs rencontre le dictateur Mobutu Sese Seko à Gbadolite pour discuter de la formation d’un gouvernement de transition.

17 novembre 1990

M. Étienne Tshisekedi, l’un des quatre membres du directoire, est invité aux États-Unis d’Amérique par le Rainbow Lobby Coalition.

17 janvier 1991

Le pouvoir dictatorial de Mobutu reconnaît officiellement l’UDPS comme parti politique.

17 février 1991

La Direction politique organise sa sortie officielle alors que celle-ci est déjà saisie du retour à Kinshasa, le même jour, d’un de ses animateurs, Étienne Tshisekedi, après un périple euro-américain d’explication sur les divers changements intervenus au pays.

Non contents de la puissance manifeste de son aura, ces fondateurs frustrés ne veulent pas différer cette sortie. Ainsi, une partie importante de la base encadrée par le G8 se mobilise pour accueillir à l’aéroport de N’Djili le leader Tshisekedi. Toutefois, un incident dont sont comptables les autorités politiques belges, le retarde à l’aéroport de Zaventem, retardant par conséquent son retour au pays.

24 février 1991

Le leader Étienne Tshisekedi connaît un retour triomphal à Kinshasa. Il bénéficie d’un accueil indescriptible jamais réservé à un opposant sous la deuxième république. Une foule en liesse estimée à plus de 2 millions de personnes suit le cortège et parcourt à pied les principales artères menant de l’aéroport de N’Djili au Siège de l’UDPS. Chantant et dansant, ces nombreuses vagues humaines défient le pouvoir dictatorial. Ce jour, le leader est baptisé ‘‘Moïse’’ par la population. Aucun incident majeur n’est venu assombrir l’arrivée massivement attendue de Tshisekedi.

03 mars 1991

Lors du meeting populaire tenu par la Direction politique à la Place Sainte-Thérèse (commune de N’Djili, banlieue est de Kinshasa), Étienne Tshisekedi annonce solennellement à la population la commémoration dans le Bas-Congo du 22e anniversaire de la mort du premier et unique président de la république Joseph Kasa-Vubu.

09 mars 1991

Un meeting de l’UDPS est organisé par la Direction politique dans la commune de Selembao. Jean de Dieu Nguz Karl I Bond de l’UFERI est l’invité d’honneur. Cette journée, celui-ci déchire devant une nombreuse assistance un billet de banque à l’effigie du dictateur pour convaincre la population de la véracité de sa lutte politique contre Mobutu.

21 mars 1991

La Direction politique entame sa tournée nationale au Bas-Congo entre autres pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du président Joseph Kasa-Vubu.

22 mars 1991

Une veillée mortuaire est organisée à Singini sur la tombe du premier président Joseph Kasa-Vubu. Toute la Direction politique accompagnée d’une forte délégation de cadres et de combattants est au rendez-vous.

23 mars 1991

Liant la parole à l’acte, la Direction politique à travers le Directoire national dépose une gerbe de fleurs sur la tombe de l’illustre Joseph Kasa-Vubu. Sur la route de retour vers Boma, un meeting est tenu à Tshela pour expliquer à la population le but de cette visite.

24 mars 1991

Ce véritable jour d’anniversaire de la mort du premier président de la République du Congo Joseph Kasa-Vubu à Boma est marqué par la tenue d’un grand rassemblement populaire dans un stade archicomble par la Direction politique. Les membres du directoire national expliquent le bien-fondé de leur hommage à cette personnalité défunte originaire du Bas-Congo.

25 mars 1991

La Direction politique s’adonne à une partie de randonnée sur le majestueux fleuve Congo en direction de l’embouchure par la ville de Banana. À Moanda, cette structure dirigeante tient encore un grand meeting populaire au stade central de cette ville portuaire.

26 mars 1991

La Direction politique visite Seke-Banza et clôture sa campagne sur le bas-fleuve.

27 mars 1991

L’UDPS organise un imposant meeting populaire à Matadi, capitale administrative et économique du Bas-Congo, dans un stade plein à craquer. Après cette manifestation, la Direction populaire met le cap vers Mbanza-Ngungu (ex-Thysville). Elle est chaleureusement accueillie par une foule en délire à Kimpese où un banquet est offert à la Cité des Cadres de la Cimenterie de Lukala . C’est dans cette localité qu’elle passe la nuit.

28 mars 1991

Un meeting populaire est tenu dans les Cataractes à Mbanza-Ngungu dans l’enceinte du Stade central.

29 mars 1991

La Direction politique dépose une gerbe de fleurs sur la tombe du prophète Simon Kimbangu, puis le même jour à Kisantu-Mission, sur le sépulcre de Mgr Kimbondo. Sur la route de Kinshasa, un arrêt est observé à Kasangulu, clôturant ainsi la tournée de la Direction politique dans le Bas-Congo.

22 juillet 1991

Par le biais des ondes, le tyran Mobutu nomme unilatéralement Étienne Tshisekedi wa Mulumba au poste de Premier ministre. Après ce bref message à la Nation, Toute la Ville de Kinshasa mobilisée comme un seul homme descend dans la rue et se dirige directement vers la résidence du leader pour lui manifester sa désapprobation. Ce dernier s’inclinant à la cause du peuple rejette publiquement cette offre.

07 août 1991

Le Premier ministre Mulumba Lukoji ouvre officiellement les travaux de la Conférence nationale souveraine.

21 et 22 septembre 1991

Mobutu commandite les premiers pillages dans les villes congolaises. Opérés par les militaires des FAZ, ceux-ci visent des commerçants catalogués par le pouvoir à la solde de l’opposition politique. Aussi visent-ils particulièrement les intérêts étrangers et belges. Ces pillages achèvent finalement le tissu économique déjà délabré du pays. À cause des débordements, on dénombre également des morts.

16 octobre 1991

Le leader de l’UDPS Étienne Tshisekedi est désigné Premier ministre sur la base d’un consensus dégagé en sa faveur par la classe politique et la clique de Mobutu. Son gouvernement entre en fonction après une remise-reprise avec le Premier ministre Mulumba Lukoji.

21 octobre 1991

La milice du pouvoir dictatorial empêche le Premier ministre Étienne Tshisekedi d’occuper les bureaux de la primature. La population excédée par les volte-face de Mobutu se mêle. Une répression aveugle s’abat sur les manifestants victimes de bastonnades au vu et au su de toutes les ambassades occidentales. Résultat : plusieurs blessés.

04 janvier 1992

Le dictateur Mobutu suspend sine die les travaux de la conférence nationale souveraine par le truchement du gouvernement fantoche dirigé par son homme de paille Jean de Dieu Nguz Karl I Bond[16].

16 janvier 1992

Les Chrétiens de toutes confessions confondues manifestent pacifiquement dans les grandes artères de la Ville de Kinshasa. Invoquant par des prières le Très-Haut, entonnant des chants de gloire et des chansons religieuses, tenant en main chapelets et rameaux comme arme, ces derniers réclament la réouverture de la conférence nationale souveraine suspendue à tort par le tandem Mobutu-Nguz.

Le tortionnaire Honoré N’Gbanda Nzambo ko Atumba, alias ‘‘Terminator’’, dit aussi ‘‘Frère Honoré’’ pour s’être accordé une ‘‘virginité pastorale’’, se distingue à la tête des milices politiques, lesquelles répriment impitoyablement cette marche pacifique avec une humanité caractéristique à leurs véritables fonctions de bourreau. Plusieurs décès, ainsi que des blessés, sont déplorés parmi les Chrétiens. Les premiers corps sont exposés dans l’Église Saint-Joseph de Matonge. Poursuivant leurs opérations macabres, les milices (FIS) placées sous la direction de N’Gbanda tentent de les extirper de la chapelle ardente en lançant des grenades lacrymogènes pour étouffer les ministres de Dieu et certains manifestants qui y ont également trouvé refuge.

Toute honte bue, le sous-traitant de Mobutu, Nguz, reconnaît à la radio nationale qu’il est responsable des massacres de tous ces Chrétiens.

30 mars 1992

Une nouvelle marche de Chrétiens se déroule à Kinshasa. Celle-ci est moins réprimée par les sbires de la dictature. Toutefois, ces séides du mobutisme ne manquent pas d’utiliser leurs méthodes d’intimidation.

30 mai 1992

Invitée par l’Église catholique à Kisantu pour assister à la journée mariale, la Direction politique en nombre réduit se déplace pour répondre à cette invitation. À cet effet, une grande manifestation est organisée à l’Université du Bas-Congo.

28 juin 1992

Accompagnée d’une délégation imposante de cadres et combattants du Parti, l’UDPS amorce une série de déplacements dans la Province de Bandundu. Deux personnalités manquent à l’appel : Marcel Lihau Ebua et Frédéric Kibassa Maliba. Ces deux grands absents sont paniqués par le pouvoir qui fait courir des bruits sur une attaque surprise dont serait victime la Direction politique.

Pour la circonstance, Cléophas Kamitatu Massamba est dépêché par la dictature pour une démobilisation générale de citoyens de cette région. Deux scénarios sont prévus : amener la population à réserver un accueil froid à la Direction politique ou, dans le cas extrême, troubler les manifestations de sympathisants.

C’est sans compter sur le civisme des Congolais qui réservent à la Direction politique un accueil chaleureux et triomphal, sans oublier celui extrêmement cordial de la police sur le pont de la rivière Kwango.

Dans la soirée, la Direction politique est accueillie à Masi-Manimba par une immense foule en liesse. Même Son Éminence Mgr Édouard Mununu est spécialement venu à la rencontre de la Direction. Le prélat se permet de les loger dans la Maison des Pères à Masi-Manimba et offre pour cette occasion à la délégation de l’UDPS une vache.

Comme la Direction politique se trouve dans le fief de Cléophas Kamitatu Massamba, ce dernier instruit aux petits hôteliers de la région, sur ordre du pouvoir dictatorial, de n’accepter aucun Membre de l’UDPS. Quel tribalisme ? Toutefois, Son Éminence se charge de loger toute la délégation à l’internat du coin.

29 juin 1992

L’évêque de Kikwit célèbre vers 10 heures du matin une messe d’action de grâce à Masi-Manimba. Un grand meeting est animé après cette célébration par deux membres du directoire national à la permanence de l’UDPS. En milieu d’après-midi, le convoi quitte cette localité en direction de la Ville de Kikwit où la population réserve à la Direction un gigantesque accueil.

30 juin 1992

La Direction politique commémore le 32e anniversaire de l’indépendance du Congo à Kikwit en assistant à une messe d’action de grâce à la Cathédrale. Celle-ci y est accompagnée par une grande foule entonnant des chants de joie malgré le quadrillage de l’enceinte et la haute surveillance des lieux dès 6 heures du matin par des contingents d’hommes en uniforme. À la fin du culte, deux membres de la Direction livrent un message à l’assistance en se servant des micros sous les applaudissements abondamment nourris de la population environnant le temple de Dieu. Dans l’après-midi, un meeting politique est organisé à l’hôtel Kwiku.

01 juillet 1992

La tournée de Bandundu prend fin et la Direction politique regagne la Capitale.

14 et 15 août 1992

Cette nuit, la plus longue pour le pays tout entier, est consacrée à la désignation du Premier ministre par les délégués du peuple et les représentants de la Nation à la Conférence nationale souveraine (CNS). Neuf concurrents sont en lice. Ils doivent présenter un programme gouvernemental devant cette institution. De ces neuf candidats, deux se distinguent largement : MM. Étienne Tshisekedi et Thomas Kanza. Mais, lors du dépouillement des votes, le leader de l’UDPS Étienne Tshisekedi l’emporte haut la main avec 73 % des voix sur son adversaire et devient ainsi Premier ministre du Congo.

À l’annonce de la victoire de Tshisekedi, le pays tout entier est en liesse. L’effervescence festive s’empare de tout le monde. Le peuple descend dans la rue pour manifester sa joie et son soulagement. À Kinshasa, les masses se dirigent vers la résidence de l’élu de la Nation.

Lors de ce scrutin, le pouvoir met sa machine en place pour barrer la route à tout candidat démocrate. Pour ce faire, un ‘‘aumônier’’ est chargé de corrompre les délégués pour ne pas soutenir la candidature de M. Étienne Tshisekedi. Mais, c’est sans compter sur le plan divin et la maturité populaire. Ainsi, s’accomplit un adage séculaire : « La voix du peuple, est la voix de Dieu ».

À Lubumbashi, chef-lieu du Katanga ainsi que dans d’autres villes de cette Province dont Likasi, Kolwezi, s’enclenche la chasse aux ressortissants kasaïens baptisés cyniquement ‘‘Bilulu’’, c’est-à-dire ‘‘insectes’’ par le trio ‘‘Mobutu, Kyungu et Nguz’’. Un véritable génocide conspiré par le pouvoir dictatorial et tu par la communauté internationale, quoi que vivement dénoncé par Médecins sans frontières (MSF) et d’autres organismes de défense des droits humains, s’abat effroyablement sur des populations innocentes.

Toutefois, cette chasse bénie par la dictature de Mobutu et certaines puissances prend son envol en 1991 sur la base des listes préétablies comme au Rwanda. Elle résulte d’une haine viscérale entretenue contre les Kasaïens que l’on veut éliminer, sous prétexte de renvoyer au Kasaï natal mains vides ses meilleurs fils cadres à qui des entreprises d’État telles que la Gécamines, la Société nationale de chemins de fer du Zaïre (SNCZ) doivent leur prospérité. Ce massacre vise aussi des paysans et des indépendants sans défense au seul motif qu’ils sont descendus dans la rue pour fêter l’élection de leur « frère » Étienne Tshisekedi en qualité de Premier ministre par les délégués du peuple – toutes ethnies confondues – réuni à la CNS.

Ces crimes de génocide sont commis sans que la justice punisse leurs commanditaires et auteurs pourtant bien connus et bien identifiés. L’histoire rendra son verdict un jour car le sang versé des victimes continue de réclamer vengeance. Tous ces actes méritent réparation du préjudice subi d’autant plus que l’impunité reste la loi de la jungle.

30 octobre 1992

Le Premier ministre élu de la Nation Étienne Tshisekedi entre en fonction deux mois après sa désignation. Cette situation inédite est liée à l’attitude antipatriotique du dictateur Mobutu qui refuse de se conformer à la lettre et à l’esprit de l’Acte portant dispositions constitutionnelles relatives à la période de transition.

01 décembre 1992

Le Maréchal-dictateur Mobutu subvertit l’ordre politico-constitutionnel issu de la CNS. Contrairement aux dispositions régissant la Transition, il limoge unilatéralement le Premier ministre élu Étienne Tshisekedi avec le silence complice de la classe politique congolaise et de la communauté internationale.

28 janvier 1993

Le pays tout entier assiste impuissant à une deuxième vague de pillages orchestrés par le tyran Mobutu et exécutés par sa soldatesque. Au cours de ces opérations, périssent plusieurs unités militaires ainsi que l’Ambassadeur de France qui soutient pourtant le pouvoir dictatorial. En complicité avec le prélat-président du Haut Conseil de la République (HCR), Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kisangani, le dictateur met fin aux travaux de la CNS.

03 avril 1993

Comme si l’histoire se répétait avec la traîtrise de Bernardin Mungul Diaka en 1991 (membre de l’Union sacrée de l’opposition en remplacement du gouvernement Étienne Tshisekedi issu des accords du Palais de Marbre), Faustin Birindwa, débauché de l’UDPS, accepte le poste de Premier ministre au détriment de la volonté populaire ayant désigné le même Tshisekedi à la primature conformément à l’Acte de Transition.

05 juin 1994

La Direction politique organise un meeting d’explication au Parc de Boeck. Tout Kinshasa est au rendez-vous pour des manifestations hautement colorées. Sur le chemin de retour, le convoi du Premier ministre Étienne Tshisekedi est attaqué par des hommes armés à la solde de Zing Zong, par ailleurs frère cadet du général commerçant Baramoto Kpama Kata de la Garde civile. Étienne Tshisekedi a la vie sauve grâce à la dextérité et au professionnalisme de sa garde rapprochée qui a parfaitement maîtrisé la situation et bien couvert sa voiture (Jeep).

12 juin 1994

Au cours de ses promenades dominicales, le Premier ministre Étienne Tshisekedi est enlevé avec sa garde au camp militaire de Kibomango, aux environs de Kinkole, par une cohorte de militaires de Mobutu sans motif et sans raison valable. Cette nouvelle est vite diffusée par la Radio ‘‘Voix de l’Afrique du Sud’’ et aussi grâce à un coup de fil d’un ami de l’Ambassade de Belgique à Kinshasa à un Conseiller de M. Tshisekedi lui annonçant cet enlèvement.

Dès la diffusion de cette nouvelle, le peuple de Kinshasa descend massivement dans la rue et réclame la libération immédiate de ce vaillant Fils de la Nation. Face à cette pression populaire, la soldatesque ramène vers minuit le Premier ministre à son domicile devenu le lieu de convergence de toute la population qui a déjà, pour la circonstance, commencé la veillée de prière et surtout à l’acclamer toute la soirée.

04 juillet 1994

Mobutu désigne Léon Lobitch Kengo wa Dondo au poste de Premier ministre. Cette nomination est suivie d’un tollé général à Kinshasa.

05 juillet 1994

Le Conseiller chargé de mission du Premier ministre Étienne Tshisekedi est arrêté par des éléments armés de la Garde civile dirigée par le général marchand Baramoto Kpama Kata. Il est acheminé dans les cellules aménagées à l’Institut des Bâtiments, Ponts et Chaussées (IBTP) au pied du Mont-Ngaliema. Sauvagement torturé, il reste prisonnier de Baramoto jusqu’au mois de septembre.

08 juillet 1994

Un attentat à la bombe exécuté par la milice de Mobutu endommage sérieusement la résidence du Premier ministre Étienne Tshisekedi situé sur le boulevard du 30 juin. Toutes les vitres volent en éclats.

11 juillet 1994

Un autre attentat commandité par le pouvoir dictatorial et qui est le fait de la Garde civile vise la personne du Premier ministre Étienne Tshisekedi à sa résidence kinoise de Limeté. Coups de feu nourris, tabassage de toutes personnes sur la parcelle, agression à la baïonnette contre les conseillers et d’autres visiteurs. Son chef de cabinet adjoint est blessé à la tête et à la cuisse avec une baïonnette. Des combattants arrêtés sont transportés manu militari dans des véhicules Jeep appartenant à la Garde civile placée sous les ordres du général Baramoto Kpama Kata. Se servant des gaz lacrymogènes, cette soldatesque brûle tout sur son passage (ordinateurs, machines à écrire, bureaux, etc.). Elle emporte, tradition militaire mobutiste oblige, des appareils électroniques et ménagers.

On dénombre quelques victimes. Raymond Kabongo Kadila Nzevu succombe à ses blessures infligées lors des tortures atroces et le chauffeur d’un visiteur est depuis ce jour handicapé physiquement des suites de ces traitements inhumains.

18 juillet 1994

Le collège des fondateurs organise un conclave à la Mobutu pour désigner un président national et ainsi mettre fin au directoire à quatre têtes, et ce contre la volonté de la base et des statuts régissant le Parti. Réunis seuls dans leur conclave sans la moindre présence d’un cadre et des membres de la base, ceux-ci recourent même à un vote de complaisance pour atteindre leur but mesquin.

Sur ces 22 fondateurs, le verdict du premier tour donne 11 voix à Frédéric Kibassa Maliba et 11 au leader Étienne Tshisekedi. Au moment d’entamer un second tour devant logiquement sanctionner leur cabale, un fondateur se rebiffe. Celui-ci pose directement à tous ses collègues la question de savoir où ils comptent en venir. C’est pour disposer d’un président qui gère le parti qu’il cède finalement ses voix à son collègue Kibassa. C’est de cette manière que ce dernier se prétend président national de l’UDPS jusqu’à son auto-éjection du Parti comme toutes les autres taupes du pouvoir.

Force est de constater que ce conclave des fondateurs est l’œuvre du dictateur Mobutu pour noyer le rôle et l’influence prépondérante de Tshisekedi dans un directoire à quatre têtes. Cette opération lui permet d’avoir un seul interlocuteur qu’il peut facilement corrompre. C’est ainsi que ce groupe déjà corrompu par le pouvoir accepte de lui donner satisfaction.

D’ailleurs, n’est-il pas surprenant de constater qu’un groupe réuni en conclave et prétendument opposant à la dictature de Mobutu ne fait lors de cette rencontre aucun communiqué concernant des Combattants arrêtés arbitrairement, emprisonnés sans jugement ou n’émette aucune protestation, même verbale, contre l’attentat ayant failli emporter leur collègue. Sont-ils alors vraiment innocents aux arrestations perpétrées dans le camp de leur collègue, dont l’objectif est de le marginaliser et ainsi l’exclure du Directoire ?

Cette question s’impose dans la mesure où une source active avance la somme de 50,000 $ US offerts par le pouvoir dictatorial pour l’organisation de ce conclave dont le comité national a exigé la restitution des résolutions pour études et amendements avant approbation. Néanmoins, le Parlement du Parti opte pour l’annulation de toutes ces décisions jusqu’à la tenue du Congrès, seul organe habilité à fixer le Parti sur sa direction et son fonctionnement. Par conséquent, l’UDPS reste dirigé à ce moment précis par un directoire national à trois têtes à titre de président national (MM. Étienne Tshisekedi, Vincent Mbwakiem, Frédéric Kibassa Maliba).

24 août 1994

Le fondateur Athanase Nkengele wa Kawele Mununu wa Kale meurt mystérieusement.

16 septembre 1994

Sur intervention du Chilien Roberto Garreton, rapporteur de l’ONU chargé des questions de violation des droits humains au Congo, le Conseiller chargé de mission du Premier ministre Étienne Tshisekedi est libéré.

26 décembre 1994

Accompagné du directeur de cabinet adjoint du Premier ministre Étienne Tshisekedi, le Conseiller chargé de mission gagne la Belgique.

07 janvier 1995

La Direction politique tient un meeting d’explication à la population kinoise au Parc de Boeck pour éclaircir des contacts engagés avec le pouvoir pour un retour à la légalité.

31 mars 1995

Mgr Laurent Monsengwo Pansinya est désavoué par la population descendue dans la rue pour réclamer sa démission de la présidence du HCR-PT.

29 juillet 1995

Les partisans du Parti lumumbiste unifié (PALU) sont massacrés par le pouvoir dictatorial au cours d’une manifestation.

06 août 1995

L’UDPS tient un rassemblement populaire pour sensibiliser la population à des actions contre Mobutu, la Troïka et le gouvernement illégal de Kengo wa Dondo désigné avec l’aval de la communauté financière internationale.

Comme annoncé préalablement, l’histoire de l’UDPS n’est pas statique. Elle est dynamique et se poursuit. Nous continuons à l’écrire au jour le jour. Pour l’instant, nous nous arrêtons à ce niveau. D’ici peu, avec ces négociations qui se déroulent en dents de scie, l’occasion se présentera où nous devons terminer cette longue compilation que nous observons avec attention et minutie.

En dehors du collège des fondateurs, source de toutes les félonies contre leur propre créature, nous avons le plaisir de vous signaler que bien des structures ont aidé le Parti à survivre à ses propres turpitudes. Ces organes qui méritent votre attention et votre reconnaissance, ont effectivement le rôle de garde-fou :

1. Les Comités de base

Constitués clandestinement dans chaque commune et à l’intérieur du pays, ces organes regroupent des femmes et des hommes courageux ayant pour mission de propager et de diffuser fidèlement tout document provenant des fondateurs au sein de la population.

2. Le Groupe de travail G8

Composé dès le départ de 8 personnes, son noyau dur est élargi en fonction des besoins et des tâches à accomplir. Ce groupe est très aguerri et rompu à la collecte d’informations. Véritable laboratoire d’idées et de savoir-faire, il a servi de chantier à l’impression de nombreux tracts exploités par les Comités de base pendant la lutte clandestine. Le G8 présente cette faculté d’avoir déjoué, défié au plus fort de la lutte politique, les services spécialisés du régime dictatorial. En raison de leur méthode de fonctionnement, ces membres sont les moins victimes d’arrestations orchestrées par le pouvoir jusqu’à la trahison des pères fondateurs.

Au sein de cette organisation, fonctionnait une cellule ‘‘Agitation et Propagande politique’’ ou AGIPRO spécialisée dans la formation à l’art de la lutte clandestine, dans les méthodes d’opération pratiques, dans la distribution des tracts et d’autres documents de lutte. AGIPRO s’occupait également de la communication par ses membres travaillant à la poste.

Ce groupe disposait aussi d’antennes dans les services spéciaux du régime de Mobutu, même à Gbadolite. Le moment est proche où le Parti s’étonnera de tous membres vivant actuellement dans l’anonymat et loin des structures vides d’hommes ayant réellement lutté. C’est pratiquement ce groupe qui a, sans fausse modestie, dirigé et géré le Parti tant que les fondateurs étaient relégués par le pouvoir à l’intérieur du pays ou placés en résidence surveillée. En somme, il est resté constant jusqu’à ce jour, à part quelques égarés par la corruption interne.

3. Bureau d’étude

Conçu par des intellectuels à l’esprit élitiste, petit-bourgeois, dont l’obsession est de travailler à ciel ouvert à côté des fondateurs sans aucune notion de la lutte clandestine. D’ailleurs, à chaque descente de la police politique de la dictature, ils étaient quasiment tous victimes d’arrestations et de brimades. Toutes leurs études ravies servaient ainsi de preuve aux sbires du régime pour réprimer davantage.

En outre, les membres de cet organe avaient tous un seul défaut majeur, celui de se greffer sur un seul fondateur du Parti. Dès que celui-ci tombait en disgrâce, il emportait dans ses bagages tous ses adeptes. Cette forme de défection a été expérimentée à maintes reprises, notamment lors des accords de Gbadolite. Nombreux furent les membres de ce fameux Bureau d’étude qui suivirent aveuglément cette voie égoïste de gain facile, sans aucune analyse politique rigoureuse, sans penser à l’idéal même de la lutte.

4. Comités d’action

Créés par le seul membre responsable du Bureau d’étude après la désertion de ses collègues devenus chef de cabinet de tel fondateur ou nommés par décret ministres, PDG ou membres du comité central du MPR, ces comités sont d’une grande efficacité. Leur spécialité est la réalisation de nombreuses opérations sous forme de coups d’éclats pour distraire les autorités : ‘‘message sur les murs’’, ‘‘actions imaginaires ou fictives’’ telles que des marches pacifiques non réalisées.

5. Les Loyalistes nationalistes

Ce groupe dynamique jouait au relais de l’information entre le G8 et l’intérieur du pays. Composé de grands commerçants, d’hommes d’affaires et de personnes de bonne volonté acquis à la cause du Parti, celui-ci véhiculait rapidement des informations dans les deux Kasaï, au Katanga, au Kivu et dans le reste du pays. Ces loyalistes ont mené une vie dure aux déviationnistes et à certains fondateurs qui, une fois dénoncés ou critiqués, recouraient à l’argumentaire ethnique, au tribalisme en agitant l’épouvantail kasaïen cher à nos détracteurs de longue date pour quitter le Parti.

D’ailleurs, la propagande officielle véhiculée par la dictature militaire mobutiste dès la création de l’UDPS à qui voulait prêter l’oreille à ses sirènes allègue que l’UDPS était un parti des « Baluba » pour ne pas dire « Kasaïens ». On en connaît des chantres et à la longue, l’UDPS a pu démontrer le contraire. Il n’est un secret pour personne que l’UDPS est un parti national. Cette organisation politique s’est implantée sur toute l’étendue de la République sans aucune difficulté tribale.

Que n’avons-nous pas entendu ? Des propos obtus sur la coterie, pour exemple ! En vérité, le Kasaïen fait peur à cause de sa constance dans ce que nous menons comme lutte sans désemparer contre la dictature. Quand on est fatigué, ce qui est normal, ou corrompu, ce qui est anormal, on s’en prend gratuitement aux Kasaïens et au leader de l’UDPS pour amuser la galerie ou distraire le public et comme si ces derniers étaient la cause de cette fatigue. Heureusement, tous les Congolais éveillés ne tombent pas dans ce piège mortel et n’affichent pas ces réactions épidermiques…

Lorsqu’on aime son pays et qu’on a le courage de son nationalisme, il n’y a que l’analyse froide, le recul et les convictions inébranlables qui confortent l’idéal. Au lieu d’être fier de ces Kasaïens qui ont pu braver avec courage les douleurs d’enfantement de l’UDPS et d’un futur État de droit, les détracteurs préfèrent les présenter comme ceux qui empêchent à leurs compatriotes d’aimer aussi cet idéal de liberté.

Toutefois, en observant minutieusement le comportement de celles et ceux qui ont utilisé l’argumentaire de kasaïsation pour conquérir des postes politiques au nom d’une géopolitique aux contours flous voire ceux qui ont quitté ce vaisseau de liberté (UDPS) pour des conflits réellement imaginaires ou fictifs, le constat est totalement flagrant. Ces derniers sont tous devenus des serviteurs patentés du système dictatorial qui tue froidement le peuple congolais, qu’il soit mobutiste (Faustin Birindwa, Marcel Lihau Ebua, Jean de Dieu Nguz Karl I Bond), kabiliste (Justine Kasa-Vubu, Frédéric Kibassa Maliba, Vincent Mbwakiem, Paul Gabriel Kapita Shabani), kanambiste (Théophile Mbemba). De ces déserteurs politiques et idéologiques, Gabriel Kyungu wa ku Mwanza est le seul à être tombé dans les bras de ces trois tyrans successifs (Mobutu, Kabila et Kanambe) tout comme son collègue Kibassa. Est-ce vraiment normal, logique et même moral de quitter l’Amour démocratique pour la foi dictatoriale ? En conclusion, c’est plus le poste ministériel, la quête et la satisfaction des besoins matériels que le véritable idéal démocratique qui les intéressait.

La clef de la réussite consiste à sortir des sentiers battus, à éviter que les gestes accomplis aujourd’hui ne rappellent ceux posés hier et que leurs effets ne servent qu’à confirmer les mauvais augures.

Le Parti appartient à nous tous. Aucun individu, soit-il fondateur, n’a le droit de nous le confisquer ! Nous pensons à ceux qui, par de fausses symétries et d’habiles constructions rhétoriques, s’enferment dans cette approche présentant le Parti comme un héritage personnel dont ils doivent jouir seuls. Ils sont là, toujours les mêmes, incapables de se débarrasser d’une certaine vision archaïque. Marchons toujours au rythme lent de l’histoire et non au pas précipité de ces fondateurs sans idéal ni conviction politique digne de l’UDPS. Il faut que notre cher Parti s’éloigne définitivement de tous ces ‘‘profito-situationnistes’’. Car, en politique plus qu’ailleurs, on combat souvent les têtes qui éveillent la conscience collective.

Et, pour conclure, lorsqu’on est convaincu de la justesse de ce que l’on entreprend, de son bon droit, on ne peut s’interrompre en cours de route pour la simple raison que cette action se révèle déplaisante ou qu’elle se trouve mal interprétée ou mal vue par certains. Car, l’excellence en politique consiste à trouver des solutions heureuses, honnêtes et adéquates aux problèmes et difficultés du pays en vue du bonheur collectif du peuple. L’amour, tout comme sa petite sœur la foi, déplace les montagnes.

Par conséquent, la politique doit être pour nous Combattants de l’UDPS une école de loyauté, d’honneur, de droiture et de correction, là où se trouvent des personnes de bonne moralité. Sachons tous que partout où l’arbre recule, c’est le désert qui avance, et à grands pas. Soyons ces arbres qui savent tenir bon, en dépit de la sécheresse et de l’aridité, pour l’avenir de nos enfants et de leurs progénitures.

Nous ne pouvons pas non plus clore ce chapitre sans rendre solennellement hommage à nos pionniers tombés sur le champ d’honneur :

  1. Robert Kana-Kange
  2. Simon Matulu
  3. Mulumba wa Luambu
  4. Louis Bohendo
  5. Jacqueline Ngalula
  6. Jean Tshimanga Kazadi
  7. Louis Mulumba Doyen
  8. Pierre Tshimuanga Mwepu
  9. Fondateur Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga
  10. Marie Ndaya wa Kabunda
  11. Pedro Mudiandambu
  12. André Ntumba Tshinyama
  13. Crispin Kalonji
  14. Augustin Muanza Kadima Tshiadima
  15. Joseph Mala Tshiovo
  16. Marie-Françoise Hebo Mua Nkongolo
  17. M. Kalala Muana Kalala
  18. Thomas Mbala Lendu
  19. Alexis Bula-Bula Kabasele
  20. Bernadette Misenga Kanda
  21. Paul Bamusamba
  22. Jonas Mutombo wa Makaku
  23. Ambroise Tshimanga wa Kabengele
  24. Joseph-Albert Kabemba Katalayi
  25. Charles Tshitende Kamalenga
  26. Mme Musuamba Bakenga
  27. M. Kamuena Mukala Nsengu
  28. Louis Kamembu
  29. Louis Bolya
  30. Léonard Nkwari
  31. Dr Sebera
  32. André Mwepu Kalala
  33. Prosper Mbuyamba-Kabumba (Monde libre)
  34. Thérèse Kanyeba Makanda
  35. Anaclet Mukendi Kashala
  36. Cyprien Nyanguile (Inga)
  37. Augustin Mabika Mpoyi
  38. Benjamin Baya Kahamba
  39. Symphorien Buanga Ntumba
  40. Kapeta Muena Mupongu
  41. Fondateur Walter Isidore Kanana Tshiongo-wa-Minanga
  42. Fondateur Athanase Nkengele wa Kawele
  43. M. Mudiandambu
  44. Gustave-Martin Tshibanda Kabunda
  45. Raymond Kabongo Kadila Nzevu
  46. Évrard Lukombo
  47. Stanis Mbuyi (deux vérités)
  48. Adolphe Kavula Missamba
  49. M. Kakonge
  50. Mme Mupompa Mukaji
  51. M. Kashala Mukendi

Nos pensées vont aussi à celles et ceux qui sont tombés dans l’anonymat le plus complet pour la cause de la démocratie dans notre pays sans que leurs noms ne nous soient transmis. À tous ces inconnus, nous nous inclinons respectueusement devant leur mémoire. Cette liste n’est pas exhaustive. Quiconque détient une information complémentaire, peut toujours nous la transmettre afin d’honorer nos Combattants qui ne sont plus de ce monde.

Biographie de l’auteur

Doyen Léon-Tousseul Kalengayi Kadima Muntuntu est né à Tshikapa-Forminière, le 5 novembre 1946. Il est marié et père de famille. Il a accompli ses études primaires chez les missionnaires de la Congrégation des Scheut (Mission St-André de Tshikapa). Après le cursus secondaire en Mécanique générale à l’Institut Technique de N’Djili, il s’inscrit à l’École supérieure d’informatique et d’experts-comptables à Kinshasa où il obtient un graduat en informatique de gestion.

Dès la fin de ses études supérieures, Doyen Léon-Tousseul Kalengayi Kadima Muntuntu est chargé de la programmation et analyse à l’Office national des postes et télécommunications du Zaïre (ONPTZ) de 1974 à 1991. Parallèlement à cette fonction, celui-ci enseigne en qualité de professeur en informatique générale à l’Institut supérieur de Kinshasa (1981-1983). De 1986 à 1991, il est également chargé de projet pour la gestion postale à l’ONPTZ. Il a aussi accompli un stage de formation à la présidence de la République sur la base des données

Sur le plan politique, Doyen Léon-Tousseul Kalengayi Kadima Muntuntu est un pionnier de la liberté. Il a consacré une grande partie de sa vie à lutter énergiquement pour l’avènement de la démocratie au Congo. Bravant la dictature de Mobutu, il milite avec des amis au sein de Forces des opprimés du Congo (FOC) dont il est également un co-fondateur (1979-1980). Il est aussi de ceux qui ont abattu un travail de fourmi pour la naissance de l’UDPS dont il est un des membres fondateurs en 1982. Fidèle parmi les fidèles, ce gardien du temple est un des animateurs du groupe de travail G8 et, depuis 1993, membre du comité national de l’UDPS.

Très proche du président national Étienne Tshisekedi, Doyen Léon-Tousseul Kalengayi Kadima Muntuntu est son conseiller chargé de mission. Ce dernier assume aussi les fonctions de secrétaire national adjoint chargé des relations avec d’autres partis. Il est également membre d’honneur de Prison Fellowship-Zaïre. Grâce à son expérience combattante et sa fine connaissance des dossiers politiques congolais, ce pionnier de la liberté a fait partie des délégués de l’UDPS (collège des experts) aux Assises intercongolaises de Sun City (Afrique du Sud) du 25 février au 19 avril 2002.

[1] Tel se présente le despotisme éclairé de Mobutu Sese Seko du Zaïre sous le couvert de la « doctrine de l’Authenticité ». Il en est également de la dictature révolutionnaire de Mzee Mutwale Laurent-Désiré Kabila avec la fameuse « Libération nationale » et de la tyrannie sanguinaire du général-major Joseph Kanambe sous le régime bâtard de la Restauration (IIe République bis).

[2] Mobutisme, kabilisme, kanambisme.

[3] La culture monolithique du Parti-État MPR, CPP, PPRD est une machine à fabriquer des esclaves (des êtres serviles, anesthésiés et dépourvus de toute notion magique de droit et de liberté) pour survivre dans son espace politique.

[4] L’UDPS exerce un pouvoir exorciste face au processus de zombification ou dépersonnalisation dans lequel le peuple congolais est enfermé par les diverses autorités dictatoriales de Kinshasa en apportant politiquement et idéologiquement l’Évangile de Vérité (la démocratie, c’est-à-dire le principe de transparence ou lumière).

[5] Ceux-ci sont toujours vivants et veillent perpétuellement sur la lutte et les enfants de la collectivité.

[6] À ce propos, un des Grands Maîtres contemporains de la Sagesse arcane, le Très Vénérable Sathya Sai Baba, affirme que « la joie est notre droit de naissance ». Par conséquent, le bonheur que procure la liberté est la destination du peuple congolais.

[7] Évangile selon Saint Matthieu 19 : 30 ; 20 : 16 ; 22 : 14 ; Marc 10 : 30 ; Luc 13 : 30 .

[8] La vie physique des Congolais ressemble spirituellement aux épreuves (persécutions) des Chrétiens au 1er siècle de notre ère.

[9] Pour un récit détaillé de ces événements, lire Pr. Grégoire Dikonda wa Lumanyisha, “Les massacres de Katekelayi et de Luamuela (Kasaï Oriental) ‘’, Politique africaine, 6 mai 1982, p. 72-106.

[10] Service d’espionnage.

[11] Serpents en langue lingala

[12] Sorciers en lingala

[13] Revenu malade à Kinshasa, il a quitté le pays pour des soins de santé à Boston (Massachusetts USA).

[14] Brillant par des détournements de fonds publics, ce dernier fut arrêté et déchargé de toutes ses fonctions puis déféré devant la justice qui le condamna à 10 ans de réclusion criminelle.

[15] Ce lieu servit d’exil à L’Honorable Anaclet Makanda Shambuyi Mpinga, député du Kasaï Oriental, après le verdict de la Cour de sûreté de l’État en 1982.

[16] Ce gouvernement Nguz a été nommé en remplacement du Cabinet dirigé par un autre opposant alimentaire au régime de Mobutu, Bernardin Mungul Diaka, alias Gihuda qui signifie serpent

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