Lettre ouverte au Peuple congolais

Par Joël Lévy

 

Peuple congolais,

 

Le dimanche 18 décembre 2005, le régime ‘‘illégitime’’ et ‘‘illégal’’[i] de 1+4=0 vous invite, toute honte bue, à vous acquitter de votre devoir de Citoyen (qualité qu’il ne vous a d’ailleurs guère reconnue au cours de l’ex-Transition), en participant, dans une extrême confusion et dans une nébulosité digne de pratiques maffieuses à un référendum qui dotera votre Pays d’une nouvelle Constitution. Toutefois, le texte qui sera soumis cette journée dominicale à votre appréciation, pose effectivement une série de problèmes et de questions d’ordre à la fois politique et idéologique[ii]. Pour la simple et bonne raison que celle-ci est de nature à sacrifier votre chère Nation, laquelle constitue, en réalité, pour vous un acquis historique indéniable, depuis l’indépendance nationale proclamée le jeudi 30 juin 1960.

 

En effet, force est de mentionner que l’article 2 dudit projet constitutionnel fait éclater, à l’exception des Provinces du Maniema, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Bas-Congo, plusieurs Collectivités provinciales existantes en « provincettes ». C’est entre autres le cas apparemment inexplicable des entités administratives et politiques ci-après : Bandundu, Équateur, Province orientale, Kasaï occidental, Kasaï oriental et Katanga. Aussi importe-t-il de souligner que l’article 4 de ladite Constitution prévoit explicitement la création subséquente d’autres provinces et entités territoriales. Dans sa formulation, cette disposition soulève effectivement quelques questionnements voire quelques inquiétudes relativement à la véritable « intention » du Constituant dans la mesure où la République démocratique du Congo ne peut pas passer indéfiniment la durée de sa vie à subir des chirurgies destinées à remanier ou à remodeler sa configuration politico-administrative.

 

Peuple congolais,

 

Il convient d’admettre que dans sa conception tout comme dans son élaboration, cette mouture constitutionnelle affaiblit gravement la République démocratique du Congo, à plus d’un titre. D’abord, cette Constitution fait vraiment régresser le Pays. Ce texte fondamental censé normalement accompagner le destin politique de votre cher État le fait littéralement revenir à la préhistoire coloniale belge avec des découpages administratifs provinciaux présentant manifestement une nature aussi bien tribale qu’ethnique. Par conséquent, ce charcutage ou saucissonnage constitue indubitablement une grave atteinte à la notion capitale de Nation telle qu’héritée du Père de l’indépendance nationale, Patrice Emery Lumumba.

 

À ce propos, le Héros panafricain déclare sans ambages : « Il n’y a plus d’ethnies au Congo. Il n’y a plus de Bakongo ou de Bangala. Il n’y a plus de Wagenia. Nous n’avons qu’un Peuple libre. Nous sommes tous des Citoyens et nous devons sauvegarder l’unité nationale. Hier, les Européens ont voulu diviser les Bakongo et les Bangala. Ils ont voulu diviser Kasa-Vubu et Lumumba, mais nous prouverons à tous ces gens que nous sommes aujourd’hui unis, que nous allons sauvegarder notre unité nationale (…) ».

 

Dans sa conception de la Nation congolaise qui doit succéder et même survivre à l’entreprise coloniale belge qui a plutôt créé des groupements de populations à des fins d’exploitation, le Premier ministre nationaliste et panafricaniste Patrice Emery Lumumba rejette catégoriquement la notion d’ethnie et, a fortiori, celle de tribu. En effet, le Héros national congolais considère en réalité ces deux notions comme purement dévalorisantes d’un point de vue strictement humaniste parce qu’elles consistent à nier aux Congolais toute notion de civilisation et de culture, d’une part. Et d’autre part, celles-ci contribuent à les dépouiller de leurs droits et libertés fondamentaux sur le plan politique. Force est d’admettre que ces notions abjectes ont naturellement fait les délices criminelles de la petite Belgique dans le dessein de diviser [opposer] pour mieux régner [dominer] outrageusement sur les populations locales qualifiées d’indigènes ou d’autochtones.

 

Pour Lumumba, le phénomène ethnique est en soi une stratégie de domination politique et culturelle de l’Occident afin d’écraser les Peuples négro-africains. À cet effet, il doit être rejeté. Pour ce faire, il faut lui substituer la notion de Peuple libre, c’est-à-dire de Peuple uni (unité nationale) et solidaire (justice). Cette unicité et cette solidarité ne trouvent leur consécration suprême et leur renforcement que dans une perspective égalitariste. En effet, pour le Héros nationaliste congolais, le phénomène ethnique est, en réalité, la négation de la liberté. Donc, celui-ci se veut la négation de la Citoyenneté, c’est-à-dire l’étouffement de l’égalité qui doit prévaloir dans la Nation entre les Filles et les Fils d’une même Patrie. En d’autres termes, le fait de revenir substantiellement à des découpages tribalo-ethniques qui ont d’antan diviser les Congolais, équivaut très clairement et très nettement à une grave atteinte à l’unité nationale de la République démocratique du Congo, à son indépendance nationale chèrement acquise, à la liberté de ses sujets et aussi à l’égalité entre les Citoyens.

 

C’est la raison pour laquelle l’idéologie lumumbiste, sensiblement au cœur de la Nation et fondatrice de l’esprit national, récuse les phénomènes tribal et ethnique en tant que poison inoculé par l’autorité coloniale belge afin de mieux diviser les Congolais et régner sur des populations asservies. Cette pensée nationaliste les récuse catégoriquement parce que la Belgique exploitait ces deux notions nocives dans le but d’opposer violemment les Congolais entre eux. Mais, avec ce retour au sentiment purement ethnique et tribal, ne faudrait-il pas surtout craindre une intensification accrue d’affrontements interethniques, une résurgence de conflits intertribaux[iii] ? Avec l’érection d’entités politiques et administratives provinciales présentant une dimension ethnique, une configuration tribale, ne pourrait-on pas assister à des opérations d’épuration ethnique et tribale dans certaines parties du Pays[iv] ?

 

Cela est d’autant plus grave voire inquiétant que, depuis l’avènement politico-militaire de l’AFDL, le Peuple congolais, médusé et dupé par son élite politique moribonde, assiste impuissant à une très forte résurgence du sentiment ethnique. D’ailleurs, sous l’empire du PPRD et le leadership défaillant du mercenaire tutsi rwando-tanzanien Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M'Twale Christopher, celui-ci assiste quotidiennement à l’exacerbation de l’esprit tribal, notamment dans l’espace politique, tout comme dans les médias publics et privés[v]. Tout ceci ne constitue-t-il pas indubitablement le « signe précurseur » de l’implosion de la République démocratique du Congo tant annoncée ?

 

Peuple congolais,

 

Ce fameux projet constitutionnel soumis à votre appréciation avec la complicité manifeste de la Communauté internationale lors du référendum du dimanche 18 décembre 2005 est, ensuite, destiné à affaiblir la lutte politique menée par l’UDPS en tant que parti de la liberté et du véritable changement depuis deux décennies. Il a pour objectif primordial d’éradiquer complètement la révolution pacifique et démocratique d’ailleurs pilotée par le Dr Étienne Tshisekedi en tant que véritable héraut de la paix, de la justice et de la dignité en Afrique. Ce dernier a pour effet d’extirper cet élan ou ce mouvement axé sur le développement économique et le progrès social en Afrique.

 

En effet, la démocratie conçue par Tshisekedi vise à créer une grande Nation au cœur de l’Afrique. En raison de la position géopolitique privilégiée du Congo qui est éminemment le centre du Continent, cette démarche politique et idéologique a de très fortes chances de contaminer les autres États frères africains. Surtout, celle-ci risque de faire tache d’huile. Donc, elle a de fortes chances de libérer leurs Peuples asservis de régimes fantoches sur lesquels s’appuient nécessairement les intérêts extérieurs pour construire leur domination planétaire, en d’autres termes leur puissance hégémonique. C’est effectivement cette crainte qui justifie, à n’en pas douter, la nécessité de circonscrire, d’éradiquer la démarche de l’UDPS dans la mesure où l’entreprise tshisekediste s’inscrit au-delà d’une simple opération de conquête du pouvoir politique en République démocratique du Congo.

 

En effet, la révolution pacifique et démocratique de l’UDPS sous l’impulsion du Dr Étienne Tshisekedi ne consiste pas à se gonfler les poches (la mal gouvernance), à rassasier le ventre ou à remplir le tube digestif (la fabrication artificielle d’une élite politique parasitaire et compradore) et à assouvir ses plus bas instincts (le piétinement des droits de la personne humaine et les violations des libertés publiques fondamentales). Elle ne consiste point à exploiter et à écraser le Peuple congolais. Plutôt, celle-ci vise la transformation de l’être congolais dans toutes ses dimensions (matérielle et intellectuelle, morale et spirituelle, psychique et mentale). En d’autres termes, elle vise la fabrication d’un nouveau type de Congolais dont la préoccupation majeure est la métamorphose de son environnement public et privé (le développement) ainsi que l’essor individuel au service de l’épanouissement collectif (le progrès). C’est cette perspective de création du nouvel être congolais servant de référence et de modèle à l’homme africain qui génère la peur de l’Occident.

 

Par conséquent, la seule façon pour les Occidentaux de casser cette dynamique tshisekediste et la lutte de l’UDPS essentiellement fondée sur l’idée de Nation et de Justice, c’est l’anéantissement complet du Congo par une réforme structurelle qui sous-tend la désintégration nationale. Celle-ci doit être administrativement et politiquement dominée par des seigneurs de guerre, c’est-à-dire des mercenaires locaux ou étrangers. Leur mission principale est de se faire la lutte entre eux afin de déstabiliser totalement la paix en tant que socle de l’harmonie sociale, creuset de l’unité politique de la Nation et ancrage de la stabilité de l’État dans la mesure où la démocratie ne peut nullement se concevoir sans la paix et la sécurité, sans la liberté et la justice.

 

Ainsi, en déstabilisant de l’intérieur la République démocratique du Congo, les ennemis de l’Afrique espèrent noyer définitivement la démarche tshisekediste de la démocratie. En d’autres termes, après avoir tenté sans succès d’évincer, par la dictature féroce (Mobutu Sese Seko, Mzee Kabila et Kanambe Kazembere), l’entreprise politique et idéologique tshisekediste, ceux-ci rêvent désormais de la démanteler complètement par la violence armée. En effet, ils rêvent d’éradiquer la révolution pacifique (non-violente) et démocratique (légaliste) entamée par le Dr Tshisekedi, l’UDPS et sa masse de Combattantes et de Combattants depuis l’aube des années quatre-vingts par des affrontements interethniques ainsi que des embrasements intertribaux découlant directement de la réforme administrative. Par conséquent, en disparaissant du fait des guerres civiles ou des conflits armés atroces entre les Congolais, le tshisekedisme qu’ils répugnent, ne menacerait plus d’effondrement politique les systèmes moribonds, les pouvoirs fantoches qu’ils entretiennent à dessein et à mauvais escient dans la majorité des pays du Continent[vi].

 

Peuple congolais,

 

Ce fameux projet constitutionnel soumis à votre appréciation avec la conjuration de la Communauté international affaiblit, ensuite, l’influence culturelle de votre cher Pays en Afrique et dans le monde. Aujourd’hui, il faut bien comprendre que l’influence culturelle de votre Nation est entièrement garantie par son potentiel artistique. Cette dernière passe nécessairement par la formidable expansion de sa musique moderne dont les plus grands ambassadeurs furent Joseph Kabasele, dit Grand Jeff Kallé, Wendo Kolosoy, Dr Nico Kasanda, Pascal Tabu Ley, dit Rochereau et l’Afriza International, Grand Maître François Luambo Makiadi, dit Franco et le Tout-Puissant OK Jazz. On peut également inclure la jeune génération d’artistes musiciens qui ont fait un travail remarquable, admirable afin de porter aux nues cette musique devenue une référence universelle : Joseph Nyoka Longo, dit Ya Jossart et le Zaïko Langa-Langa, Jules Presley Shungu Wembadio, dit Papa Wemba ou Frère David et la Viva la Musica, Antoine Agbepa Mumba, alias Koffi Olomide et le Quartier Latin, etc.

 

Force est de constater que cette musique aujourd’hui prisée dans le monde entier est véhiculée en lingala. Cette langue vernaculaire est souvent pratiquée et usée dans l’ouest du Pays. Elle est facilement comprise et parlée en Angola, au Congo-Brazzaville, au Gabon et en République Centrafricaine. Au Cameroun, celle-ci a des racines communes avec la langue douala.

 

Le lingala en tant que médium et moyen de communication est une fabrication coloniale. Il dérive du latin lingua ngala qui signifie langue des Ngala originaires de la sous-région de la Mongala. En effet, pour constituer la force publique qui était substantiellement une « armée de maintien de l’ordre colonial », le colonisateur belge recrutait essentiellement les Bangala. La langue par eux utilisée pour mieux communiquer devint la langue de l’armée. En raison de son occupation spatiale du Pays, celle-ci devient un outil essentiel de communication avec la population. C’est de cette manière singulière que cette dernière finit par se reconnaître à son armée et faire corps ensemble. C’est également de cette façon que cette institution militaire au cœur de la défense nationale a contribué tant bien que mal à l’unité politique de la Nation.

 

Toutefois, le lingala a été mieux propagé sur l’ensemble du territoire national par la musique permettant ainsi de fédérer l’ensemble des Congolais autour d’une culture nationale devenue, par conséquent, le moteur voire même le ferment de l’unité[vii]. Cette unité culturelle nationale sera vraisemblablement menacée par la Constitution soumise à référendum le dimanche 18 décembre 2005. Celle-ci sera complètement menacée par des replis identitaires auxquels seraient confrontés les Congolais. Ils pourraient résulter des oppositions artificielles entre l’ouest du pays (espace lingalophone) représenté ou incarné par Kinshasa et les autres univers culturels. À cet effet, rappelez-vous l’opposition pernicieuse véhiculée par les pseudo-révolutionnaires de l’AFDL entre les lingalophones et les swahiliphones.

 

Donc en tentant de circonscrire de l’intérieur l’influence culturelle et politique du lingala, l’on risque de porter un coup fatal à la puissance culturelle du Congo en Afrique et dans le monde. Partant de là, on risque également de porter atteinte à l’influence politique du Congo véhiculée par sa culture musicale. À ce propos, il y a lieu de relever que bon nombre d’artistes musiciens ressortissants de ce Pays d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs sont officiellement invités par des dignitaires [chefs d’État et de gouvernement] étrangers, entre autres africains. Il appert que ceux-ci participent incontestablement, à leur manière, aux meilleures relations qui puissent exister entre la RDC et ses pairs internationaux.

 

Ainsi, cette place privilégiée réservée à la musique congolaise ainsi qu’à tous ses artistes entraîne que les Africains, y compris les autres Peuples de notre Planète, veulent s’inspirer du modèle culturel congolais. Ils veulent surtout apprendre le lingala. Pour ce faire, ceux-ci viennent des contrées aussi lointaines que le Japon. À cet égard, l’exemple de Viva la Musica International de Papa Wemba Ekumane est édifiant[viii]. D’autres veulent même l’adopter comme langue seconde à l’instar de l’Anglais. Force est d’admettre que derrière la langue de William Shakespeare, les Anglo-saxons exercent indéniablement une grande influence dans le monde, en raison de la Musique en tant qu’expression artistique. Il importe également de mentionner que ce « véhicule linguistique » devenu par nécessité stratégique une référence internationale incontournable participe sans nul doute au rayonnement politique et culturel, principalement des États-Unis d’Amérique et de la Grande-Bretagne, à travers le monde.

 

En d’autres termes, la « mise à mort » du lingala sonnerait définitivement le glas d’une grande Nation négro-africaine au cœur du continent en tant que ciment du Panafricanisme et même contrepoids culturel dans le cadre de la mondialisation ou globalisation des marchés[ix]. Alors, l’on comprend pourquoi tout est vraiment mis en œuvre pour « tuer » le Grand Congo avec l’aide des animateurs de 1+4=0. Ainsi, il est grand temps de mettre hors d’état de nuire cette équipe de geôliers de la liberté, a fortiori bande de fossoyeurs de la Nation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il faut rejeter cette Constitution maffieuse dont l’objectif primordial est de tuer l’essence même de la Nation congolaise en tant qu’ancrage de l’unité politique et culturelle de l’Afrique.

 

Peuple congolais,

 

Par essence, une Constitution est un texte majeur garantissant le fonctionnement d’une entité collective qualifiée d’État. En réalité, il détermine les prérogatives de l’État et répartit les compétences entre l’État qui fait office du Pouvoir central et ses agents politico-administratifs, lesquels reçoivent l’autorisation d’exercer ce pouvoir par délégation formelle. En vérité, il s’agit d’une loi écrite permettant à un État, un pays ou un territoire de remplir ses obligations en tant que puissance publique. Ce texte majeur lui permet de fonctionner dans les limites de ses droits fondamentaux et intérêts légitimes, lesquels lui sont reconnus par l’ensemble de la Communauté interétatique. Ce texte juridique [loi suprême puisque placée au-dessus de tout autre intérêt ou puissance (loi, norme ou règle)] dans la Collectivité étatique est d’autant plus important qu’il garantit substantiellement sa puissance publique, la souveraineté internationale de la Nation et l’indépendance nationale du Peuple vis-à-vis de ses pairs étatiques. Donc, celui-ci garantit au plus haut point sa viabilité dans le concert des Nations souveraines et indépendantes. En d’autres termes, la Constitution détermine substantiellement le véritable « statut international » d’une Communauté dans l’espace interétatique.

 

Toutefois, qu’en est-il exactement de ce projet constitutionnel ? Dans le cas de la Constitution à soumettre à référendum le dimanche 18 décembre 2005, il ne fait aucun doute que cette fameuse loi fondamentale ne garantit aucunement l’unité nationale et, par voie de conséquence, son corollaire immédiat qu’est l’intégrité territoriale. Ce texte juridique sauvegarde-t-il la viabilité de l’État congolais ? En d’autres termes, quel statut international celui-ci accorde-t-il véritablement à cet immense pays d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs lourdement menacé par les nombreuses hyènes maffieuses de la société interétatique ? Quelle place réserve-t-il pratiquement aux institutions politiques ? Quel rôle leur confie-t-elle cette Constitution dans l’exercice effectif de la puissance publique en vue de mieux quadriller la population, de forger l’unité de la Nation et de préserver l’intégrité de l’État ?

 

Peuple congolais,

 

Toutes ces questions posent la problématique de la typologie de l’État, du régime politique et du jeu institutionnel. Elles mettent sérieusement en relief la typologie de l’État congolais dans la mesure où l’unitarisme centralisateur sous l’empire du mobutisme, du kabilisme et du kanambisme s’est réellement révélé le levier de la confiscation du pouvoir d’État. En effet, l’unitarisme et le centralisme politique ont logiquement mené à l’instauration de la tyrannie et aussi à la consolidation de la barbarie en République démocratique du Congo (RDC). Ce qui a contribué, ainsi, à saper littéralement tous les espoirs de paix et de sécurité, de justice et de dignité, donc de démocratie et de liberté, de développement et de progrès. Force est de relever que ces vœux sont, d’ailleurs, fortement exprimés par l’ensemble de la population congolaise.

 

En d’autres termes, dans le contexte purement congolais, l’unitarisme doublé de centralisme dictatorial a nécessairement contribué au chaos, à l’anarchie, au sous-développement économique et à l’affaissement du progrès social. Alliés objectifs et complices réels de l’idéologie internationale de spoliation, ces phénomènes sociopolitiques ont participé activement au pillage systématique du Congo aussi bien par les charognards internationaux que par les parasites nationaux gravitant autour du pouvoir de l’État central. C’est la raison pour laquelle ils doivent être inexorablement remplacés par le Fédéralisme en tant que système d’organisation politique et démocratique de l’État, de gestion administrative de ses Collectivités fédérées pour permettre aux populations locales de s’approprier leurs destins politique, économique, social et culturel.

 

Peuple congolais,

 

Ces questions sont relatives au régime politique puisque le système présidentiel [présidentialiste], tel qu’importé sur le continent africain et conseillé par nombre d’intérêts extérieurs[x], s’est avéré un véritable allié de l’exploitation éhontée des Peuples noirs. Par conséquent, c’est le régime parlementaire qui doit prévaloir dans la mesure où celui-ci garantit la Représentativité populaire et fait du Peuple le vrai Souverain. Ce Parlementarisme doit être sustenté par le scrutin majoritaire afin de permettre aux Citoyens de détenir le vrai pouvoir politique et non par le système proportionnel transformant ainsi substantiellement le Parlement en un régime de partis et d’assemblées obéissant aux seuls phantasmes dévastateurs de leurs soutiens[xi]. En d’autres termes, le régime d’assemblées ou de partis tend au même titre que la dictature (la monocratie) à confisquer le pouvoir politique et à l’exercer au nom des partis (la particratie ou la tyrannie des partis)[xii].

 

Ces questions sont liées au jeu institutionnel dans la mesure où la responsabilité des acteurs politiques doit être résolument engagée à tous les niveaux dès lors que ces derniers ne peuvent répondre aux aspirations légitimes du Peuple. Dans un tel jeu politique et institutionnel, c’est le Peuple qui a effectivement la parole. C’est le Peuple qui est le véritable Maître. En d’autres termes, c’est lui et lui seul qui détient le véritable pouvoir. Les acteurs politiques ne sont, à vrai dire, que les Commis certifiés ou patentés du Peuple, c’est-à-dire ses véritables Représentants légitimes.

 

Ainsi, la Constitution élaborée et adoptée par l’élite maffieuse de l’ex-Transition remplit-elle les conditions sus-énumérées[xiii] ? La réponse ne fait aucun doute ! À ce titre, elle doit être rejetée, sans concession et sans condition, par la population dans la mesure où elle n’a même pas été l’objet d’un véritable débat national[xiv]. D’ailleurs, dans le dessein d’escamoter sa propension à assujettir l’État congolais aux caprices internationaux[xv], ce texte fondamental qui est vraiment censé régir le Destin politique du Pays et l’avenir de son Peuple meurtri, n’a nullement été traduit dans les principales langues vernaculaires[xvi]. Il y a lieu de constater que celui-ci ne sera l’objet que d’une très courte campagne politique à travers le pays [maximum de deux semaines]. Ce délai extrêmement court ne permettra nullement aux différentes formations favorables ou défavorables à cette loi fondamentale d’exprimer dans la clarté leurs positions voire points de vue. Sans compter que cette loi suprême porte en elle les germes mêmes du chaos et de l’anarchie dans la mesure où la République démocratique du Congo doit être découpée, divisée et répartie en vingt-cinq entités qualifiées de Provinces. Si l’on ajoute la capitale Kinshasa, le total des circonscriptions est de vingt-six. Ainsi, le pays devient une véritable charcuterie politique livrée aux canines et aux molaires des seigneurs de guerre[xvii].

 

Peuple congolais,

 

Toute la question est vraiment de savoir à quelle logique répond cette division administrative. Ce découpage répond-il aux besoins de développement national ? Celui-ci répond-il aux besoins d’exploitation des ressources physiques au profit exclusif de la Collectivité publique ? Répond-il à une meilleure répartition des ressources humaines sur l’étendue du territoire ? Répond-il à des préoccupations étrangères que nationales[xviii] ?

 

Toutes ces sous-questions s’imposent. En effet, de puissants intérêts politiques et financiers anglo-saxons, plus particulièrement et plus singulièrement américains, ont expressément demandé en avril 2004, lors de son dernier périple diplomatique à Washington [capitale des États-Unis d’Amérique], au mercenaire tutsi rwando-tanzanien Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M’Twale Christopher, d’accorder une autonomie politique et administrative à la communauté banyamulenge. Ceci suppose pratiquement l’amputation pure et simple d’une partie des Provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema[xix]. Voire celle de la Province orientale en proie à de terribles affrontements interethniques et conflits intertribaux entre les Hema (populations nilotiques à cheval entre l’Ouganda et le Congo-Kinshasa) et les Lendu (populations d’origine pygmoïde et même d’ascendance soudano-bantoue)[xx]. En d’autres termes, ce saucissonnage de la République démocratique du Congo est-il plutôt dicté par cette curieuse motivation extérieure[xxi] ?

 

Par ailleurs, ce découpage administratif des Provinces est manifestement l’œuvre des autorités politiques et gouvernementales de l’État central. Une telle pratique, par nature antidémocratique, relève, en vérité, de l’arbitraire dictatorial. En effet, une telle opération devrait réellement tenir compte des populations autochtones desdites entités politiques originelles auxquelles l’initiative devrait normalement revenir. Circonstance oblige, vu l’intérêt éminemment public de cette opération de découpage qui engage inéluctablement l’avenir de votre Collectivité publique, celles-ci devraient irrémédiablement se prononcer par voie référendaire[xxii]. Et ce a priori. Une telle démarche politique suppose, à n’en pas douter, l’organisation préalable des consultations populaires et des auditions publiques[xxiii]. Cependant, si elle présente en fait une configuration tribalo-ethnique, cette division politique et administrative morcèle et éparpille injustement la majorité des ethnies, tribus ou communautés humaines au risque de compromettre à jamais la sécurité, la paix publique et l’harmonie devant résolument régner dans la société étatique[xxiv]. Il convient de remarquer que ces dernières ont déjà été morcelées délibérément, séparées arbitrairement[xxv] par les divers découpages coloniaux et postcoloniaux successifs.

 

Peuple congolais,

 

Voilà autant de raisons objectives de rejeter sans concession et sans condition le dimanche 18 décembre 2005, ce piège constitutionnel conçu et aussi proposé par la Communauté maffieuse et génocidaire internationale[xxvi] et par ses pupilles à la fois mercenaires et criminels de l’ex-Transition politique aux Congolaises et aux Congolais[xxvii]. Voilà autant de raisons de rêver d’une véritable transformation de la société politique nationale[xxviii], de prôner à tout prix le changement libérateur en vue de mettre un terme définitif au capharnaüm juridique, militaire, politique, économique, culturel et social[xxix]. Voilà autant de raisons de proclamer haut et fort le retour de la démocratie et même d’instaurer [imposer par une inébranlable pression populaire] le retour au schéma politique de la CNS[xxx].

 

Pour ce faire, vous avez pratiquement le destin entre vos deux mains. Cela passe par le rejet de ce maudit projet constitutionnel le dimanche 18 décembre 2005.

 

Puisse Dieu bénir la République démocratique du Congo et garantir à ses Enfants la Paix et la Sécurité, la Justice et la Dignité, la Liberté et la Démocratie.

 


[i] La Transition issue de l’Accord de paix intercongolais de Pretoria, dit Accord global et inclusif (AGI), est échue depuis le jeudi 30 juin 2005 à minuit pile. À cet égard, la République démocratique du Congo n’a plus d’institutions politiques sauf celles issues de la Conférence nationale souveraine (CNS), c’est-à-dire des institutions politiques découlant directement de l’Acte portant dispositions constitutionnelles relatives à la période de Transition du 4 août 1992.

[ii] Cette Constitution qui présente en réalité plusieurs versions en circulation, est en contradiction profonde avec celle adoptée le 16 mai 2005 par l’ex-Parlement de l’ex-Transition politique. Cette dernière pose également des problèmes et des questions d’ordre spirituel et éthique (celle-ci légalise les pratiques homosexuelles en encourageant les unions entre les personnes de même sexe, ce qui est fondamentalement contraire à la culture et à la civilisation négro-africaines). Aussi poste-t-elle des problèmes et des questions d’ordre humaniste et juridique (elle restreint les libertés publiques et les droits fondamentaux en méconnaissant au Peuple congolais le droit à la résistance, fût-elle pacifique,  contre un ordre illégal et même inhumain). Ce qui veut dire le renforcement de la dictature. En d’autres termes, cette constitution satanique est, en vérité, un recul démocratique par le bâillonnement de la population et aussi la perversion mentale.

[iii] Du spectre rwandais au syndrome rwandais, il n’y a qu’un pas facilement franchissable. En d’autres termes, le génocide se fait déjà sentir aux portes de la RDC.

[iv] Le nettoyage ethnique et tribal a déjà malheureusement eu lieu dans la Province cuprifère du Katanga en 1992 et 1993 sous l’impulsion pathologique de l’Angolo-portugais Oliveira da Silva Antoine Gabriel Kyungu wa ku Mwanza et de Jean de Dieu Nguz Karl I Bond, deux hauts chefs politiques de l’Union des fédéralistes et républicains indépendants (UFERI). Celui-ci visait ouvertement et principalement les Kasaïens et accessoirement les non-Kasaïens au motif qu’ils avaient manifesté bruyamment leur joie à l’élection d’Étienne Tshisekedi au poste de Premier ministre par les Représentants de la Nation et Délégués du Peuple congolais à la Conférence nationale souveraine. En réalité, cette épuration ethnique et tribale des Kasaïens était une manière pour le Maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko du Zaïre avec ses sbires katangais (Nguz et Kyungu) de saboter la Conférence nationale souveraine en mettant en péril l’unité nationale. Par conséquent, le nettoyage ethnique et tribal au Katanga constitue-t-il, à cette époque, un signal avant-coureur de ce que les Congolaises et les Congolais sont malheureusement appelés à vivre cruellement aujourd’hui ? S’agissait-il d’une répétition générale ?

[v] Sous la direction du Ministre de l’Information, le hutu rwando-burundais Vital Kamerhe, la haine tribale et ethnique avait atteint son paroxysme dans les médias.

[vi] Les intérêts occidentaux craignent énormément la révolution politique et idéologique tshisekediste en raison de la très forte influence qu’exercent réellement les Congolais en Afrique et dans le monde, dans tous les domaines. À cet effet, Il y a lieu de penser à la doctrine mobutiste de l’Authenticité et au panafricanisme lumumbiste en tant que « pensée » et « action » de libération des Peuples opprimés et « discours » et « méthode » de l’émancipation de l’homme noir (être négro-africain » du joug colonialiste et impérialiste ou ségrégationniste (Apartheid).

[vii] À titre de véhicule artistique et linguistique, le lingala a positivement contribué, par le biais de la musique congolaise moderne, à l’émancipation du Peuple congolais du joug colonial, à la conscientisation nationale, donc à la fabrication de la conscience nationale. Comme l’attestent les chansons du Doyen Wendo Kolosoy (Anta ndele Mokili mo ko baluka) ou du Grand Kallé Jeff (Indépendance Tcha-Tcha Tondimi).

[viii] Le cas du danseur français Alain Lévy, alias « Loketo » qui signifie la ‘‘danse du ventre’’, pourrait aussi vous inspirer !

[ix] Les Occidentaux s’opposent farouchement, avec la complicité manifeste des intérêts sud-africains, à l’émergence d’une grande Nation négro-africaine au cœur de l’Afrique susceptible de contrecarrer leur influence ou leur hégémonie.

[x] Le système présidentiel conseillé a fortiori par les anciennes puissances coloniales à leurs poulains africains est le paravent juridico-légal [constitutionnel] ou politico-institutionnel de la dictature néocolonialiste ou néo-impérialiste.

[xi] C’est ici qu’est pertinente la loi électorale à adopter.

[xii] L’Union européenne est totalement favorable à l’application du système proportionnel en République démocratique du Congo. Cette vision a été défendue à Kinshasa par le président de la Commission José Manuel Barroso.

[xiii] Cette Constitution se veut en réalité la matérialisation du projet belgo-anglo-américain de balkanisation du Congo, lequel sous-tend l’Accord de Lemera (Acte fondateur de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre [AFDL]). Lors des pseudo-guerres de libération nationale des 1996 et 1997, ce mouvement politico-militaire bénéficiait réellement de la logistique humaine et technique fournie par le pouvoir anglo-saxon et l’ancienne puissance coloniale (Belgique) ainsi que de la complicité de la fameuse Communauté internationale (octroi des armes lourdes et légères saisies aux protagonistes de la sanglante guerre civile en Somalie). Aussi bénéficiait-il manifestement de la complicité active des pays limitrophes de la région des Grands Lacs africains (Burundi, Ouganda et Rwanda), y compris des États voire même des organisations politico-militaires de la Coalition de conscience africaine (Tanzanie, Afrique du Sud, Zimbabwe, Zambie, Angola, Éthiopie, Érythrée, les forces rebelles du SPLA [Armée de libération populaire du Sud-Soudan]). C’est bien cette plate-forme [AFDL] qui a renversé politiquement et militairement le régime démocratique issu de la Conférence nationale souveraine (CNS) au nom de l’establishment financier international. Il importe de mentionner que la charte fondatrice de l’AFDL prônait la partition de la RDC ainsi que la confiscation du sol et du sous-sol congolais au profit de ce mouvement politico-militaire.

[xiv] Force est de constater que les forces mobutistes et kabilistes avaient accepté d’un commun accord, et ce sous la très forte pression de la Communauté internationale, le principe de partition de la République démocratique du Congo. Ceci explique bien entendu la rapide signature du tristement célèbre Accord-cadre de Sun City le 19 avril 2002, consacrant ainsi cette balkanisation décriée et rejetée par la population.

[xv] Les Provinces ainsi « artificiellement » créées deviennent les bastions politico-ethniques des chefs de guerre chargés de rétrocéder toutes les richesses minérales, stratégiques, précieuses et naturelles du Congo aux intérêts capitalistes et monopolistiques occidentaux.

[xvi] Kikongo, lingala, swahili et tshiluba.

[xvii] Le sectionnement de la RDC rappelle le processus de charcutage en boucherie. De la boucherie alimentaire, on devrait bientôt normalement passer à la boucherie humaine…

[xviii] L’article 4 de la Constitution évoque la possibilité de créer d’autres Provinces et entités territoriales.

[xix] La création des enclaves politiques et administratives échappant complètement au contrôle du pouvoir central. Celles-ci seront rattachées à des territoires nouvellement configurés, et ce à l’exemple de la défunte fédération yougoslave.

[xx] Cette éventualité qui réveillera à n’en pas douter tous les vieux démons, sera à la base d’un carnage génocidaire sans précédent. Tout ceci à cause de la folie sanguinaire des extrémistes de tous bords inspirés voire hypnotisés par la Mort.

[xxi] Les déclarations de l’Ambassadeur allemand accrédité à Kinshasa, Reinald Buccholz, selon lesquelles la République démocratique du Congo (RDC) s’ouvrirait très largement la voie de la partition territoriale si les scrutins électoraux ne sont pas organisés au plus tard le 30 juin 2006, ne sont point innocentes. Celles-ci ne viennent que corroborer le fameux plan occidental de balkanisation du Congo-Kinshasa. Force est de constater que ces déclarations du Haut Représentant diplomatique allemand reprennent les affirmations du très distingué Président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso devant les Parlementaires de l’ex-Transition. Selon cet officiel, « la République démocratique du Congo sera inévitablement confrontée au processus de somalisation si la Transition [moribonde] actuelle n’est pas conduite à son terme ». Ce qui signifie en langage clair, la balkanisation et la destruction de l’État congolais par les affrontements armés provoqués par des chefs de guerre, a fortiori des mercenaires locaux ou étrangers. Par conséquent, tous ces seigneurs de guerre vont-ils agir impunément avec l’aval et sous le parapluie de la Communauté internationale ? La réponse ne fait aucun doute. Toutefois, la décision de l’Union européenne de dépêcher rapidement en RDC le général français Philippe Morillon, héros de la guerre de Bosnie-Herzégovine, sous le couvert de la supervision du référendum, est-elle en réalité le signe annonciateur de l’irréversibilité de ce processus de partition déjà décrétée par les hautes instances internationales ainsi que le pouvoir politico-financier anglo-saxon avec la complicité et la trahison de l’ancienne puissance coloniale, la Belgique ? Par ailleurs, comme ils ont littéralement noyauté, saboté, torpillé la bonne marche de la Transition, les intérêts politiques, financiers et militaires occidentaux, plus particulièrement et plus singulièrement ceux de l’Organisation du traité de l’Alliance atlantique Nord (OTAN) et de l’Union européenne (UE), veulent en attribuer la faute aux Congolais dans l’unique et cynique but de justifier cette option qui est catégoriquement rejetée par la population.

[xxii] Ce qui est vraiment une opération démocratique.

[xxiii] Pour éviter tout chaos apocalyptique issu de cette division politique et administrative et préjudiciable à la paix, il importe que la nouvelle architecture soit l’objet d’un véritable consensus national, lequel résulterait des référendums organisés par les populations locales et concernées au premier chef par le découpage de l’État. Ce qui lui donnerait une portée à la fois juste et démocratique.

[xxiv] L’objectif de cette Constitution est indubitablement la création des « No Man’s Land » provoquée effroyablement par des guerres interethniques résultant des contestations territoriales. Il s’agit de vider le territoire du Congo de sa population originelle dans le but de permettre aux transnationales occidentales de prendre sans coup férir possession des richesses nationales, de faire main basse sur des ressources physiques, à la faveur de l’implosion de l’État congolais.

[xxv] Qui peut dire avec certitude ce qu’il adviendrait des ethnies Luba, songhe, tshokwe, anamongo-akutsu (tetela, mongo et kutsu), kongo [et ainsi de suite] déjà dispersées délibérément et partagées arbitrairement entre plusieurs régions du pays ? C’est là que le bât blesse. Force est de constater que ce découpage constitutionnel des entités politiques et administratives du pays est essentiellement un découpage de la division. Il n’est pas celui de l’unité nationale. En effet, ce dernier divise plutôt qu’il ne rassemble réellement les enfants du pays. Il divise les Luba, les Lulua et les Lubakat. Il divise les Tetela en deux Provinces : Lomani et Sankuru. Par conséquent, les Congolaises et Congolais en arriveraient-ils un jour à des situations incongrues vécues en ex-Union des républiques socialistes et soviétiques (URSS) et en ex-Yougoslavie où certaines de leurs minorités ou majorités se trouvant littéralement coincées dans de nouveaux territoires chercheraient à se rattacher coûte que coûte à la « mère patrie » dans le dessein d’agrandir leur espace vital ? À cet égard, Pensez à l’exemple du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan [enclave peuplée majoritairement d’Arméniens qui voulaient à tout prix se rattacher à l’Arménie], du Kosovo [Province à l’origine serbe mais peuplée majoritairement de Musulmans albanais]. Cela n’est aucunement exclu…Y compris le nettoyage de type ethnique comme en Bosnie-Herzégovine en vue de l’émergence ou de la reconstitution d’un super État culturellement homogène (le phénomène d’ethnicisation est un excellent moteur pour aviver les conflits). Dans ce remaniement de la cartographie du Congo, le scénario dramatique à la tchétchène ou à la timoraise (agression armée musclée ou intervention brutale de l’État central contre certaines Provinces séditieuses) n’est pas non plus à déconsidérer. Il est surtout à prévoir en raison des velléités sécessionnistes ou séparatistes latentes voire même actives dans certaines portions du pays. Donc, ceci revient à dire que les déchirements seront indubitablement au bout du canon (fusil), et même fort vraisemblablement au bout de la machette [la machette Tramontina dont les vertus macabres ont été récemment exaltées par la presse, sera-t-elle pratiquement de service ?] dans certains cas précis ! Ainsi, se réaliseraient les prophéties anecdotiques du Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre ‘‘Après moi, c’est le déluge !’’ et de l’Oncle Litho Moboti ‘‘Bo Ko Liana’’ [Vous vous entretuerez] !

[xxvi] Qui a effectivement appuyé le génocide au Rwanda ?

[xxvii] Cette Constitution maléfique qui est un fourre-tout, un véritable rafistolage, est essentiellement l’œuvre des experts constitutionnalistes français et belges, comme l’ont d’ailleurs été l’Accord-cadre de Sun City [pacte pirate et sectaire entre les postmobutistes du MLC et les postkabilistes du PPRD], l’Accord de paix intercongolais de Pretoria et la Constitution de la Transition.

[xxviii] L’UDPS en tant que porte-étendard du mouvement démocratique, doit rester totalement vigilante. Même si elle accepte de participer à la réunion politique convoquée par le Comité international d’accompagnement de la Transition (CIAT) pour la République démocratique du Congo dans le but d’aplanir des divergences et de circonscrire la crise politique, elle doit se poser la question de savoir pourquoi ce « forum » se tient à quelques jours du déroulement du référendum censé être rejeté voire boycotté par l’ensemble du Peuple congolais. Ce sommet politique est-il justifié par une véritable volonté de la Communauté internationale de réunir les Congolais ? Est-il plutôt motivé par cette volonté mesquine de la Communauté internationale de montrer des signes d’ouverture alors qu’elle a toujours refusé cette opportunité de rencontre politique aux Congolais ? Est-ce une stratégie de détournement de l’esprit des Congolais (la distraction) en vue de contribuer au succès du référendum, c’est-à-dire à l’adoption du projet constitutionnel décrié et controversé ? Est-ce un piège voire un hameçon lancé à la naïveté des Congolais pour que ces deniers aillent voter massivement en faveur du « oui » et qu’ils ne s’abstiennent nullement de participer au vote en leur faisant accroire qu’elle est désormais ouverte aux préoccupations légitimes de l’UDPS, lesquelles sont par définition les leurs. Cette vigilance doit être résolument de mise dans la mesure où le PPRD, parti politique dirigé par le mercenaire tutsi rwando-tanzanien Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M’Twale Christopher et son lieutenant hutu rwando-burundais, Vital Kamerhe, se cabre dans son refus de participer à cette réunion permettant de renouer le dialogue entre les vrais enfants de la RDC. Ce refus du PPRD est-il dicté par la même Communauté internationale ? Si ce n’est pas le cas, à quand les sanctions ? C’est ce que le Peuple congolais attend impatiemment dans la mesure où celle-ci les lui a déjà infligées sous forme de répression brutale, d’oppression de ses droits fondamentaux quand il s’agissait de s’opposer à sa volonté de poursuivre frauduleusement la Transition au-delà du 30 juin 2005. Pourtant, Sieur Vital Kamerhe ne cesse de parler à longueur de journée de dialogue et d’ouverture des postes politiques à l’UDPS. Comment expliquer subitement ce refus catégorique de la part du PPRD dont il est, par ailleurs, le Secrétaire général, donc le chef d’orchestre, lorsque cette prise de langue doit se concrétiser, sous l’égide de la Communauté internationale ? Dialogue ou pas, la vigilance doit être à toute épreuve car « l’on ne dîne pas avec le Diable, même avec une longue cuillère » !

[xxix] Bientôt, le Peuple congolais va directement adresser à la Communauté internationale la facture du pillage éhonté des ressources physiques et naturelles de la République démocratique du Congo depuis la colonisation belge jusqu’à ce jour par les gouvernements, États, transnationales, ONG affairistes et politisés. Celle-ci tiendra compte de la destruction du potentiel humain de ce pays (génocide : la colonisation belge est responsable directement de la mort brutale et sauvage de dix millions de Congolais; les deux pseudo-guerres de libération nationale soutenues par l’industrie minière mondiale et l’establishment financier international ainsi que le pouvoir anglo-saxon ont contribué à la mort directe de plus de cinq millions d’individus). Elle comprendra également les données relatives à la spoliation des richesses nationales par de puissants intérêts étrangers relativement aux pseudo-guerres de libération nationale (la guerre d’agression de 1996-97 et la guerre de pillage de 1998-2002) logistiquement, techniquement et diplomatiquement appuyées par le pouvoir politico-financier anglo-saxon. Comme la colonisation et l’asservissement d’un Peuple [les deux conflits armés susmentionnés en sont d’ailleurs une parfaite illustration] sont condamnables par des instruments internationaux signés par l’ensemble des États de la planète, cette facture sera directement acheminée au Secrétariat général et au Conseil de Sécurité de l’ONU [la MONUC dirigée aussi bien par le Camerounais Amos Namanga Ngongi que l’Américain William Lacey Swing a activement participé à la déstabilisation de la RDC, à la spoliation de ses richesses et à l’oppression des droits humains fondamentaux reconnus à toute personne physique, à plus forte raison congolaise]. Aussi sera-t-elle adressée directement au Ministre européen chargé du Développement et de l’Action humanitaire, le Belge Louis Michel, [cet officiel euro-belge littéralement opposé à toute émancipation du Congo s’est réellement révélé le principal démiurge du désordre politique régnant actuellement dans cet État d’Afrique centrale, le principal artisan de l’exclusion de la véritable force de changement démocratique du pays (UDPS), le principal soutien des geôliers congolais et étrangers de la liberté et de la démocratie, de la dignité et de la justice, le principal président du syndicat du crime organisé dirigeant la RDC, le principal recruteur des tueurs à gages du processus de paix et de réconciliation nationale, des fossoyeurs du développement et du progrès social, le principal protecteur des flibustiers et des réseaux maffieux, donc le principal chef de file du camp de la haine raciste et de la trahison nationale], pour dédommagement des souffrances injustement endurées par l’ensemble de ses habitants et de ses ressortissants. Ainsi, tous les acteurs internationaux directement impliqués dans ce pillage éhonté et macabre se doivent d’indemniser la République démocratique du Congo. Par ailleurs, cette facture fait suite à la logique criminelle et abjecte de la Communauté internationale qui refuse délibérément toute démocratisation réelle de ce pays richissime d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs que les prédateurs de tous ordres et de toutes sortes reluquent, guettent comme un fruit mûr. D’autant plus que cette dernière [la Communauté internationale] appuie ouvertement, inlassablement les fossoyeurs de la liberté et de la démocratie, les croque-morts de la Nation et de l'indépendance du Pays en alléguant des pertes financières par elle prétendument subies. À ce que tout le monde sache vraiment, ce n’est pas le Peuple congolais qui a souhaité être colonisé [qui a invité le colonisateur belge à le brimer et à le déposséder de ses droits] et surtout vivre les guerres de pillage et d’agression lui imposés par les forces internationales. C’est effectivement au nom de ce principe [volonté de résistance manifeste liée à l’exercice de contraire extérieure] que s’articulent désormais toute idée et toute prétention de dédommagement.

[xxx] Dans la perspective du démantèlement complet de la République démocratique du Congo, l’objectif primordial des deux pseudo-guerres de libération nationale était, outre le pillage des ressources de l’État, la destruction complète des bases physiques et matérielles (infrastructures) de la Nation [l’Armée pour la défense nationale du territoire en cas de péril extérieur, la police pour le maintien de l’ordre public, l’Administration publique pour le quadrillage de la population et l’unification du territoire, les services publics pour soutenir la population]. Tandis que l’objectif de la Transition politico-militaro-maffieuse issue du processus de Pretoria pompeusement qualifié d’Accord global et inclusif (AGI), est l’élimination de la superstructure (idéologie) sur laquelle se fonde psychologiquement et intellectuellement l’idée de Nation. Celle-ci passe inexorablement par l’élimination ou l’exclusion physique de l’UDPS de l’espace politique. En effet, cette organisation est devenue, au fil des ans et du cheminement de l’histoire politique du Congo, le véritable porte-étendard de cette idéologie, le héraut de ce discours, le défenseur de cette réalité sociopolitique (le dépositaire attitré de la conscience nationale). Une fois l’UDPS marginalisée, il s’agit d’introduire, dans une seconde étape, le virus mortel du racisme, de l’ethnicisme et du tribalisme dont les agents propagateurs sont effectivement le PPRD et ses affidés de la Transition malade. À cet égard, la fameuse Lettre ouverte du 1er novembre 1980 au Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre, autrement désigné le Mémorandum de 52 pages, fournit nombre d’éléments pertinents permettant de mieux comprendre la cabale politique et diplomatique (nationale et internationale) dirigée contre la formation politique chère au Dr Étienne Tshisekedi. Tapez www.udps.net. Par ailleurs, cette constitution a pour effet de provoquer, à travers la multiplication inutile de Provinces, un repli identitaire chez tous les Congolais. Son objectif primordial est de créer de véritables forteresses de résistance tribale, des citadelles d’intolérance ethnique. Il s’agit d’abattre de l’intérieur la Nation en freinant idéologiquement, c’est-à-dire politiquement et culturellement, l’expansion linguistique du lingala qui est devenu le ferment de l’unité nationale entre les Congolais, mais aussi le moteur de leur influence politique et culturelle en Afrique (Panafricanisme).

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