L’enjeu politico-électoral du mercredi 20 décembre 2023

La République démocratique du Congo entre turbulences politiques et violences armées

La consolidation de l’indépendance nationale et la fin abrupte du régime de tutelle extérieure

‘‘La liberté est le trésor de la vie’’ Yann Feliz

Par Joël Asher Lévy-Cohen

La République démocratique du Congo est indépendante depuis le jeudi 30 juin 1960. Mais, force est de constater que cet État géant et richissime au cœur du Continent africain a vraiment eu beaucoup de mal à s’accommoder du régime démocratique[i] en raison de l’immixtion étrangère dans les affaires domestiques[ii]. Il y a lieu de remarquer que cette implication sévère de puissants intérêts internationaux dans la vie nationale a eu pour effet la permanence de la tyrannie[iii]. Fondée sur l’arbitraire et le totalitarisme, celle-ci fut officiellement inaugurée par le soudard Joseph-Désiré Mobutu[iv] le 24 novembre 1965 dans l’optique de confisquer tout l’avenir du pays au profit exclusif de l’Occident chrétien.

Ce régime privatif de liberté qui découle évidemment de l’univers militaire postcolonial, a naturellement connu un terme – [non point définitif] – le samedi 17 mai 1997 à la faveur d’une rébellion armée, d’ailleurs, nourrie par la haute finance et le gotha ‘‘industriel’’ et ‘‘minier’’. En effet, celui-ci a été rapidement remplacé et perpétué pendant une vingtaine d’années par un autre régime éteignoir du droit et de l’équité, de la justice et de la dignité humaine que représente, bien sûr, la dynastie révolutionnaire des Kabila Sr et Jr. Cette perpétuation a [malheureusement] eu pour conséquence dramatique ‘‘la fossilisation de l’État postcolonial, la caporalisation des institutions politiques et administratives, la liquidation de la Nation héritée de la période d’indépendance et, surtout, la mise à mort délibérée de l’entreprise démocratique en tant que pouvoir et expression souveraine de la population, la liquéfaction des entreprises publiques, etc.’’.

Il sied de souligner que cette strangulation de la démocratie politique, pourtant réclamée à cor et à cri par l’ensemble des Congolaises et Congolais, s’est opérée par le truchement du processus électoral. En effet, les scrutins triplement tenus en 2006, 2011 et 2018 en vertu du processus intercongolais de Pretoria de 2002 et de Sun City de 2003, lequel a fini par offrir une prépondérance aux forces belligérantes, n’ont jamais eu pour finalité la désignation des Représentants du Peuple en vue de servir ses intérêts primordiaux ou ceux immédiats du sanctuaire national. En fait, ces opérations électorales très nettement travesties par la Communauté occidentale et, surtout, enveloppées de pluralisme partisan avaient stratégiquement pour objectif la fabrication d’une classe politique d’aventuriers et de condottieri. Il importe de relever que tous ces mercenaires sont naturellement voués au service exclusif de puissants intérêts maffieux tout à fait connus pour leur amour sans borne de l’affaissement de l’indépendance nationale de la République démocratique du Congo.

C’est naturellement dans ce contexte de survie ou de mort pour la Nation que l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) accepte de participer aux joutes électorales de 2018. En effet, cette formation menée dans les circonstances par Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) accepte de participer à ces scrutins en vue de sauver une collectivité publique en voie de disparition. D’ailleurs, celle-ci est manifestement sacrifiée par une classe politique véreuse et mentalement atrophiée. Elle est démantibulée par une violence armée indicible dont la saine réputation est de saper tous azimuts les fondamentaux d’un État reconnu diplomatiquement par ses pairs internationaux.

C’est pratiquement dans cet esprit de réhabilitation de la République démocratique du Congo que FATSHI prend finalement les rênes du pouvoir le jeudi 24 janvier 2019, et ce au terme d’une élection présidentielle contestée par un conglomérat de mercenaires – au service des Transnationales d’extraction occidentale – et des pupilles de la Communauté internationale. Il importe de mentionner que cet esprit de résurrection tous azimuts de cet État majestueux et richissime de l’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs africains constitue, en réalité, la boussole de toute son action politique et dirigeante, et ce dès sa prise de fonction officielle. Pour, ainsi, affermir la concorde politique décisive à la cohésion nationale, cela passe nécessairement par la décrispation et même la coexistence politique au plus haut sommet du pouvoir et de l’État entre forces nationales habituées plutôt à se regarder en chiens de faïence.

Cela passe évidemment par la revalorisation de l’Institution judiciaire naguère dévitalisée par le despotisme ou l’autoritarisme, le césarisme ou l’absolutisme. À cet effet, le juge en tant que pouvoir organique et autorité de l’État républicain est décrété ‘‘gardien de la morale publique’’. Redevenu ipso facto un acteur primordial puisque placé au cœur de la société, il est reconnu ‘‘garant des libertés individuelles et collectives’’. Par ailleurs, la population censée [sensée] pleinement jouer le rôle de contrepoids politique dans le cadre d’une démocratie pluraliste, se voit définitivement reconnaître la qualité de souverain primaire. À ce titre, le nouveau pouvoir de FATSHI l’encourage à adopter politiquement un comportement de revendicateur des droits ‘‘démocratiques’’ autant que ‘‘sociaux’’. Il l’encourage même à sanctionner durement ses propres représentants – quoi que légitimes sur papier – siégeant au sein des institutions nationales ou locales sujettes à élection.

Le parlement qui fait office de Nation souveraine et qui représente institutionnellement la population, est plutôt appelé à s’affranchir des intérêts politiques et partisans en vue de mieux protéger la société, de mieux sauvegarder sa liberté et son autonomie, de mieux servir le Peuple tout entier[v]. L’idéologie de la performance et de l’efficacité managériale, d’ailleurs, propre à la sphère privée et l’univers économique devient subitement le langage approprié des institutions gouvernementales et administratives dans strict but de générer des revenus substantiels au profit des collectivités publiques, fussent-elles périphériques ou centrale[vi]. Le phénomène de corruption qui a littéralement paralysé la vie de la Nation depuis des lustres – depuis l’ère glaciaire du Mobutisme ravageur – devient la bête noire des autorités publiques et administratives pour sa nette propension à favoriser le sous-développement[vii].

Cet esprit de réhabilitation ou de résurrection de la République démocratique du Congo, d’ailleurs, mis en avant par le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) finit, en vérité, par courroucer bon nombre d’intérêts internationaux, à plus forte raison ‘‘occidentaux’’. Il sied de noter que ceux-ci sont accoutumés à transiger avec un personnel politique et administratif local peu regardant des intérêts nationaux. Ces derniers adorent visiblement un Congo à genoux, grabataire, continuellement sous perfusion humanitaire. Ces puissances exogènes qui promeuvent l’infiltration de toutes les institutions nationales par des mercenaires étrangers, ne tolèrent aucunement un Congo debout, dont le discours ambiant est, plutôt, le développement économique de la Collectivité étatique associé au progrès social du Citoyen. Elles ne tolèrent nullement un Congo libre et prospère, digne et juste, dont la doctrine officielle est, à vrai dire, l’industrialisation de son espace vital afin d’en faire une puissance émergente au cœur de l’Afrique moderne et indépendante.

Dans le but de freiner l’élan présidentiel de FATSHI s’appuyant fort substantiellement sur le Nationalisme congolais[viii], d’ailleurs, hérité tout droit des pères de l’indépendance et du lumumbisme historique, ces puissants intérêts exogènes mettent évidemment à contribution des puissances régionales anti congolaises. Le rôle leur imparti est de servir de souffleurs de braise dans le cadre des conflits violents. Ceux-ci réactivent rapidement toutes les forces négatives ou terroristes qui essaiment, d’ailleurs, impunément dans l’Est du territoire national. En réalité, ces dernières ont pour mission d’occuper les zones qui regorgent des ressources autant minérales et naturelles que précieuses et stratégiques. Aussi ont-elles pour mission d’expulser de l’Afrique centrale les intérêts économiques et financiers sino-soviétiques tout en maintenant sur le plan purement interne, fortement – pour ne pas dire violemment – la pression du démembrement territorial[ix].

Parmi les autres objectifs poursuivis par ces puissances exogènes par le canal de leurs sbires, fussent-ils mercenaires locaux et étrangers, forces négatives et terroristes, c’est la perturbation violente du processus électoral qui doit [normalement] culminer par des scrutins légitimes tenus le mercredi 20 décembre 2023[x]. Par cette stratégie mesquine, ces intérêts extérieurs veulent, en vérité, conduire précipitamment le pouvoir en place à des séries interminables de pourparlers avec quelques familles de l’opposition politique et sociale. Force est de constater que celles-ci ‘‘adoubées par la hiérarchie catholique romaine et locale’’ sont strictement placées aux ordres de l’étranger en vue de partager des postes politiques, administratifs et gouvernementaux. En réalité, cette stratégie leur permet de sauvegarder, au nom de leurs commanditaires cyniques et soutiens maffieux, l’architecture ‘‘politique’’ et ‘‘institutionnelle’’ directement issue du processus résolument vicié de Pretoria de 2002 et de Sun City de 2003[xi].

Ce qui est clair, l’obsession de FATSHI de ressusciter un État comateux, est à la base de la contre-réaction des membres influents de la Communauté occidentale de replonger la République démocratique du Congo dans la spirale du chaos et de l’anarchie favorisant la spoliation éhontée du pays[xii]. Concrètement, cela signifie que les convulsions actuelles que vit péniblement la République démocratique du Congo, résultent du refus poli mais ferme de ce président de sacrifier l’ensemble de son Peuple, de brader l’État, d’en faire un marchepied scandaleux de puissants intérêts extérieurs[xiii]. Tous ces troubles convulsifs résultent, surtout, de la redéfinition de la place de cet État majestueux et richissime dans le concert des Nations par le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo[xiv].

En d’autres termes, toutes ces contractions sévèrement et matériellement vécues par la République démocratique du Congo sont dictées par la crainte injustifiée et illégitime de grandes puissances occidentales de voir balayer lors de prochaines échéances électorales la cohorte de leurs pupilles et mercenaires que la population ne veut pratiquement plus revoir sur l’échiquier politique et national. Donc, ceci revient à dire que ces turbulences politiques et violences armées commanditées de l’extérieur visent à renvoyer aux calendes grecques la tenue de scrutins tant attendus par la population. En effet, celle-ci a vraiment soif de goûter à sa liberté et à son épanouissement. Elle a réellement besoin, vraiment soif de jouir de l’ensemble de ses richesses minières et naturelles visiblement confisquées par des puissances occidentales.

Au Peuple congolais de prendre toutes ses responsabilités.

À l’UDPS de l’y conduire.

Joël Asher Lévy-Cohen

Journaliste indépendant


[i] La démocratie exige, certes, la pluralisation partisane et la tolérance politique.

[ii] Il s’agit de l’ingérence décriée de la ‘‘Troïka’’ : Belgique, États-Unis et France.

[iii] Aujourd’hui, l’interventionnisme tyrannique étranger en République démocratique du Congo est directement exercé par des représentants diplomatiques. Entre autres de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis (USA). Y compris la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) par le truchement de la représentante du secrétaire général de l’ONU António Manuel de Oliveira Guterres, alias António Guterres, en l’occurrence Mme Bintou Keita de Guinée-Conakry. Spécifiquement pour cet organisme onusien pourtant chargé de pacifier l’Est de la République démocratique du Congo, la population congolaise l’accuse de connivence avec les forces négatives et terroristes qui portent atteinte à la vie et aux droits des citoyens paisibles. Aussi l’accuse-t-elle de participer activement à la contrebande des matières premières au détriment de la RDC. Elle lui reproche également d’abuser sexuellement des femmes congolaises sans défense.

[iv] Il est devenu, plus tard, Mobutu Sese Seko kuku Ngbendu wa za Banga du Zaïre à la faveur de la doctrine nationale et de la révolution culturelle de l’Authenticité mise en orbite en 1971.

[v] Dans le cadre de l’Union de la Nation (USN), un appel de responsabilité politique et civique est directement lancé à tous les députés en vue de faire passer l’intérêt supérieur de la Nation et du Peuple avant toute autre considération politique par le président de la chambre basse Christopher Mboso Nkodia Pwanga. Dans un autre registre, cet appel explicite vise principalement les Représentants de la Nation qui entretiennent des rapports de proximité avec des forces rebelles locales ou étrangères armées au détriment de l’État en vue de bénéficier d’une ristourne en termes de contrebande de matières premières.

[vi] C’est l’obsession du gouvernement des Warriors dirigé par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge.

[vii] Pour endiguer l’absentéisme administratif et le détournement des deniers publics qui font naturellement perdre une fortune colossale à l’Administration publique et à l’État, l’Inspection générale des finances (IGF) est réactivée. Cette institution qui permet à l’État de promouvoir la bonne gouvernance et la transparence administrative, devient le fer de lance de la moralisation publique des fonctionnaires ou agents publics.

[viii] L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) trouve son ‘‘fondement idéologique et sa légitimité politique’’ dans la lutte historique contre la tyrannie ‘‘meurtrière, négrière et prébendière’’ en tant que cheval de Troie bâillonnant l’indépendance nationale de la République démocratique du Congo, sacrifiant sauvagement sur l’autel des puissances internationales et des intérêts maffieux autant la souveraineté et la prospérité de la Nation que la liberté et la dignité du Peuple.

[ix] ‘‘Qui contrôle la République démocratique du Congo, contrôle bien entendu le monde entier. Il s’arroge, par conséquent, la puissance de diriger en permanence la planète Terre. Il s’assure un leadership sans limite’’.

[x] L’Ensemble pour la République de l’affairiste Moshe Nissim Soriano D’Anagno, autrement désigné Moïse Katumbi Chapwe (le chouchou de la communauté internationale et de puissants intérêts maffieux), et l’Engagement citoyen pour le développement (ECIDé) de Martin Fayulu Madidi misent sur la violence politique en vue de paralyser l’action politique et gouvernementale de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Ces formations partisanes tablent fréquemment sur les affrontements physiques afin d’accéder au pouvoir d’État. Force est d’admettre que leur comportement pourtant antidémocratique n’est jamais reproché ni condamné par la Communauté internationale.

[xi] Ce processus de négociations politiques intercongolaises menées à Pretoria et à Sun City, en Afrique du Sud, est, sans l’ombre d’un doute, officiellement à l’origine de la mise sous tutelle de la République démocratique du Congo.

[xii] C’est dans ce contexte qu’il faut replacer le lâche assassinat du regretté ministre des Transports Chérubin Okende Senga. En effet, l’objectif poursuivi par cet évènement odieux était la provocation des affrontements interethniques dans le centre de la République démocratique du Congo et le soulèvement de la population en vue de favoriser la partition des régions de l’Est du pays. Les architectes de ce plan tablaient sur le manque de réactivité du gouvernement totalement piégé par l’insécurité à l’Est et la déstabilisation à l’Ouest.

[xiii] Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo (FATSHI) se retrouve dans la même situation que l’ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide dont le pouvoir reposait essentiellement sur des piliers populaires. À la seule différence que les mouvements populaires haïtiens vivant exclusivement de l’aide extérieure ont été délibérément manipulés par des puissances extérieures (Paris et Washington) pour renverser le régime de Port-au-Prince plaidant régulièrement pour le partage des richesses nationales au profit des plus démunis de la société. Alors qu’en République démocratique du Congo, cette perspective de neutralisation des institutions politiques et administratives est fortement éloignée en raison du parfait quadrillage du pays par l’UDPS en tant qu’avocat et justicier, soldat et révolutionnaire de la liberté du Peuple.

[xiv] Les richesses matérielles et humaines de la République démocratique du Congo ont toujours fait, et ce depuis la naissance du capitalisme économique et financier au 19e siècle, le bonheur des seules et uniques puissances occidentales. Depuis son avènement politique, le jeudi 24 janvier 2019, le président FATSHI est résolu à faire bénéficier de toutes ces ressources nationales leurs propriétaires légitimes que sont incontestablement les Congolaises et les Congolais. Une telle perspective ne plaît aucunement aux diverses puissances occidentales dont la pratique est de maintenir coûte que coûte la République démocratique du Congo dans un état de pauvreté chronique, de misère exécrable pour sa population, au pire dans le chaos permanent au travers des régimes pilotés et incarnés par des mercenaires de tout acabit.

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